Satellite
Show on map
  • Day 59

    Cap Vert #2

    December 28, 2023 in Cape Verde ⋅ 🌬 26 °C

    Le soir, Charles et Elaï passent sur le bateau en nous disant que flemme d'un apéro mais qu'ils partent en rando demain et qu'on est tous invités. Réveil 8h00 pour Gerv, Elouan et moi et rendez vous sur la terre à 9h. On apprend à se connaître un peu dans un collectivo, un van où on peut faire entrer de base une dizaine de personnes mais où souvent 15 personnes entrent facile grâce à des places rajoutées, le but est qu'on ne partent pas avant qu'il soit pratiquement plein et le chauffeur dépose tout le monde sur sa route petit à petit. Le prix est super réduit mais c'est bien plus long. Là on a de la chance, tout le monde va dans la même direction et il est plein une fois qu'on est dedans, donc départ immédiat. C'est un grand jeu de chaise musicale à chaque fois les collectivos, au départ personne n'entrent dedans et vers la fin ça afflue de tous les côtés pour profiter du voyage pas cher et de peu de temps d'attente.
    En rentrant dans les terres, on découvre pour le première fois que le cap vert pour se verdure totalement, on est au beau milieu d'une vallée plutôt luxuriante. On s'arrête au milieu de nul part et étrangement les 3/4 des gens descendent ici, notamment un certaine Maria qui nous prend d'affection, elle a une dégaine de nonne mais classe à souhait, avec un petit foulard à la Versace dans les cheveux. Elle nous raconte que toute sa famille habite dans ce oan de la vallée, qu'elle a travaillé à Toulon et qu'elle rend visite à sa famille pour la première fois depuis 3-4 ans. On emprunte donc le sentier avec elle, qu'est ce qu'elle jacte. Elle croise un type qu'elle connait et on a l'impression de plus l'intéresser, alors on poursuit sans elle. Sauf qu'on se trompe de route et en faisant demi tour, elle nous siffle en contre bas pour nous dire de revenir, c'est reparti pour discuter avec Maria. Elle nous raconte que certains spots ici sont à éviter seul parce qu'il s'y trouve des esprits qui n'aiment pas les gens égoïstes et que pour eux, se balader seul dans un endroit aussi beau est une preuve d'égoïsme. Les esprits donnent toujours deux avertissements et au troisième ils "bastonnent" et certains sont revenus muets avec des marques difficilement compréhensible sur le corps, heureusement pour nous, on est 5 et on compte pas se perdre solo. À un embranchement, nos chemins se séparent et on rediscute entre nous. Charles et Elaï sont martiniquais de naissance et ont vécu autour du monde de la voile toute leur vie. Charles a fait parti du pôle Martinique, c'est à dire les gens qui représente la Martinique dans les compétitions de voile dans le monde, c'est pas tout à fait le même que le pôle France, et Elaï a déjà fait 2 transat avec sa mère qui s'était construit son propre bateau, pourtant ils ont 24 et 20 ans. Charles marche pieds nus, il nous explique qu'il a prit cette habitude depuis qu'il est allé en treck en Norvège avec un ami et que ses chaussures lui filaient des ampoules, alors il les a retiré. Mais là où c'est croustillant c'est qu'en Norvège, y'a de la neige et que rapidement ses pieds ont perdu leur sensibilité, il ne ressentait plus ses doigts de pieds, si bien qu'il marchait dessus dans la descente tellement ils étaient devenus inutilisable. Deux forces de la nature somme toute.
    Le paysage devient carrément hallucinant quand on arrive en haut de notre pic, des montagnes très raides et abruptes, presque des falaises à certains endroits, et une vallée verte et luxuriante avec des cultures de canne à sucre, quelques arbres du dragon (une espèce endémique du cap vert). Maria nous disait que cette vallée a subi une sécheresse de 36 ans et Elaï nous le confirme, quand elle a fait cette ballade 4 ans auparavant, elle n'avait pas croisé du tout ce paysage. De l'autre côté de la vallée, pareil, luxuriant dans toute la vallée et sec aux abords de la mer, notre vue se dégage jusqu'à la ligne d'horizon, qui est tellement haute comparé à d'habitude, les nuages sont bien en dessous. C'est la première fois que je peux voir aussi loin de ma vie je pense, notre montagne n'est pas si haute, environ 1 500m, pourtant avec vu sur l'océan, la sensation de l'infini est bien plus forte que dans les Alpes.
