PMU avélo

Helsinki étant la dernière ville avant longtemps, nous étions motivés pour marquer le coup lundi soir.
Cela se traduit par un départ tardif le mardi le temps d'émerger, de faire nos affaires et les plans pour la suite.

On sort d'Helsinki en vélo pour faire du stop et rejoindre le Nord de la Finlande. Comme ça ça paraît pas grand chose, mais étant donné l'immensité du pays, il faut vite faire 1 000 km pour traverser le pays. On prévoit donc d'en faire jusqu'à ce soir et la journée de demain.
Au départ j'avais pensé au train, mais les prix sont élevés, c'est également long et la gare la plus au nord n'est pas dans la partie la plus intéressante de la Finlande pour rouler. C'est pourquoi j'ai pensé au stop, qui nous permettra d'aller où on veut si tout marche bien et surtout ça devrait être l'aventure.

Difficile de trouver un bon spot juste à la sortie, on décide alors de se rendre vers le périph de la ville.
16 km de vélo plus tard nous voilà sur un nouveau spot. Ce n'est pas beaucoup mieux vu que c'est une entrée sur l'autoroute et qu'on loupe la plupart des voitures étant déjà dessus.
On s'en sort pas trop mal puisqu'au bout de 20 minutes une voiture s'arrête. Par chance ils ont un porte vélo dans la voiture et tout rentre sans problème. On fera 50 km, quand on regarde la carte c'est rien mais pour notre moral c'est toujours ça.

La deuxième étape sera plus compliquée avec 2h d'attente sur un spot très compliqué pour s'arrêter et avec peu de personnes prenant l'autoroute. Même notre pancarte "Nordkapp" ne séduira personne... On trouve finalement un minibus, très pratique pour mettre nos vélos et on fera 50 km de plus.
Le troisième spot est mieux et on s'approche des routes pour aller vers le grand Nord.
Un utilitaire s'arrête et on fera quasiment 200 km à ses côtés. C'est un grand fan de la Laponie et il nous donne les bons filons. On a l'impression d'être immergé dans le grand Nord puisque l'autoroute est finie, les étendues de forêt commencent et il y a peu de villes.

Pourtant, quand on regarde de nouveau la carte, même après ces 300 km, on est encore loin...
Il est 21h30 quand il nous dépose, il est temps de trouver un spot pour la nuit. On mange tranquillement et on envisage de demander aux quelques maisons si on peut poser nos matelas quelque part. Seulement, on ne voit absolument personne malgré qu'il fasse encore grand jour à 22h30. On se dit que ça doit être des couches tôt. On trouve un abri qui sert à ranger les poubelles, c'est notre seul point de chute puisque le sol est mouillé après les averses.
C'était un bon moyen d'attirer l'attention puisqu'un petit vieux vient nous dire que ce n'est pas possible (une fois qu'on a tout installé bien sûr). On fait mine de ne pas comprendre puisqu'il ne parle pas anglais, mais ça ne marche pas dans ce pays puisque 95% des gens parlent couramment anglais. Une autre personne arrive donc pour faire la traduction.
Il nous dit qu'il y a des infrastructures sportives avec des cabanes. On le remercie, on remballe tout et on va là bas. Finalement c'est pas si mal de s'être fait virer puisque le spot est super beau avec une cabane perchée dans la forêt, un calme absolu et un couché de soleil infini.

Seul bémol : les moustiques. On a passé une étape supérieure, c'est des nuages de moustiques autour de nos duvets. L'avantage c'est qu'il est minuit et qu'on a pas beaucoup dormi la nuit précédente donc on s'endort sans soucis recroquevillé dans nos duvets et on ne se fera même pas piquer.

Pas le temps de récupérer, on part le le lendemain rapidement puisque la journée va être longue si on veut rejoindre le grand Nord.

À 8h on rejoint la grande route et on recommence le stop avec notre pancarte. La première voiture est un van qui s'arrête avec une immatriculation norvégienne. Ça sent bon !
Elle nous dit qu'elle va à 2h d'où on veut aller (le cap nord). Le problème c'est qu'elle a 4 husky dans le van et qu'on ne peut pas utiliser le coffre. Je lui dis pas d'inquiétude, si on démonte nos vélos, ils ne prennent pas trop de place. On fait un premier essai qui ne marche pas, un deuxième ou on peut en rentrer un et un deuxième qui déborde sur une place, puis en insistant un peu, on trouve une configuration millimétrée qui permet de mettre nos deux cadres de vélo au dessus du frein à main et sur la place du milieu. Il reste de la place pour nos affaires, c'est parfait !
On lui dit qu'on verra jusqu'où on va et de surtout nous dire si ce n'est pas confortable pour conduire.

Finalement, ça sera un peu plus long que prévu. Ruth, la conductrice est originaire d'Estonie et habite maintenant dans le Nord de la Norvège. Elle a de nombreuses expériences partout dans le monde et on partage de nombreux points de vu sur différents sujets. On discutera donc de tout et de rien pendant des heures, avec quelques pauses promenades de chiens et baignades.

Elle se rend dans la ville d'Alta, qui est la bifurcation pour aller au Cap Nord entre la route norvégienne et la route finlandaise. J'avais regardé cet endroit quelques jours auparavant parce que je voulais faire 24h de vélo et ça me paraissait l'endroit idéal en terme de distance pour laisser des affaires ici et faire l'aller retour au Cap Nord vu qu'il n'y a qu'une seule route possible.
Je propose donc à Armand qu'on aille jusqu'au bout avec Ruth au détriment de ne pas rouler dans le Nord de la Finlande. On a l'impression de tricher un peu mais Ruth nous conseille de faire ça si on veut voir de plus belles choses. Un cycliste français croisé sur le bord de la route nous dira la même chose.
On continue donc notre bout de chemin avec Ruth qui nous fait la guide touristique avec une pause quand on passe le cercle polaire. J'aurais même le plaisir de conduire le van quelques kilomètres.
Quand on voit des centaines de rennes au bord de la route, on a des étoiles plein les yeux, ça y est on est dans le nord !
Enfin, les 150 derniers kilomètres seront de plus en plus vallonnés jusqu'à ce qu'on atteigne les premières fjords. C'est ça qu'on était venu chercher.

Cerise sur le gâteau, Ruth nous propose de rester dans leur maison le soir. On arrive à 1h du matin et faisons connaissance de son mari Ole qui nous a préparé un repas avec du poisson pêché la veille.
Encore une belle journée remplie d'émotion mais surtout d'admiration. Il est 2h30, il fait grand jour et nous allons dormir histoire de recharger les batteries après ces 2 jours d'aventures en dehors des vélos.Okumaya devam et