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- Day 122
- Monday, November 3, 2025 at 8:09 AM
- ☁️ 26 °C
- Altitude: Sea level
Cape VerdeJardim16°45’11” N 22°58’45” W
⛵️ Canaries >> Cap Vert
Yesterday in Cape Verde ⋅ ☁️ 26 °C
Mardi 28 octobre : Le mouillage de Valle Gran Rey est ce matin très inconfortable, les vents ayant tourné au secteur Ouest, une petite houle rentre dans la baie. Cela fait plusieurs jours que je fais tourner les modèles météo pour la traversée vers le cap Vert : la tempête Benjamin, située bien plus au Nord va prochainement impacter la zone par l'arrivée de houle. Cela nous orientait pour un départ mercredi. En refaisant tourner les modèles ce matin, la fenêtre semble optimale pour traverser. Il est 9h, nous faisons route au 200° à 7.2 nd, allure travers. La traversée dure en principe moins d'une semaine.
Mercredi 29 octobre : Nous effectuons une très bonne moyenne sur les premières 24h puisque nous parcourons 170 nm (vitesse moyenne 7nd). L'allure est principalement le travers avec du bon plein cette nuit. Nous maintenons 1 ris gv pour le confort, la vitesse approchant encore régulièrement les 8nd au petit matin. Le vent 15 à 20nd et la mer est plutôt belle avec une houle inférieure à 2m. Ces conditions devraient se maintenir sur les 4 jours à venir 👌.
La nuit à été calme, aucun bateau sur notre route et le voilier est bien calé : quelques bonnes heures de sommeil.
La ligne de pêche traine à l'eau depuis notre départ : toujours rien... Nous alternons les différents leures mais rien n'y fait, nous sommes maudits... Ce matin, les batteries affichent un faible pourcentage de 39%, rien d'alarmant mais il va falloir que le soleil brille aujourd'hui sans quoi nous devrons recourir au moteur pour recharger...
Cet après-midi nous cuisinons des crêpes (quelques unes pour le goûter, les autres pour ce soir). TITOUAN s'est régalé.
Jeudi 30 octobre : une nouvelle nuit s'achève sur Zanzibar et la belle moyenne de 7nd s'est écroulée à 6nd... la distance parcourue depuis notre de départ de La Gomera (valle gran rey) est déjà de 300 miles nautiques. Les conditions sont un peu plus inconfortables depuis hier car l'objectif de l'île de Sal au cap vert nous impose maintenant du vent arrière, couplé à une houle de 1,5m. Le vent à quand à lui faibli légèrement à 10-15nd. Deux solutions pour maintenir le confort (ne pas subir la houle) et surtout une vitesse correcte :
1 - augmenter l'angle avec la direction du vent de manière à stabiliser le bateau et le rendre moins sensible à la houle. Cela signifie tirer des bords de grand largue en allongeant un peu la route.
2 - réussir à stabiliser le bateau en route directe sur Sal sans perdre de vitesse
La 1ere solution est celle que nous avons experimenté cette nuit. Bilan un genois qui danse et claque, une vitesse descendue à 4,5 nd et une route écartée de l'objectif...
Après cette nuit inconfortable, le petit déjeuner avalé, la mission est d'explorer la solution numéro 2, la direction du vent ne devrait pas changer d'ici le Cap Vert et il faut trouver une solution pour ne pas subir encore plusieurs jours. De plus ces conditions sont je pense très similaires à celles que nous rencontrerons en transat, je considère cela comme un entraînement... En l'absence de tangon à bord de Zanzibar, il est difficile de maintenir le genois bien ouvert en vent arrière et celui ci "danse" en permanence, au grès de la houle, se dévente puis se regonfle brutalement en claquant et secouant au passage le gréement tout entier. La solution retenue est d'utiliser la bôme de grand voile (voile inutile en vent arrière car elle viendrait masquer le genois si positionnée sur la même amure), pour tangonner le genois. Ça fonctionne bien !
C'est déjà plus confortable...
