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  • Day 362

    Sans oublier la capitaale !

    March 10 in Turkey ⋅ ☁️ 9 °C

    Impossible de quitter la Turquie sans effectuer un saut à la capitale : Ankara ! Bien que très peu touristique, placée dans l'immense ombre d'Istanbul, nous étions tout de même curieux•se de nous y rendre, le temps d'une soirée et une journée.

    Capitale adolescente, c'est en 1923 qu'elle reprend le flambeau de l’iconique Istanbul, autrefois appelée Constantinople ; capitale historique ayant traversé trois empires : romain, byzantin, puis ottoman. Un changement pour briser des siècles d'occupation, et marquer un tournant : celui de l'indépendance. Cette petite ville de seulement 20 000 habitant•e•s fut choisie par Mustafa Kemal Atatürk (père fondateur du pays et premier président) pour sa position stratégique, éloignée des côtes, plus centrale, et par conséquent, moins vulnérable que sa prédécesseure. Elle représentait également le cœur même de la résistance durant l'occupation ottomane.

    Suite à sa nomination, cette ville située à 900 m d'altitude, s'est vu dotée d'un ambitieux projet d'urbanisation afin de lui conférer tous les apparats d'une véritable capitale. Aujourd'hui, nous découvrons donc une ville résolument moderne et neuve, représentation métaphorique de cette nouvelle république de Turquie qui a fêté il y a peu ses 100 ans !

    Nous nous stationnons au calme aux abords d'un parc sans arbes, ni espaces herbeux. Justes de grands bassins vides d'eau, probablement de belles fontaines en été risquant le gel en cette saison hivernale. Nous levons la tête et observons le spectacle d'une grande roue au loin.

    De gigantesques mosquées modernes poussent ça et là. Nous nous mêlons à la foule de passant•e•s au style résolument plus européen que ce à quoi nous étions accoutumé depuis notre passage dans l'est.

    Nous faisons une halte au café gramophone au style atypique, pour un petit çay de rigueur, où disques vinyle ornent le plafond et transistors décorent les étagères.

    Direction une partie plus ancienne de la ville, nous nous baladons parmi les maisons à colombages grignotant quelques mètres carré sur la rue au niveau des étages supérieurs. On atterit dans un restaurant chaleureux aux confortables fauteuils fleuris. Sur les conseils du serveur, nous commandons un genre de crêpe garnie de champignons, poivrons et fromage, ainsi que l'incontournable gözleme aux épinards pour fêter... notre première année de voyage sur les routes ! Déjà un an que nous avons quitté les mauges, le 10 mars 2022, que le temps nomade passe vite...

    Notre nuit en hyper centre se déroule étonnamment dans un calme absolu ! Aujourd'hui est un jour tout spécial ici (et pour les musulman·ne·s du monde), c'est le premier jour du ramadan.

    Nous entamons notre visite matinale en traversant une zone bien différente de celle d'hier. Des quartiers délabrés encore habités et de grandes zones de gravats défilent sous nos pas. Quand la ville a soudainement pris de l'ampleur et de l'importance après la proclamation de l'indépendance, d'immenses bidonvilles ont vu le jour, faute d'une quantité de logements suffisante. Ces habitats de fortune ont été détruits petit à petit à mesure que la ville poussa.

    Nous prenons rapidement de la hauteur pour bénéficier d'une vue sur la citadelle d'Ankara et atteignons la colline abritant des vestiges romains (anciens bains et le temple d'Auguste transformé en église, puis en mosquée). Un calme absolu et une propreté inégalée dans aucune ville du pays règnent. Aurait-on changé de pays ? Et sommes-nous bien dans la capitale ?

    Comme pour répondre à notre interrogation, la ferveur du bazar nous rattrape. Une foule compacte se presse devant les étals de légumes, agrumes, épices, fromage, halva et galettes de pain. Nous visitons sur notre chemin un ancien caravansérail reconverti en bazar aux loisirs créatifs.

    Nos bras chargés de victuailles (l'envie de repartir avec un peu de gastronomie turque avec nous en quittant le pays se faisant ressentir !) nous regagnons notre maison sur roues.

    Une derrière visite indispensable s'impose avant de prendre la route. Impossible de ne pas effectuer le pèlerinage sur la tombe du père fondateur de la Turquie, visage reconnaissable entre tous que nous croisons depuis maintenant plus de deux mois dans les rues, sur les devantures de magasins, décorant les voitures, les facade des maisons...

    Mustafa Kemal Atatürk, premier président du pays, est décédé en 1938. Anitkabir est un mausolée où sa dépouille repose, lieu d'une importance capitale pour les turc•que•s. Initialement, cet endroit devait accueillir toutes les dépouilles des président•e•s de la nouvelle république. L'idée fut par la suite abandonnée, au profit d'un véritable culte de la mémoire dédié à ce personnage symbole de la liberté du pays.

    Le gigantesque mausolée immaculé prend la forme d'un temple hautement gardé. Nul endroit ne dispose d'une sécurité aussi élevée dans le pays ! À l'entrée, nous sommes sommé•e•s d'y déposer notre sac à dos. "Men in black" à tous les coins du site, militaires dans les parties boisées en mode camouflage, caméras nous suivant du regard où que nous nous déplacions, l'ambiance est légèrement oppressante !

    Au cœur de l'imposant bâtiment aux colonnes aux arrêtes saillantes se trouve la tombe d'Atatürk. Une grande esplanade entourée de colonnades accueillent une exposition des voitures présidentielles (Cadillac et Lincoln). Le tout premier porte drapeau de Turquie, offert par les États-Unis, fait face à la large avenue aux statues de lions de style hittite.

    Tous les apparats du culte de la personnalité sont présents. Un écran diffuse même en permanence les moments clé de la vie du défunt, ainsi que des scènes de ferveur intense où la foule se regroupe ici pour commémorer sa mort. Chaque 10 novembre, des milliers de turc•que•s s'y pressent pour observer les deux minutes de silence national à l'heure exacte de sa mort. Les sirènes retentissent alors à travers tout le pays. Nous quittons l'endroit sous le regard sans vie des gardes immobiles.

    Et, nous voici,... au beau milieu des bouchons de fin de journée ! Preuve irréfutable que nous sommes bel et bien dans une capitale à la turque, ceux-ci sont plutôt épiques ! Symphonie de klaxons tuning aux sons hilarants, breloques pour repousser le mauvais œil pendant aux pares choc qui se frôlent, sticker "don't touch my car" à l'illustration très explicite coupant toute envie de le faire et plaque d'immatriculation scotchée sur la vitre arrière ! 😂
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