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  • Day 297

    Istanbul, la chaotique 🇹🇷

    January 5 in Turkey ⋅ ☀️ 14 °C

    💥On débute 2024 avec un passage de frontière, et pas des moindres ; nous pénétrons sur le territoire turc, le regard brillant tourné vers l’Asie.💥

    PREMIERS PAS EN TURQUIE👇

    La base militaire présente entre la Grèce et la Turquie est plutôt impressionnante. Nous roulons lentement au sein de ce no man’s land avec en ligne de mire l’immense drapeau rouge orné d’un croissant de lune et d’une étoile blancs flottant au vent. L’architecture de cette porte d’entrée du pays au style oriental nous indique que le voyage prend un nouveau tournant ! Passeports, carte grise et carte verte inspectés, photos de nos visages prises ; nous voici officiellement admis·e·s pour 90 jours en Turquie, ce pays que nous avions si hâte d’arpenter...

    Il est maintenant temps d’ouvrir une ligne téléphonique turque, les forfaits français ne couvrant pas cette partie du monde. Rapidement, la circulation routière nous décontenance. Contre-sens, klaxons, chiens & chats errants, piétons portant ou roulant de lourdes charges, stationnements sur la voie... Parvenu·e·s de nuit sur notre premier spot au bord de la mer marmara, trois énormes chiens forment notre comité d’accueil ! 7 h 30, un chant s’élève dans la nuit encore silencieuse. C’est l’appel à la prière, relayé par des hauts-parleur, communiquant le message jusqu’à la plage où nous nous tenons. Plus tard, pendant que nous petit-déjeunons, ce sont poules & coq qui débarquent, venant compléter le drôle de tableau composé déjà de nos fidèles pépères roulés en boule au pied de la porte latérale. Bienvenue en Turquie ! 🇹🇷

    EXPLORATION D’ISTANBUL EN BONNE COMPAGNIE👇

    JOUR-J. Le van bien installé dans un « parking-camping » sécurisé en plein cœur du quartier historique de Fathi à Istanbul, nous nous empressons de rejoindre la station de métro la plus proche afin d’y attendre des invitées très spéciales ; mes copines d’enfance (ainsi qu’Antho, je ne t’oublie pas haha !) venues passer une semaine à nos côtés, entre Istanbul & la mer noire ! 🔥🔥🔥

    Byzance, puis Constantinople, et enfin Istanbul.

    Nous allons consacrer quatre jours de visite à cette ville aux multiples noms, aux 2600 ans d’Histoire (entre antiquité romaine, christianisme orthodoxe médiéval grec, période ottomane & islam jusqu’à l’affirmation d’un état turc en 1923), passée aux mains de divers empires y ayant laissé leur empreinte culturelle et religieuse, possédant un pied en Europe et l’autre en Asie. Les 15 millions de stambouliotes habitent les deux rives du bosphore liant la mer noire à la mer marmara ; faisant d’Istanbul une des plus grandes aires urbaines du monde. Malgré la nomination d’Ankara comme capitale officielle de la Turquie, Istanbul demeure le centre économique et culturel du pays, le cœur vibrant de la Turquie (comme l’est Barcelone pour l’Espagne par exemple). Partons à la découverte de cette ville en perpétuel mouvement !

