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  • Day 19

    Une journée à l'Iced lake

    March 29, 2019 in Nepal

    Cette marche à la journée permet de monter haut (vers 4600m) et donc de s'acclimater avant le passage du Thorungla.

    Marie étant redescendue vers Upper Pisang, j'y monte plus ou moins seule, mais nous sommes plusieurs de la guesthouse a y aller et nous nous suivons. L'occasion de mieux cerner différents profils de marcheurs...

    Il y a les sportifs, de type trailers/ marathoniens, équipés quechua ou vieux campeur de la tête aux pieds, qui ont étudié l'itinéraire, partent tôt puis font la course. Tel celui qui fonce tête baissée en n'attendant pas sa copine, puis qui s'inquiète du fait de ne plus la voir... Qui est aussi perturbé de voir que l'altitude à sa montre affiche 10 m d'écart avec mon GPS (mais ouf, le débat quant à la performance comparée de nos outils a vite été desamorcé par mes soins...).

    Il y a le couple mignon qui ne se suit pas tout à fait mais crie régulièrement à travers la pente : "Chérie tu veux que je reprenne le sac? " Tu veux de l'eau"? "Ça va ton genou?" "Tu me donnes un biscuit?"...

    Il y a les stressés qui te posent des questions sur le chemin ou l'équipement quand ils te croisent. Ou, moins directs et peu discrets :"T'as vu la fille elle avait des crampons ! On devrait peut être les mettre, non?..."

    Il y a aussi les vrais touristes, pas équipés... et qui s'en moquent. Pas de crème solaire ni de casquette/chapeau donc gueule rouge pivoine ou chech trop chaud autour de la tête, pas de bâtons mais qui n'en veulent pas, évidemment ni crampons ni guêtres. Plus habitués à fumer des joints, à mediter ou rester silencieux dans des ashram, à faire la fête sur la plage ou à chiper dans les magasins en Australie, fauchés durant leur "working holiday", qu'à randonner ! Ma sympathie irait plutôt vers ceux là, mais ils galéreront et mettront deux fois plus de temps que les autres pour faire l'aller-retour donc je les perds de vue.

    Et puis il y a les solitaires, qui marchent seuls toute la journée et à qui ça convient bien. C'est avec deux de ceux-là que nous avons poussé en silence dans la neige jusqu'à la fin de la rando : une jolie stupa au bout du lac. Avec comme compagnons un chien d'adoption monté d'en bas et une bande de chiens locaux ressemblants à de mini loups/yaks avec leurs poils longs et leurs crocs acérés. Le petit chien de la vallée a soudainement vu en moi une amie (un rempart ?) quand son irruption a suscité les grognements des locaux. Je l'ai abrité derrière ma taille et mes batons, moi-même peu rassurée face à ces chiens sauvages !

    Puis notre petit groupe s'est séparé aussi vite qu'il s'était formé, autour de la stupa et d'une pause grignotage. L'un a filé pour descendre à Manang, l'autre prenait soin d'éviter le chemin principal, faisant sa propre trace dans la neige.
    A celui à qui je demande s'il s'en sort avec ses crampons cassés : "yeah i'm fine". A l'autre qui n'avait pas de crampons et s'était enfoncé dans la neige, si ses pieds ne sont pas trop trempés : "They will dry, eventually" avec un sourire qui clôt la conversation...

    Ces deux là suscitaient ma curiosité. J'imagine des tas d'histoires, de connaissances et un brin de mystère autour de ce besoin d'indépendance et de cette pudeur, qui peuvent passer pour de la fierté ! Mais je n'en saurai pas plus. Il faut plus que quelques instants partagés pour apprivoiser ces drôles d'oiseaux... Et tant mieux !
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