Gorica

AMBIANCE MARINE

Je vois Vincent entamer la montée, je prends la route qui descend. Je n'ai pas de plan pour la suite, juste l'envie de trouver un lieu au calme pour bouquiner et me reposer. A quelques bornes d'ici, on nous avait conseillé un monastère à voir, le dernier lieu avant la frontière de l'Albanie.
Je me renseigne et décide d'y faire un tour. Quelle surprise à mon arrivée : c'est très touristique, bien proprêt, beaucoup de gens sur la plage. Je pose mon vélo et me balade.
Le monastère est au bord des sources du lac d'Ohrid. L'eau y est transparente, si claire ! Pour les croyant.e.s, c'est la "holly water", il y a des sources partout. Je visite le monastère puis marche le long de la rivière, le lieu est magnifique et calme. Je cueille des prunes, de la sauge et de la menthe pour le repas du soir.
Sans trop réfléchir, j'avais décidé dès mon arrivée dans ce lieu, de dormir là. Je prends alors le temps de lire, admirer le coucher de soleil (il y a du vent, je pense à Vincent dans sa montée...!) et la dernière mission sera de trouver où planter la tente. Cela ne paraît pas compliqué car il y a de l'herbe moelleuse partout, le tout est de savoir où c'est autorisé dans ce lieu si touristique.
Au départ, je pense m'installer dans un ancien camping très glauque, il y a environ 200 caravanes abandonnées... mais il s'avère que comme la plage, c'est une zone militaire, donc strictement interdit.
Je m'installe alors peu loin, derrière une église. J'y mange mon repas du soir (des wraps) mais je me fais constamment déranger par des gens qui viennent boire la holly water...
Je décide finalement de m'installer près de la chapelle qui longe la rivière, elle est plus loin sur le chemin. Il est 21h quand je pose la tente et 21h30 quand je m'endors. Avec les boules quiesces pour ne pas stresser des bruits de la nuit :)
Le matin, je replie la tente vers 6h pour ne pas risquer de me faire gronder ! Je vais au bord de la plage, cette fois-ci, je suis seule. Le calme absolu, les boutiques de touristes fermées. Je fais un plouf avant de sauter sur mon vélo pour passer la frontière.

Le soleil met du temps à passer les montagnes, je me réchauffe progressivement. Les bords de lac sont chouettes à Pogradec. Je me mets à la recherche d'une boulangerie et d'un café sympa. Je tombe aussi sur un marché local. Tout le monde est venu à vélo pour vendre ses produits du jardin. Les caisses étalées par terre, c'est sympa, j'achète des légumes et du maïs à griller (ça faisait un moment qu'on en cherchait!).
Je profite du soleil et bouqine "Bolo bolo" livre ramené de France par la mère de Vincent ! Ça fait si longtemps que je voulais le lire!).

Je sais que 40kms me sépare de Korçë, ville où l'on s'est potentiellement donné rdv avec Vincent, à midi à la mosquée. Alors en route, je bifurque vers les terres pour attaquer la montée.

Alors que je roule péniblement contre le vent, j'entends un "hello" derrière moi. C'est le couple d'autrichien que j'ai rencontré la veille qui me double. Ils sont si légers, très peu de bagages et pourtant, je m'accroche à eux dans la montée pour me motiver. Yes, on arrive en haut, je suis ravie ! On papote et on accroche tout le suite. Je leur recommande l'itinéraire qu'on va suivre jusqu'aux météores en Grèce, ils me proposent qu'on fasse la route jusque Korçë ensemble pour être plus forts face au vent, deal !!
C'est super, on se croitait dans un train. En troisième position face à un vent violent, je me sens royal au bar en train de siroter un cocktail 🍸 ! On fait une pause café, ils sont super chouettes.

On arrive pile à midi à Korçë, je n'ai pas eu de nouvelles de Vincent sur la route donc impossible de savoir s'il est dans le coin tant que je n'ai pas de wifi. Je demande dans un hôtel pour avoir une connexion, et voilà que j'apprends qu'il est à 100m de moi, il est arrivé il y a une heure. Il est toujours à l'heure pour nos rdv ce petit chou !

AMBIANCE P'TIT CHOU

Maintenant plus le choix : il faut monter ! Je vois Marine qui s'éloigne de son côté, on a quand même le temps de se faire un signe de la main avant de disparaître. C'est toujours fort en émotion ces moments là, avec un vrai pincement au coeur : difficile de la voir partir ! Et comme à chaque fois au bout de 10min j'ai envie d'être avec elle !! En plus la montée est tellement belle ! Toute douce, avec vue sur le lac. Elle me fait penser à la montée de Kotor, au Monténégro, mais sans personne, c'est wild !!
Plusieurs états d'esprit durant cette montée : au début que du bonheur, je regrette que Marine ne soit pas avec moi, et puis le temps s'assombrit, il commence à faire froid, avec des gros nuages et du vent ! Je découvre de l'autre côté le lac de Prespa, aussi grand que celui d'Ohrid, mais plus sauvage ! A ce moment je me dis que Marine a bien fait de faire sa propre route : encore une fois il est tard, il fait nuit, et même si l'endroit est merveilleux c'est loin d'être une journée reposante. Dormir là, au bord du lac, à la belle étoile, demande aussi un peu d'énergie ! Heureusement au passage de la frontière (je suis de nouveau en Albanie) j'ai pu demander un peu d'eau, les gourdes sont pleines ! J'espère qu'elle est bien, là où elle est, et qu'elle profite d'un bon sommeil !
Au réveil, re-changement d'état d'esprit. Les couleurs sont incroyables, le lieu tellement calme et paisible... J'ai envie que Marine soit là (et oui, encore !) pour partager ce moment avec moi 💫. Je répare un rayon de ma roue arrière que j'avais cassé la veille au soir (ma roue commence à être à bout de souffle..) et je repars !
Je roule en longeant le lac, pas une voiture sur les 2 premières heures. Ça monte mais le vrai problème, c'est que le vent se lève. Pleine face ! Je me bats pour essayer de garder une moyenne potable, je n'ai pas envi d'être en retard ! Mais tout seul, ce n'est pas facile ! Nouveau changement : je me dis que Marine a vraiment bien fait de prendre la version courte 😅. J'espère qu'elle a eu l'opportunité de rouler beaucoup hier, pour ne pas se galérer dans le vent aujourd'hui ! Difficile de ne pas avoir de réseau, de ne pas pouvoir demander.... Pourtant c'est beau aussi :) j'emmagasine toutes les informations pour pouvoir lui raconter des choses qu'elle n'a pas vu, Whaaaaooouuuuu c'est pas tous les jours qu'on a pas la même journée ! J'ai aussi hâte de savoir ce qu'elle a fait, où elle a dormi !

J'arrive à Korçë à 11h, en avance ! Première chose à faire, se ravitailler, j'ai faim !! Un burek, 2 bananes et une pomme plus tard je me mets à la recherche d'un peu de Wifi près de la mosquée, point évoqué la veille... et je suis le premier ! (J'avoue je suis un peu fier de moi). Je crois qu'inconsciemment j'avais peur qu'elle continue, Marine, au lieu de m'attendre 😅
Et voilà que je la vois arriver, toute pimpante et toute rayonnante ! Et accompagnée en plus !Read more