Expédition Damona

October 2023 - April 2024
An open-ended adventure by Swann Read more
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  • Day 3

    Baie de l'Escala

    November 2, 2023 in Spain ⋅ 🌧 15 °C

    Apres être resté deux jours à l'escala, on repart en direction de Barcelone. On profite d'une accalmie bien opportune pour mettre les voiles. Pendant que la tempête Ciera fait rage en Bretagne et sur la côte Ouest, on a décelé un petit trou d'air lié aux effets de la côte espagnole. Cest fort pratique car des masses d'air rapides se rentrent dedans et s'annulent, on peut donc avoir 24h avec un vent assez doux.

    Apres avoir passé la nuit au mouillage (de là où on etait arrivé), on va au port pour s'abriter et on croise les Coraux Dysses qui eux etaient parti pour les baleares. Ils sont en train de rentrer de 35h de nav, où ils ont subi des conditions horribles. Plus de 50nds de vent, un bateau qui prend l'eau à cause de la soute à voile et un mal de mer present chez Gabin, mais qui pour survivre est obligé d'agir. On les croise dans la baie en rentrant au port et ils nous disent à la VHF que leur moteur ne démarre plus... Plus tard, ils nous diront qu'ils ont entendu les poseadonie lancer un mayday en pleine nuit, à cause d'un feu dans leur moteur.

    On se rend compte que la mer ne fait absolument pas de cadeau et ca me glace un peu le sang. Ceci dit, on est là pour profiter de la ville et les copains nous rejoignent pour boire un coup en ville. On se fait une magnifique soirée à se boire des pintes au bar espagnol où les 33cl sont à 2,2€. La cuite est sans appel et bon marché. En rentrant, on fait les cons dans le port, ce qui sera la source de quelques reprimandes par les gars du port le lendemain.

    Au reveil, la cuite ne tape pas si fort et on en profite pour aller se balader avec gervais paulo et elsa, on decouvre quelques baies et une magnifique colline, tandis que elou et youen vont se courir un semi-marathon sur le pouce.

    Aujourd'hui le reveil est paisible après une bonne nuit de sommeil et on vogue au soleil vers Barcelone, le vent manque un peu mais ca fait du bien de redecouvrir les joies du bateau quand cest pas la guerre. Tout le monde en profite pour faire des activités, je me met à la peche et les copains bouquinent
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  • Day 3

    Depart de Port de Bouc

    November 2, 2023 in France ⋅ 🌧 14 °C

    Première journée de navigation assez particuliere, on decolle à 6h15-30 de port de bouc apres avoir aidé les copains Coraux Dyssees à partir. On sort du port tranquillement, il y a une multitude de tankers dans la baie qui attendent sagement de pouvoir deverser du petrole dans les raffineries du coin. L'ambiance du point d'eau est assez sinistre, le jour n'est pas encore levé et les seules lumières que l'ont perçoit proviennent des industries sur la côte. On se croirait dans un décor post apocalyptique.

    Les voiles sont mises assez rapidement et on part vers le large, d'ici 30-40 min, les voiles des Coraux sont deja presque plus visibles. Nos chemins se séparent ici pour l'aventure, ils partent aux Baleares et nous sur la côte espagnole. On avait eu de grandes discussions pour nous mettre d'accord sur la destination, la météo étant assez capricieuse dans les prochains jours. Il faut donc qu'on parcourt plus de 120 miles nautiques en une journée, d'où le réveil à 5h30 !

    La prise en main du bateau se fait bien, on part avec deux ris avec un vent etabli d'une petite vingtaine de noeuds. Très vite la mer se forme et les copains battent un peu de l'aile, vers 10h, on perd Elsa qui tombe malade. Les conditions se renforcent de plus en plus, on atteint des rafales à 25 noeuds et la mer n'est pas clémente du tout. La journée est riche en émotion, paul tombe aussi malade après quelques heures à barrer, ce qui lui permettait de se focus sur l'horizon.

    Vient l'heure du midi, Elou et You sont chargés de faire à graille mais avec les vagues qu'il y a, ca semble plutot compromis. Ils essayent de faire une salade de tomates concombre mais l'un vomi en allant les chercher et l'autre a besoin de beaucoup souffler pour pas vomir. La situation est assez drole pour moi, sauf quand je vais aider Elsa et que je me retrouve à l'intérieur pendant 30 min. Le retour à la réalité fait mal, on se rend compte qu'on est presque tous malade.

    Elou a réussi à finir le repas, Gervais Elouan et moi arrivons à prendre un petit repas, on se mange deux trois biscuits en plus et le tour est joué ! Il est maintenant 18h, on s'approche du Cap Creux, on va aller se mettre à l'abris là bas pour les prochains jours. Il reste environ 6-7h de navigation, la mer s'est bien calmé et le vent aussi, nous sommes maintenant avec toute la voilure et filons au près serré vers la côte que l'on commence à apercevoir.
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  • Day 5

    Barcelone

    November 4, 2023 in Spain ⋅ 🌙 19 °C

    01h56
    Réveillé depuis maintenant 19h, j'arrive pas à fermer l'œil. J'ai fini mon quart à 1h et depuis, j'ai l'impression que chacune de ces foutues vagues va detruire la coque du bateau. Le bruit est tellement assourdissant que mes boules quies ou ma musique n'arrivent pas à me le faire oublier. À de rares occasions, trois vagues s'enchaînent de manière fluide et on a l'impression de pouvoir trouver la paix mais l'instant d'apres, l'étrave du bateau s'écrase une nouvelle fois. Même apres une heure de combat, le choc reste toujours aussi surprenant par sa puissance et son bruit. Moi qui etait si serein au depart commence à légèrement douter, mais je continuerai de rassurer Zouille qui se demande si la bateau va tenir

    5/11 - 20h45
    Hier matin on arrive vers 8h à Barcelone, il faut qu'on attende 10h avant que la capitainerie ouvre et qu'on ait le droit de quitter le navire. Cest toujours particulier de savoir si on est completement libre de quitter le boat ou pas sachant qu'on est pas en France. On a entendu pas mal d'histoire de personnes s'étant faites emmerder donc on préfère que le capitaine aille seul avec nos passeports histoire de montrer patte blanche.
    10h30 (Attention Espagne) on obtient les codes pour les toilettes, chacun part se passer un petit coup de polish et on part se balader. Arthur, le frere de Paulo nous attend sur le capway avec les croissants, ça fait un bail qu'ils s'étaient pas vu. Sur le quai les retrouvailles sont assez breves, arthur va s'occuper de son fils et retrouvera Paul au soir. Elou et You partent de leur côté et nous rejoindrons plus tard. Avec les autres, on part direction le quartier gothique et on va à un grand marché couvert, les rues sont assez touristiques mais chacune des boutiques donne envie de depenser. La nourriture à l'air excellente et ça rigole un peu partout. Les rues piétonnes sont vraiment agreable et il regne une ambiance assez posée. On se balade et on croise une pub pour BK 2,49€ le whopper, on peut pas laisser passer ça et zou, ça part en enfournage de malbouffe dans le gosio.

    On passe se faire quelques fripes, elles sont de qualités tip top comparés à celles de Paris et il y en a absolument partout. Je me trouve un petit short et une belle chemise, ca fait mal au porte monnaie mais l'occasion est belle. You trouve un spot legendaire de skate à côté d'un musée, le MACBA. Un type en covoitirage qui faisait du skate au niveau national en France et au Bresil nous racontait que Aurelien Giraud avait replaqué une figure mythique sur le spot, alors on se met la video en etant sur le spot. C'est completement culte, le mec a fait un saut de 7m de long et genre 4m de haut. Il a traversé une rue et sauté une dizaine de marche avec un kick flip, incroyable.

