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  • Day 51

    Cap Vert - 1ere partie

    December 20, 2023 in Cape Verde ⋅ 🌬 26 °C

    Découverte Mindelo
    On arrive à Mindelo juste avant le weekend, ça nous laisse un bon moment pour souffler et prendre un peu connaissance de la ville. L'ambiance est assez particulière, la marina est blindée d'européens et en grande majorité, de français. Un bar flottant est situé pile entre les pontons des bateaux du port et la Terre, il a le wifi, ce qui fait de lui le repère idéal pour tous les gens séjournant à Mindelo en bateau. En revanche dès qu'on sort de la marina, on se fait rapidement dépayser. Une demi douzaine de types viennent m'aborder à chaque fois, pour me vendre des services, de la weed, de la coke ou "des femmes". C'est marrant comme ceux ci sont les plus grandes galères mais aussi ceux qui parlent le mieux le français de l'île, chacun explique qu'il a appris en côtoyant les gens du port. Sinon ils demandent de l'argent directement, ou alors de faire un tour en "Aluguer", des chauffeurs privés moins cher que des taxis, ou proposent de te vendre des renseignements.

    La ville est magnifique en apparence, des bâtisses de 2-3 étages pleines de couleurs s'accumulent dans le centre ville. Assez rapidement néanmoins, on tombe sur des favelas, des amoncellement désorganisés de parpaings, de bout de tôle et de tissus. Un dénommé Georges nous a fait visiter la ville le second jour, on était bien content d'être avec lui au moment de passer dans les quartiers les plus pauvres. Il y a énormément de chiens qui se baladent à Mindelo et il paraît qu'ils sont tous gentils, autrement les habitants les tuent rapidement. Dans la favela, les gens mangent par terre, des animaux mort se décomposent, il règne une odeur vraiment pas nette.

    La ville est réputée pour être la capitale de la musique cap verdienne. On a eu du mal à s'en rendre compte pendant les premiers jours, mais assez vite on a découvert que ça chante et joue de la musique en permanence dans chaque espace pouvant accueillir du monde. C'est fou comme on s'aperçoit qu'ils ont des caissons de musique dans tous les lieux possibles, typiquement dans la rue à côté du marché à poissons, collés à des vendeurs de viande grillée à la sauvette.

    Une autre des spécificités de la ville est que c'est un point de départ idéal pour la transatlantique. Il y a donc une multitude d'équipage qui se créent et qui se désagrègent. Sur l'ensemble de notre séjour, une bonne douzaine de personnes ont dû nous demander de les prendre en bateau stop pour faire la traversée. On a croisé absolument tous les profils, jeunes qui construisent leur projet autour du bateau stop et qui embarquent pour un tour du monde, des connaissant la voile, d'autres non, un père de famille qui s'entraîne pour faire la transat avec sa compagne l'an prochain, des filles sans expérience qui se font harceler par leur skipper et qui veulent changer de bateau... Après la première semaine, on croise 4 joyeux lurons au bar en train de se mettre une sacrée guerre, les gars sont pas fâchés avec l'alcool. On discute avec eux, ils viennent de finir la traversée depuis les canaries et tout à l'air de se passer merveillsement bien. Ils sont juste en face de notre bateau donc on se fait visiter mutuellement et la soirée se poursuit sur le pont. Pourtant, quelques jours plus tard, on apprend qu'ils s'embrouillent avec leur skipper pour des raisons inconnues. Et quelques jours encore après, on les croise avec toutes leurs affaires au bar, le capitaine les as viré parce qu'ils pouvaient plus se voir. Parmis eux, Paul, un très chic type avec qui on se Vera souvent à Mindelo. Il nous parle d'un petit bar disquaire très sympa, je note l'adresse. Lui travaille chez Deezer et a son collectif de drum and bass à Paris, alors on en vient vite à discuter musique, vraie régalade. Toujours est il qu'il n'a pas de bateau et qu'il va se débrouiller après 3 semaines pour recopier un bateau et lier des liens d'amitiés avec chacun d'entre nous et pas mal de monde en ville. On fera d'autres rencontres avec des bateau stoppeurs en soirée ou auprès des bars, souvent une chouette expérience, sauf pour les femmes. Elles ont l'air de se faire systématiquement emmerder par leur capitaine, comme ci la rétribution devait se faire en nature.

