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  • Day 15

    A la une, à la deux, à Agra.

    October 26, 2022 in India ⋅ ☀️ 26 °C

    Les trains en Inde sont une institution. Une drôle d’expérience, obligatoire pour qui souhaite découvrir ce pays dans tous les sens.

    Minuit-cinquante, notre train 22548 démarre depuis la gare d’Ajmer.

    Allongés sur nos couchettes 28 et 29 du Wagon B2, le trajet de six heures et dix minutes vers Agra est confortable « physiquement », mais la loterie du destin détermine toujours si le voyage sera un long plaisir, ou une épreuve de patience et de fatigue.

    Aujourd’hui pas de chance, nous avons tiré la mauvaise carte. Nous sommes cernés par deux familles de cinq personnes avec bébés ; mesdames autoritaires à la voix haut perchée, messieurs nonchalants et scotchés à leur téléphone sans écouteurs évidemment Vous imaginez trois types dans votre seul compartiment qui tchattent sur leur téléphone en sonnerie et le son de bulles à chaque touche du clavier ? Vous avez le poil qui s’hérisse à cette seule lecture ? Bienvenue dans mon monde.
    Évidemment tout ce petit monde descend dans trois stations, à trois heures du matin. Il va falloir pour Gael et moi respirer et penser Yoga. La tête sur nos sacs photos, nos sacs à dos de voyages sont sous les sièges s’agissant des « moins pires pertes » en cas de vol nocturne (prenez tous les calebars que vous voulez les gens, mais pas touche au matos photo 🤓), les draps sur nos têtes, fermeture des yeux et voila une interminable partie de comptage de petits moutons et de petits nuages. Pour moi le compte s’est arrêté durant au moins trois heures à l’arrivée, pour Gael il était malheureusement rendu à environ 10800 moutons sautant par dessus 10800 nuages. Un voyage éprouvant, mais une arrivée à destination effective. Dernier freinage de notre loco et nous voila descendu par les trois marches nous menant à quai. À la une, à la deux, à Agra !

    La gare est blindée, le « boulevard » d’accès l’est tout autant, la route dégueule de rickshaws, de voitures, de gens, de chiens, de vaches, de charettes ; Une fourmiliaire dans laquelle il est difficile de se frayer un chemin. Pourtant il le faut bien, car la foule derrière nous n’attendra pas et n’hésitera pas à nous marcher dessus et ainsi de suite comme tout autant de dominos. Nous zigzaguons entre tout ce beau monde, trouvons le premier Tuk-Tuk prêt à nous emmener aux abord du Taj Mahal et de notre hôtel sans se moquer de nous. Un trajet vers le Taj depuis la gare vaut moins de cent roupies, aux abords directs de la gare : Impossible de trouver un chauffeur demandant moins de deux cent roupies par personne ! Alors d’accord, nous parlons de cinq euros la course, mais surtout d’une augmentation de trois-cent-pour-cent sur simple délit de faciès , ces gars me connaissent mal. Dix minutes à déambuler dans ce bordel et nous trouvons enfin un Rickshaw, je lui donne la destination et ne lui laisse même pas l’occasion de négocier : « Namaste sir, Taj Mahal South Gate, one hundred, Indian price, thank you sire ». Et c’est parti.

    Ving minutes de tuk-tuk nous séparent de notre guesthouse. Joey’s Hostel tient plus d’une auberge de jeunesse que d’un hôtel ou d’une maison d’hôtes. Complètement KO nous nous présentons à la réception à sept-heure trente…et… avons la joie d’apprendre qu’il nous faut patienter jusqu’à treize-heure pour effectuer le check-in.
    Autant dire que leur terrasse serait notre tombeau (oui je sais elle est bonne 🥁). Alors le bon point étant que la-dite terrasse fait face au Vrai Tombeau. Le mauvais point étant que cette zone de repos temporaire est misérable : Quatres pauvres banquettes usées bi-places (Indian Size), peut être quatres chaises et au moins trois chaises cassées. Des tables en quantité insuffisante obligeant les clients à s’asseoir par terre faute de place assises, végétants sur un champ de fausse pelouse , ce tapis de platisque poussiéreux et sale faisant également office de cache-misère, ou de piège c’est selon : En effet, un trou béant recouvert d’un morceau de bois (probablement une porte de placard) lui même caché par le tapis-pelouse nous acceuille en plein mieu de la terrasse.
    Si par malheur cette planche bouge (spoiler : elle bougera), notre amie Destinée décidera alors si nous y enfoncerons seulement le pied ou atterirons 4 étages plus bas.
    Mais une telle vue ne nous rend pas difficiles.
    Nous avons erré comme des âmes en peine jusqu’à onze-heure trente, moment ou j’ai tenté de soudoyer le réceptionniste en vantant mes goûts pour les bons commentaires sur Booking.com ;
    Onze-heure cinquante, nous avons notre chambre, face à la terrasse, nous nous hâtons de déballer nos sacs. Il fait plus chaud dedans que dehors et dehors… il fait trente-deux degrés. La Clim’ ne fonctionne pas, le ventilateur au plafond brasse le même air lourd et moite. Peu importe : l’heure de la sieste et de la delivrance à sonné.

