Provincia de Huancané

C'est le début d'une grande épopée. Pour rejoindre l'Amazonie, deux options s'offrent à moi : prendre un bus de nuit pour La Paz et un second jusqu'à Rurrenabaque et y être en deux jours, ou bien partir en direction de la partie nord du Lac Titicaca puis passer par les villages les plus reculés de la Bolivie sans trop savoir comment y accéder et ce qui m'attendra là-bas. La première option ne m'a jamais effleuré l'esprit et cela fait plusieurs jours que les locaux me prennent pour un fou quand je leur explique mon plan. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive donc je pars ce matin déterminé de Puno avec comme objectif de passer la frontière avec la Bolivie aujourd'hui.

Je prends un petit tuktuk dans Puno avant de monter dans un bus pour Juliaca, la plus grande ville du lac côté péruvien. Je trouve ensuite sans trop de difficulté un minibus pour Huancané, sur la rive nord du lac. C'était pour l'instant la partie facile, même si tout cela a bien failli capoter dès le début lorsque le chauffeur du bus est descendu avec sa femme et un marteau pour casser le pare-brise d'un minibus qui lui a grillé une priorité. Notre bus est finalement vite reparti et je comprends maintenant mieux pourquoi tous les véhicules sont en piteux état dans le pays : les boliviens passent leur temps à se taper dessus (j'ai assisté à la même scène à La Paz). On a trouvé plus sanguin que moi.

Une fois sur Huancané, c'est là que les choses se compliquent. L'offre de transport diminue considérablement et il va me falloir trouver un moyen d'avancer de village en village. Un chauffeur de taxi s'approche mais les prix qu'ils m'annoncent ne me plaisent pas. Après des négociations m'ayant permis de diviser le prix par six, je me fais finalement déposer 20 kilomètres plus loin pour 1€25 dans le petit village de Moho. Sur place, je commence par déjeuner auprès d'une petite dame qui prépare des plats sur la place principale. Elle est adorable et m'indique où me poster dans le village pour tenter d'intercepter un des minibus qui va jusqu'à la frontière. Et ça marche ! J'arrive donc beaucoup plus facilement que ce que je pensais à la frontière où je change de minibus pour me rendre jusqu'à Escoma. Le trajet se passe merveilleusement bien puisque je discute avec toutes les mamies du minibus qui ne comprennent pas ce que je fais ici. Le chauffeur s'arrête également à un moment pour que tout le monde puisse acheter du pain (il paraît qu'il est excellent). Je fais donc de même. Je donne 3 bolivianos à la gérante (l'équivalent de 40 cts), et je me retrouve alors avec 6 énormes pains 😅. Que vais-je faire de tout ça...

J'arrive enfin sur Escoma et c'est ici que commence la dernière galère, et non des moindres. La banque est fermée les week-end (nous sommes samedi) et il est impossible de changer des soles (la monnaie péruvienne). Je me retrouve donc fauché, sans avoir de quoi payer une chambre d'hôtel ou un minibus pour rentrer retirer à La Paz. J'explique ma situation à tous les locaux sur la place principale pour essayer d'en trouver un compréhensif qui pourrait me changer des soles mais impossible. Jusqu'à ce que je tombe sur Ugo, d'une générosité débordante, qui m'invite à venir passer la nuit chez lui. Lorsque l'on passe la porte, il m'explique qu'il vit sans grande ressource, sans accès à l'eau courante en ce moment. Il m'installe deux sacs de blé entre 4 murs et je n'ai rien besoin de plus pour être heureux. Je vais me reposer après cette journée éprouvante et voir comment résoudre ce problème de finances demain matin.Read more