    On se sépare un petit coup, je me retrouve avec Elsa Gervais et Elouan, on vaguenaude sans aucun but et on saute sur l'occasion de boire une bière vers 17h30. On recherche donc un bar avec les prix les moins cher et on se retroube dans un bar magnifique pro skate, avec le litre de caipi à 13€, des mecs qui font du skate dans un bowl, un photomaton. Gervais me suit dans la caipi gargantuesque et on se rend vite compte que ça va etre un sacré chantier, ceci dit ca s'est bien passé.

    Youen nous rejoint avec Léa et Guedon, on fini la caipi et on part se faire une ou deux fripes en full bonus avec You. Je tombe sur la plus belle fripe de ma vie et je regrette de pas avoir argent infini tellement tout est magnifique.
    On se reprend un petit whopper sur le pouce et on rentre au bateau.
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  • Day 10

    Almerimar

    November 9, 2023 in Spain ⋅ ☀️ 21 °C

    On part ensuite pour une journée et demi de nav, cest ma nav préférée depuis le debut du sejour. Le bateau est stable, on avance bien, il y a du beau temps. Je devore le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé et je decouvre un de mes livres préférés. Il y a un fin melange entre des questions existentielles comme la famille, le bonheur, la mort et la religion le tout avec une atmosphère qui fait voyager. J'ai l'impression de passer quelques heures aux Pouilles, sous un soleil de plomb, etouffant, pendant que je le lis. J'en ressors pas mal bouleversé, assez ému et j'ai envie d'en parler avec tout le monde. Mais mon envie que les copains le lisent passe avant et j'en parle le moins possible.

    Tout le monde est ravi sur le bateau, ça pêche, ça bouquine, ça joue aux cartes. Je me rend compte de la perte de repere, la perte du temps. Je crois que je m'autorise à me perdre dans mes pensées pour la premiere fois depuis longtemps. Cogiter dans le vide, sans intérêt particulier, laisser passer les heures et les pensées.

    Vendredi 10/11 - 5h35
    Je suis en plein quart de nuit, de 3 à 7h. La nuit est super calme, on a essayé de mettre plusieurs fois les voiles mais il manque cruellement de vent. On navigue donc au moteur sur une mer pratiquement plate, de tzmps à autre on parcourt un banc de plancton phosphorescent et le remous illumine pendant une fraction de seconde l'étrave du bateau.
    Je me suis perché à l'avant du bateau avec le casque sur les oreilles, cest la première fois que je oeux profiter d'une de mes places préférés du bateau de nuit. Devant moi il n'y a que l'eau, le ciel et la ligne fine des lumières sur la côte. À 360°, l'humain n'existe pour moi qu'au travers d'une ligne. Une seule ligne dans un espace en trois dimensions.
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  • Day 15

    Gibraltar

    November 14, 2023 in Gibraltar

    Reveil à 7h ce matin, je sors la tete du bateau apres m'être équipé de salopette et veste pour afronter l'humidité que je ressens dpuis ma cabine. Je tombe alors sur un spectacle assez innabituel, on est en pleine brume et on ne voit pas à 30m. Elouan joue de la corne de brume à l'avant du bateau et Elsa écoute sans doute de la musique à l'arriere. Je prends note de l'etat actuel des choses, le pilote automatique a un cap assez faux comparé au cap magnétique et le bateau n'avance qu'à 3 noeuds alors que nous sommes en pleine mer d'huile.
    Elsa est dans la cabine à regarder AIS et radar tandis que je suis au niveau du balcon avant afin de d'entendre le moindre bruit different du léger ronron du moteur.

    Une des choses dont je me rends compte au fil des jours est ma faculté à reconnaitre chacun des bruits du bateau. Je peux dire à quel vitesse tourne le moteur ou la position de la voile dans l'espace en fonction de leurs sons. Cest ainsi que pendant mon quart, aux aguets du moindre mouvements etrangers, j'entends deux petits dauphins, qui joueront avec l'étrave du bateau pendant quelques minutes.

    Le brume ne desépaissit pas jusqu'à ce que j'ecrives ces lignes. Il est 10h30 et le paysage ressemble à ce qu'on pourrait imaginer de la Lune ou de la bataille de Verdun, tres légèrement vallonné, avec une brume épaisse qui mouille tout en permanence et qui empeche de comprendre où commence le ciel et où termine la mer.

    En une minute à peine, le voile vient de se lever partiellement et on redistingue la ligne d'horizon bien que les rayons du soleil ne nous parviennent pas encore complètement.
    10h40 Ca y est, nous sommes completement sorti de la brume et on remarque qu'on est loin d'etre seul sur l'eau, des portes conteners, des bateaux de pêche ou des grosses plateformes pétrolières. Vraiment pas rassurant qu'on on sait qu'on ne voyait rien à 30m... Ceci dit, on avait toutes les infos nécessaires avec radar + ais

    Il est 17h56, rien de tres particulier aujourd'hui si ce n'est un désaccord entre nos instruments de cap qu'on a du mal à comprendre. On est toujours à quelques milles de la côte espagnole en voguant vers Gibraltar et Algésiras, on devrait y etre pour 8h demain matin.
    J'entrevois pour la première fois un continent autre que l'Europe, baigné dans l'horizon roussi par le soleil se couchant.
    La veritable course contre le coucher du soleil commence maintenant. Depuis hier, le cap est plein ouest pendant au moins plusieurs mois. Les bateaux se multiplient et on ressent le goulot qu'est Gibraltar
    Tantôt poète et tantôt complètement con, je reapprend à vivre à un rythme particulier. Un rythme qui laisse s'exprimer des émotions peu connues, mais toujours tres intense, de bonheur immaculé ou de profonde tristesse, comme si celles-ci avaient été mises de côtés sur la Terre.

    20/11 05h43
    L'arrêt à Gibraltar fût assez intense, on alla avec gerv et elsa chercher de l'essence dans la tireuse la moins chère de toute la méditerranée (selon eux néanmoins). La zone difficilement compréhensible, on entre dans un petit port piégé entre des raffineries de pétrole et une piste de décollage d'un aéroport. Il est 10h du matin mais il y a un flux énorme entre petit pecheur sur sa barque, grand catamaran de 80 pieds ou bateau de l'armée. On arrive à se faire une petite place sur un quai qui fait bien 4m de haut et on se sert notre diesel pépère. Pendant qu'on se sert, un avion atterit et on se rend vraiment compte de la folie de l'endroit sur lequel on se trouve. À peine le temps de souffler apres avoir vu l'avion à moins de 50m de nous atterir qu'il nous semble remarquer un go fast, 3 types sur un petit bateau avec deux moteurs surpuissant, ils vont direction le Maroc, ils y seront en une vingtaine de minute.

