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  • Day 179

    Le peuple sami

    September 9, 2023 in Finland ⋅ ☁️ 20 °C

    Aujourd'hui, direction Inari ! Plus grande commune de Finlande, elle possède des frontières avec la Norvège et la Russie. Sa taille est comparable à celle de la Slovénie !
    Entre tourisme, mines d'or et élevage de rennes, Inari est un des rares endroits peuplés de laponie. Son lac est le deuxième plus grand lac naturel de Finlande, ses nombreux îlots et son immensité confèrent une ambiance spéciale à l'endroit.

    La raison principale de notre venue est la curiosité d'en apprendre davantage sur le peuple sami ! Seuls pays d'Europe abritant un peuple autochtone reconnu, la Suède, la Norvège, la Finlande et la Russie, intègrent des territoires samis. La commune d'Inari accueille d'ailleurs le parlement sami finlandais. Ici, quatre langues d'usage sont officielles ; le finnois, le same du nord, le same skolt et le same d'Inari. ☝

    Pour comrendre ce peuple premier, ses traditions et son histoire, nous avons décidé d'effectuer une visite du musée "Siida". On vous propose un aperçu de nos découvertes à propos de cette civilisation passionnante ici. 👇👀

    👉UNE CULTURE EN LIEN AVEC LA NATURE
    Nous pénétrons dans le musée et sommes rapidement attiré•e•s par les tenues traditionnelles colorées, certaines fabriqué•e•s en peau de rennes.

    Bienvenue en Sápmi (nom initial de la laponie et toujours utilisé par le peuple sami) !

    Leur notion de territoire est bien différente de la nôtre. Pour iels, il ne s'agit nullement de carte ou de frontières, mais cela relève plutôt d'un vécu, d'une expérience in situ et de repères que l'on identifie, d'éléments naturels que l'on aborde lentement, années après années. Ça laisse songeureuse non ?

    Une découverte nous a particulièrement intrigué•e•s : le "joik". Chant traditionnel personnel à chaque être humain, animal, mais également montagne, arbre, plante, rivière, etc., il dresse un portrait musical d'un être vivant ou d'un élément naturel. Chaque sami possède son joik qui lui est propre et le reflète. 🎼

    👉APPROPRIATION CULTURELLE
    L'arrivée des peuples scandinaves sur les terres samies coïncide vite avec l'instauration d'une politique coloniale et une volonté d'occidentalisation.

    Au Moyen-âge, une campagne de christianisation s'instaure. L'objectif est le suivant : éradiquer les croyances traditionnelles du peuple sami autour du chamanisme et entamer une "finlandisation".

    Après la seconde guerre mondiale, les enfants sont tenu•e•s d'être scolarisés dans des écoles finlandaises, éloignés de leurs familles et de leur langue maternelle. Cet événement provoque un risque élevé de disparition des langues sames et, avec elles, des expressions ancestrales intraduisibles qui reflètent une relation particulière à la nature et à leur environnement.

    Au sein du musée, nous avons eu la chance de déambuler dans une exposition temporaire dont le sujet est un type de chapeau que portaient les femmes samies ; le ládjogahpir. Ce couvre-chef subversif fut interdit et brûlé par les prêtres car, selon eux, le diable y avait élu domicile. L'argument de la ressemblance avec la corne du diable a conduit à la disparition de ce vêtement porté par les gardiennes des esprits de la nature, un symbole hautement écoféministe avant l'heure !

    Ce n'est qu'à la fin des années 90 que le peuple sami a été reconnu officiellement comme peuple autochtone par la Finlande, la Norvège et la Suède et que des parlements dans chacun des pays traversés par le territoire sami (sauf la Russie) furent créés.

    👉NOMADISME
    Peuple ancestralement nomade, les sami•e•s changent d'habitat en fonction des saisons (8 selon leur calendrier). Le terme "siida" (nom du musée que nous visitons) désigne les villages/communautés qu'iels créent, adaptés à l'environnement et la saison. Nous parvenons donc dans la partie plein air du musée où nous avons l'occasion d'observer différents types d'habitats samis, en grandeur nature ; notamment des huttes dont la structure est faite de bois recouverte de tourbe et de mousse, mais aussi des maisons en bois type chalet isolée avec du lichen et de l'écorce de boulot, ou encore des tipis fixes ou mobiles en peaux de rennes.

