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  • Day 242

    Les secrètes Maramureş

    November 11, 2023 in Romania ⋅ ☁️ 10 °C

    Notre périple en Roumanie débute aujourd'hui !

    Nous nous rendons dans le judeţ de Maramureş, en Transylvanie, au nord-est du pays, le long de frontière ukrainienne.

    On se sentait très impatient•e•s à l'idée de retourner en Roumanie, 10 ans après notre première venue ! Pour Paulo, ce pays représente sa première véritable expérience hors de la France, 4 mois de stage en immersion dans la culture roumaine.

    Après un passage de frontière plutôt long, les douaniers ont scruté nos papiers un moment (!) ; la Roumanie ne faisant pas partie de l'espace Schengen, nous entrons enfin sur le territoire roumain 🇷🇴. Rapidement, je m'aperçois qu'une vignette routière est nécessaire pour circuler ici. Nous nous arrêtons donc à une station essence, espérant pouvoir nous acquitter de cette taxe d'emblée afin d'éviter des déboires en cas d'interpellation.

    Depuis la Pologne, nous croisons, non sans un petit sourire amusé, des panneaux de signalisation au pictogramme charette rayé. Nos premiers kilomètres sur les routes roumaines ne sont plus ponctuées de ces panneaux, mais bel et bien des charettes elles-mêmes tirées par des chevaux. Nous traversons des villages constitués d'une unique rue dont les maisons possèdent des gouttières en hauteur dirigées vers la rue, l'eau s'écoulant en cascade dans les fossées creusés à l'entrée de chacune, entre le trottoir et la voie goudronnée. Une musique s'élève, on appercoit un bout de jardin au cœur duquel se déroule un mariage au son du violon et d'un accordéon ! La nuit nous surprend, malgré l'heure de décalage que nous venons de retrouver en passant la frontière. Nous n'avions pas anticipé la route sinueuse dans les montagnes embrumées qui longe l'Ukraine... La circulation de quelques charettes et vélos non éclairés nous effraient un peu, nous allons retenir la leçon et nous arrêterons plus tôt les prochains jours !

    La nuit s'est déroulée sous le signe de la fraîcheur (l'hiver est bien là !), et le début de matinée sous celui de l'enlisement dans le sol boueux et humide de la lisière de forêt près du Monastère de Săpânța !

    En ce dimanche, les voitures des fidèles se pressent aux grandes portes en bois de l'édifice religieux. Nous pénétrons nous aussi dans l'enceinte du lieu, l'église en bois au clocher élancé nous rappelle les stavkirke norvégiennes. Ces constructions sont typiques de la région des Maramureş et, traduisent l'expression de la civilisation montagnarde des carpates ; le matériau bois étant présent en abondance sur le territoire. On en trouve également au sein des villages voisins ukrainiens, que nous n'auront malheureusement pas le loisir de découvrir.

    L'heure de l'office du dimanche a sonné. Dans le silence froid et humide, un chant magnifique s'élève, retransmis par des haut-parleurs. Quelques femmes aux fichus et jupes fleuris en retard restent à la porte pour suivre les prières. Soudainement, une cloche retentit, nous remarquons avec étonnement que le son ne provient pas du grand clocher en bois, mais d'une cloche extérieure au bâtiment qu'un viel homme vient d'actionner. Nous avons suivi le plus discrètement possible la cérémonie dominicale des habitant•e•s. Un moment suspendu dans un lieu emprunt d'une aura de sérénité. La sensation d'entrer au cœur d'un temple perdu au beau milieu de la forêt. Un lieu semblant reposer les âmes.

    En repartant direction le village de Săpânța, notre route croise celle de deux chiens errants en yeux tristes grelotant.

    Autre curiosité du coin, le cimetière joyeux de Săpânța. Cette appellation intrigante nous interpelle. Accueilli•e•s par des sourires sincères, nous nous mêlons aux familles du village, nombreuses en ce dimanche. Paulo est heureux de retrouver bien enfoui dans sa mémoire quelques mots de roumain !

    Le cimetière est rempli de stèles funéraires en bois peintes au couleurs vives. Chacune illustre un moment de vie, l'activité professionnelle ou le loisir favori du•de la défunt•e, accompagné d'un poème.

    Les habitant•e•s du village vont et viennent, bien apprêté•e•s. Un couple d'une trentaine d'années en habit traditionnel transylvain nous précède. L'homme est vêtu d'un gilet sans manche en laine foncée, et la femme, à la chevelure brune et au maquillage plutôt prononcé, porte un fichu noir parsemé de roses sur la tête, une chemise blanche bouffantes sous un boléro noir, ainsi qu'une jupe assortie à son foulard. Un bébé au creux de ses bras, et un cierge orné de papillons roses entre les mains de l'homme, nous indiquent qu'il s'agit du baptême de l'enfant. Iels partent présenter le bébé au prêtre au sein de l'église orthodoxe tout aussi colorée que le cimetière, aux murs recouverts de fresques peintes.

    Sur le chemin vers le monastère de Bârsana, nous traversons des terres agricoles aux séchoirs à foin sous de petits kiosks en bois ou, le plus souvent, en amas réalisés à la main et non à l'aide d'une machine comme nous en avons l'habitude. Chaque maison possède d'ailleurs également sa petite parcelle de terre cultivée en guise de jardin. Confitures et fruits sont disposés sur des tables sur le pas des portes, production locale de la famille vendue directement sur place ! D'immenses portes en bois monumentales à l'image de celles des monastères jallonent la route, nous accueillant à chaque entrée de hameau. La plupart des habitant•e•s s'y déplacent à vélo et à pied.

    Le domaine monacale de Bârsana est très vaste ! On retrouve une architecture en bois semblable à celle de temples. Après l'achat d'un fichu traditionnel, acquisition qui me faisait de l'œil depuis notre arrivée en Roumanie (moi & ma passion pour les couvre-chef-bandeau-bandana en tous genres ❤), nous nous mettons en quête d'un spot pour la nuit. Ce qui n'est pas chose simple dans ces terres reculées aux confins de la Roumanie où les voyageureuses se font plus rares !

    Nous dénichons finalement un emplacement près d'un monastère (un de plus !). Les locaux•ales vont et viennent sans cesse dans un ballet de voitures et de marcheureuses afin de puiser de l'eau dans la rivière en contrebas, et remplir des dizaines de bidons en plastique ou de grandes jarres en verre. Il semblerait que nous soyons stationné•e•s à l'endroit de la source du village (!). Tout là-haut, l'église offre un tableau incroyable des carpates enneigées.

    Ces premiers jours au sein de ce petit morceau de Roumanie nous procure un rare dépaysement. Nous la quittons le cœur plein de joie et la tête de souvenirs et sensations à chérir.

    À très vite pour la suite de la découverte de la Roumanie ! 🇷🇴
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