Praia da Pipa

C'est après une petite dispute que nous arriverons à Pipa, et c'est aussi ici que nos chemins vont se séparer. En effet, après plus d'une semaine à absolument tout faire à deux, on a besoin d'un peu d'espace et nous décidons de réserver des auberges différentes. Pas de chance pour moi, l'auberge qui nous plaisait ne dispose plus que de dortoirs féminins, ainsi donc Emma y emménage, tandis que je réserve d'autres auberges où l'aspect social est presque absent.
Pipa est un gros hameau touristique de Tibau do Sul (oui oui, je vous jure!), connu pour ses nombreuses plages, mais surtout pour ses dauphins qui viennent chasser, mais aussi s'amuser très près d'une de ces plage, la bien nommée Plage des Dauphins.
Je nourrissais beaucoup d'attente quant à Pipa et me voyais déjà chercher une auberge pour y faire un volontariat pendant 2 ou 3 semaines. Mais la première impression, n'est pas la meilleure, bien au contraire. En effet, me voilà seul, triste, dans une ville bien plus touristique que ce que l'on m'a vendu, dans une auberge où les gens ne viennent que dormir et disparaissent dès le lever du jour, jusqu'au soir.
Je déambule donc, explore les nombreuses plages alentour, en profite pour faire un peu de sport sous la forme de natation, jusqu'à la bouée jaune, puis la suivante, et encore, jusqu'à me retrouver presque sorti de la crique, je rebrousse chemin avant que les courant océaniques ne décident de me présenter à des dauphins moins côtiers.
Alors que j'avais prévu de prendre un Blablacar le soir même, je rencontre un chinois et un espagnol dans mon auberge, tous les deux se plaignent aussi du manque d'aspect social de l'auberge, nous décidons donc d'aller voir le coucher de soleil et les garçons me convainquent de rester une nuit supplémentaire pour aller grimper la colline au milieu du village et observer le lever du soleil, avant d'aller nager avec les dauphins qui sont plutôt matinaux, de plus la marée sera basse, ce qui rendra l'accès à la Praia dos Golfinhos bien plus aisé.
Cependant, je décide d'échanger d'auberge, espérant tomber enfin sur un endroit convivial et confortable. Et c'est le jackpot ! Bon peut-être pas quand même, mais je suis accueilli par le réceptionniste extrêmement sympathique, et entre moi qui essaie de baragouiner en portugais, lui qui utilise tour à tour un anglais et un espagnol hasardeux mais comprehensible, ça devait être drôle à voir. À la vue de mon passeport il se met à parler un très bon français, et m'informe qu'il a vécu à Montpellier pendant quelques années. Ça facilite grandement les choses ! Il me présente l'auberge, la piscine, la cuisine en extérieur et ma chambre avec un des lits les plus confortables de mon voyage jusqu'à présent.
Alors que je démontre mes talents de cuisinier français et prépare des nouilles instantanées, je fais la rencontre de 3 filles, des volontaires de l'auberge, probablement impressionnées par mon savoir faire à la française, elles m'invitent à les accompagner à une soirée foró, avec de la musique en live. Ravi d'avoir trouvé des gens sympa et quelque chose à faire pour la soirée, j'accepte avec grand plaisir. Sur la route, quelle surprise, je croise Juliette et Thomas, mes compagnons d'Amazonie! Je reste quelques temps à discuter et perds mes nouvelles comparses que je retrouverai plus tard au bar. Nous discutons et échangeons de nous aventures respectives, et cette fois, nous échangeons les Instagram, pour rester en contact. Je me rends donc au foró, et passe une excellente soirée jusqu'à près de 3h, pas si tard pour quelqu'un comme moi, presque tôt même, sauf que j'ai toujours prévu de me lever à 5h pour le lever de soleil. J'essaie de motiver les filles, sans succès, sans surprise.
