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  • Day 4

    Chandravamsha - Fils de la lune

    October 15, 2022 in India ⋅ ☀️ 34 °C

    Le barde, joueur d’harmonium qui m’a prédit deux femmes d’ici moins d’un mois est peut-être (probablement) plus talentueux dans l’art de la chanson et des histoires. Laissons lui cet honneur.

    (En plus d’être très gentil, j’avais déjà croisé son chemin dans cette même Guesthouse qu’est « Hotel  Surya » ; lui, Ashkar, Sameer, avaient marqués mes précédentes histoires. De très belles rencontres, les recroiser aujourd’hui me fait une drôle d’impression. Nous avons grandi ! Mais je m’égare.)

    J’en reviens à mes moutons.

    Si le barde pouvait te conter une histoire. Elle serait probablement celle-ci :

    « Un peu de récit, tamise ta lumière lecteur, lance une musique {{je te recommande « Rajasthan - The Timeless Desert - Rahul Sharma » }} Enflamme moi un petit bâton d’encen qui traine. Tu te sens bien ? Allez on est parti.

    Jaisalmer, pourquoi toi Jaisalmer, quelle est cette aura dans laquelle tu baignes ?

    La Carcassonne du Thar est une enceinte fortifiée qui rayonnait au travers des routes de la soie.

    Imaginez, des milliers de caravanes et de marchands, traversant les terres d’arabie pour lier l’Occident à l’Orient afin d´échanger les plus belles étoffes, les plus délicieuses épices, les plus douces fragrances et les plus merveilleuses pierres. Les rois n’ont jamais cessé de convoiter les diamands de Jaipur non-loin.

    Ce fort était l’objet de convoitises, d’abord par les envahisseurs musulmans puis par les Mogols et l’empereur Humayun, arrière grand-père de Shâh Jahân à qui l’on doit la perle de l’Inde et le plus beau cadeau d’amour du monde, peut-être aussi le plus sanglant : le Taj Mahal.

    Qui détenait la belle Jaisalmer ? Une caste Rajput de guerriers protégeaient l’enceinte fortifiée; les Kshatriyas Bhatti. La légende raconte qu’ils sont les fils de la Lune. Ces quatre-vingt-dix tours résistaient à tout, même aux élephants, ornant leur plus imparables cuirasses, leurs défenses prêtes à enfoncer les lourdes portes de bois sur leur chemin.

    C’est au crépuscule d’une bataille, la forteresse sur le point de tomber, que ces valeureux guerriers, plutôt que de se rendre, ont préféré se jetter depuis les ramparts pour les uns, ouvrir d’eux même les portes et s’empaler contre leurs adversaires, fendant à une mort certaine pour les autres ; accomplissant alors le rite du Johar.

    Plutôt mourir que d’abdiquer. De leur vivant, aucun ennemis ne saurait prendre la citadelle.

    Pendant que les hommes s’élancaient dans leur course tragique ; les femmes et les enfants allumèrent un immense bûcher au centre de la cour, pour s’y jetter dans un geste désespéré.

    Les chansons des bardes de Jaisalmer racontent cette histoire funeste au même titre que les flamboyantes victoires. La terre des Raj s’est doucement endormie lors de la partition de l’Inde en 1946. La poussière s’est accumulée sur les vieilles lampes et le phonographe de Girdhar Singh, le dernier seigneur du Palais des Sables, fils de la Lune au sein de sa majestueuse demeure au centre de la cité, le Rani-ka Mahal.

    Laisse-moi te conter le temps des Rajas de la cité , ses ruelles d’or où les vaches déambulent en toute nonchalance, où les écureuils s’ennivrent de grains. Les klaxons, les motos ne sont jamais loins, mais c’est à peu prêt tout ce qui dénote dans ces ruelles. La vie est belle dans la belle Jaisalmer.

    Si l’envie te prend d’observer la beauté des lieux, rend toi au Point du Crépuscule, à la frontière de la ville. Depuis cette coline, la majestueuse citée fortifiée est caressée par les derniers rayons du soleil, cédant sa place à la lune, mère de tous les Rajas de ces terres. »
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