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- Sep 5, 2024, 9:00 PM
- 🌙 21 °C
- Altitude: 15 m
- DenmarkSouth DenmarkKoldingKolding Å55°29’5” N 9°28’5” E
Dk-j13 de Horsens à Kolding
September 5 in Denmark ⋅ 🌙 21 °C
Nous quittons ce matin le camping d’Horsens dans nos standards habituels, c’est à dire un peu avant dix heures. Le ventre vide, cette fois.
Le magasin du camping, le kiosk, est pire que les précédents qui n’étaient déjà pas folichons. Trois paquets de chips, une boite de Kartofelsalat, comprenez « salade de pomme de terre », mais baignant dans un océan de sauce grasse et trois rayons de sucreries. Les bonbons, je n’ai rien contre, même si je n’en ai jamais trop mangé. Je me souviens, enfant, tous mes camarades se presser à la boulangerie d’Houdemont pour dévaliser les tiroirs de bonbons. La confiserie, c’était 10 centimes, le malabar, 20. J’étais plus intéressé par ce dernier, je voulais, comme les copains, réussir à faire des bulles pour avoir la classe. J’ai mis un certain temps à réussir, peut-être le temps que faire des bulles avec son chewing-gum était devenu ringard. Mais fallait pas que je me fasse choper par mon père qui vérifiait la monnaie quand j’allais acheter une baguette pas trop cuite. Je m’égare…
Je n’ai rien contre les bonbons, disais-je, mais je ne suis pas encore prêt, et Hélène aussi, j’imagine, à petit-déjeuner trois fraises tagada et un sachet de car en sac. Peut-être que pour le car en sac, Hélène se désolidarise… Nous décidons donc de trouver un café où manger à Horsens, après avoir fait réparer le cale-pied défectueux d’Hélène. De prime abord, comme ça, le réparateur, qui ne parle pas anglais, ça ne l’enchante pas trop de ne remettre qu’une vis mais il s’attelle, finalement, s’asseyant sur le trottoir. Il se met à chanter « bonsoir madame » et réussit à nous faire comprendre que c’est un groupe danois qui chante ça et m’invite à aller voir sur Youtube. Finalement, il joue au rustre, mais il est sympa et semble en représentation. Il refuse qu’on le paye et fait mine de virer Hélène du magasin.
Si l’entrée d’Horsens, avec ses maisons qui surplombent le fjord, est assez jolie, le centre l’est beaucoup moins. Et surtout, fait un peu mort. Nous ne trouvons pas de café ouvert, si ce n’est un petit kiosque sur une place où nous déjeunons des smorebrodt bon marché mais pas très très bons. Hélène, affamée, prend même, les bras m’en tombent, un hot dog pour plus tard. Jules, Vincent, si vous lisez ces lignes, ne faites pas d’infarctus !
Les sorties de ville, mondialisation oblige, c’est moche. Partout ou presque. Dominique A l’a chanté dans « rendez-nous la lumière » : « on voit des paysages qui ne ressemblent à rien, qui se ressemblent tous et qui n’ont pas de fin ». Le Danemark ne déroge pas à la règle et la sortie de Horsens est dans cette même veine. À part la veille où, quittant Århus, nous nous sommes retrouvés directement dans une forêt accueillante, le reste des entrées de ville ressemblent aux françaises. Pas de Saint Maclou, ici, ni de Gifi, les enseignes sont autres, mais les hangars de métal aux couleurs dégueulasses sont les mêmes.
Nous parvenons à sortir de cet enfer pour rouler dans la campagne. Hèlène me dit que nous tenons une bonne moyenne, mettant cela sur le compte du macadam sur lequel nous roulons depuis le matin. Que n’avait-elle pas dit là ! Parce que nous quittons la route 5 pour la 53. À mon avis, cette route à été prévue pour les VTT. À quelques kilomètres de Vejle, nous nous retrouvons dans un chemin très pentu où nous dérangeons une classe de collégiens en plein cours d’endurance. Ça descend, ça descend, nous sommes debout sur les freins et nous arrivons en bordure du fjord. Le chemin monte d’un coup d’un seul. Un mur. Soit nous faisons demi-tour pour retrouver la route, mais nous sommes descendus très fort depuis pas mal de temps, soit nous poussons nos vélos dans cette montée soudaine et escarpée. Nous choisissons la deuxième solution. Mon vélo est très lourd, les racines bloquent le passage. Un calvaire. Arrivé en haut, je mets mon vélo sur sa béquille et repart chercher le vélo d’Hélène. On est un chevalier ou on ne l’est pas.
