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- Dia 10
- segunda-feira, 27 de outubro de 2025 22:23
- ☁️ 14 °C
- Altitude: 2.002 m
NepalGhandruk28°22’36” N 83°48’29” E
J8. Gandruk
27 de outubro, Nepal ⋅ ☁️ 14 °C
Bon, c'est pas pour dire, mais ça sent quand même un peu la fin. Au moins du trek.
À quoi je le vois ? Et bien, déjà parce que je sais combien de jours il reste, puis aussi tous les matins on prend nos petites gélules de Lactibiane qui protègent notre flore intestinale des bactéries et autres organismes plus ou moins exotiques, et je vois bien que ma plaquette se vide petit à petit.
Demain, c'est le dernier jour de trek et nous serons rentrés en début d'après-midi à Pokhara.
Ce soir, nous sommes à Gandruk, la localité la plus importante que nous avons traversée depuis le début. Nous sommes debout depuis 6h30, petit déjeuner une demi-heure plus tard, et nous avons pris la route vers 8h15.
Comme nous l'avait indiqué Bala hier, le chemin aujourd'hui est à découvert. Nous marchons la plupart du temps sur une grande piste rocailleuse à flanc de colline, croisant au passage des 4x4 aussi colorés que poussiéreux qui conduisent les trekkers, népalais pour la plupart, à leur point de départ pour le circuit de l'ABC (Annapurna Base Camp).
Les bambous poussent en touffes en lisière de forêt, abritant toujours une myriade d'insectes bruyants et d'oiseaux chanteurs. Parfois, nous marchons en groupe tous les 6, mais sans un mot, chacun perdu dans ses pensées. D'autres fois, le groupe s'étale sur quelques dizaines de mètres, ou des binômes se forment le temps d'une conversation.
Ce matin, comme déjà plusieurs fois auparavant, Bala le guide progresse en sifflant un vieil air traditionnel népalais. Le lieu, la situation, tout concourt à rendre le moment magique, alors que nous progressons tous silencieusement autour de lui.
Puis nous quittons la piste rocailleuse pour attaquer une nouvelle partie de grimpette en montagne en suivant un nouveau chemin de marches en pierres.
Le Népal, c'est le royaume des marches. Du moins en montagne. Pas un hameau, pas un village traversé sans être contraint de prendre des volées de marches toutes plus escarpées les unes que les autres dans les mollets. La pierre ressemble souvent à de l'ardoise, parfois s'effrite, d'autres fois bascule sous notre poids.
En arrivant à Gandruk à midi, nous n'y coupons pas : Gandruk est un village accroché à la montagne. Pour y parvenir, nous prenons une centaine de mètres de dénivelé positif sur très peu de distance. Les jambes chauffent, les joues rougissent et les gourdes se vident. On l'entend moins siffler, le Bala. Son cousin, par contre, court comme un cabri. Il ne semble pas affecté par les efforts à fournir. Ma parole, il est coupé d'elf ou bien?
Je rappelle que Bala Two, le porteur, s'occupe de notre sac à Olive et moi, comme nous portons déjà nos sacs photo sur le dos. Et ce matin, il est en moyenne à une cinquantaine de mètres de nous, tout le temps. Juste avant d'arriver à Gandruk, il a tellement d'avance qu'il pose notre sac, redescend à notre niveau et propose à Hervé de prendre le sien pour le monter à sa place.
Il est vraiment gentil, Bala Two, toujours très serviable et très souriant. Accessoirement, je trouve qu'il a des faux airs de Bigflow (de Bigflow et Oli). Mais cela n'engage que moi.
Son cousin, notre guide, nous laisse vivre notre trek comme on veut, tout en dirigeant de loin les opérations.
Ils sont tous les deux attachés à notre bien-être, en partie aussi, il ne faut pas l'oublier, parce que de notre bien-être dépend le tip final qu'ils recevront. D'ailleurs, à cet effet, on se demande avec Olive dans quelle mesure il se sentent obligés de répondre à toutes nos questions, un peu comme Chat GPT qui est programmé pour fournir une réponse systématiquement, quitte à ce que ce soit une grosse connerie.
