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  • Day 8

    Jodhpur. Fait-nous rêver azur Mehrangarh

    October 19, 2022 in India ⋅ 🌙 28 °C

    Mercredi 19 Octobre, 1h30 du matin, c’est avec le coeur chaud et lourd qu’il est temps pour nous de quitter notre première ville d’acceuil ; Notre Rickshaw nous attend pour rejoindre la gare de Jaisalmer, enfin…Le Rickshaw oui, le Rickshaw Wallah, lui, dormait paisiblement…dommage, il allait devoir se réveiller notre copain, car le train de 2h55 ne nous attendrait pas.

    Cinq heure de tappe-fesses depuis les couchettes de notre Wagon AC2 (Air climatisé #ventilateur 🤓).
    Le sommeil est difficile, le stress de ne pas se réveiller et de se retrouver à Delhi est bien présent, mais encore plus, notre train à le feu au cul ; Tchou-tchou bombarde, tangue, swing et danse la java sur les rails. On parle d’un tappe-cul Indien, loin, très loin de nos TGV, habituellement on est autour de 90km/h dans cette longue boîte de conserve. Celui-ci devait vouloir se prendre pour un de nos TGV. Et nous là dedans, on a danse avec, et notre estomac aussi…je n’avais pas le mal des transports…avant, mais là j’ai presque failli connaître ce plaisir. Les voisins de couchettes n’aidaient pas à trouver le sommeil, entre l’autre au téléphone qui chantonne à tue-tête à 4h du matin et le groupe de militaires sous testo qui rient à gorges déployés, les deux ptits jeunes de notre compartiment, Gael et moi n’avions d’autres choix que de pester et fermer les yeux, à défaut de dormir.

    Notre train pourtant si prompt à accélérer arrive en retard et entre en gare à 8h30, merci au train de marchandises qui nous a barré la route une demi-heure à une demi-heure de l’arrivée. Mais au moins nous sommes à bon port. Jodhpur, la belle bleue, nous sommes là ! Missions : tuk-tuk, « Singhvi’s Haveli » et douche. Une micro-sieste de deux ou trois heures est appréciée avant de nous lancer dans notre première déambulation de cette ville riche de centaines de scènes de vie quotidienne. Cette cité est un bonbon pour la photographie, nos yeux exultent devant tant de portraits, de visages, de sourires, d’instantanéité à capturer pour toujours sur nos pellicules numériques et argentiques.
    Le fort Mehrangarh, toujours aussi indimidant et olympien, surplombe le Sardar Market. Le marché de la Tour de l’horloge est si animé que l’on ne sait où donner de la tête. Je me suis déjà longuement épanché sur cette ville merveilleuse par le passé, mais je ne cesserai jamais de radoter mon plaisir de la parcourir, c’est un vrai chance de pouvoir revenir ici pour la troisième fois, encore une fois qui ne sera pas de trop et promet de nombreuses anecdotes.

    Nous avons d’ailleurs eu la surprise au gré de notre marche de recroiser Nandi, un drôle de personnage qui fait la navette régulièrement entre Jaisalmer et Jodhpur pour effectuer divers gagne-pains. Il y a deux jours, sur le marché de Jaisalmer, il nous disait en sautillant « Hey my friends ! On se retrouve à Jodhpur okay ?!!! My friends !! On s’y retrouvera okay ?! Et vous me devrez une bière !! » , autant dire que nous avions acquiescé ne pensant pas sincèrement le recroiser…eh bien que nenni, au detour d’une rue, il était là, sautillant comme la dernière fois, tout fier de sa victoire « oooooh my friends !!!!! Je vous l’avait dit qu’on se recroiserait ! Alors cette bière ? ». Nous avons donc tenu parole et avons trinqué avec lui, chacun sa Kingfisher à 300 roupies. Ce filou a même réussi à se faire servir son premier verre avec nos deux canettes pour garder sa canette entière dans sa poche. Les gérants du bar, hilares, nous on partagé sa petite technique ; Nandi se positionne généralement dans les artères les plus traversées par les voyageurs de Jaisalmer et de Jodhpur, lui permettant ainsi d’alpaguer les visiteurs. Ces derniers faisant pour beaucoup d’entre eux la navette entre les deux villes. Ainsi depuis Jaisalmer il se fait promettre une bière à Jodhpur, et depuis Jodhpur il parie sur Jaisalmer. Malin. Un drôle de moment. Un des rares plaisirs de ce petit bonhomme qui nous paraît dans le fond pas si joyeux que ça ; errant entre ces deux villes, naviguant entre les petits travaux ingrats, s’ennivrant des bières offertes par les pigeons qu’il arrive toujours à plumer ; les ongles noircis et les mains recouvertes de terre et autres mixtures craquelées dont je me garderais d’imaginer la provenance…Il a dit que c’était du henné lorsque je le lui ai demandé. Je veux le croire alors.

    C’est ça aussi l’Inde, des stratagèmes, des drôles d’aventures et des rencontres. Par centaines. Un bouillonnement d’humanité. Bordel ce que j’aime ce pays.

    Cela fait à l’heure où j’écris ces lignes, douze heures que nous sommes arrivés dans la ville bleue des Sâdhus, le manque de Jaisalmer est là mais se fait oublier devant les nouvelles pérégrinations qui nous attendent.
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