• Torres Del Paine : les 4 saisons

    February 28, 2023 in Chile ⋅ 🌬 10 °C

    Salut tout le monde ! Il est 5h30 et c'est l'heure de se mettre au boulot !! On remballe la tente et hop direction le bus qui nous emmène jusqu'à l'entrée du parc national Torres del Paine. Plus de 2h de route, de quoi finir la nuit. On arrive, on sort du bus un peu paumés ne comprenant pas où il faut aller pour se faire scanner notre billet. Il pleut une pluie glacée, il vente, c'est un peu la pagaille avec tout ce monde qui ne sait pas où aller. En fait, on doit reprendre ce bus pour aller au ferry. Tout est un peu fait à l'arrache, c'est bizarre. C'est reparti pour rejoindre Pudeto, là où se trouve le départ du ferry ⛴️ à 10h30. On arrive tant bien que mal et on attend ce ferry dans un p'tit chalet au chaud, à l'abri du vent qui s'acharne, fait trembler dangereusement les fenêtres, et fait valser la surface du lac. Sans rire, l'écume de l'eau se fait projeter par ce vent tonitruant, le résultat est plutôt spectaculaire.

    C'est donc ce super ferry à 30€ les 20 minutes qui nous amène à notre premier camping et le début de notre aventure au Parc Torres del Paine.

    Après s'être enregistrés et avoir monté la tente ⛺, nous mangeons un morceau. Le camping est situé en aval d'une petite vallée dans laquelle s'engouffre le vent. Il y a des petits paravents pour chaque emplacement mais pas de quoi faire des miracles je pense.

    Vers 14h c'est le début du périple, en route pour le glacier Grey à 11km d'ici. On a pas les sacs donc ça devrait être assez sympa et pas tant fatiguant que ça.
    Après un bon début de rando pendant lequel nous débattons sur nos projets futurs, voici que le ciel se fait capricieux et que tombe la pluie. Voici aussi que se lève le vent et que s'accentue la tempête. On marche capuche sur le nez, tête baissée, mains dans les poches et on lutte contre les grosses bourrasques de vent qui nous déséquilibrent assez facilement. C'est un petit combat contre les forces de la nature. Au bout d'une heure on est complètement trempés mais le calme est de retour et la rando prend un profil un peu plus sympathique.

    Après une bonne grimpette, on redescend le long de l'immense lagune sur laquelle se forme une ou deux icebergs. On continue le long d'un sentier qui longe cette lagune d'un côté et un torrent en contrebas de l'autre. Le torrent assez puissant à pour origine une grosse cascade que l'on aperçoit au loin sur une paroi rocheuse abrupte. D'un côté le calme de la lagune et de l'autre la violence du torrent. Tout cela au pied d'une imposante montagne dont les hauteurs se perdent dans les nuages.
    Je suis encore une fois surpris par le nombre d'arbres morts sur les côtés du chemin. Il y a autant de végétation morte que vivante voire plus, c'est assez perturbant.

    Après 11km de marche, on arrive enfin au glacier Grey. Ce p'tit bout de glace à l'air posé au bout de la lagune tranquillou. Il est un peu loin, il y a énormément de vent et il fait froid. On arrive dans une baie de la lagune qui contient de nombreux blocs de glaces. C'est plutôt improbable de réaliser qu'en fin d'été il y a encore autant d'icebergs sur l'eau. C'est là qu'on se rend compte qu'on touche quasi les extrémités du globe.

    C'est pas tout mais il faut rentrer maintenant. On ne va pas coucher ici (même s'il y a un superbe refuge chauffé avec un bar et un restaurant au rez de chaussée, dans lequel se prélassent de riches touristes) donc pour ne pas trop se refroidir on décide de repartir au camp de base.

    11 km retour plus tard ...

    On est fatigués ! Quel soulagement de voir la tente et le campement au loin. Ça signifie dîner et dodo !

    Attendez, mais il y a un truc qui cloche là. Je suis pas sûr mais notre tente qu'on aperçoit 50 mètres plus loin... elle est bizarre.
    Aaaaah bah oui, c'est parce que c'est plus une tente. C'est une tipi 😱.
    Avec le vent surpuissant ici, la tente n'a pas résisté et les arceaux se sont brisés. Dans leur cassure, ils se sont détendus et ont bien évidemment transpercés la tente de sorte à ce qu'on soit maintenant face à un tipi.
    Oh le coup de grâce ! De quoi gâcher la joie de finir une longue étape. Bref, reste à réparer tout ça ! Décidément en deux jours cette tente nous aura claqué entre les doigts deux fois, si elle tient jusqu'en août c'est un miracle. Après une brève réparation (on commence à collectionner les morceaux d'arceaux ébréchés) on mange un bon plat de pâte au thon et hop au lit.