    Nous, on va se mettre au port espagnol juste derriere la fameuse piste de décollage, les copains gont chercher des vivres pour la traversée jusqu'aux Canaries et avec gerv et zouille on se met à retaper 2-3 trucs sur la bateau. On refait quelques joints, on change l'écoute, on rafistole un coffre et il est bientot 20h, fin de journée. You et Paul proposent un volley, on file les rejoindre sur la plage. Apres quelques échanges on remarque bien vite qu'on est à chier et qu'il vaudrait mieux taper un foot sur le petit terrain à côté. On tente des acrobaties mais très vite ça part en deux contre deux, Gerv et moi contre You et Paul, l'Inp 6 n'a qu'à bien se tenir.
    On mène 2-1 quand je meurs presque sur la plage, heureusement Elouan arrive pour me permettre de souffler un peu. Apres quelques buts de la part du boiteux, la rencontre s'achève et on rentre dodo.
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  • Day 17

    Tanger

    November 16, 2023 in Morocco ⋅ 🌙 18 °C

    Le lendemain c'est levé 6h, on voulait longer la côte Espagnole pour arriver vers la pointe de Tarifa à la pleine basse/debut montante pour que les courants nous portent. Sauf que ce chemin est le plus risqué en terme de rencontre d'orques, on décide de passer au niveau de Gribraltar mais à peine on sort de la baie que nos instruments GPS indiquent qu'on va vers l'Est. On a du mal à comprendre mais on se rend compte que bien que le bateau avance bien, les courants sont tels qu'ils nous rabattent à l'Est et qu'en faisant la somme des deux directions, on est perdant. On fait un ou deux ronds dans l'eau, juste histoire de se faire une frayeur avec les ferry qui passent à tout allure à côté de nous dans la brume et on retourne longer la côte quelques temps. Au bout d'une heure ou deux on arrive au moment où les courants s'inverse et on assiste à un vrai petit spectacle de tourbillon - Olivier Metais serait ravi de voir ça - duent aux changements de directions des masses d'eau. Assez vite les courants nous portent et c'est direction le Maroc. La brume s'etant levé, on arrive assez facilement à naviguer entre les porte-conteneurs et autres pétroliers, on rejoint la côte Marocaine sans accrocs.

    On arrive vers 15h à Tanger, sans avoir aucune info de quel port rejoindre, sans canal radio du port... On entre donc dans une marina et l'ambiance est tres calme, des policiers et des douaniers nous regardent nous amarrer sur le ponton visiteur. Commence alors l'enfer administratif, on doit quelques fois attendre sur le bateau, ou attendre sur des sièges en plastique dans la douane. Parfois ils demandent de parler au capitaine, parfois ils s'adressent à tout le monde. Les procédures durent 2h, ils fouillent de maniere surfacique notre bateau, tamponnent nos passeports, nous prennent le drone et ca y est, on peut sejourner sur le territoire.

    Apres une bonne douche et des vêtements propres, on part tous sauf You à l'assaut de la ville apres avoir longé la baie. On se retrouve rapidement dans des rues assez touristiques bien que tres jolies, où ça vend maillot de foot ou petits souvenirs à mettre sur son frigo. Bien que je ne sois pas tres friant de ce genre d'ambiance généralement, celle ci est assez magique. J'ai l'impression d'être un enfant dans les rues commerçantes à l'approche de Noël. Le mélange entre les couleurs, les odeurs, le monde qu'il y a, le bruit que font les rues et mon léger mal de Terre fait que je suis subjugué par ce que je ressens. On se laisse porter par nos jambes et d'une rues tres touristiques on tombe sur un petit marché couvert où on ne passe pas à deux de larges. Les boutiques sont minuscules et parfois on dirait qu'elles ne vendent rien. À la sortie du marché on trouve de quoi tirerde l'argent, je me prends 300 dirams, l'équivalent de 30€ et je verrais bien où ça me mène. On poursuit la balade dans des rues assez semblables à celles Européennes bien que les vendeurs nous invitent souvent à rentrer de l'extérieur et la culture des fausses marques semble être monnaie courante. Après une ou deux heures, l'équipe crie famine, mais on a pas envie de manger dans le premier truc qu'on voit et d'etre déçu, alors on marche pour trouver. On tombe sur une place avec plusieurs terrasses et pas mal de monde, ça ressemble à un spot parfait. Ça l'est, je me prends un tajine poulet et frites avec deux brochettes (boeuf et poulet) sur le côté, j'en ai pour 4,2€. Tout le monde se regale en riant, cta fait beaucoup de bien de goûter du poulet après tout ce temps. À la caisse, on rencontre le premier marocain très accueillant, il nous parle de là d'où il vient, du prix de la vie et nous souhaite la bienvenue.

    Apres cela, l'équipe repart au bateau et je me retrouve solo avec Elou. On repart direction la vieille ville et on va se perdre dans ses rues étroites. À chaque croisement, quelqu'un nous souhaite la bienvenue et nous demande si on veut du hashish. On trouve un spot merveilleux, tout en haut de la medina, sur les rempart de la Kasbah, quelques locaux fument pépère.

    On se perd dans les ruelles sur le chemin du retour et on se fait arreter plusieurs fois pour nous souhaiter la bienvenue au maroc et pour nous indiquer notre chemin.
    Le lendemain, on a qu'une envie, emmener tout le monde à la médina et se perdre ensemble dans ses petites rues typiques, blanches et bleues, tout droit sortie d'un décor de film. Le soleil tape fort et on comprend rapidement le choix des ruelles serrées pour créer de l'ombre un peu de fraîcheur. Les copains sont ravis, on passe devant de belles boutiques et de petits artisans. L'ambiance est bizarrement un peu plus calme que la veille au soir, à 10h, tout le monde dort encore.
    Tout le monde, pas tout à fait. On voit une petite pancarte sur laquelle est écrit "Café baba, meilleur de la medina". On rentre et on tombe sur un café avec vue sur toute la medina et gorgé de soleil à cette heure là. On decouvre que le lieu à l'air assez connue, les Rolling Stones et la princesse Diana sont passés par là avant nous. Sur les murs trainent des articles sur son propriétaire, Baba, qui semble bien être une personne tres influente sur la culture de la fête et les rassemblements dans Tanger. Après avoir commander 6 thés, Gervais va voir Baba pour observer leurs confections quand celui ci lui propose de lui vendre du hash. Gervais et Paul se mettent sur le dossier et on se met à rouler 3j pour nous six, dans un café typique de la ville Blanche.
    Ce moment reste gravé comme un grand 10 sur l'echelle des joints partagés entre amis. La vue est magnifique, on surplombe toutes les terrasses avoisinantes, tous les toits avec leur antenne satellite d'une couleur différente. Les murs sont bleus délavés, les chaises en ont marre qu'on s'assoit dessus et le thé est délicieux. Le hash nous fait légèrement tourner la tête mais il est surtout extrêmement euphorisant et on se marre tous les six en profitant du moment.

    Dans la descente de la medina, les commerces se sont ouverts un à un et on tombe parfois sur des bijoutiers, parfois sur des tisseurs. Le quartier n'a plus rien à voir avec les rues commerçantes du premier soir, mais tout aussi vivant.

    Parfois la sérénité des rues est brusquée par un scooter ou une mobilette.

    On passera le reste de la journée à preparer un plan pour marchander de la manière la plus efficace possible des maillots de la ville de Tanger, avec comme chef pour ce plan Paul. On s'essaye à 2-3 marchandages pour des bijoux dans des boutiques typique et on se balade surtout dans toutes les rues sue compose le vieux Tanger.

    Apres s'etre divisés en plusieurs groupes, on se rejoint tous au Café Hafa, un autre café mythique qui donne sur la facade atlantique de Tanger, on deguste ici un autre thé en pensant à nos futures navigations sur l'ocean, qu'on voit pour la premiere fois du haut de cette terrasse.

    Le lendemain, chacun dépense ce qui lui reste de diram, on fera les comptes plus tard et on part pour notre grand objectif : 6 maillots de Tanger au prix le plus faible possible. On s'en tirera pour 8€ chacun dans une boutique où 4 vendeurs se sont relayés pour nous faire face, il fallait surement équilibrer les équipes. Paul ressort avec un goût amer parce qu'il les voulait à 7€/u, nous, on considère que cest déjà une belle victoire sur les 12€ annoncés au départ. Ceci dit, ça s'avérera être une sacrée defaite car les maillots (bien qu'en taille l ou xl) sont trop petits et nous serent tous un peu trop.
    Je finis l'apres midi dans les marchés plus pauvre de Tanger avec Paul, on découvre une halle aux poissons avec des centaines de variétés différentes et tout autant d'acheteurs. On fait le plein d'épices pour le bateau et on va se reboire un café chez Baba qui nous reconnait et qui prend des nouvelles.