    On revient sur nos bateaux vers 15h, on avait pas prévu à manger, complètement affamé on dégomme tout ce qui traine et repos l'après midi, il fait un temps magnifique, on se baigne de partout. Le soir, on se prend un pot au bar avec Gerv pour profiter du wifi et on croise Charles et Elaï, on se boit un coup avec eux et ils proposent de poursuivre l'apéro chez eux. On dépose nos affaires et on chope Elouan au passage, bam rendez vous sur Anatole. Leur bateau est un petit 9,6m de régate et putain ce que c'est beau un bateau de la sorte. À la base, rien n'est pensé confort mais tout est pour la performance, tout le greement est en dynema, des bouts tout fin mais extrêmement résistant (bien cheros aussi), les cabines sont assez rudimentaires, les rangements aussi mais le bateau est superbement bien agencé. La soirée se déroule si bien qu'ils nous proposent de faire la nav ici Mindelo sur leur bateau au lieu du notre qui doit partir le lendemain matin pour raccompagner Helo à l'aéroport. On accepte avec grand plaisir avec Elouan et le lendemain 8h, on se pointe sur leur boat avec un petit sac pour deux jours après avoir fait une bise à Héloïse qui rentre en France. On s'était couché à 4h donc aussitôt arrivé, aussitôt recouché d'un commun accord avec les copains, réveil 11h30. On va se balader en ville, petit restau à base de cachupa - le plat traditionnel du cap vert, un mélange de patates oignons et fèves, servie souvent avec un oeufs un tout petit peu de viande -, celle ci n'est honnêtement pas bonne, trop sèche mais pas de galère on se marre quand même. On va ensuite faire quelques courses pour leur bateau et on en profite pour acheter de quoi faire un rougail saucisses, notre petite spécialité quand on se retrouve tous les deux avec d'autres personnes avec Elouan. On passera aussi une bonne heure dans le magasin de pêche de la ville où Charles va faire une multitude d'emplettes pendant qu'Elaï va tout faire pour l'en dissuader. Retour au bateau, c'est baignade après grosse vaisselle, Charles me confie qu'après de la côte, à cent mètres, se situe une avancée de roche dans l'eau qui regorge de poissons. J'enfile le masque et le tuba (l'occase de prendre ma revanche sur le tuba que j'ai du mal à utiliser) et je file voir ça, je n'ai tout bonnement jamais vu autant de poissons de ma vie, il y a des bancs infinis de sardines ou de poissons qui y ressemblent. C'est tellement impressionnant les bancs, la façon dont la totalité des poissons savent quoi faire sans qu'il y ait de leader, l'information passe entre eux à toute vitesse et le banc s'écoule autour des récifs ou d'autres poissons. Je vais dedans pour voir comment ils réagissent et ils m'evitent à peine, jamais je ne pourrai choper même une sardine parce qu'elles sont super habiles, mais elles sont à 30 cm tout autour de moi, c'est merveilleux. Je me calme quand j'entends le bruit d'un moteur pas loin, les pêcheurs connaissent le spot par cœur et je n'ai pas du tout envie de finir dans leur filet alors je mets les voiles.
    La soirée finit tôt cette fois ci parce que c'est réveil 6h le lendemain pour arriver vite à Mindelo et profiter de l'après midi. 6h it is, il fait nuit noire à la grande surprise de Charles et on part tranquillement après avoir récupéré l'ancre. On a pas de vent donc Charles est deg de pas pouvoir nous montrer les perfs de son bateau, mais on se marre bien alors tout va. Il se fait bouffer rapidement sa ligne qui a mit il y a 30min et ça commence à crier des "J'abandonne" et des "Je te l'avais dit" de leur côté. On les reboost un coup avec Elouan et on remet la traîne à l'eau avec cette fois l'appat magnifique de poulpe qu'ils ont acheté 20€ la veille. En 20min, une dorade coryphéne qui mord à l'hameçon, je la remonte à la canne - première fois pour moi que je remonte un truc à la canne d'ailleurs - elle est magnifique, on la prépare et hop direction la cuisine pour Elouan qui prépare à manger. Je chauffe Charles pour remettre la traîne à l'eau pour pêcher plus et faire un maxi festin ce soir avec Damona, au bout de 15min, la traîne fait effet et Charles remonte un tazard noir ou Wahoo, magnifique poisson tigré de 1,05m de longueur, il est grandiose. On passe ensuite 40min a préparer un sevice de Wahoo en guise d'entrée, c'est absolument délicieux et il reste suffisamment de tazard pour manger à 10 ce soir, c'est parfait. On arrive assez vite à Mindelo après manger et on croise le bateau des coraux dans la baie au mouillage, alors on les siffle de tous les côtés mais ils n'ont pas l'air sur leur bateau, ils sont sur le nôtre et on s'en aperçoit en approchant. Pour flex, Charles et Elaï font la manœuvre en arrivant à la voile, c'est la grande classe, tout le monde est bouche bée, le bateau se maîtrise comme un dériveur ou un cata de voile légère, ça rappelle nos bêtises à naviguer entre les bateaux au mouillage avec Antoine sur l'archipel des Glénans. On aide les deux à tout ranger sur le bateau et direction Damona pour dire bonjour à tout le monde. L'ambiance est survolté à bord, les coraux sont arrivés y'a deux heures de leur traversée depuis les Canaries et ils s'enfilent une bouteille de rhum en mode Ty punch sur notre pont, en toute tranquillité.