    🇹🇷Un chaos permanent🇹🇷

    Dès nos premiers pas, nous avons su que cette ville allait nous essorer ! Tant de sollicitations visuelles et auditives... Istanbul, c’est un joyeux bouquet insolite de sons et de couleurs ne se mariant pas habituellement, mais qui finissent par sonner juste tant leur cohabitation semble ancrée dans le quotidien des stambouliotes. Istanbul, c’est entrer dans une pharmacie où les chats se lovent entre les boites de Doliprane et les sérum phy (la ville est d’ailleurs affectueusement surnommée « Catstanbul » par ses habitant·e·s), courir d’un trottoir à l’autre en priant pour qu’aucune voiture ne nous renverse, partager la chaussée avec des hommes tirant à l’aide de leurs épaules d’énormes diables surmontés de grands sacs de tissu plastifié lourdement chargés, déambuler sous une symphonie incessante de klaxons, rentrer à 1 h  du matin et croiser des hommes buvant encore le thé assis sur le pas de leur porte, se faire alpaguer à toute heure de la journée (et de la nuit) pour déguster le « meilleur » kebab, glaner quelques produits au market du coin et passer à la caisse en musique avec le patron du magasin poussant la chansonnette d’une voix assurée, slalomer entre les stands des innombrables boutiques grignotant toujours davantage sur la rue...

    🇹🇷La gastronomie stambouliote, une institution🇹🇷

    Rassurez-vous, l’odorat et le goût ne sont nullement les grands oubliés de ce voyage. Bien au contraire ! Lorsque nous nous remémorons ces quatre jours à Istanbul, notre cerveau nous joue des tours et nous avons la sensation d’avoir presque passé 50 % de notre temps attablé·e·s à déguster les richesses de la cuisine turque !

    Par où commencer ?

    Royaume de la street food, de petits stands ambulants se trouvent à tous les coins de rue, chatouillant nos narines curieuses. On peut y déguster des sumit (genre de bagel tressé aux graines de sésame), des kestane (châtaignes grillées) ou encore du misir (épis de maïs grillés). Côté restauration assise, comme chez leurs voisin·e·s grec·que·s, les menus turcs proposent le principe des mezze (petits plats à partager) et entreprennent un savant mélange d’inspirations méditerranéennes, orientales et asiatiques.

    On vous livre ici une petite liste non-exhaustive de nos découvertes et plats favoris : les gözleme (crêpes salées fourrées aux épinards et cuites à la poêle), les pide (entre la tarte et la pizza, en forme de baguette et garnie de fromage ou légumes), les börek (feuilletés salés très gras au fromage ou à la pomme de terre !), le menemen (sorte d’omelette mêlée à de la sauce tomate et des champignons), les rouleaux de feuilles de vigne garnis de riz, et, bien évidemment, l’éternel houmous.

    Impossible de quitter Istanbul sans expérimenter le kahvalti ou petit-déjeuner turc. Nous y avons été initié·e·s avec chaleur, générosité et humour par un restaurateur haut en couleurs, un genre de sympathique tonton très enjoué à l’idée de nous faire découvrir ce temple de la gastronomie turque. Les plats pleuvent sur notre table bientôt trop étroite pour accueillir tant de mets. Nos yeux passent des uns aux autres, sans savoir par où débuter tant il y a de propositions ! Omelette aux légumes, crêpes garnies, tomates & concombres, divers fromages, pita et pains spéciaux, succulent mélange de fromage blanc et miel aux noix, olives vertes et noires, purée de pommes de terre, houmous, tartinade de tomate pimentée, œufs sur le plat... C’est un repas gargantuesque que nous n’avons pas pu finir en une seule fois ( !).

    Les pâtisseries ne sont évidemment pas en reste. Loukoums et baklavas vont probablement devenir nos meilleurs compagnons de route durant ce périple à travers la Turquie !

    Quant aux boissons, nous n’avons pas pu quantifier le nombre de litres de çay (thé, boisson nationale consommée à toute heure) bu durant notre séjour. Ce breuvage a très nettement ma préférence, tant pour son goût, que pour la petite tasse en verre transparent en forme de petite fiole et sa soucoupe colorée qui le contient. Le turkish coffee est également très répandu. Il s’agit d’un café non filtré similaire à celui que Paulo buvait en Grèce. Attention à ne boire que la moitié de la tasse si vous ne voulez pas boire & manger à la fois ! Il est également d’usage de la retourner une fois la boisson terminée afin de lire son avenir dans le marc.

