• J3. Pokhara.

    22 Oktober, Nepal ⋅ 🌙 18 °C

    Voilà, si j'écris ces lignes, c'est parce que nous sommes toujours vivants et donc bien arrivés. Petit stress post-traumatique d'un crash d'avion qui est intervenu deux semaines avant notre premier voyage à Pokhara sur le même vol... Ça laisse des traces.
    Fun fact : une fois l'avion posé, le pilote nous demande de ne pas bouger de nos sièges ni d'enlever les ceintures de sécurité avant son signal car l'équilibre de l'appareil doit être stabilisé avant que les gens n'en sortent. Je ne veux même pas commencer à comprendre ce que ça veut dire. Nous nous exécutons docilement, les fesses serrées.

    Nous sommes accueillis avec des écharpes colorées et une photo de groupe par l'équipe de l'hôtel à la sortie du hall d'arrivée. Rajendra, notre hôte, nous a dit sur WhatsApp qu'il venait nous chercher sans plus de précision. Il est effectivement là avec un employé et un chauffeur de taxi et nous entassons les sacs comme nous pouvons dans la petite voiture. Tous rentrent dans le coffre sauf un qui fera la route derrière nous sur un scooter. Hervé en a des sueurs froides.

    Petit trajet d'une vingtaine de minutes sans encombre jusqu'à l'hôtel malgré la circulation et un blocage de route que notre chauffeur ignore royalement. Nous descendons du taxi, déchargeons nos sacs, et il nous demande 1000 roupies. OKLM.
    L'offre de pick-up à l'aéroport semblait gratuite, mais ne l'était foutrement pas. Il ne nous ont même pas laissé la possibilité de marchander. C'est de la triche! Je suis colère et frustration!

    Nous prenons possession de nos chambres, Hervé et Nathalie obtenant par hasard celle qui a un petit dégât des eaux et qui sent l'humidité. Pas de chance ! Mais ils ont un désodorisant électrique, cela devrait leur convenir, s'ils n'étaient pas si pointilleux.
    Et bien non, lecteur outré, ils demanderont à changer de chambre. Vois l'audace !

    Puis nous partons à la (re)découverte de Pokhara et de son front de lac qui n'a pas vraiment changé depuis 2 ans et demi. Ambiance toujours baba cool, plutôt touristique, assez zen. Les petits brûlots sur le bord du lac se partagent l'espace avec les barbecues au charbon proposant de cuire des brochettes et des poissons (relativement) frais ainsi qu'avec les restaurants un peu plus typiques ou class.

    Nous jetons notre dévolu sur un restaurant plutôt moderne, mais là encore ce n'est qu'une illusion : le serveur qui semble être aussi le patron n'est en fait qu'un autre stagiaire de 3e déguisé. Il nous préparera des Irish Coffee, marqués à la carte, en nous avouant que ce sont des expériences, car il n'a pas l'habitude d'en faire. Il arrive dès le début en nous montrant deux formats de verre différents et nous demande quel est celui qui se prête le mieux à la préparation!
    Et bien sûr il n'a pas de crème fraîche ou de crème chantilly donc il nous propose de la glace à la vanille à la place. Cela fera l'affaire. Ce sera un Nepalese coffee. Et finalement, il ne sera pas si mauvais que ça.
    Mais pour l'heure nous n'en sommes qu'à l'apéritif et voilà ce gros chien noir tout mouillé qui vient se caler sous notre table en se frottant bien contre les jambes de tout le monde. Il pue la mort de sa race, et tombe rapidement amoureux des jambes de Nathalie, en jupe-short, qui blêmit instantanément, les narines retroussées d'horreur. On essaie de le chasser, on lui parle toutes les langues, mais rien n'y fait, il se couche en rond à ses pieds.
    Les patrons voient la scène, et essaient de le déloger à leur tour en se montrant plus ou moins autoritaires mais le chien n'en a rien à battre, il reste là.
    Et bien, tu sais quoi, lecteur ébahi ? On nous suggère de changer de table !
    OK, soit.
    Nous changeons d'allée et nous installons à la table d'à côté. On transfère nos assiettes, nos verres, nos bières et on s'asseoit. Et au bout de quelques instants, voilà-t-y pas que le clebs en mal de contact se lève nonchalamant, traverse l'allée et tente de nouveau de s'incruster sous notre table.
    Là, le boss arrive avec une canne une bouteille d'eau. Il parle de manière plus autoritaire et le chien finit par céder et s'en aller. Non mais c'te blague. Heureusement que les plats commandés sont bons.

    Mais cela ne nous empêche pas de devoir aller aux toilettes et là, c'est le drame ! Évidemment, c'est moi qui en fais les frais le premier : là aussi, il y a eu une petite inondation, et dans un souci de confort pour la clientèle, de grosses pierres ont été disposées pour former un gué de manière à ce que les gens ne mettent pas les pieds dans l'eau jusqu'aux toilettes. Douce attention...
    Niveau d'hygiène tout relatif à l'intérieur, le chiffon posé sur un crochet au mur me fait de l'oeil, et semble bouger tout seul. La couleur est incertaine. Une goutte de sueur perle à la base de ma nuque et coule le long de mon dos. L'effroi s'empare de mon être. Tout devient noir et blanc. Les murs se rétrécissent soudain, je suis irrésistiblement poussé à me laver les mains, et voilà : maintenant mes mains sont mouillées. Je l'entends alors me murmurer "viens, viens me toucher... viens t'essuyer les mains, n'aie pas peur!"
    Je pars en courant à cloche-pied sur le gué et remonte à la salle de restaurant, pantelant, le coeur au bout des lèvres.
    Après avoir partagé cette expérience avec mes compères, Hervé se sent l'âme d'explorateur et part vider sa vessie à son tour et accessoirement prendre des photos... il y verra même une grenouille! Nathalie, incrédule, s'y rendra également quelques instants plus tard, quand même accompagnée par Olivier, juste au cas où. Un moment grandiose, s'il en est.
    Nathalie, qui commandera un virgin mojito, et, en le voyant arriver, se souviendra qu'elle ne veut pas en boire car elle a peur qu'il y ait de la glace, sans parler de cette feuille de menthe qui a probablement été lavée consciencieusement sous l'eau du robinet. Que d'aventures!

    On digère finalement en faisant une petite promenade le long du lac pour découvrir les alentours, notamment Disneyland Pokhara dont la grande roue tourne à une vitesse ridiculement folle. Et c'est le retour à l'hôtel où nous discutons avec Rajendra des derniers préparatifs pour le trek de vendredi.
    Hervé et Nathalie obtiennent finalement la chambre du rooftop, les veinards, et ne sentireront pas la moisissure demain. C'est déjà ça.

    Un dernier pour la route, lecteur insatiable ? Notre guide pour le trek de vendredi s'appelle... Balaram. C'est idiot, mais ça me fait rire.
    À vous Cognac Geay, à vous les studios.
    Baca lagi