J'avais aussi imaginé envoyer le gennaker sur l'autre amure puisque nous sommes plein vent arrière. Il est 9h, c'est chose faite : Zanzibar file à 5nd, gennois et gennaker en ciseaux. La houle ne perturbe pas trop l'équilibre et le pilote fait du bon boulot pour maintenir tout ça... Zanzibar file maintenant tel un papillon avec ses 2 ailes gonflées...
A surveiller de près l'autonomie des batteries où nous fleurons les 30 % ce matin : les nuits sont très longues et font presque 14h même à cette latitude (23° nord), le zénith du soleil est plus bas en journée (bientot l'hiver émisphère Nord), de plus un léger voile nuageux lorsque que le soleil est à son midi, (le plus efficace pour les panneaux) suffit à pénaliser une bonne charge journalière..
Pirate est comme un poisson dans l'eau, il passe son temps à roupiller, réclamer quelques caresses : pas du tout stressé par ce "sol qui bouge tout le temps". Il a goûté pour la première fois à un poisson volant comme on en retrouve assez régulièrement "échoués" sur le pont. Il en est fou ! C'est bon à savoir et surtout ça lui change des croquettes.
Vendredi 31 octobre : une nuit reposante à bord de Zanzibar où nous croisons un seul cargo à plus de 3 miles qui déclenche l'alarme du radar mais rien d'extraordinaire... l'absence de trafic est un vrai plaisir pour la sérénité à bord : très peu d'alarmes venant briser le silence ou plutôt le doux frémissement de la coque qui glisse quasi plein vent arrière à 5-6 nœuds. Nous passons la nuit avec le gennaker seul qui fait un boulot remarquable (un peu aidé par un pilote automatique efficace). Nous pêchons une belle aiguillette dans la nuit (60 cm), je la vide immédiatement et la réserve au frigo pour demain midi (espérons qu'elle n'aura pas trop d'arrêtes...). Pirate y goûte immédiatement lors de l'opération de nettoyage. Je crois qu'il adore la croisière (un peu de poisson tous les jours dans la gamelle) et ne fait pas la fine bouche, nous devons le rentrer de force dans le carré car je sens que son instinct de chasseur est décuplé par cet encas tombé du ciel en pleine nuit...Il ne faudrait pas qu'il saute à l'eau enivré par tant de plaisir. Au petit matin, le compteur affiche près de 410 miles nautiques parcourus depuis La Gomera, la belle moyenne de 7nd est à présent descendue à tout juste 6nd : difficile de faire des miracles plein vent arrière 10-15nd. Quelques nuées de poissons volants au lever du jour, mais aucun n'atteindra par malchance le pont de Zanzibar. A en croire PIRATE, c'est délicieux et nous aimerions y goûter. Bernard Moitessier dont je continue de lire les œuvres (j'ai relu "la longue route", lu "un vagabon des mers du sud" et enfin attaqué "le cap Horn à la voile"), s'en régalait en les ramassant par poignées sur le pont de Joshua chaque matin, à peu près dans les mêmes parages que nous... Des choses auraient-elles changées depuis 1965 ? Je ne désespère pas de connaître les mêmes emerveillements que lui, à base de tortues, phoques, oiseaux, planctons phosphorescent, dauphins, etc... en tout cas leur nombre et la fréquence de rencontre sera sans aucun doute bien moindre...vive les temps modernes 🫣, l'ere (l'erreur ? ?) des dérivés pétroliers et du numérique... il n'y a pas de coupables désignés mais des milliards de responsables et j'en fais partie sur mon voilier en polyester... Si la nature est résiliente, nous ne lui laissons plus le temps...et brûlons les ressources plus vite qu'elles ne se créent... Et la révolution écologique ? ? rien de plus que des coups d'épée dans l'eau, seul un cataclysme ferait (contraindrait à) changer les lignes.
Impossible de mettre des milliards d'individus à marcher dans le même sens sauf à en inciter quelques uns... Le changement pourrait être initié par ceux qui tracent les lignes à commencer par être d'accord sur l'urgence et l'ampleur des changements à entreprendre....Pas de politique, non, c'est de la logique...