    Biosfera
    Assez vite, on a été en relation avec Biosfera, ils nous ont fait découvrir leurs locaux en périphérie de la ville, avec le camp de base principale et leur atelier pas très loin. Ça a été notre première occasion de prendre un Aluguer 4*4 en montant dans la remorque à l'arrière, grosse sensass. À la suite de la visite, Hercules met en mot ce qu'il attend de nous : un business plan pour monter une entreprise qui vend les produits en plastique recyclé de leurs ateliers. L'entreprise a pour vocation de générer assez de profit pour payer le local et le salaire des ouvriers qui bossent à l'atelier à temps partiel, confectionner de nouveaux produits à vendre car les leurs sont complètement open source et ils n'ont donc pas d'image de marque, si on a le temps, de travailler sur la mise en place d'un conteneur qui sera le prochain atelier (disposition, raccords hydrauliques et électriques).
    On prend notre mission tel un vrai travail et la routine qui va avec, 9h-17h, l'équipage est séparé en deux teams, l'une business model et l'autre création de nouveaux design (avec Paul et Youen), tantôt on taff sur les ordis avec des logiciels de modélisation 3D, tantôt on taff dans l'atelier avec Hercules pour faire des tests sur la structure du plastique. Au fur et à mesure des jours et du temps passé à Mindelo, on se rend compte que Biosfera et une asso vraiment implantée sur le territoire. On retrouve leur nom dans le marché central avec des affiches de prévention, des sculptures chocs aux abords de plage avec des panneaux de sensibilisation ainsi que sur des grandes fresques sur des écoles. C'est carrement valorisant parce qu'on sent qu'on peut réellement avoir un impact en travaillant avec eux sur les problematiques plastiques. Cependant, quand je côtoie Hercules, il raconte qu'il préférerait être agriculteur et je sens bien qu'il s'en carre pas mal de l'avenir de Biosfera.
    On devient des habitués d'un petit restau/épicerie qui à force de nous débarquer, prépare une table de 6 pour nous chaque midi, on y mange des sandwichs entre 0,75€ et 2€ ou le plat du jour est à 3€. C'est un vrai moment de pause dans la journée, on rencontre quelques cap verdiens qui parlent français, notamment José. José doit avoir dans les 60 ans, court sur patte, il a l'air toujours alcoolisé mais on se rend compte à la longue qu'il a un petit souci de mémoire. La seule chose dont il se souvient chaque jour c'est qu'Elsa a la "same face" que sa fille et il nous le répète à chaque fois qu'on le croise, si bien qu'on lui demande une photo. Il nous la montrera le lendemain tout fier et forcé de constater que sa fille avait pas mal de traits en commun avec Elsa.

    Après 2 semaines et demi ensemble, Biosfera est partie en vacances. À ce moment, nous avions terminé le business plan et donné les plans d'une poubelle, d'une table pliable ainsi que d'un banc. Malheureusement, au vu des capacités de production de plastique actuelle, il faudrait pouvoir vendre à prix d'or le mobilier créer par l'atelier, alors que le matériau est moins bon que le bois et que plus de la moitié de la population de Mindelo à l'air de vivre dans des bidons villes. En se baladant, on tombe sur des chaises fabriquées à partir de vieilles cagettes ou de vieilles palettes et chacune des solutions qu'ont trouvé les habitants de Mindelo à l'air plus solide que le plastique qu'on voudrait vendre. En terme structurel, me plastique est bien trop flexible et il faudrait donc utiliser une quantité bien trop grande pour chaque objet pour le rendre utilisable. Cependant les prototypes de la poubelle et de la table pliable ont fonctionné et les copains ont créé des ponts pour essayer de les vendre à des hôtels de la ville.