    🇹🇷Vivre au rythme de l’islam🇹🇷

    Cinq fois par jour (à l’écoute du rythme du soleil), où que l’on soit, un chant s’élève au-dessus des toits, se fraye un chemin à travers les ruelles bondées et se démultiplie de part et d’autre du bosphore gagnant chaque oreille, même la plus distraite. Lorsque le muezzin appelle à la prière, sa voix relayée par des hauts-parleur ; pour nous, le dépaysement est grand.

    Nous ne comptons plus le nombre de mosquées visitées durant ces quatre jours ! De la petite mosquée du quartier Balat à l’imposante Ayasofya, l’immersion a été complète. Ces immenses palais à l’aura fantastique semblant tout droit sortis d’un conte me fascinent. Leurs hauts minarets élancés vers le ciel, au nombre de six pour les plus grandes mosquées, m’évoquent les tours des châteaux de princesses de mon enfance.

    La mosquée n’est pas qu’un lieu de prière, c’est aussi un lieu de vie. Les vastes cours, les fontaines et les quelques parcs environnant en témoignent. Avant de pénétrer au cœur de ce lieu sacré, il est obligatoire de se déchausser. Aucune impureté ne doit passer la porte du lieu saint. Il n’est donc pas rare de pouvoir observer quelques stambouliotes agenouillé·e·s près des points d’eau, s’adonnant au rituel des ablutions en lavant frénétiquement leurs mains, mais aussi leurs pieds. En tant que femmes, nous devons également nous assurer de voiler notre chevelure.

    Il s’agit d’un lieu très accueillant où l’on s’est senti·e bienvenu·e, où l’on est invité·e à rester, s’asseoir sur les doux tapis adossé·e à une colonne pour admirer l’édifice ou se reposer. Nous y avons fait la rencontre d’un bénévole à qui nous avons pu poser de nombreuses questions à propos de l’islam. Il nous a notamment appris qu’aucune peinture figurative n’était admise au sein d’une mosquée, puisqu’il serait présomptueux de représenter dieu à l’image des hommes qu’il a créés. Seules des calligraphies ornent souvent les murs, l’une d’elle arborant le nom d’Allah, les autres ceux des prophètes. Exception faite de la mosquée Sainte-Sophie qui accueille le visage d’un ange sur sa voûte, trace de sa vie passée en tant que cathédrale, puis mosquée, finalement musée, et enfin redevenue mosquée !

    Au lever du soleil, à son apogée, dans l’après-midi, au coucher du soleil et la nuit, chaque musulman·e pratique le salât, la prière rituelle. Nous nous étonnons de voir les habitant·e·s courir vers la mosquée la plus proche pour répondre à l’appel. Imaginez-vous, abandonner toute activité professionnelle pour répondre à une obligation plus grande, cinq fois par jour ! Si l’on omet l’aspect religieux, le concept de marquer des  temps de pause dans sa journée, prendre du recul, entonner une sorte de chant, se recentrer et mettre son corps en mouvements à l’aide d’une chorégraphie simple laisse songeureuse, vous ne trouvez pas ?

    La place des femmes au sein des quartiers les plus conservateurs bouleverse quelques peu nos habitudes. J’ouvre les yeux et balaye du regard l’espace public, occupé presque uniquement par... des hommes ! Le constat est frappant. Au sein des mosquées, la différence est également marquée. Lors des moments de prières, femmes et hommes se séparent ; ces premières s’agglutinent sur les côtés de l’édifice derrière des paravents ou sur des balcons, tandis que ces derniers occupent le centre du bâtiment, formant des lignes derrière l’imam.

    🇹🇷La culture mercantile du bazar🇹🇷

    Impossible de faire l’impasse sur le temple du consumérisme stambouliote, les fameux bazars ! Chaque quartier en compte au moins un, fréquenté assidûment par les habitant·e·s et les touristes. Il s’agit ni plus ni moins que le cousin du souk (en arabe).

    Ici tout n’est que mouvement ; les vendeurs nous tendant des loukoums à déguster, les passant·e·s empruntant les portiques des entrées au redondant son du bip, même les prix fluctuent au gré des discussions et des tergiversations.