Batteries à 18% ce matin... il faut que le soleil brille aujourd'hui sinon, je vais devoir faire tourner mon moteur au gasoil pas beau vilain...🤑🤭.. Le problème des panneaux pas assez efficaces avec l'incidence des rayons du soleil trop faible en automne (et hiver) à trouvé solution cet après-midi : ceux ci sont fixes sur un plan horizontal sur le portique, il faut pouvoir les orienter !. C'est chose possible à présent, ils sont maintenant orientables de la position horizontale à plus de 70 ° vers l'avant (par contre, impossible vers l'arrière). Nous testerons ça demain en pleine journée, les premiers tests aujourd'hui (fin d'après midi soleil déjà bas) ont permis un gain de 100 w 👍.
Samedi 1er novembre : Cest une nuit calme qui s'achève sur Zanzibar. C'est par un énième empannage que nous débutons cette journée. L'empannage consiste à changer l'armure (côté d'où vient le vent) de façon à profiter d'un angle suffisant avec le vent venant de l'arrière pour le transformer en vitesse. En clair : nous approchons de l'objectif en faisant quelques Zig Zag... l'allure plein vent arrière voiles en ciseaux tel qu'experimenté quelques jours plus tôt est quand même moins rapide bien que pratique quand rien d'autre ne marche (orientation de la houle par exemple) ...
Au jour levant, Titouan est aussi sur le pont, il m'aide à la manœuvre : c'est fait, empannage réalisé sans cocotier dans le gennaker... et nous avons à présent un angle suffisant avec le vent pour faire route directe sur l'objectif, à une vitesse de 6 à 7nd.. : la date d'arrivée se précise, il nous reste 240 nm à parcourir (40 heures à 6nd pour les matheux)... je sens l'arrivée de nuit en terre inconnue.🫢. J'ai calculé que si nous voulons arriver de jour, il nous faut ralentir sous les 5nd (arrivée lundi matin après 7h) ou accélérer à plus de 7nd (arrivée dimanche avant 18h). La première option est réalisable car le vent devrait molir avant l'arrivée à SAL, pour cette même raison, tenir un 7nd de moyenne pendant plus de 30h n'est pas jouable... il est plus facile de ralentir, même si cela crée une petite frustration. L'approche du cap vert est paraît il préférable de jour où les casiers et bateaux de pêche jonchent l'approche.
Nous expérimentons aussi le système d'inclinaison des panneaux solaires, le moindre Watt est bon à prendre... les batteries sont à 10% ce matin, je me décide à sacrifier la production de froid dans le frigo où d'ailleurs aucune denrée ne nécessite réellement un maintient à 4°C... à part peut être mes bières, mais il faut parfois prendre de très dures décisions 😭.
Après midi dans la continuité : navigation paisible, envoi du spi en remplacement du gennaker lorsque le vent mollit : le résultat en terme de vitesse est quasi identique, mais ça nous entraine à aux manœuvres... Cette manœuvre a surtout permis de constater que la drisse utilisée pour l'envoi du gennaker ou du spi est sacrément abîmée et bonne à remplacer (Gaine explosée et âme entamée). C'est déjà la 3ieme drisse...Encore du retour d'expérience de l'utilisation du gennaker dont la surface (77m²) impose des contraintes sur le matériel (poulies, drisses, bout dehors). Il fait pourtant notre bonheur et celui de Zanzibar qui s'envole allègrement au portant dès 10nd de vent. Cela fait 3 jours qu'il est déroulé et qu'il encaisse tout en nous rendant un énorme service dans ces allures mais il faudra surveiller les phénomènes de ragage à l'avenir lors d'utilisations prolongées (transat...). En attendant la drisse est remplacée et suit le messager de la précédente par une chance inouïe (la gaine arrachée avait pourtant de fortes chances de se coincer en chemin dans le mat...) La zone responsable de la détérioration est identifiée, il s'agit de la gorge d'entrée de drisse en bas du mât. Je vais limer celle ci pour limiter le tranchant (la drisse à déjà commencé à limer mais elle a perdu le combat...).
