• J2. Bhaktapur

    October 21 in Nepal ⋅ 🌙 18 °C

    Ce matin, réveil à 7h, il faut qu'on parte plutôt rapidement pour aller visiter deux villages qui sont au sud de Katmandou.

    C'était sans compter l'inertie népalaise ! Le temps de faire nos sacs, de descendre, de payer la note, de commander des taxis, et de les attendre, nous prenons la route finalement vers 9h30.

    On visite 2 villages au sud de Katmandou : Kokhana et Bungmati.

    Deux vieilles cités Newar, du nom d'un de peuples historiques du Népal, reconnaissables à leurs maisons en briques rouges et aux entourages de fenêtres en bois sculpté.
    Ici, la vie a un autre rythme : beaucoup moins frénétique que Katmandou, les voitures ne roulent pas à Kokhana, ou du moins pas partout. Les larges trottoirs du centre sont très largement investis par les tas de riz que les femmes étalent sur des bâches en plastique pour le faire sécher au soleil. L'outil qu'elles utilisent, quand elles en le font pas directement pieds nus, trace des sillons réguliers dans les grains encore coincés dans leurs enveloppes. C'est beau, c'est typique, un moment hors du temps, on adore.
    Puis on enchaîne avec le second village, Bungmati, plus grand, un peu plus animé. Les ruelles du centre sont tout aussi étroites et sinueuses. Les chiens errants nous regardent passer quand ils ne sont pas affalés sur la route, en plein sommeil. On croise une tisseuse de laine, au travail dans son échoppe, assise à même le sol, un sculpteur sur bois de camphrier, qui nous donne des chutes et éclate de rire lorsque nous les sentons et ouvrons des yeux de gamins à Noël, encore et toujours des étendeuses de riz (oui, je décide de les appeler ainsi), dont une mamie qui se contortionne à quatre pattes pour étaler son stock, en plein soleil... Les gens semblent vivre dans de minuscules maisons, dans lesquelles ils pénètrent par de petites portes. De la rue, tout a l'air sombre et obstrué à l'intérieur, plus des abris de stockage que des habitations, cela me fait m'imaginer que je me promène en plein Moyen-âge moderne.
    C'est ça, ici c'est un peu le Moyen-âge : on jette des liquides dans la rue depuis son étage, et quand ça atterrit sur une touriste, comme Nathalie, on lui sourit d'en haut. Des gens déambulent, sans but. Dans les villes, peu de réglementation : presque pas de feux comme on a dit, on se déplace au klaxon, on crache par terre, on marche en plein milieu d'une avenue à double-sens, comme un zombie... Un autre monde, mais tellement passionnant à découvrir!

    11h30, on a terminé les courtes visites, on reprend notre taxi qui nous attend sagement et nous ramène à l'hôtel où l'on a pu laisser nos gros sacs. On décide de déjeuner de nouveau là, mais plus léger que la veille : on ne prendra pas deux plats chacun, juste un. La raison s'est emparé de nous...
    Puis un nouveau taxi vient prendre le petit groupe et sa cargaison de sacs qu'il cherche à entasser à grands coups de poings dans son coffre avant qu'Olive prenne un peu les choses en main et calme le jeu en aidant à organiser tout ça.

    Nous arrivons finalement à Bhaktapur vers 15h. Bhaktapur, nous, on connaît. On est quasi chez nous! On paye le droit d'entrée, cité médiévale classée Patrimoine de l'Humanité oblige, et on file découvrir notre nouvel hôtel pour ce soir. Moins class, sauf le bâtiment qui est magnifique, et les chambres gigantesques.
    La journée se termine par une visite en long et en large de la cité, je leur ai vendu une sorte de Saint-Emilion népalais, mais en fait, c'est quand même bien plus grand! Ici se trouve le 3e complexe royal de la région de Katmandou, avec son ancienne place du palais, encore une "Durbar Square". Magnifique, toute en briques rouges, les temples aux coins pointus et aux statues majestueuses, dont le Natyapola, avec ses 5 toits empilés les uns sur les autres. Puis après l'esplanade royale ou Népalais et touristes vadrouillent, on se perd dans de nouvelles ruelles encombrées de petits commerces, de chiens faisant leur vie, de gamins qui jouent, qui courent, et des femmes en saris de toutes les couleurs.
    Un dîner bien sympathique dans un restaurant un peu trendy. Je redécouvre le "beaten rice", ce riz battu qui donne des grains écrasés, puis séchés. C'est pas le plus goûteux mais le croquant est sympa en accompagnement. On ose même une bouteille de vin rouge local. Aucun commentaire, on passe. Le serveur en a renversé un peu sur la nappe, elle n'a pas été trouée. On espère que nos estomacs seront aussi résistants...
    Puis une folie : on a vu à l'entrée qu'ils proposent de l'Irish coffee. Mais oui!! Après le dessert local, le juju dau, le "roi des yaourts", on veut cet Irish Coffee. Mais c'est encore une fois sans compter sur le système népalais : "désolé, on n'a plus... de café." !!!

    Mais le final, c'est l'après. On en est au 3e jour de Tihar, la fête des Lumières népalaise, et ici à Bhaktapur, c'est la pure folie : sur la place où se dresse le Natyapola (le temple aux 5 étages), une foule jouasse s'est compactée, laissant à peine circuler les véhicules qui tentent de se frayer un chemin. Ça discute, ça regarde, ça rit... Et ça balance des pétards. Hervé voit juste : chez nous, une fête nationale est accompagnée de feux d'artifice, bien menés, bien encadrés. Ici, c'est tout le contraire : Apporte tes pétards et organise ton propre feu d'artifice pour la foule en délire !
    Tous les étages du Natyapola sont investis par des spectateurs qui s'esclaffent au moindre pétard qui part dans la foule. Les déflagrations nous entourent, elles viennent de partout, sans aucune annonce. Les gamins en balancent en l'air après les avoir allumés, hilares, d'autres jettent des roues de feu au sol qui tournoient comme des folles, rebondissent sur les pavés irréguliers et finissent par se crasher dans les badauds... Tout le monde fait des aaahh et des oooohh devant une fusée colorée, un pétard mamouth qui éclate juste derrière nous, tous se bousculent brusquement en un mouvement de foule incontrôlable lorsqu'une fusée s'élève dans leur direction ou rebondit sur le sol. Bref, une folle célébration que j'ai du mal à quitter... l'atmosphère est inoubliable. Imaginer que cette foule, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas les 30 ans, était dans les rues il y a un mois, cette Gen Z mettait le feu aux Parlement, lynchait les ministres corrompus jusqu'au milieu de la Bagmati, la rivière d'immondices qui coule à Katmandou, et finissait par élire une nouvelle Première Ministre de 82 ans... sur Discord... Tout est si fou.
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