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- Dag 8
- lørdag den 25. oktober 2025 kl. 22.19
- 🌙 14 °C
- Højde: 1.524 m
NepalAnnapurna28°22’29” N 83°49’29” E
J6. Landruk
25. oktober, Nepal ⋅ 🌙 14 °C
J'ai pris la peine de mettre le réveil à 5h45 pour ce matin, hier soir en me couchant. Le lever du soleil est prévu à 6h15, mais me connaissant et connaissant Olive, je pense qu'une demi-heure n'est pas du luxe pour nous réveiller complètement et nous préparer à temps.
Peine inutile, nous sommes réveillés vers 4h tous les deux sans pouvoir nous rendormir avant l'heure prévue. La nuit a été fraîche mais pas froide, les couvertures étaient assez épaisses, et on a plutôt bien dormi, juste pas assez.
On se lève, on s'habille et on ouvre la porte devant un spectacle magique. Quiconque s'est déjà réveillé dans le but unique de voir le lever du soleil saura de quoi je parle : la lumière est encore timide, aux tons bleus, mais on peut déjà clairement distinguer tout le relief.
La vallée face à nous est recouverte d'une brume translucide. Le monde se réveille sous nos yeux : partout de petits points de lumière témoignent des activités matinales des habitants alentours.
On s'avance dans le jardin, puis on se retourne, et là, c'est le spectacle : les montagnes himalayennes se dressent face à nous, encore bleutées mais clairement visibles et sans un nuage.
L'Annapurna Sud est en train de se parer d'un blanc immaculé, tout comme le Machapuchare, en forme de queue de poisson. La hauteur de ces Titans ne cesse de m'impressionner.
Hervé ronchonne dans mon dos : " Putain, faut leur dire d'arrêter avec leurs décors de cinéma, on n'y croit pas une seconde!"
C'est vrai qu'on se croirait dans un film, au risque de me répéter. À moins de les rencontrer pour de vrai, on a du mal à imaginer l'impression de puissance dégagée par ces masses, immobiles et silencieuses, telles d'anciens dieux pétrifiés qui nous surveilleraient depuis le commencement du temps.
Nous restons une bonne demi-heure à observer la nature se réveiller. La lumière se fait plus franche, plus jaune, et nous sommes partout à la fois, un œil sur les montagnes, l'autre dans le viseur à shooter en mode mitraillette.
Puis c'est la récompense d'un réveil si matinal, le sommet de la pointe la plus haute de l'Annapurna Sud (7219m), qui semble être la plus proche de nous, reçoit soudainement le premier rayon de soleil, qui s'agrandit lentement sur toute la surface visible.
Puis c'est autour du Machapuchare (6993m) de se réveiller, suivi par les autres sommets que nous apercevons sans pouvoir encore bien les identifier.
Le spectacle est indescriptible, un moment suspendu dans le temps. Silencieusement, comme un mantra, je me répète : " je suis au Népal, devant l'Annapurna, je suis au Népal, devant l'Annapurna..." c'est bête, mais ça m'aide à vivre le moment présent encore plus intensément, pour m'en souvenir plus tard... lorsque les circonstances m'y contraindront.
Nous restons donc une grosse demi-heure à shooter nos photos aux quatre coins du camp, tantôt sur la plateforme près des réserves d'eau de pluie, tantôt à l'autre bout du bâtiment principal. Mais l'état de grâce ne dure pas longtemps : le nuage de brume dans la vallée s'est élevé et a commencé à étirer des bras vaporeux qui s'enroulent autour du camp, montant toujours plus haut et finissant par cacher complètement les pics ensoleillés.
Comme le petit-déjeuner ne sera servi qu'à 8h, nous décidons d'aller nous recoucher pour une petite heure. Évidemment, c'est peine perdue : impossible de retrouver le sommeil après tant d'émotions, nous ressortons finalement pour passer du temps dehors, il ne fait déjà plus si frais.
Ce matin, Bala One nous a prévu une mini sortie avant le départ du camp. C'est impromptu, et on se dit qu'il cherche à combler la journée avec une autre activité car l'étape d'aujourd'hui est peut-être plus courte que les autres. Mais avant ça, c'est le petit-déjeuner. Bien sûr, on a déjà jeté un œil sur la carte hier soir ! On sait qu'on prendra le "heavy breakfast": œuf en omelette, frit ou dur, un pain tibétain qui ressemble énormément à une grosse merveille plus légère et moins grasse, des pommes de terre et des poivrons cuisinés, un petit bol de muesli avec du lait de yak ou du porridge, un morceau de fromage de yak (en fait plus une pelure de croûte qu'autre chose) et un jus de fruit chimique. Le mélange de légumes est très bon tout comme le pain tibétain... Le lait de yak, par contre... Comment dire ? On sent bien qu'il y a une bête sauvage derrière. C'est très particulier.
La première randonnée de ce matin nous fait parcourir un flanc de montagne couvert d'une forêt aux allures de jungle : des touffes de bambou ici et là, des lianes un peu partout et surtout les stridulations omniprésentes de cette cigalemouth népalaise, entêtante, mêlés aux cris et hululements exotiques d'oiseaux invisibles.