    Jour 2, étape la plus difficile du trek : quasiment 40km de marche avec le sac sur le dos la majorité du temps. J'ai mal au ventre et mal dormi, cette journée sera longue mais on va le faire.

    On se leve avant le soleil et à 7h30 on attaque les 7.6 km qui nous séparent de notre premier objectif de la journée : le camping italiano. C'est une ballade pendant laquelle on se faufile parmi les lacs agités par le vent. S'il y a quelque chose que je retiendrai particulièrement de la Patagonie, ce sont les forêts d'arbres morts, sans écorce, aux couleurs blanche, grise et noire. C'est un cimetière d'arbres où des troncs squelettiques se dressent parmi les jeunes pousses. La forme de ces arbres est aussi changeante : on trouve aussi bien des troncs nus longilignes que des sortes d'amas de branches en forme de boule similaires à des anémones géantes... mais figées. Lors de la traversée de ces cimetières en régénérescense, l'ambiance change du tout au tout. On nous informe que cela est dû à de nombreux incendies, triste nouvelle.

    Arrivés au camping Italiano, on pose nos gros sacs à dos dans un coin et on se dépêche de partir en direction du point de vue Britannico, annoncé à 7.5 km d'ici mais avec presque 1000m de dénivelé. Ça commence à se corser ! La météo aussi d'ailleurs. Un peu de pluie, du froid, bref, ça reprend des allures de la rando d'hier. On entame un sentier de rando qui se faufile entre deux grosses montagnes et qui remonte la vallée, le long d'un torrent. Mais les conditions météo nous empêchent de voir la partie supérieure de toutes les montagnes qui nous entourent. C'est bien dommage. En contrebas de la plus grosse montagne, un superbe glacier est logé. Ça me fait toujours quelque chose de voir une montagne saupoudrée de neige avec en son coeur de gros blocs de glace formant un glacier.
    Plus on monte, plus il commence à neiger fort, si bien qu'on ne s'attarde pas en haut à cause du blizzard 🥶. C'est quand même chouette de poser le pied sur une couche de neige fraîche et de zigzaguer à travers des arbres habillés d'un manteau de neige.
    La descente s'avère un peu périlleuse et la plupart des groupes que l'on croise en train de monter rebroussent chemin à cause de la tempête. On a bien fait de partir tôt.

    On revient vers 13h30 de cette seconde partie de rando et on mange dehors en compagnie de la pluie du vent et du froid. On est d'attaque peu de temps après pour la dernière longue partie d'une quinzaine de kilomètres jusqu'au camping.

    On est repartis, carapace sur le dos, tout en se prenant des shots de lait concentré sucré. C'est notre petite drogue à nous en temps de trek.

    Bref on marche, on remonte des petits cours d'eau, on descend pour rejoindre le plus grand lac du site, on longe une superbe plage de galet, on avance, on se pose, en silence, en parlant, en se plaignant (c'est dur physiquement), en maudissant la météo, en rigolant, etc 🙄.

    A plusieurs reprises, de majestueux condors pointent le bout de leurs ailes élancées et volent à 70m au dessus de nos têtes. C'est agréable d'observer leurs déplacements. Ils battent deux, trois fois des ailes, calmement, avant de se laisser porter paisiblement au loin.

    Quand on aperçoit enfin le camping et la base Torres, il est 18h30. On est mouillés car la pluie ne s'est jamais vraiment arrêtée aujourd'hui. Il fait humide et le vent devient mordant dès que l'on fait une pause, c'est pas des sensations incroyables. Mais ça fait du bien d'enfin apercevoir notre point final, ici, du haut de cette petite colline. C'est aussi un peu traître parce que la base paraît si proche, alors qu'il reste un peu plus de 2km.
    C'est long deux kilomètres.
    J'ai les jambes qui hurlent d'épuisement. Mais bon, pas le choix, faut avancer, ce que je fais sans réfléchir. Les derniers 500m sont interminable !

    On l'a quand même fait ! Quasi un marathon de rando avec 10kg sur le dos, des conditions nulles et un bon p'tit dénivelé.
    C'est la fin du marathon 4 saisons. Cette fois on peut le dire, on a vraiment eu les 4 saisons en une seule et même journée, quoique c'est discutable pour l'été.
    Record personnel du quasi marathon : quasi 12 heures.