    Baba qui prend des nouvelles est une belle représentation de ce qui me reste de Tanger apres coup, un peuple extrêmement acceuillant (surtout si on a quelques dirams à dépenser) malgré la barriere de la langue parfois compliqué. Une culture tout autre, surement un peu plus lente et un sacré dépaysement
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  • Day 20

    Trajet pour les Canaries

    November 19, 2023, North Atlantic Ocean

    Ça fait 2j et demi qu'on est parti de Tanger et ce que j'imaginais du bateau prend de plus en plus forme. On trouve tous nos marques à notre façon, certains sont plus impliqués que d'autres sur la navigation, d'autres sur le projet. On est porté par des vents plutôt constant qui nous poussent vers les Canaries, on devrait y être d'ici 3j si les vents ne faiblissent pas trop. On a pris du large pour pouvoir capter ces vents et pour le moment ça nous sourit bien. Le bateau file à une vitesse de 6 nœuds sur une eau assez calme mais avec un peu de houle. Les vagues ne se brisent pas et bien qu'impressionnantes, elles sont inoffensives, elles nous portent même.
    L'eau est particulierement bleue, j'ai pu le verifier lors d'une petite baignade hier accroché à un bout trainant dans le sillage. Un veritable puit bleu absorbant toute la lumière vers ses profondeurs. Il est incrit 3200m de profondeur sur nos cartes.

    Le bateau a fière allure et cest lui le seul à briser les vagues dans un léger roulis. Les voiles sont réglées aux petits oignons et le soleil assèche le pont aussi vite que les vagues ne le mouille.

    Paul nous apprend des chants scout, ça tourne surtout autour de la biture, Elsa Gervais et moi nous donnons à cœur joie et à gorge déployée, on se sent bien pirate dans les moments comme ceux ci.

    On croise énormément d'oiseaux bien qu'on soit à minimum 150km de toute terre. Certains espèrent trouver dans notre sillage quelconque nourriture, d'autres se reposent rapidement dans le flux de nos voiles. D'autres chassent au loin, et d'autres encore semblent s'amuser à voile au ras de l'eau, si bien qu'on croirait les voir se dédoubler juste un instant. J'aimerais pouvoir les reconnaître et j'attends avec impatience de croiser un Albatros (p'tite pensée à Fay et Imen).

    Hier Youen et moi avons lutter pendant une heure à essayer d'attraper de magnifiques poissons qui nageaient aux abords du bateau, ils nous ont suivi pendant au moins 2-3h. La mer etait tres calme et projetait de léger rayons du soleil sur leurs ecails, ce qui créait un dégradé de violet au cyan sur chacun d'entre eux. Chacun devait faire 60cm de long facile et ils se deplacaient avec une agilité qui semblait nous narguer. Passant tantôt à tribord, tantôt à babord, ils feignaient être intéressés par les appâts qu'on mettait au bout de la cane, mais s'en détachaient tout aussitôt.

    22-11 23h36
    La nuit dernière a été très complexe, pratiquemment impossible de dormir à cause du mouvement brusque du bateau ainsi que le fracas des vagues sur l'étrave. Le genre de situation qui te fait te demander si les copains sur le pont n'ont pas besoin d'aide. La petite boule au ventre de savoir si le bateau va bien et où tu commences à envisager le risque. Le quart s'est passé plutôt bien pourtant, mais c'est vrai que c'était physique. Avec le vent dans le dos et les grosses vagues, il etait assez complexe de réduire la voilure sans prendre de risque et on a tous passé une nuit plutôt énergique, le bateau fonçait à 9 nœuds dans les vagues.

    La journée a été l'une des plus molles de l'équipage après cette dure nuit. Tout le monde cherchait à faire la sieste et à se reposer un peu, le soucis c'est que la veille, le pilote automatique dans les vagues a sucré pas mal de batterie et que durant la journée, il n'y avait pas un chouïa de soleil.
    On s'est donc relayé à la barre pour économiser de la batterie pour cette nuit.
    Le relais à la barre n'etait pas facile non plus, la houle était tres forte, surtout vers 17-19h, avec des vagues de plus de 4m, les plus grosses que l'on a croisé pour le moment. Malgré leur taille, elles etaient bien chouette ces vagues et nous ont permis de faire 165 milles en 24h, une moyenne de pratiquement 7 noeuds par heure, avec le bateau qu'on a, Montessier serait fier comme tout, je le suis en tout cas.

    Après avoir ingurgité une bonne plâtré de pâte, au lit et puis récupération express jusqu'à 23h, l'heure à laquelle commence mon quart. Ces deux heures de sommeil ont fait du bien même si j'aurais voulu en avoir d'avantage. Ce n'est que partie remise, le bateau file un peu plus doucement et la houle est beaucoup plus douce, on pourrait même entendre les copains ronfler depuis le pont tellement les conditions sont chouettes pour dormir.
    À cette heure, la lune éclaire extrêmement bien, on y voit comme à 19h, ça rajoute encore un peu à l'atmosphère rassurante.

    23-11 14h34
    Je pense vraiment que la musique et l'eau sont sûrement les éléments qui m'intriguent le plus, ceux que j'ai envie d'exploiter le plus, qui suscitent en moi le plus de curiosité.
    Voilà maintenant 45min que je fixe notre sillage qui dans la houle donne l'impression d'etre une route de montagne alors que nous tenons un cap précis. J'ai le casque vissé sur les oreilles et le mélange des sens auditifs et visuels me procure une émotion qui ne me semble pas encore connue. Un appel sourd, une envie de me perdre dans l'immensité d'un milieu qui me dépasse. Je me rends compte que c'est bien souvent cette sensation que je cherche en soirée, cette espèce de relâchement tel que rien n'existe plus dans le moment precis autre que l'étreinte du son. Là, à la différence d'en soirée, je n'ai pas du tout envie de fermer les yeux, au contraire, les mouvements hypnotiques de l'eau m'attirent.
    J'ai des envies de mixer et de faire ressentir la même chose que je ressens actuellement. Le rythme répétitif du son et la complexité infinie des légers remous à la surface de l'eau se repondent parfaitement. L'un est impossible à suivre et l'autre calme l'esprit, le rassure. Ça me donne l'impression de marcher sur une ligne fine entre l'hypnose et la folie
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  • Day 25