Quelques kilomètres plus loin, rebelote, on se retrouve dans les bois. La pente est tellement ardue qu’il y a des espaliers au sol pour aider les gens à monter. Pas prévu pour des bicyclettes chargées de quatre sacoches. Encore un peu plus loin, ça recommence. Une grosse pente sur un sol meuble sur lequel les roues peinent à garder la ligne droite. J’arrive en haut en totale surchauffe, le souffle totalement coupé et m’assois sur des troncs, comme mon souffle, coupés. Une voiture tente de passer mais est obligée de faire marche arrière pour prendre de l’élan, c’est dire !
Nous retrouvons un sentier digne de ce nom et arrivons à Vejle, affamés, assoiffés. L’architecture, à l’entrée de la ville est assez particulière et je ne peux m’empêcher de penser à L’homme de Rio, et son Bébel dans des tours qui se voulaient à l’époque futuristes.
Nous nous arrêtons pour casser une graine et repartons derechef, direction Kolding. Juste à la sortie de Vejle, nous arrivons dans la rue que nous sommes censés prendre : un mur, le deuxième. Impossible de monter ça. À mon avis, en hiver, personne ne se risque à garer sa voiture ici, sous peine de la voir finir encastrée dans un mur plus bas. Nous reprenons une route qui contourne cette colline, une patate, comme dirait Roro, l’ami breton dont je vous ai déjà parlé et avec qui nous en avons gravies, quelques patates, ensemble en juillet. Ça monte, ça monte, il fait chaud. Mais pas question de lâcher. Ça tourne et ça continue à monter. Je ne peux plus passer de vitesse, je suis au taquet et sue à grosses gouttes. J’ai le syndrôme du « ça descend après le virage ».
Tout le monde connait ce syndrôme. Pour moi, c’était dans les Cévennes en 1983. Mon père qui ne comprenait pas que je « zone » avec d’autres jeunes du camping, m’avait loué un vélo pour la semaine. « Avec ton physique, tu feras du vélo », m’avait-il déclaré. Moi, j’avais plutôt envie de traîner avec une jeune fille qui me plaisait beaucoup. Le vélo, ça me passait un peu au-dessus. Mais bon, mon espace de négociation était assez restreint. Et me voilà donc sur mon vélo de location, sous le chaperonnage de mon père, qui lui, en faisait depuis des années, du vélo. Même que petit, je parcourais les pages je des sports du journal régional pour lire fièrement son nom, notre nom, m’accaparant un peu de ses mérites sportifs. Dans une côte particulièrement dure, il m’encourage en me disant : « ça redescend après le virage ». Confiant dans cette figure paternelle, je pousse, je pousse, jusque voir que, penses-tu, ça continue à grimper. Énorme déception : je pose mon vélo, dans le même état de surchauffe que dans la forêt, juste avant Vejle. La déception !!! Mon père, ce héros, m’avait alors planté là, au beau milieu de rien du tout. J’avais poussé ma bicyclette à la main. Je vous la fais courte, mais il m’attendait un peu plus loin, m’avais passé un bon gros savon et m’avait enjoint de remonter sur mon vélo sans faire plus de bruit. C’est ce que j’appelle le syndrôme du « ça descend après le virage ».
En l’occurence, à la sortie de Vejle, après le virage, ça se stabilise. Et nous voilà partis vers Kolding, le long d’une route à forte circulation. Les voitures, passe encore, mais quand ce sont des camions qui vous frôlent, on sent bien ses sphincters se serrer. Quelques kilomètres plus loin, stressé, fatigué par le bruit incessant des véhicules, je décide de changer d’itinéraire et de partir sur les petites routes aux alentours. On y gagne, d’un coup d’un seul en tranquillité, nous sommes même seuls au monde. Par contre, c’est nettement moins direct. Au départ, cette étape devait faire 60 kilomètres, elle en comptera au final pas loin de 75.
Nous arrivons enfin à Kolding, en passant très exactement, je les reconnais, aux même endroits que l’an dernier. Étonnant de trouver des lieux familiers au Danemark. Nous arrivons devant une très belle maison où nous prenons nos quartiers pour la nuit. Le propriétaire nous fait visiter et montre un frigo rempli de canettes en nous invitant à y prendre ce que l’on veut. Une carlsberg sans alccol fait mon bonheur et permet de me faire descendre en température. Celle de l’extérieur est qualifiée, avec justesse, par la maitresse de maison de « unusual » pour un mois de septembre. Tu m’étonnes !
Bilan des courses : 75 kilomètres (au lieu des 60 annoncés)Read more
Traveler Je suis essoufflée rien que de te lire, trouvez une autre route pour l’année prochaine
Traveler 55 thème de l’année ?
Traveler Exactement !