Tiens, par exemple, l'histoire des fourmis. Il nous ont expliqué par A + B que c'était bien des fourmis qui faisaient le bruit intense qu'on entendait dans la forêt, alors qu'il s'agissait de cigales (-mouth).
Ce matin encore, en descendant de Jhinu Danda, pour reprendre le pont suspendu, on croise des lianes le long d'une barrière avec un fruit qui en pend : manifestement une courgette ronde. Et bien non ! Ils nous diront qu'il s'agit d'une citrouille ! On ne bataille pas, et on passe notre chemin, d'un regard entendu.
Les conversations avec Bala le guide sont parfois déroutantes. Et qui c'est qui s'y colle, encore une fois? C'est Bibi.
Je ne sais pas pourquoi, mais je dois avoir une tête qui attire tous les comportements... suspicieux, voire déviants, dirons-nous.
Il y a deux ans et demi, rappelle-toi, lecteur fidèle, le tailleur qui se trouvait dans l'impasse de notre hôtel à Pokhara me proposait de la beuh, alors que je venais de pénétrer dans son magasin pour regarder les vêtements qu'il avait à vendre.
Même chose sur le front de lac, ou plusieurs fois, des mecs un peu chelou m'avaient proposé d'acheter de l'herbe.
Eh bien, Bala doit se sentir de plus en plus à l'aise avec moi car il a attaqué dur ce matin : nous passons devant un champ ou des chèvres sont en train de brouter paisiblement sous l'oeil d'un homme âgé et d'un ado. Bala se rapproche de moi et pointe son doigt en direction générale du troupeau en me chuchotant : "See? One man, for all... fuck..." il me regarde par en-dessous, l’œil lascif, comme si on se comprenait à demi-mots!
Euh... Non, non et re-non, on ne se comprend pas à demi-mots! Et je ne veux surtout pas qu'on se comprenne à demi-mots! Mais qu'est-ce qu'il me dit? ( tu vois? Un homme, pour toutes... baise...) j'ai bien compris? Allô, Josiane? Il y a quelqu'un? Le monsieur me parle, aidez-moi!
Je lui retourne un "Ouat!?" interloqué, mais il n'a pas bougé d'un iota, son œil frise la concupiscence, ouh qu'il est sale! Au moins autant que ce mot!
Puis il répète : "one man... all female..." accompagné d'un petit hochement de tête entendu.
Mais je veux pas qu'il m'associe à ça. Non non non ! Ce pauvre fermier n'a rien demandé! Il me suggère... qu'il a un attachement particulier à ses chèvres ? Mais pourquoi diable?
Non.
Car il vient de pointer de nouveau, et cette fois-ci dans une autre direction que celle de l'homme, un peu décalée. Et je comprends instantanément que par "man" il voulait probablement dire "male" et me pointait le bouc du doigt.
Non mais n'importe quoi! Punaise, achète-toi un dictionnaire, mec!
Lorsque je le raconte à Nathalie quelques instants plus tard, elle est hilare.
Plus tard dans la journée, alors que nous visitons Gandruk, un chien errant vient me tapoter la cuisse du bout du museau. Je le caresse et rapidement, il s'attache un peu trop, notamment à ma cuisse. Le genre de truc qui n'arrive qu'à moi. Tout le monde rigole, ah ah ah keskonspoil et Bala le porteur m'aide à me séparer du chien amoureux. Celui-ci s'en va sur le terrain vague devant nous retrouver d'autres congénères, et quelques instants après, l'un d'eux essaye de grimper sur un autre.
Bala se rapproche de moi et me lance encore le même regard coquinou-salou.
"October... dog mount..." (octobre... les chiens se montent...). Encore ce sourire entendu qui m'emporte dans sa confidence contre ma volonté. Et son regard lubrique ferme la porte derrière et jette la clé.
Mais NON je-ne-veux-pas-de-ça!! Pourquoi moi ?
Hier soir, aussi, alors qu'on regagne nos chambres après le repas, il me regarde, rigole, et me touche le ventre comme pour me faire des chatouilles : "you don't eat!! Look, you must eat!!" et tout en parlant il ouvre son blouson et me montre sa bulle. Il n'est pas très grand, mais il a une belle cave à bière, et il en est fier!
