Krasta

C'est parti pour la longue et grande vallée entre Elbasan et la Macédoine. Sur la carte, le tracée a l'air assez longiligne : une montée avec une pente constante sur les 50 prochains km, puis un gros pic de 400m de dénivelés pour finir en beauté. On se rend vite compte de 3 choses :
- Le tracée ne prend pas en compte les innombrables petites bosses : on ne fait que monter et descendre !
- Notre route est LA route qui traverse l'est de l'Albanie. Il y a plein de voitures, de camions et de cars de touristes (ce sont les cars qui doublent le plus mal, ils se prennent pour des voitures mais ils sont beaucoup plus gros !)
- Il va faire TRÈS chaud aujourd'hui. Il fait de toute façon plus chaud sur les "grands" axes en général : les arbres sont plus loin, il y a moins d'ombre, plus de pots d'échappements et de moteurs chauds !

Bref ce n'est pas notre chemin préféré, c'est même la première fois qu'on roule aussi longtemps sur une grosse route et la dernière montée est vraiment dure ! Il fait trop chaud (il est 13h30), c'est trop raide et les voitures vont trop vite ! On arrive en haut complètement vidé de toute notre eau. Marine s'arrête pour passer un coup de fil à toute sa famille (ses parents rentrent d'une aventure de 13 jours en canoë en autonomie au Canada) pendant que je file vers la Macédoine et le lac d'Ohrid.

Fun fact pendant la montée, on entend à un moment derrière nous en français "Allez Vincent ! Allez Marine !" Bah alors ! Ce sont Théo et Léna, qu'on a rencontré à l'Eco-social Farm de Shköder, puis à Tirana, et qui voyagent en camping-car dans toute l'Europe. Ça fait plaisir et ça donne de l'énergie !!! En plus, ils s'arrêtent pour nous donner de l'eau fraîche, trop gentils 😇

À la frontière, je rencontre un néerlandais à vélo, mais sans sacoche. Il est marié à une macédonienne et vient tous les ans à Ohrid, dans la famille de ses beaux-parents. C'est hyper cool de le rencontrer, on passe si peu de temps en Macédoine ! On échange les numéros pour essayer de se retrouver en fin d'aprem pour une verre à Ohrid. Il est presque 15h et j'attends Marine en préparant le repas à Struga, première ville près du lac. On a rien mangé depuis le matin, et après 100km on a faaaaiiim !

Le temps d'engloutir une super salade (comme d'habitude 😉), de faire un petit plouf dans la rivière qui traverse la ville (on peut se laisser porter par le courant, c'est trop chill), et de reprendre les vélos, on arrive un peu plus tard que prévu à Ohrid. C'est drôle d'arriver dans une ville sans savoir du tout à quoi s'attendre. On monte pour aller au sommet de la vieille ville et là, c'est l'émerveillement à tous les étages : les églises sont absolument magnifiques, la forteresse incroyable. Les petites rues pavées à escalader, protégées par de belles maisons en pierre... Tout cela avec la vue sur le lac d'Ohrid, perché à 700m d'altitude, qui est si grand qu'on croirait être en bord de mer.

On descend vers les plages pour retrouver Diederik, qui est là avec sa femme, et quelques amis macédoniens. Quelle chance pour nous ! Ils sont super sympas, et ça nous permet d'en savoir un peu plus sur Ohrid, et la Macédoine du Nord en général. Alors premier apprentissage, ne pas dire "Macédoine du Nord", seulement "Macédoine" ! Ils ont dû prendre le nom de Macédoine du Nord lors de leur indépendance car une région de Grèce s'appelle déjà "Macédoine", et que les grecs mettaient leur véto sur le nom (pour entrer dans l'OTAN à ce que j'ai compris).
Après cette journée de fou : 120km et 1500m de montée, ce moment est bienvenu ! On se balade dans Ohrid au soleil couchant (on se baigne !) et on va rejoindre un spot près du lac que nous ont conseillé nos nouveaux compagnons macédoniens.

Comme toujours le matin dans un lieu touristique, je suis un peu stressé par les amendes. Je saoule encore Marine pour ranger vite-vite la tente, elle qui voulait faire la grasse mat' ! On arrive quand même à se trouver un bel endroit sur la plage pour profiter d'un petit déj revigorant (avec des oeufs ! C'est assez rare...) et rester tranquille la matinée. On a besoin de se remettre en forme, nos deux corps ont attaqués leurs réserves, et Marine est dans une petite forme (mal au ventre, hésitation sur les prochaines routes et les prochains projets...). Organiser tout ce périple au jour le jour nous prend beaucoup d'énergie ! Un peu plus que d'habitude car nous avons une échéance en Grèce, et ce n'est pas facile à concilier avec les beaux itinéraires que l'on nous a conseillés, et les projets qu'on aimerait bien "visiter" ou "aider".

On fait au plus court : on nous a parlé d'un village magnifique et typique sur le lac d'Ohrid, on y va pour déjeuner. Il s'agit de Trpjeca. Évidemment c'est encore un village au fond d'une crique, pas possible d'y aller à vélo. Alors on les laisse chez des habitants, ils habitent en Suisse et parlent allemand (encore !).
Au retour, c'est déjà le milieu d'après-midi et il faut prendre une décision : faire ou ne pas faire le col pour aller voir le lac de Prespa. Un autre immense lac en Macédoine. Ça rajoute 800m de dénivelés et 40 km... Mais ça a l'air beau, et sans voitures!

Marine prend vite sa décision : elle veut pouvoir profiter de sa soirée, se reposer, et bouquiner. Elle se sent déjà assez fatiguée et ne veut pas forcer. De mon côté j'ai la pêche, et j'ai bien envie de faire cette route. J'hésite quand même jusqu'au dernier moment, je me vois mal me séparer de Marine si elle n'est pas dans un bon jour. Mais je suis vite rassuré sur le sujet : on est tous les deux d'accords qu'une journée solo chacun de son coté ne pouvait pas nous faire de mal. Ça fait des semaines qu'on est tout le temps ensemble !Read more