    Fin de navigation jusqu'aux Canaries

    November 24, 2023 in Spain ⋅ ⛅ 20 °C

    Vendredi, en milieu d'après midi, on apercoit les côtes de Lanzarote, il ne nous reste plus que quelques heures avant la fin de cette première grosse traversée. Le moral revient toujours au maximum lorsque l'on sait que l'on arrive. Avec le repère visuel, on arrive beaucoup mieux à se projeter et tout paraît plus facile. On sait aussi qu'on arrive bientôt quand nos amis des Telecom Espagnols nous préviennent sur nos téléphones respectifs. C'est le branle bas de combat, tout le monde retrouve un petit peu de connexion et peut prendre des nouvelles de la famille, des amours ou des copains.
    Perso j'ai qu'une hate, voir comment les potes organisent la soirée de samedi, c'est une des choses qui me manque le plus dans ce trajet.
    C'est dans ce moment où tout le monde est un peu à prendre des nouvelles que Paul me crie qu'il pense que la traine a enfin une touche.
    Tout de suite il va voir et on a l'impression de voir une forme onduler dans l'eau au loin. Alors Paul rentre la traine petit à petit dans le bateau, sans trop sentir de de resistance cependant. Et là on aperçoit un poisson énorme se dandiner de gauche à droite dans l'eau. Il a des reflets bleu très clair, presque cyan et jaune. On se met à crier pour que tout le monde radine en vitesse.
    On est tous completement excité à l'idée de pecher notre premier poisson et chacun y va de sa conjecture pour savoir ce que c'est. Notre excitation se calme bien rapidement quand le poisson est à quelques centimètres du bateau et qu'on se demande comment faire pour le tuer. On avait lu qu'il fallait le tuer rapidement pour pas qu'il souffre et pour eviter qu'il s'échappe. Pour ça plusieurs méthodes : coup puissant derrière la nuque avec une sorte de matraque, couteau qui tape dans le cerveau, alcool fort dans les bronchies.
    On commence avec la méthode du couteau. Youen se met à la tache pendant que gervais et paul le tienne, cest cependant plus facile à ecrire qu'à faire et il y a beaucoup d'hésitation sur le moment, vraiment pas chouette d'ôter la vie d'une si belle bête. Youen met un premier coup qui vient se planter dans le teck du bateau, il nous avouera plus tard avoir fermé les yeux pour le premier coup, puis ça y est le couteau rentre, le poisson se débat tres fortement et on commence à paniquer un peu, cest la debandade sur le bateau. Elsa qui assiste a la scène en arrière plan nous supplie de le tuer rapidement et on tente tous de l'achever sans y arriver. La pauvre bête se prend des coups de marteau sur le crâne et des coups de couteau dans la tête mais rien n'y fait, elle se debat toujours (le cerveau n'etant pas situé au dessus mais plutôt à l'arrière de la tête). Deux gorgées de mirabelle plus tard, le poisson se calme, on aura donc utilisé les trois techniques pour en venir à bout.
    Personne n'est fier de l'action, le "Damona" à l'arrière du bateau est plein de sang, mais la prise est belle, bien qu'elle perde de ses couleurs avec le temps.

    Pendant ce temps de bagarre à sens unique, le bateau file tout droit vers les cailloux, je reprends la barre et on file en direction du port. Quelques heures plus tard, on est plus qu'à 40min du port quand on essaye de les appeler à la VHF, c'est l'enfer, le mec ne parle pas un mot d'anglais alors on me le passe, sa voix est hachée par les interférences et je comprends un mot sur quatre. Apres lui avoir demandé un peu trop de fois de répéter, il me place son téléphone avec un google translate approximatif dans la VHF, qu'il le fasse en anglais ou en français je ne comprends pas plus. La situation est tellement loufoque que j'éclate de rire à la VHF et je sens que le docker est lui aussi amusé. J'arrive enfin à comprendre que ça sera ponton H et qu'il nous fera des signes de lumières lorsque les interférences se calment.
    Une fois arrivé à notre place pour la nuit, il me fait faire un tour de la marina pour me presenter les toilettes et la laverie, on se met à discuter tous les deux. J'suis super content de pouvoir m'exprimer pendant ce laps de temps en espagnol, ca se passe mille fois mieux qu'à la radio, il me complimente même sur mon recit et nous félicite d'entreprendre ce genre de projet à seulement 22 ans. On se quitte en s'échangeant nos prénoms. À bientot Pablo.
    De retour sur le bateau on sort le poisson du four, deux immenses filets de dorade coryphène avec du riz et un écrasé de patate douce/carottes. Je découvre un nouveau goût et une chair tres tendre, tout le monde se régale.
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  • Day 28

    Iles Canaries

    November 27, 2023 in Spain ⋅ ⛅ 21 °C

    Le lendemain c'est repos pour tout le monde, on fait nos lessives, on se lève tard et on visite un peu les environs. J'ai reussi à avoir Fay et Nils au téléphone, un vrai régal sachant que la soirée Grabuge commence dans quelques heures à peine et qu'ils sont en plein préparatifs. Ça fait du bien d'avoir des nouvelles et de savoir que tout se passe bien, Grenoble ne m'attend pas pour continuer son rythme de fête.

    De notre côté, Paul a repéré une messe et nous propose de venir avec nous, pour l'expérience on fonce. On se retrouve donc pour la première fois dans les rues de Arrecife et ça fait du bien de sortir du centre commercial qu'est le port et de découvrir des rues un peu plus typique. L'office à déjà commencé et on se glisse doucement dans une rangée libre (on est avec Elouan et Elsa) puis on observe bien sagement le déroulé des opérations. Paul nous averti de ce qu'il va se passer puisqu'il est coutumier de ce genre de messe, les codes ont l'air similaires à la France. Alors on se lève et on s'assoit avec les locaux, malheureusement on aura pas le plaisir de chanter en Espagnol puisqu'il ne distribuent pas les paroles à l'avance. C'est un moment assez méditatif même si le prêtre braille assez fort tout du long, les pierres de l'eglise sont magnifiques, des pierres poreuses volcaniques, toutes noires, typiques de Lanzarote. La charpente est apparente et fait partie intégrante du design de l'église, chacune des poutres est magnifiquement travaillée, des ornements de bois orthogonaux s'entrecroisent en formant des paternes que j'aurais associé à des civilisations nordiques type viking plutôt qu'à des Espagnols.
    Pendant le discour du prêtre, je traduis ce que je peux à Paulo et je sens que ca lui fait plaisir, à moi ça me demande une concentration extrême pour reussir à capter le sens des phrases et pas seulement certains mots à la volée.

    En sortant, on est content de ce moment et on file arpenter la ville à la recherche d'un coin sympa où manger. On appelle Gervais et You pour savoir où ils en sont puis on se met à table aux abords d'un bar restau qui à l'air agréable. On se prend une pinte et un burger, tout ça pour 11€, pas le repas le moins cher du séjour mais c'est carrément honnête. On poursuit notre balade et on tombe sur des plages un peu mode jet set, sauf que pas grand monde est dans les rues. Des dj avec un matos de fou mettent de la house sur une des places, un geste de la main de leur part et la soirée partait en B2B2B full indus dans les rues de Arecife. Sur une autre place un peu plus loin, un orchestre joue sur une magnifique scène, eux encore ont des enceintes de fou furieux. Ça à l'air de savoir faire la fête ici, même si la saison n'est pas forcément propice.

    Le lendemain c'est journée aventure, youen et gervais partent aux aurores pour se faire un petit trek où youen dormira dans un volcan tout seul. De notre côté, on part en stop avec Elsa et Paul, direction la plage de Famara, un spot de surf assez réputé dans le coin. On embarque deux combis, le bodysurf d'elouan et des palmes et on est parti.
    On marche 20min jusqu'aux ronds points à la sortie de la ville, grands sourires, pouces tendus et y'a plus qu'à. C'est drôle comme les gens les plus souriants sont ceux qui ne peuvent pas nous prendre par manque de place. Au bout d'une petite quinzaine de minutes, un type peu locace nous avance et fait même un detour pour nous. Jason, le lad londonien par excellence, un accent brut de décoffrage, tatouages sur les bras et dans la nuque, ce mec là a dû distribuer deux trois mandales dans sa jeunesse. Paul essaye de tenir la discussion mais le type est assez froid, cependant toutes ses actions le trahissent, il a le coeur sur la main. Pas de bol pour lui, on l'a percé à jour, pas de gros dur mais un gros nounours. Il force un peu pour nous emmener dans un marché "massive" qu'il nous vend comme étant un truc à ne vraiment pas manquer. On lui dit au revoir aux pieds du marché et on s'engouffre sans attendre dedans. C'est déception sur déception, le marché vend des contrefaçons ou des babioles qu'on trouve dans tous les marchés de France. Le genre de merdouilles qu'on regarde généralement même pas quand on passe devant et qui, là, attirent des centaines de touristes. Personne ne parle espagnol autour de nous, on ne voit que des vieilles australiennes, la peau flasque des années passées au soleil. On apercoit une eglise et on se dit que ce sera sans doute le peu de typique qu'on pourra trouver ici, y'a un dj qui joue des tubes type NRJ 2010 devant l'eglise (celui là aussi a des CDJ 2000, à croire qu'elles valent une poignée d'euros sur l'île), dans l'église on entend ses vieux sons tout pourris, les touristes ne respectent pas le lieu, ça braille dans la maison de Dieu et à la sortie de l'église, des jeunes en tenue de serveurs essayent de nous vendre des cocktails hors de prix, la situation est assez lunaire.