    Sillage Atlantique (soirées, mix, chants, Bordeaux, bouteille)
    Pendant notre mission avec Biosfera, on a rencontré un des premiers équipages vraiment chouette de notre périple, Sillage Atlantique, c'est 4 Bordelais, chacun chef scout marin, massifs et barbues (sauf un frêle, imberbe et malade en mer par dessus le marché). On se croise rapidement au bar et on part en soirée avec eux avec Gervais et Elouan. L'ambiance est super cheche parce que deux filles qu'ils ont rencontré au bar sont avec nous et j'ai l'impression que le but est plus de les rencontrer elles que nous, pour Elouan aussi d'ailleurs. Ceci dit on se marre bien et petit à petit j'arrive à bien discuter avec chacun, on va à un petit bar extrêmement pépère, le Jazzy Bird, où des chanteurs sont posés dans la rue et 5-6 tables sont posées dehors pour profiter du son, typique ce que j'attendais de Mindelo quand on m'en parlait. Mais le bar et la musique ne sont pas au goût des filles, qui viennent de s'acheter de la coke à des vendeurs à la sauvette, on est carrément pas sur la même longueur d'onde. S'ensuit alors une longue marche pour rejoindre une boîte de nuit, parce que pourquoi pas. On rencontre une bonne demi douzaine de mec bizarre sur le chemin, mais on est une dizaine donc ça le fait bien. Arrivé devant la boîte il y a une dizaine de vigiles, j'entre dans trop me poser de question avec Elouan et je tombe sur tout ce que je redoute. Des canapés de mauvais goût avec une pseudo ambiance tamisée, du son de loveur et 5 personnes maximum à l'intérieur alors qu'il doit être facile 1h du matin. Les potes ne suivent pas à l'intérieur alors je me réfugie dans les toilettes pour pas devoir agir d'une quelconque façon dans ce lieu qui me terrifie. Les copains ne viennent toujours pas alors je me pointe à la porte, ils se sont fait recaler parce qu'ils etaient en claquettes, la honte mais c'est honnêtement pour le mieux. On ressort en se marrant en quête de musique et d'endroits où faire la fête, sur le retour on croise un type avec une bar de fer, bien content qu'il soit tout seul à ce moment là et on se croise gentilemment. On repère un bar dans l'enceinte d'un terrain de tennis, y'a de la musique et ça à l'air ouvert alors on tente. On comprend que c'est la fin d'un mariage, 2-3 personnes rangent le gâteau mais les serveurs nous disent qu'on peut venir s'installer. À partir de ce moment les filles n'intéressent plus les Sillage et on commence à sérieusement bien se marrer. Le paroxysme est atteint quand Stan nous propose un battle d'accrosport, on relève le défi avec Elou et Gerv. On était pas prêt pour la dose qu'ils nous ont mise, un pilier qui tient un type sur les épaules qui lui même tient un type avec ses pieds sous les aisselles du troisième, le tout en tournant pour faire décoller le troisième du sol, magistral. Voir ça à 4h du matin ça n'a pas de prix et on se marre comme c'est pas permis.

    Dans les jours qui ont suivi on les a invité à une soirée sur le Damona, on a fait à manger, énormément discuté, on leur a appris à mixer pendant qu'ils nous racontaient leur vie à Bordeaux. En une soirée on s'est vraiment bien rapproché d'eux et on s'est promis de se revoir de l'autre côté de l'Atlantique, ou bien sur le sol français dans les années à venir. Ils nous ont aussi montré ce que ça donne lorsque 4 personnes savent chanter ensemble, c'était magnifique, surtout avec les chants puissants comme Potemkine ou la Strasbourgeoise.
    Certains de leurs partenaires sont des domaines Bordelais et ils nous ont filé une bouteille en cachette dans notre frigo juste avant de partir. On s'est promis de la boire à une belle occas.

