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  • Day 359

    Crochet peu concluant par la mer noire

    March 7 in Turkey ⋅ ☁️ 10 °C

    Nous entamons une longue traversée du pays pour le quitter, reconnaissant•e•s pour tous les merveilleux instants de vie passés ici depuis plus de deux mois.

    Sur la route nous menant vers la mer noire, le rythme de la circulation joue de l'accordéon, ralenti sans cesse par les nombreux barrages militaires. Les armes portées par les hommes en treillis aux visages couverts de hauts cols polaires, dont on ne distingue que les yeux, nous impressionnent.

    La portion entre le lac de Van et Erzurum dévoile un paysage magnifique. Il s'agit d'une voie panoramique grimpant à 2 300 m d'altitude, sillonnant à travers les montagnes à l'épais manteau neigeux. Nous ne croisons plus que des micro villages où poules et oies se baladent sur le sol glacé entre des maisons de pierres plus que sommaires, souvent recouvertes de bâches.

    Après quelques heures, nous croisons enfin un véhicule à la dégaine familière. C'est la famille suisse rencontrée à Gaziantep ! Heureux hasard. Nous nous arrêtons à leur hauteur pour discuter et apprenons qu'iels viennent d'obtenir leur visa pour l'Iran !

    Quelques kilomètres plus loin, un épais brouillard blanc infini nous enveloppe. Il se met à neiger. Le ciel fond avec le relief dans un parfait monochrome blanc. L'éblouissement passé, l'inquiétude apparaît ; les pneus commençant à déraper légèrement sous la pression du vent chariant la neige directement dessous.

    Une fois les cols passés et la route européenne gagnée, nous soufflons. Une rupture nette au niveau de la colorimétrie s'opère alors ! Un vert soutenu chasse la blancheur de la neige d'un revers de la main. Sous la pluie, la chlorophylle scintille au milieu de laquelle poussent quelques maisons éparses accrochées aux montagnes.

    Enfin parvenu•e•s à Trabzon, nous apercevons la mer noire ! Direction la blanchisserie. Située près d'une mosquée, nous sommes accueilli•e•s par un homme nous offrant gentiment le çay. Nous parlons politique quelques minutes, les élections municipales arrivant à grands pas (le 20 mars prochain). Nous comprenons rapidement que nous avons affaire à un pro-Erdogan ; fait peut-être pas si rare dans ce coin de la Turquie puisqu'il est originaire de cette région ? Nous sommes étonné•e•s par la longueur de la campagne électorale, débutée quasiment depuis que nous avons passé la frontière !

    Après ces longues heures de route, l'envie de se dégourdir les jambes et d'effectuer une petite visite nocturne de la ville se fait sentir !

    Immense, bruyante et très polluée, la déception nous gagne rapidement. Le vacarme entêtant du trafic routier a eu raison de notre motivation. Les rues de Trabzon recèlent de drôles de quincailleries où objets en tous genres sont exposés en vitrine. Nous découvrons un cœur de centre-ville très européen, aux grandes enseignes et vitrines aveuglantes délivrant la sensation d'être en plein jour en permanence.

    On ne se laisse pas abattre et on déniche un restaurant afin de tester le plat local ; le kuymak. Il s'agit de la fameuse fondue turque (oui, oui vous avez bien lu !). Dans une casserolette individuelle, farine de maïs, fromage local type emmental et beurre forment une pâte bien reconnaissable pour les bon•ne•s français•e•s que nous sommes. Grand•e•s amoureux•se de la cuisine turque, on doit bien avouer que cette fois, la fondue savoyarde détrône haut la main le kuymak ! Le fromage turc est bien moins goûtu. Néanmoins, après des mois loin de la France, observer ces fils de fromage qui se forment quand on en extirpe une portion nous procure une joie indescriptible !

    Adorable, le serveur du restaurant nous offre le çay et des baklava à la noisette, spécialité du coin (ma nouvelle pâtisserie turque favorite, encore meilleure qu'à la pistache !).

    Après avoir récupéré notre linge, la traversée du pays continue ! Les immenses villes ultra modernes aux imposantes mosquées neuves entièrement vitrées se succèdent.

    Nous sommes globalement déçu•e•s de la côte de la mer noir. Les constructions entachent le paysage, ainsi que les nombreux tunnels et, surtout, le grand axe routier longeant et défigurant le littoral. Les spots nature sont inexistants et nous "dormons" sous le désagréable bruit de la circulation incessante couvrant le son des vagues.

    Comme à l'unisson avec notre sentiment de déception grandissant, la météo nous gratifie d'une pluie qui s'abat sur nous sans nous quitter d'une semelle ; accélérant notre départ...
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