    On se barre vite d'ici, on se remet à un rond point et après 3-4min, un type s'arrête avec son van aménagé et nous dit qu'on peut monter. On lui demande où il va et il nous répond qu'au même endroit que nous, il nous a cerné, il va aussi à la plage pour aller surfer. C'est un vénézuélien qui a son van depuis un an sur les iles Canaries, la vie d'aventure semble lui correspondre à merveille, il n'est pas surpris du tout du tour de l'Atlantique à la voile.

    Nous voilà à la plage, elle est magnifique, une grande baie où des surfeurs s'exercent surplombée par des immenses falaises avec des montagnes autour.

    On se trouve un spot tranquille dans un grand cercle de cailloux en roche volcanique (ils nous protègent des regards et du vent, c'est top).
    Une fois en maillot, on prend le body et on file à l'eau, elle est délicieuse et je retrouve les sensations de vieux Boucaux ou Vielle st Girond sur la côte Basque. Les vagues sont raisonnables et on s'amuse super bien avec paulo, il reussit à prendre ses premières vagues avec le body. Lors de la seconde session, apres avoir mangé, je me fous au body avec les palmes, je reussi à prendre 3-4 vagues dont 2 énormes qui me ramènent jusqu'à la côte. La sensation de glisse est incroyable, on prend une vitesse de dingue et je comprends le côté addictif de ce petit rush d'adrénaline.
    Elouan nous rejoint, il avait un rendez vous chez l'ostéo à midi et on passe la fin de l'aprem ensemble. Paulo et Elou se mettent en combi, Paul teste la mienne et decouvre les joies de ne pas sentir la température de l'eau. Après nos sessions, on va se boire un petit coup et on tombe sur un village de surfeur, les shops de surf se font tous concurrence, ça fume des joints sans trop de soucis devant les magasins et les bars sont bondés. On se prend une bonne bière et on se met en route pour le retour. Petit stress de tendre la main dans le noir alors qu'on est maintenant 4, mais à peine Elsa a-t-elle tendue sa main qu'une voiture s'arrête. Ça aura duré 15s. C'est une femme d'environ 45 ans qui nous prend, elle parle seulement espagnol alors je m'installe devant à ses côtés. C'est la première fois que je me sens autant à l'aise, elle me raconte qu'elle vient de Cuba et que dans sa culture, le stop est super répandu. Elle travaille sur l'île depuis 8 ans mais n'aime pas vraiment ça, selon elle les gens n'ont pas vraiment de culture ici, il y a trop de touristes et ça manque de vie socialez intéressante, les iles Canaries ont l'air d'être avant tout un lieu de passage pour elle. Je la questionne sur des endroits atypiques à visiter et elle me bombarde d'informations, alors je tente de les noter, en la faisant répéter quelquefois. Il se trouve qu'elle allait dans une ville à 6km de Arecife, notre port actuel. Mais quand je lui demande où elle me depose elle me repond "No te preocupe", autrement dit je n'ai pas à m'en soucier. En fait, elle nous deposera juste devant notre port. Elle me raconte un petit peu la culture du vin sur l'île, le fait que le type de vigne a besoin de tres peu d'eau, ce qui semble logique après n'avoir vu que des cactus et des palmiers. Elle me donne son prénom à la fin "Mavis" et nous béni pour la suite du voyage. Nous, on reste bouche bée de cette interaction et de sa gentillesse.

    Lundi 27-11 13h19
    Aujourd'hui on change de spot, la nuit au port était assez chère, alors on fait gaffe. Le matin c'est rangement du bateau, lavage de l'interieur et de l'extérieur ainsi que réparation rapide d'un poc un peu profond qu'on a créé en entrant dans la place en marche arrière la dernière fois. Gervais qui a déjà fait de la resine s'y colle, les autres, on organise le départ. Là nous sommes en navigation pour partir dans le sud de l'île, on va louer une voiture pour un jour et rejoindre Youen qui nous attend déjà sur la plage.

    Il y a une compèt de planche à voile foilée qui se prépare dans la baie, c'est un joli bordel et on a du mal à tous les esquiver mais ça le fait. On arrive au mouillage, les fonds sont pas top, il y a énormément de bateau et on doit faire gaffe où on se met. C'est léger stress mais ça passe bien, le spot est chouette. Ceci dit on est pas au bout de nos peines, on doit encore récupérer youen qui nous attend sur la plage. Gervais essaye de faire démarrer le moteur mais il le noit dans l'essence, résultat on arrive pas à démarrer. Apres 30min de tentative on se fout à la rame avec Paulo, direction la plage.

    Youen nous attendait autour d'une bière, on le chope tranquille et on rentre au bateau tandis qu'il nous raconte son périple, tout seul au milieu d'un volcan. Petite douche nécessaire pour you et pendant que tout le monde se prépare, j'essaye en boucle de faire fonctionner le moteur de l'annexe pour aller boire une bière en ville. On avait abandonné parce que trop compliqué de pagayer à 6, mais lorsque j'abandonne et Paul prend mon relais, le moteur se debloque et accepte enfin de nous porter. Tout le monde se fout dans le mini boat et cest parti, on va au bar !
    L'arrivée sur la plage est catastrophique, on se mouille et on est la risée de tous les touristes en terassses, pas grave, on a le smile et la pinte à 3€ n'est plus qu'à quelques mètres. La soirée se poursuit au burger king après le bar (definitivement pas dépaysé eheh, avec le temps d'attente on se crorait presque sur la place victor hugo).

    Le lendemain c'est réveil pas tard pour aller faire le tour de l'ile en voiture, deux teams se separent à l'arrivée sur la plage. L'une bouffe, l'autre voiture. J'suis dans l'equipe sandwichs avec you et paul.

    Finalement on part direction Fuerteventura pour surfer le lendemain.
    On arrive à un mouillage en debut d'aprem à côté de la petite île désertique de Lobos, les kiteux sont de sortie, le vent et le soleil sont au rendez vous. Pour les copains et moi, c'est baignade à répétition, on sort les masques et les palmes, on gonfle le paddle, c'est vraiment les vacances. On se sent privilégié comme jamais, le paysage est magnifique. Énorme bain de soleil avec Elsa sur le pont. On reconnaît un ou deux bateaux sur le mouillage qu'in avait croisé plus tôt dans notre periple, l'un date même du premier port Espagnol.

    Vers 16h30, on part à l'assaut de la montagne de l'ile de Lobos avec Elouan et Paul, Gervais nous depose en annexe. On marche environ une heure vingt avant d'arrivé en haut, le dénivelé est assez rude mais tres bref. Arrivé en haut, Fuerteventura semble à seulement quelques mètres et Lobos apparaît minuscule. Le petit bout de Terre abrite un phare, un quai pour les touristes en ferry et cette montagne. Le sol est arride comme je j'imagine le geand ouest americain, avec de jolis cactus et une roche presque noire, provenant des volcans de la zone.
    On avait pensé à prendre ordinateur, platines, caméra et drone et lorsque l'on arrive, on tombe sur la seule chose qu'on avait pas : un piédestal où poser tout ça pour pas etre assis. Un tumulus en pierre nous attend à la hauteur parfaite, alors on s'y met avec les copains, un petit set d'une trentaine de minutes chacun. Le mood est fabuleux, j'me marre en m'en rendant compte. On est en t shirt en haut d'une montagne des Canaries, en train de mixer de la techno et de boire une bière devant le coucher de soleil, ça en ferait marrer plus d'un.
    Après quelques belles images cest retour au bateau, on galère parce que la plage où on est arrivé est innacessible à cause des roches de la marée basse, on va sur le gros quai. Suite à ca on va se foutre au mouillage dans la baie d'un port de Fuerteventura pout être paré le lendemain.