Le chemin est pavé de dalles parfois moussues et humides et je suis le premier à glisser et exécuter une pirouette acrobatique dont je ne me croyais pas capable. Par chance, seul mon honneur a souffert.
Au bout d'une montée plutôt longue et pentue où l'on tire tous la langue, nous parvenons au "Lovely Hill Camp". Là encore, la vue est magnifique. Une balançoire géante se dresse au bord du précipice, et j'y prends rapidement place. Après quelques poussées énergiques de Bala dans mon dos, l'impression qu'on va s'envoler dans les airs est intense. On y passe un bon moment avant qu'il n'ait la bonne idée de vouloir nous faire chanter un chant traditionnel. En népalais évidemment et filmé de surcroît. Autant te dire, lecteur perspicace, que c'est une monumentale catastrophe. Nous n'irons pas à Broadway demain. Mais c'est un moment très sympa.
Retour au camp de départ, pendant lequel Bala à la deuxième bonne idée de la journée : nous faire apprendre par cœur quelques mots de népalais et la succession des pics montagneux que nous observons, avec leurs altitudes respectives, en nous les faisant répéter comme un enseignant à ses élèves. Et ça marche, je m'en souviens encore! (j'ai l'air surpris, mais c'est ce que je fais également avec les miens.)
De retour au camp, nous faisons une pause "masala tea" que Nath et Hervé ne connaissaient pas. Notre guide et son cousin semblent un petit peu blasés du temps que nous prenons à siroter notre thé. Il s'agirait quand même pas d'oublier qu'on est en vacances !
Nous partons pour l'étape du jour : nous devons nous rendre dans le petit village de Landruk, à un peu moins de 3 heures de marche. Nous parcourons de nouveau des forêts-jungles plus ou moins denses qui ne me donneraient pas du tout envie d'y passer la nuit. Non, non et non : définitivement beaucoup trop de bruits et de cris étranges à mon goût, merci Madame.
L'itinéraire est assez emprunté. Nous suivons souvent des groupes où nous en croisons d'autres, et c'est à chaque fois une litanie de "Namaste!" qui explose de part et d'autre. Je vais finir par devenir asocial à ce rythme-là. J'essaye déjà de rester sur mes deux jambes et ne pas glisser ou pire : me re-fouler la cheville (la dernière fois, c'était en juin et ça m'a valu un arrachement des ligaments), tout en tenant mon appareil photo. Je ne peux décemment pas apprendre une nouvelle langue dans cette situation.
Olive, lui, parfait son accent népalais à chaque nouvelle rencontre : " Namaste, subha bihani! Daniebad!"* Il est au top du bilinguisme dans sa plus pure expression! Trop fort!
* Bonjour, bonne journée! Merci!
Nous arrivons à notre point de restauration vers 14h et découvrons que le camp ou le village où nous nous trouvons, et les lodges dans lesquels nous nous arrêtons ont tous la même carte de menu. On va pas batailler, c'est tout le temps la même chose. Les seules nouveautés sont sur la dernière page qui présente les repas spéciaux préparés par chaque établissement. Hier soir c'était notre fameuse Potée du Sherpa. À midi mes yeux s'arrêtent sur un Chicken Sizzler Quelque Chose, et tel un chien d'arrêt je me fige et décide que je ne mangerai que ça et rien d'autre. C'est malheureusement le plat le plus cher de la carte, mais comme les repas sont "compris dans la prestation" ben on va pas se priver! En même temps on est sur du plat à 6 €, alors bon voilà quoi...
Bala One nous fait comprendre gentiment qu'il aimerait bien qu'on accélère le repas, et que si on commande tous la même chose les plats seront servis plus rapidement, alors qu'en général ils prennent au moins une demi-heure avant d'arriver. On le regarde, on se regarde, et chacun commande un plat différent, non pas par esprit de contradiction, mais juste parce que nous avons envie de tester de nouvelles combinaisons. Bon, Olive et moi nous testerons ensemble car nous choisissons le Chicken Sizzler.
Qui n'arrive pas plus tard que les autres plats, par contre beaucoup plus vite entre la cuisine et notre table car les plats sont lourds et servis sur une planche de bois et dans un plat en fonte qui sort manifestement du feu, car la dame qui nous les porte se pointe en courant, le visage grimaçant, les plats à bout de bras crépitant de sauce graisseuse. Elle constelle au passage le dessus de mon sac photo et le pantalon d'Olivier d'une myriade de petits points de graisse bouillante avant de les déposer dans une grâce et une souffrance toutes contenues, et finalement un grand sourire. Mais nous oublions tout dès lors que nous goûtons à ce plat mêlant frites, poulet et sauce tomate / légumes locale. Peut-être pas une tuerie, mais une belle tentative d'assassinat en tout cas.
On leur demande quand même s'ils veulent que nous allions plus vite et ils nous sourient et nous assurent que nous pouvons prendre notre temps, il ne nous reste qu'une heure de marche pour arriver à Landruk. Ok, Roger, pas de problème, on prend donc notre temps pour terminer!