    Le soir, on mangera avec l'équipage d'Orion et Anatole sur notre bateau le tazard pêché le jour même, préparé par mes soins tandis que Cécile d'Orion a préparé un délicieux accompagnement et son mari a fourni le vin, encore un repas étoilé.

    Nouvel an
    On nous avait dit que le nouvel an était une institution à Mindelo et qu'on le pouvait pas le manquer. Il dure deux jours là bas et on en a profité à fond. Le 30 au matin on se rend compte qu'une énorme scène est en train de se monter en face du palais de la ville, en haut de la rue principale. En se renseignant un peu, on apprend que Mo Kalamity, une artiste qu'on écoute à fond avec Youen passe le soir même avec d'autres artistes et le lendemain pareil. Sur la place Césaria Evora, un immense bar couvert se monte, avec aussi des murs de sons par ci par là, on assiste aux prémices d'une festival, ça à l'air dingue. On a passé la journée ensemble avec Youen et vers 15h, on se pète une Pirate, une bière bien forte pour appeler Loulou pour son anniversaire. La bière est bonne allrs on en achète deux chacune pour tous les copains et on rentre au bateau vers 18h. Les coraux sont là et on commence le before ensemble en se buvant des petits coups par ci par là. Énorme plat de pâte pour tout le monde, ça discute bien et on se marre puis vers 22h, on bouge car les concerts sont censés commencer. On emporte nos bières avec nous et zou on se retrouve dans une marrée humaine de gens qui attendent comme nous le début des ostilités. Dans les rues sont installés partout des petits stands qui vendent friandises, parfois viandes, et boissons en tout genre, de vrais petites épiceries tout les 4m. On se balade avec les copains en quête d'activités mais les concerts ne démarrent pas, Charles et Elaï en ont marre et ils rentrent, Elsa aussi. À force le premier concert démarre avec 2h de retard, c'est un rappeur local et ça à l'air d'être une sacrée star. On sacrement ivre avec les copains et le son bouge sacrement bien alors on va là où ça bouge le plus, on se fait alors potes avec une bande de cap-verdien et ça part en pogo avec eux. C'est carrément la guerre des sourires, on se marre à gorges déployées. Ça ce saute dessus quand il faut et ça aide à chercher les claquettes des uns quand les autres marchent dessus. Je me retrouve même à protéger un type qui roule un joint pour pas qu'il se fasse écraser, sacré bordel. Une fois le concert du rappeur terminé, la grande majorité des jeunes se tire je ne sais où et ils passent de la musique un peu électro molle en attendant l'artiste suivante : Mo Kalamity. Encore une fois l'attente est interminable alors avec Paul on part découvrir les environs et on tombe dans une rue parallèle sur une porte qu'on nous avait décrite : celle d'un disquaire. La porte est à moitié fermé et le proprio nous voir hésiter alors il vient à notre rencontre et nous dit que c'est seulement pour les membres ce soir. On ne comprends pas trop la situation mais en demandant seulement à entrer, on se retrouve à l'intérieur. Changement d'ambiance immédiat, les basses sont remplacées par un disque tout pépère qui tourne sur une platine, il y a 6 personnes en tout dans la salle, les deux proprios Antoine et Miriam, un couple qui est à une table et nous deux. On se prend une petite caipi et on attend sagement, ayant du mal à nous remettre du Switch violent de mood. Ce lieu est vraiment à part et semble bien refléter l'envie de liberté d'Antoine, aucune des assises n'est à la même hauteur, énormément de d'objets upcyclés, des tissus teints font de légers mouvements au plafond. Sur les murs on retrouve des phrases révolutionnaires peintes au pinceau épais, sur l'un on voit énormément de photos, sur l'autre un assortiment de plantes. Je vais demander au proprio des détails sur ce qu'on écoute. Il me raconte alors que c'est un révolutionnaire cap verdiens et qui, de part sa musique, à réuni le peuple et a été décisif lors de la libération du cap vert face aux Portugais. Sa musique s'est alors propagé aux autres pays d'Afrique et a été la source d'espoir pour de nombreuses nations qui ont commencé leur indépendance. L'album s'appelle Independencia de Teta Lando et je conseille à tous d'aller l'écouter. J'étais sacrément content quand je suis allé le télécharger et que j'ai vu que l'un des titres de l'album était déjà dans l'une de mes playlists. La caipi est succulente, il y a des fruits rouges dedans et on regarde quelques albums qu'il possède. Une vraie petite escapade loin du tumulte du dehors, mais assez rapidement, cela cesse et on retourne dans le brouhaha pour aller écouter Mo Kalamity qui a commencé. On arrive à rejoindre certains copains, tout le monde est turbo criblé, maxis zooted, Faya Babylon et on s'écoute l'une des artistes les plus chill que j'ai eu l'occasion d'entendre. Le concert merveilleux, les bras s'agitent, les paupières se ferment et tout le monde entre dans un mood introspectif, énorme régalade. À la fin du concert il est 4h, il doit y avoir encore un autre artiste et ils remettent du son pour changer le plateau. On repart se balader mais on est bien fatigué, on rentre tranquillou sur le bateau vers 5h pour discuter sur le pont avec les coraux.