    Le lendemain justement, on file chercher des planches de surf pour tout le monde avec l'annexe. 10€ la journée de planche et 5€ la combi pour les copains, les prix sont les mêmes qu'en France. Après avoir fait l'aller retour, on a la chance de pouvoir aller chercher notre spot en bateau. On fait le tour de l'île en essayant d'estimer les vagues et on s'arrête au large de deux plages qui ont l'air d'avoir des vagues raisonnables. Youen et Elouan vont en éclaireur pendant qu'on fait à graille afin d'évaluer les spots. Après avoir choisi, équipés nos combinaisons et bien manger, on file depuis nos planches directement sur le spot. On apprendra plus tard que les vagues sont à 800m du bateau, un bel échauffement à l'aller et un futur supplice au retour. Youen nous avait donné plein d'instructiond et chacun avec nos planches differentes on s'essaye au surf. J'ai une planche de super débutant, un paquebot, un tank, ce qui fait que je suis super stable dans les vagues. Dès la première, j'arrive à me lever et je parcours la plage en une seule vague, la sensation est incroyable mais je maitrise pas grand chose.
    Les vagues sont hautes mais pas trop puissantes, pour Youen, c'est les meilleures conditions pour nous et les grosses vagues à l'autre bout de la plage sont les plus belles de sa vie.
    Les planches passent de main en main, on sent énormément la différence entre les tailles. Parfois la houle se calme pendant de longues minutes, parfois on se prend 6-7 grosses baffes à la suite. On se marre tous mais les forces viennent à manquer à un moment. On se rassemble derrière la barre et on se rend compte que le retour va être extrêmement fatiguant, voir dangereux vu notre condition. C'est justement à ce moment que Youen qui avait la dalle y'a 45min decide de pointer le bout de son nez avec Elsa sur l'annexe. Parfait, on va tous pouvoir rentrer facilement, c'est une bénédiction. Elsa arrive en sauveuse avec eau et biscuit, encore une fois une grande maman pour nous. On donne rendez vous à youen et gerv qui se remettent une session dans le pif tandis qu'on rentre au bateau. Le mood est excellent, personne n'a froid et s'est fait de frayeur au final, seulement des grandes tranches de plaisir. Le plaisir de revenir tout fruit confit au bateau, tout mouillé et en combi me rappelle les fin de navigation à Carantec quand j'etais tout gosse, belle madeleine de Proust.
    Après ça, il a fallu sacrément se magner pour rendre les planches à temps en ville (donc tout le même trajet retour), on est dans le magasin à 19:29, il fermait à 30.

    En rentrant de la ville, on récupère Loic et Raphaël, deux surfeux et surtout copains d'elouan qui sont sur l'ile pour les vacances. Ça part en apero dinatoire sur le bateau, on est tous aux anges de pouvoir parler avec de nouvelles tetes.

    30-11
    On part direction le sud de Fuerteventura pour trouver un port pas cher et une ville avev des magasins de voile histoire de réparer les galères de Damona. Finalement on arrive un peu tard alors qu'on avait que 25 milles à faire, très peu de vent ce jour là malheureusement. On part à l'acastillage avec Gerv et les taches commencent sur le bateau. En deux jours on aura réparé les poulies de pied de mat, changé de position l'écoute de GV, acheté de quoi refaire ecoute de GV et ecoute de genois babord pour prevoir la casse, réparé le hâle bas, refait un contact électrique qui permettait pas d'avoir le feu arrière et le moteur en même temps, refixer les contacts du feu tête de mat, graissé les réas de drisse et de balancine, retapé le drisse de GV et changer des manilles mortes par ci par là.
    Si bien que le 1 au soir, on bouge pour se barrer du pire port depui le debut du voyage (houle, douche froide, pas securisant, aéroport et gros bateau de croisière, pas de wifi) et qu'on aura payé 50€ parce qu'ils ont un fonctionnement à la con.
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  • Day 40

    Traversée Cal Vert - #1

    December 9, 2023 in Cape Verde ⋅ 🌙 25 °C

    Après une nuit au mouillage (pas top mais on a fait du mieux qu'on pouvait avec la côte, les vagues et le vent), on est parti pour le Cap Vert. La prévision des prochains jours semble top, un vent assez stable, nous portant tranquillement dans la direction du Cap Vert. Aujourd'hui Damona bombarde à 6,9 noeuds de moyenne, la pointe de vitesse si on le maintient sur 24h. À cette vitesse, on mettra 4-5j pour arriver, on sait bien qu'il faut pas réfléchir comme ça mais c'est toujours agréable de voir son bateau filer sans trop de contraintes.

    Au moment où j'écris, il fait nuit noire sur le bateau, aucune Lune et des nuages, on ne voit pratiquement rien et le peu de lumiere qui s'échappe de l'intérieur du bateau empeche nos yeux de s'habituer à l'obscurité. C'est assez angoissant commte tenu de la gite importante du bateau dû aux grosses vagues qui nous poussent vers le cap vert. Heureusement qu'on les prends par l'arrière, ça aurait été un enfer de travers. Aujourd'hui c'était encore journée torse nu, pas mal pour un 2 décembre. On a fini l'aprèm en mixant tous les uns après les autres avec l'enceinte callée entre le pont et l'intérieur, c'était super.

    Pendant mon quart, il y a très vite eu l'un des plus beaux ciels de ma vie. Parce que pas de lune et très peu de nuage, les etoiles brillaient d'un éclat que je leur connaissaient assez peu. Armé d'une petite application qui permet de cartographier le ciel en temps réel, j'ai pu reconnaitre et nommer toutes ces constellations d'hiver. Toutes ces étoiles m'étaient inconnues, les plus beaux ciels que j'ai vu sont ceux de Crouzit l'été en Auvergne ou bien ceux de Carantec, l'été aussi.
    J'ai donc mis un dessin sur Persée, Andromède, Taureau, les Gémeaux avec les célèbres Castor et Pollux, ainsi qu'Orion, que Raphaël m'avait montré un jour mais que je n'avais jamais su retrouver.

    Le quart se passe doucement, la mer est énorme, mais aucune vague ne casse, on s'en rend bien compte lorsque la Lune se pointe et diffuse son eclat sur ces masses d'eau. J'ai de grosses discussions sur l'éducation avec Elsa et sur les partis politiques avec Paulo. Je vais me coucher tout fatigué mais ça sera très dur de trouver le sommeil, le bateau gite énormément et je n'arrive pas à mettre la main sur mes boules quies. Une nuit avec peu de sommeil, on s'habitue à tout.

    03-12
    Aujourd'hui le bateau avance bien moins rapidement, le vent s'est tarit. En voulant enlever le ris pour gagner en vitesse les copains coincent la drisse de GV en tête de mât, ça me préoccupe pas mal puisque j'y suis monté y'a deux trois jours pour vérifier les fameux réas. J'ai du mal à imaginer que la graisse blanche que j'ai appliqué puisse être la cause du blocage de drisse, mais ça fait chier, on ne peut pas pour le moment modifier la voilure de la GV. Un problème à régler à l'arrivée.

