• Vallée serbe

    July 29, 2023 in Bosnia and Herzegovina ⋅ ⛅ 24 °C

    Après notre belle journée dans la brousse, on se lance un challenge : on toque chacun.e chez des gens pour dormir, que les meilleurs gagnent !
    Nous les laissons prendre un temps d'avance, nous on continue à rouler jusqu'au prochain village. Nous demandons à une vieille dame qui n'a pas du tout compris notre demande (en langue des signes...) et qui avait un gros chien méchant, puis au voisin qui nous a conseillé de dormir dans les champs, nous repartons bredouille...
    Au croisement avec la route principale, nous tombons sur... nos deux concurrents qui, après avoir essuyé un refus, se sont fait inviter pour une bière. C'est un local minuscule avec un frigo et des chaises qui fait office de bar du coin. Des hommes âgés se réunissent tous les soirs pour discuter, fumer et boire de la Pivo ( =bière, mot essentiel à connaitre). Le moment est cocace, 4 frenchies avec leurs bières dans un mini local au fin fond de la Bosnie, et on ne comprend pas un mot de la discussion !
    On démarre une pétanque locale - sur herbe avec des grosses boules - tous les quatre (on rappelera que les marseillais ont sauvé l'honneur 🙃) puis on discute avec l'un des hommes qui parle bien allemand. Tellement intéressant, il nous raconte pourquoi il y a autant de maisons détruites dans cette vallée. C'est un territoire serbe et la guerre a fait des ravages. Ils nous confirme que les trous vu le long de la route sont bien des trous d'obus et qu'il y a encore des mines. Il nous raconte la guerre et les conséquences qu'elle a encore aujourd'hui sur les gens. La reconstruction n'a pas eu lieu par manque d'argent et de forces jeunes. Il n'y a pas d'enfants dans la région, donc pas d'école. Il n'y a pas non plus de travail, à part dans les champs. C'est une vie rude qui est fortement imprégnée par la religion orthodoxe, la pétanque et la bière. Les églises orthodoxes sont partout le long de la route.

    Au fur et à mesure de la soirée, d'autres hommes passent, certains pour remplir le frigo de bières, d'autres pour faire une partie de pétanque avec nous, d'autres juste pour papoter, et boire une bière bien sûr ! Quoi qu'il en soit, on finit par avoir les clefs du local, le frigo à disposition et les clefs de la maison d'en face avec un lit dans lequel nous pouvons dormir. Tellement incroyable !
    Nos derniers hôtes (oui ça devient presque chez nous!) nous invitent à manger le lendemain à midi. Ils insistent fortement alors on dit ok. Quelle soirée !

    Le lendemain matin à 8h, trois hommes sont déjà à la bière au petit déjeuner. On décline gentillement, c'est un peu tôt pour nous 🤭
    On s'occupe jusque midi : parties d'échec pour certains, coup de téléphone ou confection de bracelets pour d'autres. Pourtant à midi, nos amis d'hier ne sont pas là.
    Nous entendons de la musique pas loin, une fête se prépare. C'est peut-être à cela qu'on était invités... On discute avec les locaux qui nous proposent du whisky, et on se rend compte que sans parler la même langue, on arrive à avoir des conversations (basiques certes!). L'identité serbe est forte, le drapeau serbe est accroché au barnum, on nous invite à aller en Serbie ou à Banja Luka (province serbe de Bosnie) plutôt qu'à Sarajevo. Il ont aussi l'air de beaucoup apprécier
    Marine le Pen..., nous sommes dans une région avec un fort nationalisme.

    Le temps se fait long, de midi à 15h, on a faim et on attend qu'il se passe quelque chose. De plus en plus de locaux arrivent, on fait de notre mieux pour discuter et poser des questions (merci google translate!), mais nous sommes gênés. La personne qui nous avait invité pour midi n'est toujours pas là, les autres locaux doivent se demander ce qu'on attend. Gênance..
    Bref dans ce flou total, on hésite à partir. Mais finalemenr notre ami d'hier et nous embarque en voiture (Sofiane et Vincent) pour aller nous acheter de la viande. Il semblerait qu'on soit de trop à cette fête et il nous propose de manger dans le local. Oups, génance ultime !

    Nous qui pensions rester quelques jours pour participer à la fête du village avec Vincent, on décide de partir avec les français à vélo vers Livno. On se pose milles questions : est-ce qu'on s'est mal compris ? Est-ce réservé aux orthodoxes ? Est-ce que certain.e.s étaient contre le fait qu'on soit là ?
    Bref on ne sera jamais ! Deux sons de cloche : certains, adorables, ne voulaient pourtant pas nous laisser partir. On remonte sur les vélos avec encore plus de viandes et du pain. On met de l'argent dans la cagnotte pour les bières, on dit au revoir et on se remet en route, il est 16h00 environ.

    Le paysage qui défile devant nous est exceptionnel avec la lumière de fin d'après-midi. C'est comme cela que j'imagine des steppes en Afrique, une plaine avec au loin quelques collines, herbes hautes couleur or, parsemées des pins. On aurait pu imaginer un éléphant ou une girafe passer.
    Environ 60 bornes nous distancent de notre objectif, aller camper au bord du lac vers Livno. Le vent est assez fort mais la route plutôt droite et plate, on se met en formation "tour de France" pour arriver avant la nuit.
    Read more