On croise parfois des enfants qui nous demandent du chocolat. Mais là, alors que nous approchons de Landruk, nous passons devant un champ où un vieil homme monte une sorte de grosse meule de tiges de riz. La rizière est belle, la lumière magnifique et on en profite pour faire quelques clichés, y compris de sa probable femme qui coupe les pousses de riz avec une serpette non loin. Quelques instants plus tard, la voilà-t'y pas qui lâche riz et serpette et arrive en petite foulée vers nous, sur la route.
Le visage buriné, elle commence à nous parler d'une voix douce, elle répète toujours la même chose, jusqu'à ce que Bala One arrive, parle avec elle et nous explique qu'elle demande de la nourriture. J'ouvre mon sac, attend l'autorisation du guide et lui demande de lui expliquer que je n'ai qu'un sachet d'amandes. Il me fait signe que c'est OK, mais juste un, à l'attention de Nathalie qui veut donner le sien aussi. Il ne s'agirait pas d'encourager la mendicité. La mamie me regarde et me remercie avec un grand sourire édenté... un peu consterné, je suis. Les amandes ne vont pas lui faire de mal, pas plus que la pomme que rajoute Olive qui vient tout juste de se joindre à nous. Cette pauvre mamie fera l'objet d'un petit délire rétrospectif ce soir...
Le soleil est sur le point de se coucher lorsque nous arrivons. La luminosité baisse, la fraîcheur s'installe et nous devons encore descendre au pied de ce village bâti sur un coteau escarpé. Un vrai village, pas uniquement un regroupement de lodges ou de tea houses mais un village avec des habitants qui y habitent toute l'année, dans leur maison. On dit que les voyages forment la jeunesse... mais ils permettent aussi de relativiser. Follement.
Ces gens vivent dans une pauvreté crasse. Évidemment, pas d'isolation au mur, des toits de tôle ou de pierre souvent rafistolés, des maisons plus que sommaires, des jardins qui ressemblent parfois plus à des déchetteries qu'autre chose. Le maïs sèche sur les poutres de l'entrée, de vieilles guirlandes de fleurs séchées volent au vent, et les gens nous regardent passer, sans animosité, mais le regard fermé, comme éteint, plongés dans une activité basique comme égrainer un épi de maïs autour d'une nuée de poules agitées ou transporter d'énormes fagots d'herbe sèche dans des ballots maintenus par une bande de tissu sur le front. Des hommes et des femmes sans âge, et de tout petits enfants qui jouent dans la cour de leur maison à taper sur des casseroles, la tête enfoncée dans un gros bonnet de laine.
Nous passons devant la maison d'un homme handicapé qui a accroché à sa barrière une photo de lui-même avec un texte expliquant qu'il est tombé d'un arbre en travaillant et qu'il a besoin d'argent pour subvenir à ses besoins. Le texte est placé à côté d'une urne en PVC transparent dans laquelle se trouvent des billets. Lorsqu'on relève la tête, on le voit assis sur son fauteuil dans l'entrée de sa maison, les jambes atrophiées. Dur, dur.
Nous arrivons quelques minutes plus tard au lodge dans lequel nous allons passer la nuit. Une douche chaude à 200 roupies plus tard, nous passons commande pour notre repas qui sera servi à 19h30.
Au moment où j'écris ces lignes il est 19h30. Je rends donc l'antenne et te retrouve un peu plus tard, lecteur fidèle.
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Même carte que d'habitude, mais pas le même chef. Les plats sont moins bons ce soir. Tant pis, on se rattrapera demain.
Nous avons une conversation digestive avec les deux Bala au sujet de la vie au Népal, des émeutes du mois dernier et de la situation du pays, puis nous perdons subitement Nathalie alors que nous nous disons au revoir sur le pas de la porte de notre chambre alors qu'il n'est que 20h43. "Mais putain, il est trop tôt, quand même ! Qu'est-ce qu'on va faire ? Qu'est-ce que je vais faire ? Je vais me coucher là, comme ça, dans mon lit, en attendant que le sommeil arrive!?"
Puis elle se met à trembler, ses yeux se révulsent, et avant même qu'elle puisse s'attaquer à nous dans je ne sais trop quelle intention, Hervé lui fait une clé de bras et la colle au sol le temps qu'elle se calme. Elle continue de baver profusément sur la dalle froide quelques instants, éructant des grognements bestiaux glaçants, encore agitée de soubresauts nerveux, puis s'apaise une fois qu'elle goûte au morceau de chapati qui traînait sur le banc juste à côté. Hervé prend alors le chiffon des toilettes, lui essuie tendrement le visage et va cueillir quelques feuilles de beuh qu'il lui frotte sur les gencives avant de la charger sur son épaule et s'engouffrer dans sa chambre dans un claquement de porte.Læs mere




















RejsendeMais que t’es con et ça me fait rire!!!🤣 Merci écrivain trekeur🙏!
Olivier RocheA vot' service! Ça doit être le mal des montagnes qui m'attaque le cerveau!😄
RejsendeLandruk c’est pas le gars qui a faire cuire ses femmes lol
Olivier Roche😂