    Grand soleil aujourd'hui encore, bouquinade sur le pont toute la journée, j'attaque "La vie mode d'emploi" de Perec avec une attention toute particulière sachant l'affect que papa y porte. Je poursuis aussi tranquillement mon anime Samurai Champloo, j'en attendais un peu plus de ce qu'on m'avait décrit mais ça se regarde très bien.
    Vers midi on croise une tortue à la surface, elle est énorme. Elle doit bien faire 80cm de long, la tête hors de l'eau elle a pas l'air super à l'aise. Mais bon, on ne s'y connaît pas en tortue et on a juste le temps de l'admirer qu'elle est déjà loin dans le sillage.
    Croiser des tortues n'est peut être pas si anormal que ça dans les eaux sur lesquelles on navigue, la température de l'eau monte sans jamais s'arrêter. Aujourd'hui on a atteint 25°, obligé d'aller me baigner pour fêter ça.
    Se baigner quand le bateau avance est un processus bien defini, on sort l'échelle de bain et on met un bout à l'eau qui pend sur une dizaine de mètres. On se met à l'eau doucement avec l'échelle puis on se laisse tracter par la vitesse du bateau. Bizarrement on a plusbdu tout l'impression de faire du qur place quand nos petits bras nous retiennent des milliers de litres qui nous arrive à quelques noeuds dans la figure en permanence. On prend de jolies accélérations avec les vagues et on peut profiter de nuances de bleus qu'on trouve pas dans la nature autre part avec seulement un masque.

    Vers 15-16h, un bateau est en vu et nous appelle à la radio. Comme je m'en aperçoit le premier je m'occupe de discuter avec eux, ils sont suedois mais parlent tres bien anglais. Ils nous racontent qu'ils n'ont plus de communications et qu'ils voudraient joindre leurs proches pour les rassurer, ils nous demandent de transmettre un message. Alors on se dit qu'on tente le coup du téléphone satellite pour la première fois, pour rassurer de complets étrangers.
    Je prends numéro de téléphone et message, on rigole ensemble sur deux trois points de mecomprehension puis on se dit au revoir. Avant de se lâcher, ils nous disent qu'ils vont au même endroit que nous "Sao Vincente", surement Mindelo et qu'ils viennent de pêcher un Espadon de plus de 2,2m et 110kg. J'hallucine complètement derrière ma petite radio en repensant à notre dorade de 2kg. J'ai l'impression qu'il nous dit ça en clin d'oeil au message envoyé à ses proches, on capte l'intention et on rigole une nouvelle fois avec eux. Maintenant nous avons une motivation de plus pour arriver à Mindelo, goûter pour la première fois d'un espadon !

    Une autre de mes motivations serait de régater avec les Suédois pour arriver en premier aux îles. Paul me soutient mais la demande de nous battre un peu pour la première place ne chauffe pas tout le monde, à voir comment les choses evoluent. Une course sur plus de 700 milles nautiques, entre deux bateaux de 13m, pour se retrouver à l'arrivée, moi ça me plaisait bien.

    L'aprem se conclue sur un échantillonnage de plastique (on profite de notre petite vitesse), on essaye de faire fonctionner notre téléphone et on se fait deux trois parties de jeux devant le coucher du soleil.

    À l'heure où j'écris, on peut encore voir le feu de tête de mât du Niord, le bateau suédois, il est à 3 milles maintenant, on a pris un peu de retard avec l'échantillonnage (on a du ralentir un chouïa pour garantir la justesse du prélèvement). Ils avaient pas l'air de se mettre en vent de plein cul cette aprèm midi. Pour notre part, on est vent arrière avec le genois tangonné, les voiles sont merveilleusement bien en papillons et on file en direction direct de notre destination.
    J'espère qu'au reveil on aura rattrapé l'écart, du moins pas perdu de terrain.

    5-12
    Pendant le quart d'hier soir, j'ai finalement perdu de vu les Suedois, d'abord de visu et puis après sur les instruments. Trois possibilités, ils ont parcouru plus de 22 milles en 40min donc ils ont navigué à 33 milles, autant que les bateaux de courses les plus modernes dans leur pic de vitesse. Soit leurs instruments ne fonctionnent plus, soit ils l'ont simplement éteint.
    J'espère qu'ils l'ont éteint pour économiser de l'énergie afin de conserver au mieux possible leur espadon. J'sais pas pourquoi mais cette histoire d'espadon plus grand et lourd qu'un champion de MMA me travaille sacrément.

    Au réveil ce matin, 7h, première rencontre avec les dauphins de la journée, ils sont super fast et prennent juste le temps de venir voir ce qu'on fait et ils filent. Leur respiration est efficace, on sort le trou d'air et bam ça repart direct dans l'eau.
    Première parce qu'on les verra trois fois aujourd'hui, à chaque fois des groupes différents ceci dit. La seconde fois, il est aux alentours de 11h. Youen dit qu'il y a des dauphins, c'est drôle comme on s'habitue vite, on est loin de l'excitation de notre première rencontre. Seuls les copains sur le pont se déplacent ou levent les yeux pour les apercevoir. Pourtant ceux ci valent le détour, on en compte entre 15 et 20, ils ont pas du bouffer la même chose que les premiers parce qu'ils font des bonds de partout. Par réflexe on compte, on regarde quel type de dauphin c'est, on sort le micro pour enregistrer leurs bruits et on note tout ça pour le programme Ketos.
    La troisième rencontre est la plus impressionnante, quand je sors ma tête pour aller les voirs, y'en a partout, ils sont une quarantaine autour du bateau et derriere nous au large on voit une multitude d'ailerons se rapprocher rapidement. Il y a une telle effervescence dans l'eau qu'on ne peut pas tout voir, on tourne la tête fans tous les sens pour essayer de ne pas rater chacune des pirouettes qu'ils font. Le spectacle est hallucinant, certains font des vrilles hors de l'eau, d'autres se dandinent en l'air avec un manque de grâce qui nous fait marrer tandis que d'autres ont l'air aggressif et frappent la surface avec leur queue. Les vagues sont grosses et on les voit sortir à 5-6 de chacune d'entre elles, c'est complètement fou.
    Les copains remettent le micro à l'eau, le règlent bien et enregistrent. Un dauphin met quelques coups dedans histoire de jouer un peu avec, ce qui me dissuade de me mettre à l'eau. Lorsque l'on s'écoute ça sur l'enceinte, on est tout étonné, qu'est ce qu'ils jactent, on se croirait à la cantine. Tout le monde y va de son petit mot, ça piaille comme c'est pas permis.

    Toute cette vie nous fait mettre la traîne à l'eau et même pas deux heures plus tard on chope notre deuxième dorade coryphène. Cette fois ci, plus d'excuse, c'est pratiquemment la sœur jumelle de celle de la dernière fois donc elle a pas intérêt à souffrir ou alors cest que y'a un sadique dans la bande. On la sort en ayant prévu le coup, bassine et vodka bon marché, ça la calme bien une première fois, puis petit coup de couteau entre les yeux en visant le cerveau, c'est jamais drôle mais ça va nettement plus vite. On pense avoir fait ça un peu plus dignement. En tout cas, le résultat est toujours aussi bon.

    C'est assez fou de croiser autant d'agitation dans l'eau surtout qu'on ne voit que la surface. Ça rajoute une petite dose d'adrénaline lorsqu'on met le masque pour aller à l'eau. Si il y a des dorades de 75cm qui se baladent à la surface, qu'est ce qu'on peut bien trouver à 10-20m, ou bien à 3km car c'est la profondeur au dessus duquel on navigue.
    Le sentiment d'être entouré de vie est magique, on se sent faire partie d'un tout. C'est beau et puissant sur le moment, mais un oeu triste lorsque l'on pense aux trois semaines passées dans la méditerranée, sans voir le moindre poisson. Il aura fallu (c'est français ça ?) s'eloigner des hommes pour retrouver la vie, pas vraiment contre intuitif. Autre constat pas des plus agréables, on croise plus fréquemment des déchets qui flottent en surface, surtout des petits récipients comme des grosses bouteilles ou des petits bidons, on essaye de les ramasser quand on les voit suffisamment en avance mais c'est vraiment pas simple.
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