    À partir du lendemain, on communique avec les coraux seulement sur la vhf, avec le channel 6. On laisse allumé notre vhf portable et dès qu'on veut se dire un truc, c'est beaucoup plus rapide que toute autre communication. On impose littéralement ce qu'on veut dire, ça a donné lieu à de superbes blagues. Toujours est il que toute la journée on parle du before du nouvel an sur notre bateau sur le channel 6 et vers 21h, Charles et Elaï se ramènent, les coraux au grand complet aussi, une partie de l'équipage des Poseadonie, l'équipage d'un bateau en face de nous sur le ponton : Atlantea ainsi que des bateau stoppeurs. On est donc une bonne vingtaine sur notre bateau, il n'y a plus aucune place nulle part. Tout le monde a ramené des petits trucs à boire et à manger, c'est très joyeux. On se met à mixer dans le carré avec l'enceinte entre l'intérieur et l'extérieur du bateau, on impose l'ambiance techno et ça prend bien, ça nous rappelle nos soirées à Grenoble. On s'échange les platines de mains en mains, chacun y va de ses petites pépites, le mood est super bienveillant et on se fait des maxis B2B2B. À côté de ça on est pas tous dans le même genre de mission, Swann des coraux tchatche de plus en plus avec une Margot de l'équipage de Atlantea, mais chose bizarre, Margot est avec son copain sur le bateau. Avec Elsa on suit d'un oeil leur rapprochement et va y que ça se compare la taille des mains, vas y que ça va sur la plage avant du bateau pour discuter solos. À la fois c'est pas notre pote la Margot donc on s'en cogne mais on est sacrément gêné quand le copain en question commence à la chercher et qu'il part du bateau pour la retrouver.
    À 00h00, feu d'artifice au dessus du port, on se régale à être pile en dessous avec en bande originale 93 Bang Bang pour fêter la nouvelle année. Vas y que tout le monde se claque un becquot et que ça commence à déguerpir de notre bateau pour aller à la soirée en ville. Tout le monde est parti sauf les coraux et nous vers 1h, on prend nos affaires et on s'arrache. Direction cette fois ci la scène/bar place Césaria en passant par les petites épiceries pour se prendre des petits verres. Le son bouge bien mais on a l'impression d'être en boîte de nuit, tout le monde est hyper bien sapé. Ça danse le collé serré de partout, c'est limite si ça se fait pas l'amour sur place. Moeurs étonnantes mais ils ont l'air de s'amuser comme tout. Sur le chemin on rencontre des français et des capverdien et on s'arrête à chaque fois pour discuter 30min. La soirée est plus tournee autour des rencontres que du son et c'est pas plus mal après le before de folie qu'on s'est mis.
    Vers 4h, on blague avec des cap verdiens qui nous propose une photo avec Paulo. Je prends Paul en photo avec eux et l'un me dit "je te prends en photo comme ça tu seras dessus" je lui file mon portable et le temps que je réalise, il s'était barré en courant. J'ai essayé de le chercher des yeux mais la foule est omniprésente, aucune chance que je le retrouve. On essaye de prendre en facture un des mecs en pensant qu'il est pote avec le voleur mais au bout de 30min, il a fait 4 groupes différents et on abandonne. Je rentre me coucher un peu dégouté de la soirée, j'aurais voulu m'en moquer mais j'arrive
    pas. J'm'en occuperai plus tard.
    Read more