Adrien Hoff

Après avoir assisté au fabuleux mariage de deux amis aux environs de Tours et après une semaine de repos, la France entame à son tour un second confinement.

Dans l'Histoire de l'Humanité, n'a t on pas toujours confiné les malades et non pas les personnes saines ? N'a-t-on pas toujours confiné par localité et non pas nationalement ? Pourquoi bloquer un pays complet alors que certaines régions sont saines ? Est-ce là un aveu de faiblesse de nos gouvernants, de ne pas pouvoir gérer la France de manière morcelée ? N'a-t-on pas, pourtant, des institutions déconcentrées, des collectivités territoriales, des préfets, des départements et des régions ?

La France ne ferme pas ses frontières extérieures. Il n'en existe plus.
Nous pouvons, aujourd'hui, passer d'un pays à un autre (au sein de l'U.E. même hors U.E. mais avec restrictions). La frontière n'est plus à la limite juridique de notre Etat mais sur le pas de notre porte, de notre fenêtre. A la limite de notre jardin, de notre propriété. L'Etat n'assure plus aucune sécurité (terroriste, ordre public, sanitaire, économique, ...) dans l'espace public et relègue ainsi la population à assurer sa propre sécurité au sein de sa propre propriété privée.
Au fond, est-ce l'Etat qu'il faut blâmer ? N'est-ce pas plutôt nos gouvernants ?

Marcher m'a fait énormément de bien. Ces 13 jours de marche ont été pour moi une expérience fabuleuse. J'aimerais repartir, dès aujourd'hui.
Toutefois, l'Espagne, si elle ne ferme pas ses frontières extérieures (ce qui est une prérogative de l'Etat fédéral et non pas des communautés fédérées), voit la plupart de ses frontières intérieures fermées. Par endroit, il s'agit des seules frontières d'une communauté à une autre. Dans d'autre, il s'agit de l'assignation à résidence. Vous verrez en rouge dans les photos ci-joint, les communautés appliquant des restrictions de circulation, comme l'entrée/sortie d'une communauté à l'autre voire d'une ville à l'autre.
L'ambassade de France précise qu'il s'agit de "le Pays basque, la Communauté forale de Navarre, l’Aragon, la principauté des Asturies et La Rioja".
Si la Galice demeure ouverte, comme la Cantabrie, il n'est pas exclut que ces communautés ne ferment bientôt. Ce qui est sûr, c'est que les communautés fermées ne sont pas prêtes d'ouvrir tandis que celles ouvertes peuvent fermer à tout moment.

Alors oui, il est possible aujourd'hui de rentrer en Espagne mais pas de passer d'une communauté à une autre. Ni, dans certains cas, de passer d'une ville à l'autre.
Oui, je pourrais contrevenir aux règles imposées à la population espagnole et continuer ma route mais le risque d'une amende de 1500€ est tout de suite déplaisant (à ce sujet, si je n'ai pas l'argent, suis-je renvoyé en France ou suis-je condamné à errer en Espagne et à voir ma dette s'aggraver à chaque rencontre de la Guardia civile ?).

J'aimerais beaucoup passer par Roncevaux, visiter Pampelune, Burgos, Irache.
Malheureusement, la plupart des villes sont fermées.

Christine, que j'avais rencontré à Labouheyre, continue la route. Elle m'a précisé "nous fuyons le confinement depuis quelques jours [...]. Je vais certainement continuer sur le chemin du nord".
A chaque localité fermée, les autorités obligent les pèlerins à prendre le bus pour les contourner. A chaque communauté fermée, les pèlerins sont obligés de prendre le bus pour la traverser.

Saint-Jacques-de-Compostelle, n'est pas un but, une étape, un lieu, un emplacement géographique. C'est avant tout un état d'esprit.
Le Camino n'est pas un seul sillon, c'est la multitude de sillons creusés par les jacquets.
Chaque jacquet est une part du Camino et le Camino tout entier.

Si je souhaite rejoindre l'Espagne en toute légalité, il faut que je parte aujourd'hui avant 14h afin de quitter la France avant minuit.
Mais ma décision est prise : je n'irai pas au Pays Basque ou en Navarre aujourd'hui, pour traverser la communauté puis prendre le bus jusqu'en Cantabrie ou Galice.
Mais je ne vais pas non plus me laisser enfermer par un pouvoir sans autorité. Alors je vais voyager par l'esprit, me consacrer quelques temps à l'écriture, en méditant sur la suite à donner à cette aventure.

Saint Jacques m'attire, Saint Jacques m'appelle mais Saint Jacques n'est pas qu'une ville.

Saint Jacques, c'est la rencontre de l'Autre, mais surtout celle du Soi.Read more