    La mobilité selon les saison et ce que la nature a à offrir (pêche, chasse, cueillette) et selon la transhumance des rennes est une des bases de la culture samie.

    👉LE PEUPLE SAMI & LEURS RENNES, DEUX ÉLÉMENTS INDISSOCIABLES
    Aujourd'hui, il n'y a plus de rennes sauvages, mais des troupeaux. Depuis que les sami•e•s partagent leur territoire avec les norvégien•ne•s, suédois•e•s, finlandais•e•s et russes, iels sont passé•e•s de chasseureuses à éleveureuses.

    Les rennes déambulent néanmoins en liberté dans le Sápmi et les éleveureuses suivent leur migration naturelle. Cette espèce se nourrit de lichen dans les forêts de conifères. Au cours d'une saison, les troupeaux traversent plusieurs fois les frontières des pays frontaliers de la laponie ! En fin d'automne, les éleveureuses regroupent les troupeaux et déterminent les rennes à abattre. Aujourd'hui, iels ont intégré des moyens plus modernes : quads et motoneiges par exemple. Cependant, l'usage du lasso pour attraper les rennes est toujours de rigueur.

    En raison du réchauffement climatique, la neige fondant plus tôt et plus rapidement et pouvant, par la suite, facilement regeler ; il est possible que les rennes se trouvent en incapacité de se nourrir du lichen au sol, les condamnant à mourir prématurément. Ce phénomène constitue une menace sérieuse sur le style d'élevage sami et la liberté octroyée aux rennes.

    Enfin, l'exploitation de mines en Sápmi et la déforestation ont tout de même largement contribué à la modification de leur activité d'élevage. De nombreux•ses sami•e•s ont été contraint•e•s d'abandonner leurs traditions au profit de travaux dans les scieries qui ont participé à la destruction de leur activité. Un terrible paradoxe pour survivre !

    🔥 Merci à celleux qui auront lu jusqu'au bout ! On espère avoir réussi à vous transmettre quelques éléments de compréhension à propos de ce peuple. Vous l'avez compris, on a fortement apprécié la visite ! 🔥

    Pour compléter nos découvertes, le lendemain, nous nous sommes lancé•e•s dans une expédition jusqu'à Pielpajärvi, aussi appelée "the wilderness church" ; une église samie perdue au beau milieu de la nature.

    Le sentier jalonné de racines, pierres, airelles et feuilles mortes, en sous-bois, était féerique. De petits écureuils nous ont accompagné•e•s sur le chemin. De temps en temps, nous croisons des bras du lac d'Inari sur fond de forêts de conifères verts et de bouleaux jaunes. 🍂

    L'église en bois brûlé perdue est enfin atteinte ! Elle surgit subitement de la végétation. L'intérieur en bois peint en blanc avec des touches de couleur rouge et bleu (rappel du drapeau et des tenues samis) est plutôt accueillant.

    🎥Une équipe de trois personnes équipée d'une valise et de gros sacs remplis de matériel vidéo ont déjà investi les lieux.
    Leur énorme drône plane au-dessus de nos têtes. Nous serons donc sur les images du prochain reportage de National géographic !

    Ce soir, difficile de trouver un emplacement pour Phoeni, les camping-car finlandais sont littéralement partout ! Et pour cause, nous comprendrons la raison de cet engouement vers 00 h quand nous avons eu la chance de contempler des aurores depuis notre lit (oui, oui 🙈), bien emmitouflé•e•s dans notre couette et la porte latérale grande ouverte ! Elles étaient bien plus lointaines et moins puissantes que la première fois, mais le spectacle procure toujours autant d'émotions... Le ciel étoilé n'est pas en reste non plus, nous n'avions jamais eu l'occasion de voir aussi intensément les étoiles.
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