• Puerto Natales

    21. lokakuuta 2024, Chile ⋅ 🌬 12 °C

    Nous avons loué un Airbnb pour deux nuits, le temps de se remettre de deux mauvaises nuits sur le bateau, sur un siège inclinable mais pas tant que ça non plus, et de deux jours de bateau. Nous sommes déphasés! Il faut aussi aller chercher de l’information sur le parc national Torres del Paine, le transport, les randos, les campings etc. Tout cela s’avère bien plus compliqué que prévu, et cela nous prend deux jours pour assembler toutes les pièces du puzzle. La météo n’est pas non plus avec nous, on annonce quelques journées de déluge et de vents violents, pas idéal pour randonner ni camper. En discutant avec d’autres personnes, nous avons même appris que la journée de forts vents en question, certaines voitures ont eu leurs vitres brisées par des cailloux projetés dans les airs! Bref, avec la météo grincheuse, la logistique de déplacement interne dans le parc compliquée, un des sites de camping que nous visions excessivement cher et de toute façon indisponible et booké une semaine d’avance… nous décidons de faire deux randonnées d’une journée.

    En attendant et entre temps, nous visitons la ville et ses très bons restaurants. Nous sautons d’hôtels en hôtels pour des raisons logistiques et de préférence, ce qui rend le tout un peu compliqué aussi!

    Nous visitons les frigos Bories, un complexe industriel patrimonial reconverti en hôtel de luxe (chambre à 500US$). Il s’agit d’un ancien abattoir et site de congélation de viande de mouton, qui processait ici les moutons de toute la région de Puerto Natales, les congelait pour les envoyer en Europe par bateau, entre 1918 et 1971. Le complexe industriel était à la pointe de la technologie, avec sa machine à vapeur qui alimentait en énergie le site, et produisait en plus de l’électricité pour le village voisin avec ses immenses fournaises importées de Grande Bretagne. Ce que le site ne dit pas, mais que le musée municipal mentionne, c’est un conflit violent et meurtrier qui a éclaté en 1919. Le coût de la vie ayant beaucoup augmenté dans le petit village, en lien avec l’arrivée de nombreux travailleurs pour la construction et l’opération de l’abattoir, dont les salaires étaient plus élevés que les employés qui s’occupaient des moutons. Le conflit a escaladé et viré en émeute, faisant 10 morts et 20 blessés. Le complexe industriel a été exproprié par Salavador Allende en 1971 (president marxiste du Chili, jusqu’au coup d’état par Pinochet qui lui a coûté la vie) et a été à l’arrêt depuis. L’abattoir est racheté et transformé en hôtel de luxe (ouverture en 2011), avec l’implication d’un architecte Patagonien de renommé, Pedro Kovaci.

    Nous visitons le musée municipal, super intéressant, et surtout sa partie sur les artefacts préhistorique à datant d’il y a 14000 ans, et sur les peuples indigènes présents dans la région jusqu’à leur extermination par les colons. Deux peuples co-existaient en vivant dans des écosystèmes différents. Les Kawésqar étaient des nomades des mers, arrivés dans la région il y a 6000 ans, vivant dans des canots fait d’écorce, de tronc évidé ou de peau de mammifère marin. Ce sont eux qui ont inspiré le nom de Terre de Feu, car ils allumaient des feux pour se signaler les uns aux autres, en plus de leurs besoins en chaleur et pour cuire les aliments. Ils ont été fortement touchés par les maladies apportés par les colons dès les premières missions à la fin du XVIe siècle, puis par celles des chasseurs de baleine au XVIII. Leur persécution se poursuit au XIXe, où des familles entières sont kidnappées pour être exhibées dans les zoos humains en Europe, où elles finissent par mourir de maladie. En 1900, ils n’étaient plus que 1000. En 2022, seuls 3 personnes sont toujours vivantes…

    L’autre peuple, les Tehuelches, ont donné le nom à la Patagonie. Ils ont été appelés Patagons par les explorateurs en raison de leur grande taille (1,80m en moyenne pour les hommes, contre 1,55m pour les Espagnols à la même époque) et de leur habillement fait de peaux d’animaux. Le terme patagon faisait alors référence à une créature mythique dans la littérature espagnole, mi-humain mi-animal. Contrairement aux Kawesqars, les Tehuelches vivent dans les terres, nomades saisonniers vivant de chasse et de cueillette sur des territoires appartenant à chaque clan. Ils ont vite adopté le cheval, importé au XVIIIe, et étendu leurs territoires de transhumance. La colonisation est encouragée et les colons s’accaparent les terres pour y élever du bétail. Les Tehuelches sont chassés voire assassinés par les propriétaires terriens qui payaient des mercenaires pour tuer ceux qu’ils considéraient comme un « problème » et une entrave à leur activité d’élevage…
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