Dimanche 2 novembre : écrire "novembre" me fais une drôle d'impression, et pour cause, le thermomètre ne descend plus sous les 25°C depuis hier, les nuits sont moites et le pont de Zanzibar trempé au lever du jour comme s'il avait plu toute la nuit...Il est 10h00 locales et le thermomètre du carré affiche déjà 27°C. Pourtant le soleil est bas, seul signe distinctif de la saison hivernale. Ce soleil nous permet tant bien que mal de "récolter" 25% de charge batteries par jour, que nous perdons chaque nuit par l'utilisation des instruments de navigation (radar, AIS, VHF en veille 16, afficheurs et pilote auto). Ces appareils consomment en permanence 10 A : l'équilibre production/consommation sur 24h est tendu et ce matin, c'est le moteur qu'il a fallu utiliser pour compléter et sortir de la zone rouge où les batteries risquent de se mettre en sécurité (coupure automatique de protection). Le passage en protection des batteries n'est pas gênant en soi, au contraire ça évite leur détérioration, mais cela signifie surtout arrêt sans prévenir du pilote automatique... et potentiellement un empannage non contrôlé sous gennaker...
La nuit à été calme une fois de plus et ce n'est plus une surprise dans ces presques alizés de Nord Est. Nous poursuivons l'opération "escargot" pour atteindre l'île de SAL de jour demain matin. Nous avons passé une bonne partie de la nuit avec le gennaker allure grand Largue qui permettait avec le peu d'air d'avancer à 5nd. Lors de mon réveil de 5h, ce matin, le vent étant progressivement monté à 15-20nd, allongé dans ma couchette, je sens bien aux frémissements de l'eau contre la coque que Zanzibar vit pleinement l'instant : mer plate, grand largue, vent constant 15-20nd. La vitesse de fond est de 8nd et je sens que rien ne bouge, tout est calé, pas un craquement, Zanzibar glisse dans un accord parfait avec les éléments règlés à l'optimum. Mais je dois à contre coeur mettre un terme à cette harmonie... sans quoi nous arriverons en plein milieu de nuit prochaine au Cap Vert. Je réveille Titouan en douceur pour effectuer l'enroulement du gennaker, il est 5h30... Horrible papa que voilà ! J'aurai pu le faire tout seul mais Titouan m'en aurait voulu et la manœuvre est plus sûre à 2 (équipage et matériel). Titouan gère drisse et écoute tandis que je réalise les opérations d'enroulement et de rangement à l'avant. Puis nous déroulons le gennois au 2/3, suffisant pour l'opération "escargot".
Nous devons répondre plusieurs fois par jour au besoin de nous rafraîchir quand la chaleur n'est plus tenable et que la moiteur l'emporte.. Nous nous arrosons sur le pont à coups de seaux d'eau de 12l, le rafraîchissement vient après, grâce au vent sur la peau mouillée car l'eau de l'océan y suffit à peine.
Lundi 3 novembre : Il est 8h, il fait jour depuis 30 min et la côte de l'île de SAL se dessine clairement sur babord à une petite distance de 8 nm. L'opération "escargot" est un succès : nous arrivons bien reposés, de jour dans ce territoire inconnu. Inspection du pont après la nuit : trempé comme hier, sacrée humidité ! et un petit poisson volant pour Pirate... Le café chaud parfume le carré, nous dégustons la brioche cuite hier soir : parés pour une journée pleine de promesses...
Les fonds remontent assez rapidement et le sondeur affiche enfin quelque-chose depuis 6 jours : 98 m. Nous scrutons attentivement la surface car c'est souvent au niveau des tombants que la vie foisonne. Ca ne manque pas : une énorme raie (2m de diamètre aux bas mots) se prélasse à la surface, longeant le flanc babord de Zanzibar. Furtive apparition mais magique ! Quelques petites barques de pêcheurs sur notre route également : le radar ne déclenche même pas (trop bas sur l'eau et trop petit...). Je ne regrette pas l'arrivée de jour 👍. Nous surveillons aussi la ligne qui traine depuis trop longtemps sans aucune touche...Read more




















TravelerBon vent !
TravelerRavi d'avoir de vos nouvelles😍belle traversée 👍BISOUS à vous deux. Caresse à Pirate
TravelerMerci pour ce récit, plein d'expériences enrichissantes et toujours aussi bien écrit On a presque l'impression d'être avec vous 😃 bonne découverte de Sal. Karen et Vincent