Je lui mets à mon tour la main sur le ventre en lui demandant s'il attend un bébé. Chui pas sûr que le Népalais ait le même humour... il rigole, néanmoins.
Donc, nous arrivons à Gandruk. Un village très étalé sur le flanc de la montagne divisé grossièrement entre le vieux village et la partie plus touristique où l'on ne trouve que des lodges et des hôtels.
Un million de marches plus tard, dans un entrelac de ruelles aussi étroites que sinueuses, nous parvenons à notre lodge de ce soir : le Breeze Guesthouse. Attribution des chambres, prise de commande et déjeuner s'ensuivent.
La digestion est difficile aujourd'hui, aussi nous prenons une demi-heure pour nous poser chacun dans nos chambres, sauf Olivier qui préfère continuer de parcourir le village avec son appareil. Genre, il se repère, il peut partir tout seul, il retrouvera son chemin. C'te blague. Le village est tout simplement un labyrinthe de ruelles à étages. Très peu de signalisation, aucune rue plate, que des marches, partout, montantes, descendantes, fatigantes, épuisantes, exténuantes.
Et pourtant, dans moins de deux heures, c'est moi qui me perdrai pour revenir au lodge. Lui rentrera la fleur au fusil. À l'heure, même. Il m'énerve parfois...
Après une sieste bien méritée, nous partons avec les deux Bala à la découverte du village, et notamment du vieux village. Ce matin en arrivant, nous sommes passés par le petit monastère bouddhiste de Gandruk et avons fait la rencontre fortuite d'une jeune française en pleine méditation au moment où nous entrons dans la salle. En nous entendant parler Français, elle s'approche de nous et nous fait une brève présentation de tous les symboles et statues de divinités bouddhistes que nous avons sous les yeux. Super intéressante et très sympa. Son père n'est pas un moine bouddhiste (on doit être pour cela à l'isolement pendant trois ans, 3 mois et 3 jours) mais en a reçu tous les enseignements et a rendu possible la construction du plus grand monastère de France près de Clermont-Ferrand. Elle sait donc un petit peu de quoi elle parle!
Punaise, j'ai encore digressé. Mais toi aussi, lecteur complaisant, tu ne dis rien! Comment veux-tu qu'on s'en sorte?
Cet après-midi, Bala veut nous amener au musée culturel Gurung. Les Gurungs sont l'ethnie locale.
Tout est gurung ici : les vêtements, le pain, les maisons. Mais pour avoir fait le Musée de la Montagne à Pokhara il y a deux ans et demi, qui semble avoir été conçu par une tripotée de stagiaires 3e, avec des alpinistes-mannequins en plastique et des façades de montagnes en papier mâché, nous préférons passer la visite de ce musée, parce que je pense qu'on aurait encore eu droit à quelque chose de grandiose. On refuse donc poliment et on poursuit notre visite du village, cette fois en mode éclaté.
Nous remontons un temps sur les hauteurs, mais il n'y a vraiment pas grand chose à voir donc je préfère faire sécession et redescendre dans le vieux village.
Olive m'y retrouve rapidement et nous faisons un bout de chemin ensemble, croisant notamment celui de jeunes enfants qui sont en train de jouer et qui finissent par s'exciter d'être pris en photo par Olive. Cela commence par un petit qui prend vite la confiance et son appareil en même temps, jusqu'à un autre qui finit par se faire photographier en posant les deux majeurs bien droits.
Puis nos chemins se séparent de nouveau, et là c'est le drame. Contre ma volonté, je finis par me perdre dans ce dédale de ruelles. Il ne me faudra pas moins de 30 minutes pour retrouver l'hôtel dans lequel je me réfugierai en larmes, tremblant de peur, à la nuit tombée, poursuivi par une meute de chiens errants enragés mangeurs-d'homme.
Mais non, lecteur facétieux, ce n'est qu'une boutade, bien sûr. Mais je me suis vraiment perdu et j'arrive quasiment à la nuit. Bala le porteur me regarde, inquiet, et me demande : "Oliver?Where?" (Olivier? Où ?)...