    Tarrafal
    Héloïse nous a rejoint vers le milieu de notre aventure avec Biosfera, ça a fait un bien fou à l'équipage de côtoyer une nouvelle personne et de voir Paul aussi content. Chacun des membres de l'équipage a pu steever avec le couple, ça a permis aux deux d'avoir des moments privilégiés avec tout le monde. On s'est fait une aprem plage et caipi pour ma part.
    Il fallait quand même qu'helo voit ce que le bateau donne lorsqu'il est pas fixé à une ancre au mouillage. Alors on est parti en direction de Sao Nicaulao, une île à l'est de Sao Vicente, histoire d'y passer Noël et d'être de retour à Mindelo pour le vol retour d'heloise. En allant à Sao Nicaulao, on s'est arrêté à un mouillage à l'abri d'une île déserte, une réserve naturelle où on n'a pas le droit d'accoster. Le matin, on se prépare à partir et du seul bateau au mouillage sort un couple qui vient nous voir en annexe. Ils voulaient nous emmener faire du snorkelling avec eux, aux abords d'un rocher, à quelques dizaines de mètres de notre bateau. C'est un couple de Belges qui naviguent sur Orion, un grand cata tout neuf, qu'on recroisera plus tard. Ils viennent d'un mouillage sympa à Tarrafal, la ville où on avait prévu d'aller à Sao Nicaulao et nous conseille de contacter Anatole, un bateau avec deux jeunes qu'ils ont rencontré là bas.
    On repart donc direction Tarrafal et on y arrive le 24 décembre, vers 14-15h, le mouillage est magnifique et bien protégé, l'eau y est magnifiquement claire et le temps est chaud et doux. On se réparti les différentes tâches pour passer un super réveillon et après une baignade autour du boat, tout le monde met la main à la pâte. Avec Elouan Héloïse et Paulo on débarque sur la plage de sable noir en annexe et une multitude de gosses viennent nous voir et nous aident même à porter l'annexe vers une attache. Ils nous garantissent qu'ils gardent l'annexe pendant une heure, mais de nature méfiante venant de Mindelo, on l'attache à la chaîne. On decouvre une petite ville avec pas mal de monde, mais l'impression qui se dégage en premier du lieu est beaucoup plus posée qu'à Mindelo. Ça fait tellement du bien de ne pas se faire sauter dessus par des gens qui veulent qu'on paye pour tout et rien. Il y a des enceintes devant pas mal de boutiques, des gens qui picolent devant un bar ouvert, ça rigole et ça s'apprête d'un peu partout en prévision de Noël. Nous on recherche de quoi faire un bel apéro et une pièce de viande ou de poisson pour le plat principal. Après avoir fait le tour des deux supermarchés, tenus par des chinois qui vendent absolument tout et rien (ils ont d'ailleurs l'impression de monopoliser le business local et n'ont pas l'air apprécié même si tout le monde va acheter là bas), on va en quête de poisson avec Elou vers les barques de pêcheurs sur la plage. Ils nous vendent un petit thon de 3kg puis le vident devant nous, il est encore tout frais. Retour sur le bateau, on commence à faire à manger tous ensemble. Puis on mixe un peu, on s'habille et l'apéro est parti. Houmous, chips, saucissons, andouillette, fromage et foie gras (français ramenés par Héloïse), puis on passe au plat, des grands steaks de thon cuit par mes soins - très fier de ceux là d'ailleurs, cuisson magnifique - accompagnés de pommes de terres et de courges au four, puis tarte au citron non meringuée pour le dessert. À la fin on crevé de chaud, on est fatigué et on a légèrement trop bu, tant et si bien qu'on se couche hyper tôt pour un soir de réveillon. La moitié de l'équipage n'aura pas été debout pour la naissance du p'tit Jésus, mais on s'est super bien marré et le repas était délicieux, une vraie tablée d'adultes. C'est fou comme mettre une chemise et boire du vin rouge assis à table fait facilement de nous des adultes , et j'adore ce genre de jalon avec mes potes où j'ai l'impression de grandir à leurs côtés.

    Le lendemain, après une belle grasse matinée, je vais voir les gens au mouillage pour leur souhaiter joyeux Noël, ça n'est que des français, sur la petite dizaine de bateau, que des français. Je vais trouver le Anatole et fait la rencontre de Charles et Elaï, je leur propose de boire un coup avec nous ce soir pour se rencontrer. Au matin on a pas de cadeaux sous le sapin, mais j'dois avouer que c'est pas nécessaire, il fait terriblement chaud et on se baigne dans une eau magnifique, tout le monde en maillot et on se marre à faire des acrobaties autour du boat. L'aprem, je file avec Paulo, Héloïse et Elsa sur la plage de la ville (pas celle où on arrive en annexe, un peu plus loin), le sable noir est tellement chaud qu'on peut pas marcher dessus, alors on file vite à l'eau. Elle y est peu profonde et claire comme tout, alors on prend les masques et on s'éloigne un peu pour voir un tas de petits poissons se balader pépère. En m'éloignant j'ai croisé le chemin d'une grosse tortue, c'est tellement majestueux quand c'est dans l'eau et très loin d'être lent. J'ai essayé de la rattraper mais elle m'a rapidement dosé.
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