    Les innombrables allées labyrinthiques décrivent des thématiques, nous voyageons à travers le pays des pâtisseries turques, des tapis aux arabesques colorées, des parures et bijoux étincelants, des épices aux senteurs chaudes...

    🇹🇷Un quartier = une facette ou comment effectuer le grand écart au-dessus du bosphore🇹🇷

    Il faudrait des semaines pour arpenter tous les quartiers d’Istanbul ! Nous en avons parcouru sept. Sept quartiers et autant de facettes. À chaque sortie de tram ou de métro, la même sensation : ne venons-nous pas subitement de changer de ville ?

    Nous avons pris beaucoup de plaisir à découvrir le visage mercantile de la ville avec le district de Fathi, la splendeur des monuments historiques dans le quartier de Sultanamhet, l’esprit bohème et populaire aux façades colorées de Balat, la skyline empreinte de modernité de Taksim, les galeries d’art chics et parfumées de Galata, l’animation des ruelles de Karakoy et le côté bobo de Kadikoy et de la rive asiatique.

    Les mœurs et coutumes varient selon les districts plus ou moins conservateurs. De l’autre côté du bosphore, sur la rive asiatique, nous faisons la rencontre de Dilara & Batin. Une de mes amies d’enfance, Jacotte, a cohabité avec Dilara durant son année d’Erasmus en Pologne, ce voyage est donc l’occasion de retrouvailles pour elles ! Le couple nous donne rendez-vous dans un bar à bières, premier endroit de ce type que nous fréquentons, notre quartier plus traditionnel ne proposant pas de boissons alcoolisées.

    Une soirée agréable aux côtés de véritables stambouliotes. Une précieuse initiation à la langue et à la culture turque et de riches échanges éclairant certaines de nos observations. Nous avons par exemple pu évoquer le régime politique répressif en place qu’iels déplorent, ainsi que la prépondérance de la religion qui, selon iels, entravent l’évolution de leur pays et leurs propres aspirations. Nous faisons également à nouveau face à nos privilèges de voyageureuse français·e. Dilara nous expliquant que, depuis qu’elle ne bénéficie plus du statut d’étudiante, elle éprouve des difficultés à sortir du territoire turc.

    🇹🇷Faire l’expérience du hammam turc🇹🇷

    L’expérience stambouliote s’achève en douceur avec un instant détente et purification au hammam ! Très peu différent du hammam marocain (testé lors d’un précédent voyage) - à la différence que l’établissement turc que nous avons choisi est bien plus classieux -, nous pénétrons d’abord dans la pièce aux murs de marbre blanc chaud et aux multiples robinets. Après avoir fait grimper notre température corporelle et relaxer nos muscles, nous nous rendons chacun·e dans une petite pièce privée où une femme (un homme pour Paulo & Antho) se présente à moi, nue sous un genre de pagne, et m’invite à m’allonger sur une table de marbre. Commence alors le rituel du lavage, effectué à l’aide d’un gant à poils durs qu’elle passe vigoureusement sur toutes les parties de mon corps. Un grand décapage ! Elle me manipule afin d’atteindre chaque zone. Nos regards se croisent et nous échangeons nos prénoms respectifs. La chaleur de son sourire fait sauter les dernières réticences culturelles et je me laisse aller sous ses mains expertes. Vient ensuite le moment de bien-être absolu, enveloppée dans un coussin de bulles aériennes formé par un tissu qu’elle trempe dans une bassine moussante et qu’elle applique délicatement sur mon dos. Elle lave ensuite mes cheveux et m’emmaillote dans une serviette. Nos visages arborent la même expression de bonheur flottant lorsque toute la petite bande se retrouve à l’étage, sur des chaises longues, avec petits loukoums et verres d’ottoman sherbet, une délicieuse boisson rafraîchissante à base de fruits et d’épices.
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