• J5. Pittam Deurali

    24. Oktober in Nepal ⋅ 🌙 14 °C

    Debout vers 7h ce matin, la nuit a été bonne, enfin ! Les chiens du quartier ont compris à qui ils avaient à faire et nous ont laissés relativement tranquilles.
    Après le même petit déjeuner insipide, nous fermons les sacs et les descendons au rez-de-chaussée avant d'embarquer dans un gros Jeep direction Kante, le point de départ de notre trek.
    Au passage, on prend Bala notre porteur. Ça va être simple, il s'appelle comme notre guide, Balaram. On lui dit que nous aussi partageons le même prénom, Olivier, et cela suffit à faire connaissance. Hervé propose donc de se faire appeler également Olivier pour faciliter la tâche à tout le monde.
    Et c'est dans un grand éclat de rire convenu avec une chaleureuse tape dans le dos et que nous devenons une grande famille pour les 5 prochains jours. Nous sommes des frères, tous des frères, et puis des soeurs aussi, face à l'immensité de glace qui s'impose à nous, et pas un, non, pas un seul d'entre nous ne restera au bord du chemin, nous nous battrons jusqu'au dernier et nous vaincrons, dans le sang, dans la rage et l'abnégation : nous vaincrons.

    Punaise, chui chaud patate, sur ce trek. Je vais essayer de redescendre d'un cran la charge émotionnelle.

    Nous attaquons la randonnée du jour par un chemin de pierre qui doit nous mener à l'Australian Camp. C'est le point de départ de nombreux treks ici, pour le Mardi Himal (oui c'est une montagne), ou le célèbre ABC (Annapurna Base Camp). On croise d'autres groupes de Népalais qui nous apprennent quelques mots dans leur langue (malheureusement déjà oubliés), on goûte à des graines de poivre qui sèchent sur un plastique à terre, et on découvre qu'il s'agit de poivre du timut. On fait des photos avec des inconnus, on socialise, on évite les crottes de buffle et de chèvre, ça grimpe bien quand même, la mise en jambes est plutôt active, les joues rosissent !

    On résoud également la mystérieuse énigme de cet insecte qui fait un bruit de courant électrique strident. Ce matin dans la jeep, en allant au point de départ, nous en parlons au guide et à son cousin le porteur. Ils nous disent qu'il s'agit de fourmis.
    On le regarde, interdits. Confond-t'il les mots en anglais? Ce n'est pas possible! Des fourmis?... des fourmismouth, alors! Mais comment font-elles..?
    Plus tard, on découvrira le véritable coupable : des cigales. Et même pas des mouths, pour le coup. Déçus, nous sommes. Mais quand même, quelle vigueur!

    Tout ce petit monde parvient petit à petit à la destination finale du jour, Pittam Deurali. Chaque nom de lieu que nous traversons correspond en fait à des regroupements d'hôtels et de lodges qu'ici on appelle les tea houses dans lesquels les randonneurs se retrouvent le soir pour passer la nuit. Beaucoup de tea houses sont conçues sur le même principe : un baraquement avec les chambres, une grande pelouse sur laquelle on peut planter les tentes si on n'a pas de réservation et qui généralement finit en bordure de précipice avec une vue imbattable sur la vallée aux alentours et les montagnes en arrière-plan.
    Quelques drapeaux du Népal plantés ici et là, des couleurs vives aux bâtiments, souvent une balançoire népalaise faite de 4 solides troncs de bambou joints au sommet et le dépaysement est total !

    Les montagnes... On n'en peut plus de s'exclamer, de s'extasier devant cette vue incroyable. Le Machapuchare, celui qui culmine à 6900 m, est face à nous, son sommet à double pointe qui lui vaut le nom de Fishtail, queue de poisson en anglais, s'élève au-dessus des nuages, comme sorti d'un film de Miyazaki. C'est une montagne sacrée, interdite d'ascension, prétendument la demeure de Shiva. Rien que ça, ça calme (au moins autant que les pieds de Marie-jeanne qui poussent un peu partout ici!)
    À côté, le sommet de l'Annapurna Sud, un peu plus écrasé, est caché par les nuages mais là aussi parfois se laisse entre-apercevoir comme s'il flottait, imposant le silence de notre côté. Il y a un mot pour ça en anglais: awe. Ça impressionne, ça impose le respect, ça fait pas peur mais quand même. Ça calme un ours, quoi.
    On en prend plein les yeux.

    Je pensais qu'on mangerait sur le pouce le midi, un peu comme on fait entre nous en randonnée, mais ici, non. On s'arrête dans un resto sur le chemin et on a un vrai repas. En fait les 3 repas sont inclus dans la prestation, et Bala le guide nous explique qu'on peut choisir un plat par repas. Le reste est à nos frais.
    On se met bien, donc, sans se rendre trop lourd. Bon, sauf un de nous quatre, je ne dirai pas son nom, qui prend un dessert.

    On arrive finalement vers 16h30 à notre étape finale du jour, nous nous voyons attribuer une chambre, et on nous conseille fortement d'aller prendre une douche chaude tant que c'est possible avant que les gros groupes n'arrivent.
    La douche est un pipi tiède bienvenu, sauf pour Hervé, pour qui c'est un pipi froid désagréable.
    À 18h30, on va passer commande pour le diner car la petite cuisine doit s'organiser avec tout ce monde.. Le grand réfectoire est un bâtiment à part chauffé à bloc par un gros poêle central. Après la chute de température consécutive au coucher du soleil, cette chaleur enveloppante est un vrai bonheur, pour moi en tout cas.
    Un bonheur n'arrivant jamais seul, une meute d'une grosse vingtaine de Coréens ont débarqué dans la salle. Finis la tranquillité et le calme, on se retrouve dans un parc d'attraction.

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    21h. On sort du réfectoire. Le repas était à tomber : on a mangé une "potée du sherpa". Poulet, légumes divers dans un bouillon épicé divin. Dans cette salle chauffée au poêle, à la nuit tombée, avec un 8 - 10° dehors, c'est le repas idéal.
    On discute un moment avec Bala One, le guide, il nous montre des photos de sa famille, ses enfants, nous parle de sa caste (il est hindou), c'est très intéressant. J'apprends que ce que je prenais pour des ethnies sont plutôt comme de grandes lignées, qui portent donc un nom unique : les Newari (Bhaktapur et le grand Kathmandu), les Gurung (là où nous nous trouvons)... on parle des mariages forcés, qui diminuent en pourcentage même si les familles ont encore leur mot à dire, de sa grande famille, de notre premier contact, Ramesh, son cousin, qui est en fait en train de poursuivre ses études d'ingénieur au Canada. Une soirée enrichissante.

    Là, on ne va pas tarder à se coucher car demain, c'est levé à 6h pour voir le lever du soleil. On est t r o p b i e n, ici!
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