    Il est 19h et on peut enfin poser la tente. Heureusement que le camping était immense et qu'il leur restait de la place. On prend une super douche chaude qui fait beaucoup trop de bien et on s'attaque ensuite à la préparation du dîner : des pâtes pour changer. Je mange le 1er service de pâte et je m'endors. Voilà fini la journée pour moi ;) Je me réveille juste une ou deux heures plus tard,un peu paumé, pour aller aux toilettes en pensant que la 2e tournée de pâte et la soupe seraient prête mais en fait il fait nuit noire et tout le monde dort.. un peu décalé le gars.

    Petite parenthèse sur un aspect de cette rando que j'ai assez mal vécu : il n'y avait aucune indication de kilométrage le long des sentiers ! C'est quand même une grosse épreuve que de parcourir autant de distance, physiquement c'est pas facile. Mentalement c'est encore plus difficile, surtout quand tes deux acolytes sont muets et ENCORE plus quand il n'y a pas d'indication de kilométrage sur la route. C'est vraiment pénible de marcher sans savoir quand c'est finit (je comprends pourquoi c'est l'une des épreuves de l'examen hunter).

    Jour 3, on se lève tranquillou après une sacrée nuit. L'aiguille à quasiment fait le tour du cadran avant qu'on reprenne du service. Bon la journée commence mal quand j'apprends que mes chers compères ont profité de ma super capacité à sombrer dans le sommeil en un temps record (à savoir entre le premier service et second service de pâtes) pour manger ma part. 😡 J'ai donc super faim et je dévore mon petit déjeuner 😁

    On part en rando voir les fameuses Torres vers 11h, sous un soleil carrément timide.
    Au programme, une quinzaine de kilomètres aller retour avec presque 1000 m de dénivelé.

    C'est le sentier phare du parc Torres del Paine donc la foule s'ammasse un peu, on est moins au calme qu'hier.
    Première étape : une bonne montée avec un peu de vent.
    Seconde étape : un sentier ascendant et descendant plutôt boueux où on ne pense qu'à ne pas glisser.
    Dernière étape : une montée de bourrin jusqu'aux Torres. C'est pas de tout repos, il y en a bien pour 40 minutes avant d'en voir le bout. Comme d'habitude, les deux mecs en profitent pour tout donner et courent devant tête baissée. Ils loupent bien évidemment ce condor au loin qui voltige le long de la paroi rocheuse enneigée.

    Une fois en haut, ce sont 3 gros rochers bien imposants qui nous font face. A leur pied une jolie lagune bleu turquoise, typique de la Patagonie.
    C'est l'occasion de prendre des p'tites photos 📸🤳mais faut pas trop trainer, le vent est d'humeur froide voir glaciale. Je reste une petite demi heure avec Matthieu puis on rejoint Édouard qui est rapidement descendu pour s'abriter du vent.

    La suite, c'est tout bêtement que de la marche. Un pied devant l'autre jusqu'au camping. On arrive vers 16h, on fait une grosse pause parce qu'on est tous les trois un peu à bout physiquement puis on repart pour 7km à pied avec le sac jusqu'au terminal de bus. On a la flemme mais bon pas le choix pour partir d'ici. Heureusement un couple de suédois nous prend en stop directement et nous amène au terminal.

    Bilan final de ce trek dans le fameux Torres del Paine : on est super contents de l'expérience qui a été un défi physique plus qu'une découverte de super paysages. Personnellement, je regrette le mauvais temps et les nuages qui ont emmitouflé les sommets et les vallées sans vraiment partager avec nous les paysages exceptionnels. L'humidité, le vent et le peu de confort se sont invités à la fête et ont un peu foutu le bordel. Mais bon la note positive pour la fin : les paysages qu'on a pu voir reste quand même magnifiques. Le mélange de lacs et de forêts au pied des montagnes enneigées, la multitude de torrents et de rivières qui viennent se jeter dans les lacs et qui ont pour origine des glaciers imposants, postichés au coeur des sommets, permettent de construire des images sensationnelles qui resteront gravées dans nos mémoires.

    Voilà c'est la fin de cette aventure, un trek de fou et des souvenirs plus fous encore. On est super contents et fiers de nous.
    C'était quand même un total de 77km étalés sur deux jours et demi avec au milieu un p'tit marathon. Faut l'avouer, ce trek W nous a bien mis en Y, qu'une envie, c'est de Zzzzz 😴.

    On arrive finalement à Puerto Natales vers 21h30 et on retourne au camping Josmar pour y passer une grosse nuit bien méritée.
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