Me voilà donc à 5h, debout pas encore sobre, je contacte les gars, pour savoir où ils en sont et me mets en route. Après avoir tourné de tous les côtés pour trouver le chemin de la colline qui n'apparaît pas sur Google Maps, je finis par arriver, juste à temps au sommet pour observer le lever du soleil et manger la part de gâteau que j'avais acheté en guise de petit déjeuner. Pas de réponse des garçons, tant pis, la marée est suffisamment basse pour accéder à la plage des dauphins, je my rends donc et vais nager espérant pouvoir les approcher. Pas de chance ils ne sont pas nombreux aujourd'hui, peut-être 3 ou 4, rien à voir avec la dizaine qui, d'après les dires, sont là régulièrement. Difficile de les repérer, surtout que j'ai laissé mes lunettes avec mes affaires sur la plage, pour pouvoir nager tranquillement. Je me repère donc au son de leur respiration à chaque fois qu'ils remontent à la surface. À un moment, je l'entends derrière moi, pas très loin, et, alors que je me retourne je sens un un énorme déplacement d'eau entre mes jambes. Oui, le dauphin m'a frôlé! Ce sera malheureusement ma seule interaction avec l'un des mammifères.
Plus tard je rejoins mes volontaires sur cette même plage, et vais leur sauver la vie. En effet, la mer, n'est pas spécialement agitée, mais la marée est étonnamment très puissante, les vague, même petites risquent de nous faire tomber, et il peut être difficile pour quelqu'un moins à l'aise dans l'eau de se battre contre elles. C'est ce qui arrive à l'une d'entre elles, partie nager avec moi qui est à bout de forces à quelques mètres seulement de là où elle a pieds. Je l'aide donc à ne pas se noyer et la ramène vers la plage où elle peut souffler un peu. Plus tard, lorsque nous décidons de quitter la crique avant la marée haute, nous sommes pros par surprise, en effet nous sommes partis pourtant bien avant les recommandations pour éviter le danger, près d'une heure avant, mais la marée est tellement puissante qu'il devient très vite difficile d'avancer sans trébucher, nous avançons dons très prudemment, lentement, deux des filles y arrivent assez bien et partent en avant, mais je reste avec Be qui a un peu plus de difficultés à avancé sur ce chemin accidenté. Je passe en avant, pieds nu, comme pour lui montrer le passage et je m'assure qu'elle soit toujours derrière moi, et lui offre assistance au besoin. Une vague plus forte de que les autres, bien que pas plus grosse manque de me faire perdre l'équilibre et j'entends presque immédiatement un appel à l'aide juste derrière moi. Be a bascule avec la vague, je me dépêche de la relever avant que la prochaine vague, forte aussi, ne lui cogne la tête contre les rochers. Elle est en sang ! Je panique un peu, avant de lui rincer le visage, heureusement ce n'est qu'une légère coupure. Mais il nous reste du chemin à parcourir, pas beaucoup, une centaine de mètres sûrement, mais toujours plein de rocs, je m'assure qu'elle aille bien et la guide bien plus prudemment jusqu'à la plage de sable. Je lui porte son sac, lui tien la main, lui impose de s'arrêter à chaque vague qui semble suspicieusement puissante. Je reste à côté d'elle quitte à être trempé par chaque vague. Arrivés sur le sable nous inspectons la blessure. Rien de grave, un peu de désinfectant et ça sera parti en une semaine, probable sans cicatrice, il s'agit plus d'une éraflure que d'une blessure au final. En quittant l'auberge le soir même, et après moult remerciements et accolades des filles mais aussi du reste du staff de l'auberge, je prends mon sac et m'en vais, comme ça en devient un peu trop mon habitude, en oubliant d'échanger les contacts. J'espère que tout va bien pour Be et les autres.
Emma et moi nous reconcilions avant que je ne parte. Nos chemins, comme je l'avais pressenti bien des jours en amont vont se séparer à Pipa. Mais, à l'inverse de mes predictions, c'est elle qui restera, tandis que moi je continuerai mon chemin.Read more