... et le sujet d'inquiétude fait son apparition dans l'entrée de l'établissement, comme si de rien n'était. Moi, je suis chancelant, transpirant, défaillant.
Il me faut une douche. Il NOUS faut une douche. On a mis 3h à arriver ici ce matin et on a parcouru le village de long en large, de haut en bas et on a transpiré comme des gorets.
Une bonne douche chaude. Le nirvana.
Ben ça sera pas aujourd'hui, Henri! Après moultes manipulations des robinets de la douche, rien n'y fait : pas d'eau chaude. Pas mieux pour Nath et Hervé.
Après enquête, il s'avère que le système de chauffe-eau ne fonctionne qu'au solaire et bien évidemment, aujourd'hui, le ciel était couvert. Et probablement pas mal de clients avant nous ont utilisé les maigres réserves d'électricité. La mort dans l'âme, je me mets en tenue d'Adam et m'inflige 10 minutes de torture, ponctuées de petits gémissements tellement l'eau est froide sa mère! Ma récompense pour tant de souffrances? Le moment où Olivier passe à la douche à son tour... et produit une nouvelle série de petits couinements haletés que je me fais violence de ne pas enregistrer mais que je savoure au plus profond de mon être. Oui, c'est moche de se délecter de la souffrance des autres. Mais peu me chaut!, comme aurait dit Mamie Christiane.
L'heure du dîner arrive, et c'est encore un grand moment. Nathalie et moi avons commandé une pizza, Hervé un plat de nouilles frites agrémentées de poulet et de légumes et Olivier une soupe de nouilles. Les mots me manquent pour décrire son visage lorsqu'il voit arriver nos pizzas, puis son bol de soupe. Quiconque le connait un peu saura que cet instant pourrait devenir un des reliefs du voyage!
Nos pizzas ressemblent plus à des quiches, mais qu'importe, nous ne sommes pas en Italie et elles sont délicieuses.
Loulou, quant à lui, se consolera avec un pancake chocolat - banane.
Pour se mettre bien, et fêter cette dernière soirée de trek, nous décidons de commander une bouteille de vin rouge local écrite dans le menu. On aurait dû flairer le loup, parce que soyons honnête, le vin rouge de Gandruk n'est pas totalement connu (et encore moins reconnu) à l'international.
Lorsque que la bouteille arrive, déjà, le liquide à l'intérieur est blanc. Suspicion. Nous l'ouvrons et une forte odeur de gnôle nous brûle les narines et nous attaque les cils. Vu nos têtes, Bala le guide juge bon d'expliquer que ce "vin" est distillé dans le village.
Euh... distillé?
C'est bel et bien une bouteille de gnôle qu'on nous a porté ! L'odeur en atteste. On a vu hier ou avant-hier un alambic fait maison, on va goûter le produit bien involontairement. En fait, il a moins le goût de ce à quoi il sent. Nous goûtons donc à de l'alcool de millet, qui est cultivé en quantité ici avec le riz.
Bien moins fort que de la gnôle de chez nous, c'est quand même assez imbuvable.
Le groupe de Français qui mangent derrière nous nous interpellent, curieux, et viennent nous en prendre une tasse, pour goûter. Et rire, en nous voyant avec notre bouteille sur les bras.
Pour finir la soirée en beauté, notre guide vient discuter avec nous, nous parle de sa famille, de sa vie, il nous dit qu'il est chanteur et qu'il a une chaîne Youtube ! Nous allons de surprises en surprises ! Et deux minutes plus tard, il a dégainé le portable et nous sommes plongés dans le clip vidéo d'une chanson écrite et interprétée par lui... d'une quinzaine de minutes, dans la plus pure tradition indo-népalaise, avec couleurs saturées, chorégraphies de groupe et duo homme femme. 2 millions de vues, quand même !
Une belle manière de terminer la soirée.
Non, nous ne regarderons pas les 15 minutes, il l'interrompt avant... Mais nous avons l'adresse du lien, si tu y tiens...Leia mais

❤️ [Ld]



















