La Transylvanie, terre de disparités

Doux réveil face au panorama de Râpa Rosie. Aujourd'hui, toujours avec la petite bande, direction Sibiu ! 🚐✌

👉 SIBIU

Charmante ville des carpates, cité culturelle à la situation géographique idéale au pied des montagnes Făgăraş et traversée par la Cibin, Sibiu nous semblait une étape incontournable au sein de notre périple transylvain ! Développée par les colons allemands au 12è siècle, ce n'est que depuis 1930 qu'elle se trouve majoritairement peuplée de roumain•e•s. La ville a tout de même conservé son appellation bilingue Sibiu / Hermannstadt ; et compte parmi celles les plus prospères de Roumanie où les investissements étrangers sont nombreux.

Le fossé est si profond entre les hameaux traversés lors de notre arrivée dans le pays par le judeţ reculé des Maramureş et cette ville si européenne. La Roumanie semble bel et bien être un pays à plusieurs vitesses.

Belle cité médiévale préservée ayant échappée aux bombardements de la seconde guerre mondiale et aux travaux de la période communiste, Sibiu jouit encore d'une partie de son ancienne muraille d'enceinte érigée pour prévenir l'invasion des turcs.

Sur la piața mare (grande place), hommes & femmes s'affairent ; montage de petits chalets en bois, accrochage de luminaires et couronnes de sapin, mise en place d'une patinoire... Le marché de Noël prend forme !

En levant les yeux vers les toits de la ville, nous tombons sur de drôles de maisons colorées au style baroque dont les toits sont percés de lucarnes allongées en forme d'amandes ; les fameux "yeux de Sibiu". À chacun de nos pas, les vieilles demeures semblent nous épier ! 👀

Nous retiendrons deux autres merveilles ; la cathédrale orthodoxe aux grandes coupoles et murs entièrement peints, et les gogoşi, de délicieux beignets légèrement croustillants sucrés (chocolat, confiture, vanille) ou salés (telemea, fromage roumain, un genre de feta) ! 😋

👉 SIGHIŞOARA

9 petits degrés dans le van ce matin, winter is here ! 🥶

Pour cette deuxième journée au cœur de la Roumanie centrale, nous mettons le cap vers Sighişoara, ville fortifiée médiévale de renom. Haut lieu touristique fondé sur la légende de Dracula 🧛‍♂️ ! Il s'agirait effectivement de la ville native de Vlad II Dracul, prince de Valachie, et son fils Vlad III l'empaleur ayant inspiré le personnage de Dracula de Bram Stocker. 🦇

Perchée sur une colline, à l'image des autres villes transylvaines, elle a été colonisée par des marchand•e•s d'origine allemande appelés les "saxon•ne•s de Transylvanie" aux alentours du 12 siècle, avec l'aide du roi de Hongrie. La noblesse hongroise et la bourgeoisie saxonne habitaient les hauteurs tandis que les paysan•ne•s et les ouvrier•e•s valaques (= roumain•e•s) occupaient la ville basse.

Cité passée entre les mains de nombreux régimes dictatoriaux, Sighişoara s'est tenue à l'écart du développement économique du 19è siècle engendrant une conservation de son centre historique. 9 des 14 tours reliant les fortifications sont encore debouts. Chacune porte le nom d'une guilde, les tanneurs, les ferrailleurs, les teinturiers, ...

Nous foulons ses ruelles pavées et admirons des maisons colorées toutes âgées d'au moins 300 ans. Cela fait d'elle une ville plus que photogénique ! Nous retenons les escaliers en bois couvert, sorte de petit tunnel permettant (et permet encore !) aux écolier•e•s de grimper jusqu'à l'école sur la colline, près de l'église, tout en étant protégé•e•s des intempéries. Là-haut, un vieux cimetière bucolique recouvert de mousse et de feuilles sert aussi de jardin secret aux lycéen•ne•s qui étudient toujours ici. Seules réelles traces de vie de ce magnifique centre historique qui nous paraît presque factice, avec ses boutiques de souvenirs vides de client•e•s, son petit train et ses maisons multi-centenaires inhabitées.

Avant de regagner les vans, nous flânons chez une antiquaire, découvrant tenues traditionnelles, fuseau, vaisselle...

👉 VISCRI

Le parcours à travers les villes et villages de Transylvanie continue ! Cette fois, nous sortons de l'axe principal, et découvrons, à quelques kilomètres de la ville, un mode de vie radicalement différent.

Composés essentiellement d'une rue, les hameaux qui s'offrent à notre regard révèlent les disparités énormes entre la Roumanie urbaine et la Roumanie agricole. L'évacuation de l'eau s'effectue à l'aide de canaux devant chaque porte d'entrée. Même entre voisin•e•s, certaines différences sont très marquées. L'un•e possède une charette en tant que moyen de locomotion, l'autre une voiture.

Les campagnes voient aussi fleurir des habitats de tôle précaires où des roms (et non des roumain•e•s) vivent en communauté. De nombreux déchets plastique jonchent les talus.

Nous arrivons à Viscri, micro village reculé, perdu au milieu des vastes espaces de collines herbeuses roumaines. Son église fortifiée au charme fou du 13è siècle est impressionnante !

À partir d'ici, plus aucune rue n'est goudronnée. Nous avons presque la sensation de pénétrer au sein d'une reconstitution médiévale ! Nous évoluons dans un sol boueux le long de la voie principale, partageant la route avec chiens, oies et vaches (et leurs excréments). Le long des maisons, de grands abreuvoirs en pierre sont disposés.

Un homme traverse le quartier dans sa charette tirée par un cheval aux côtés de son fils au bonnet spider man, iPhone à la main. Presque un anachronisme !

La classification à l'UNESCO de l'église fortifiée a dû bouleverser le quotidien des habitant•e•s. Si l'on y prête attention, on remarque certaines maisons rénovées aux belles couleurs reconverties en guests house. Un sentiment ambivalent nous parcourt ; à mi-chemin entre émerveillement face à la découverte d'un mode de vie, et petite sensation désagréable de voyeurisme, une gêne renforcée par les panneaux présents dans le village, fléchant les points d'intérêt.

Ce soir, c'est soirée jeux de cartes à 6 (+ Floki 🐶) dans le van de Chloé & Dylan ✌🔥.Read more