    Notre frugal repos de trois heure cesse au hurlement du réveil. En effet, rattraper une partie de notre manque de sommeil est une chose, il nous faut pourtant bouger un peu, nous avons peu de temps avant le coucher du soleil et nous souhaitons joindre un point de vue spectaculaire sur le Taj Mahal. Et trop de sieste ne rendrait la nuit que plus difficile et le réveil terrible.
    Nous nous préparons et prenons la route pour ce point de vue « caché » au bord de la Yamuna. J’avais repéré ce coin de longue date sur google map en vue satellite mais n’avais jamais essayé de m’y rendre, le coin étant un peu perdu dans la pampa à l’arrière de mon précédent hôtel. Puis des blogs et instagram on commencé à relayer cette tour en ruine perdue au bord de la Yamuna et pointant hors de la jungle d’Agra : il suffit de longer le chemin, bifurquer au bout d’un kilomètre sur sa gauche jusqu’à atteindre une grande grille. Là : cinquante roupies de laisser-passer à tout casser et nous voila rendu à un magnifique point de vue, romantique et photogénique au possible. Ça c’était la naïveté qui écrivait.

    Dans les faits, nous sommes arrivés à cette grille, mais ce lieu sacré a déjà succombé à quelques années d’instagrameurs. Autant dire que l’humain n’est pas regardant sur le prix tant qu’il à sa photo (qu’est ce que l’humain est con parfois)…du coup on nous annonce un laisser passer à deux-cent roupies par personnes, j’explose de rire et tourne aussitôt les talons, je propose à Gael d’essayer de contourner cette « résidence »dont la tour est au fond de leur « jardin ».
    Nous longeons une sorte de ruisseau, nous nous enfonçeons dans ce qui semble être une ancienne zone d’enfouissement d’ordures. Puis arrivons au bord du fleuve Yamuna. La terre se fait de plus en plus meuble, pour finir en boue. Je suis en sandale…tu vois le tableau…oui je me suis retrouvé les pieds enfoncés dans cette glaise noire en marge d’un confluent du Gange et de tout ce qu’on peut imaginer y nager, y flotter ou y couler. Nous réussissons pour autant à arriver prêt de cette tour, une petite grimpe et nous voila dans l’escalier d’accès. Prévisible : Les propriétaires du terrain adjacent (et de cette manne touristique) ont bloqué l’escalier par des branches épineuse ; sortir de cet escalier est impossible sans pinces ou gants à minima, jean et veste au mieux. Quels mauvais joueurs…
    Nous rebroussons chemin, nous contentant d’un muret avec un point de vue sympathique sur le tombeau de marbre blanc perçant la jungle.
    Nous rentrons à notre « squat » la nuit tombante, une odeur pire que la vase nous accompagne par l’entremise de mes pieds désormais noirs.
    Nous avons perdu du temps, mais pas de roupies, nous aurons gardé notre fierté aussi.
    Vingt et une heure sonnante, après la bière de la défaite, nous regagnons notre étuve. Le lever demain à cinq-heures pour rejoindre la porte d’accès ouest du Taj sera difficile.
    Huit heures de sommeil moite, c’est pas le top mais au moins le compte est bon. À demain Tataj.

    Pardonne-moi lecteur pour ce chapitre aussi long que chiant. Je tiens cependant à ma souvenir de cette étape en écrivant un récit en adéquation avec cette dernière.

    (NDA - Lundi 20 Mars 2023 : c’est encore plus chiant à corriger 🤓)
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