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  • Day 336

    Artisanat dans les Cappadoce

    February 13 in Turkey ⋅ ☁️ 14 °C

    Bienvenue dans les Cappadoce !

    Haut lieu touristique de Turquie, vous avez probablement déjà aperçu ces incroyables images de paysages modelés par des éruptions de volcans survolés par des dizaines de montgolfières colorées. Ces clichés attirants nous ont conduit·e·s aujourd’hui jusqu’au centre de la Turquie, passant de l’écran à la réalité !

    La roche se trouve en mouvement constant, l’érosion continuant son lent travail de fourmi ; façonnant et modifiant les vallées à portée de notre regard et étant, de surcroît, vouées à disparaître. Outre ces merveilles naturelles, les Cappadoce offrent la possibilité de découvrir habitats troglodytiques & villes souterraines, témoignages d'une occupation humaine depuis le 4è siècle. La lave des différentes éruptions ayant rendu la roche tendre, une population chrétienne byzantine a exploité cette particularité pour tailler dans la pierre de nombreuses églises, des sanctuaires et des maisons.

    Perché·e·s sur notre spot panoramique balayé par un vent vigoureux, d’un côté nous profitons du village d’Uçhisar illuminé, de l’autre des formations rocheuses à perte de vue.

    Le ciel se pare de gris pour notre premier réveil. Les randos attendront ! Nous profitons de la proximité d’Uçhisar pour effectuer une visite collective. Ce micro village à la drôle d'esthétique m’évoque un énorme morceau de gruyère posé là. Sa citadelle rocheuses troglodytique percée de tunnels trône et domine les environs. Visible à des kilomètres à la ronde, le « Kale » d’Uçhisar n’est autre que le point culminant des Cappadoce. 

    Ses ruelles ponctuées de mignonnes maisons de schtroumphs et de cheminées de fées creusées dans la roche confèrent une ambiance étonnante au lieu. Nous évoluons au sein de celles-ci et notons la présence de pigeonniers formés par l’homme dans les falaises. Réputée pour son élevage de pigeons depuis plusieurs siècles, la ville en possède des dizaines au cœur des cavités troglodytiques. Prisés pour leur beauté et les vertus de leurs fientes, un fertilisant efficient pour les terres arides de la région, les pigeons semblaient faire parti du quotidien des habitant·e·s. Sur les façades rocheuses, on peut distinguer la présence de résidus d’un plâtre glissant servant à empêcher les prédateurs d’atteindre les abris. Des fresques plus décoratives, peintes au niveau des entrées, sont également visibles. Elles protégeaient des mauvais esprits et des forces obscures.

    Hôtels & restaurants entachent la beauté naturelle du site pourtant classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Néanmoins, nous prenons plaisir à déambuler au sein des boutiques recelant de trésors sculptés, peints, tissés... Céramiques, poteries et tapis en tous genres s’amoncellent. Nous faisons l’acquisition d’un magnifique tapis tissé à la main pour notre futur habitat !

    Notre passage dans ce coin de Turquie est aussi l’occasion d’enfin effectuer la visite d'un caravansérail. Sur la route de la soie, ces gîtes accueillaient les voyageureuses marchand·e·s. Lieu de halte pour les caravanes en transit, il offrait un moment de restauration et de repos.

    Dans le but de rejoindre notre deuxième activité de la journée, nous traversons les Cappadoce par la route. Un sentiment de déception partagée envahit notre petit groupe ; le constat d’un tourisme de masse ravageur défigurant la beauté naturelle du site altérée par les constructions. Ici, le touriste est roi, et l’on accède à tous ses désirs, même les plus saugrenus ! Il est donc possible d’arpenter les vallées, falaises et formations rocheuses à l’aide d’un 4x4, d’un cheval, d’une montgolfières, d’un quad, d’un cabriolet, ou même d’un dromadaire !

    Adresse vivement conseillée par des voyageureuses rencontré·e·s par nos ami·e·s, cet après-midi nous passons le pas de la porte de chez Bircan, le potier ! Coiffé de son bonnet noir allongé et vêtu de son tablier terreux, ce turc, maître dans son art, parle parfaitement notre langue, apprise lors de voyages en France, et ailleurs dans le monde, pour effectuer des démonstrations et donner des cours de poterie. Il nous informe, non sans une once de fierté, qu’il constitue la troisième génération de potier de sa famille et nous présente son ancestral tour de potier manuel à pied. Dans son village, l’artisanat coule dans les veines des habitant·e·s. La tradition voulait que les hommes soient potiers de père en fils et les femmes tisserandes de tapis de mère en fille.

    Confortablement assis·e·s tous les huit sur les banquettes de Bircan, dans son atelier, nous nous émerveillons de la pièce prenant forme sous nos yeux ébahis. À une vitesse folle, la motte de terre argileuse devient vase. Presque naturellement. Il ne lui reste plus qu’à procéder à un séchage au soleil durant 2 h l’été ou 2 jours à l’intérieur lors des périodes hivernales ; puis, suit une cuisson de 24 h au four à 900 °.

    Nous sommes ensuite convié·e·s à nous improviser potier·e le temps d’une création ! "Turn, pied à côté, de l'eau, travaille" ne cesse de nous répéter inlassablement Bircan. Sous son œil attentif, nous nous exécutons avec application. La satisfaction de sentir la terre se modeler sous mes doigts est grande. De celle-ci surgit une forme. Forme, qui deviendra vase ou bol selon les préférences de chaque membre du groupe. Notre instructeur insiste pour que chaque élève se fasse photographier avec sa première création pour immortaliser le moment !

    C’est maintenant l’heure du çay ! Un jeune garçon syrien apporte du thé à la pomme pour toute la bande. Ne parlant pas anglais, Bircan nous explique qu’il ne peut malheureusement pas se rendre à l'école car il doit aider sa famille financièrement. Il nous apprend que les populations irakiennes et syriennes sont nombreuses à s’être installées dans cette région de la Turquie.

    Ce soir, les copaines ont dégoté un spot magique, mais difficile d'accès. À l’approche, un peu tardive, sur le chemin y menant, Phoeni dérape avec ses pneus été... Heureusement, l’entraide prévaut au sein de notre petite communauté, et Dylan trouve un autre passage pour que nous puissions être au complet. Par la piste des jeep de tourisme, nous cheminons lentement au coucher du soleil rougeoyant sur les falaises. L’étroitesse de la voie empêche tout croisement ; et c’était sans compter le fait que nous nous trouvions nez à nez avec un 4x4 touristique... Ne souhaitant pas prendre le devers pour nous permettre de passer aisément tous les deux, nous devons jouer les cascadeureuses et grimper sous l'insistance du conducteur ; un comble pour notre véhicule qui est bien moins adapté à ce genre de pratiques que le sien !

    Parvenu·e·s au sommet, nous apercevons le drone d’Adrien qui vole au dessus de nous immortalisant le moment : Phoeni sillonnant les chemins sur fond de rose valley enflammée par le soleil couchant. 🌅
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