• Marc et Vincent
  • Marc et Vincent

Te Araroa 2022-2023

Te Araroa (le long chemin) est un itinéraire de randonnée longue distance (thru-hike) en Nouvelle-Zélande, qui s'étend sur environ 3'000 kilomètres le long des deux îles principales du pays, de Cape Reinga à Bluff. Читать далее
  • Начало поездки
    15 октября 2022 г.

    Te Araroa - "le long chemin"

    7 сентября 2022 г., Швейцария ⋅ ☁️ 25 °C

    Te Araroa, qui signifie "le long chemin" en Maori, est une randonnée de 3'000 km en Nouvelle-Zélande. Partant de Cape Reinga à l'extrême nord de l'île du Nord, il rejoint Bluff au sud de l'île du Sud.

    Officiellement ouvert en 2011 par Geoff Chapple, le Te Araroa, ou TA, est parcouru chaque année par plusieurs centaines de randonneurs. Il faut entre 4 et 6 mois pour parcourir l'entier du parcours.

    Notre départ vers la Nouvelle-Zélande aura lieu le 4 octobre 2022. Après quelques jours à Auckland pour récupérer du décalage horaire (+ 10 heures!), nous pensons démarrer notre marche mi-octobre.

    Revenez bientôt pour découvrir la suite de l'aventure :-)

    Merci pour vos encouragements!

    Marc & Vincent
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  • FAQ

    27 сентября 2022 г., Швейцария ⋅ ☁️ 12 °C

    Dans l’attente de notre prochain départ, voici un petit (enfin petit…) “question-réponse” inspiré des échanges avec nos proches ces dernières semaines, sous forme d’une discussion imaginaire.

    - Alors vous partez en voyage? Vous allez faire quoi?
    + Notre principal projet est de traverser les deux îles de la Nouvelle-Zélande à pied (voir premier post), c’est l’objet de ce petit blog. Après cette marche…tout est ouvert: rentrer, rester quelques temps en Nouvelle-Zélande, et/ou poursuivre un voyage probablement plus “conventionnel”.

    - Donc vous n’avez pas de date de retour?
    + Non, le plus probable reste une durée totale de voyage entre 6 mois et 1 an et demi.

    - Et vos emplois, votre appartement?
    + On a démissionné, rendu notre appartement, et vendu la voiture,…

    - Mais…vous fuyez quelque chose?
    + Pas du tout! Nos emplois nous comblaient et on était heureux, c’est simplement la concrétisation d’une envie de longue date, de partir voyager. C’est aussi un bon moyen, pour citer le groupe Feu! Chatterton (chanson : A l’aube), d’éviter “que le confort nous abêtisse”, ou du moins de le reporter…

    - Et votre marche, c’est un peu comme ce que font Mike Horn, Sarah Marquis, Sylvain Tesson?
    + Non, c’est sans comparaison, on ne fait pas une expédition en milieu inconnu ou extrême. Le chemin est certes récent, apparemment pas parfaitement balisé, et présente des sections difficiles (nombreuses traversées de rivières à pied, forêts boueuses, sentiers alpins, etc.), ça n’en reste pas moins une randonnée dans un pays développé.

    - Oui mais elle est un peu longue votre randonnée?
    + Relativement oui… elle s’inspire notamment des grandes traversées bien connues aux États-Unis que sont le PCT, le CDT, et l’AT, et qu’on nomme en bon anglais “thru-hike” : littéralement des “randonnées traversantes”, car elles parcourent le pays de part en part (joignant les frontières Mexique-Canada pour les 2 premiers).

    - D’où vous vient cette idée?
    + En premier lieu on doit quand même préciser qu’on adore marcher. Ca fait des années qu’on part faire des randonnées à la journée ou jusqu’à deux semaines. Ensuite on a eu deux inspirations: tout d’abord on est tombés sur un super épisode du podcast Les Baladeurs (qu’on recommande chaudement) suivant un randonneur effectuant cette traversée…en essayant de se nourrir notamment de plantes (le brave!). Et surtout on a été envoûtés par le projet de notre ami Guillaume de parcourir en entier les 4’200 km du PCT, ce qu’il vient par ailleurs de terminer avec brio! Guillaume a même une double influence puisqu’il nous avait aussi fait découvrir le podcast Les Baladeurs!

    - Et la Nouvelle-Zélande, ça ressemble à quoi, c’est quoi son Histoire?
    + Ce sont des îles situées au Sud-est de l’Australie. Pour l’Histoire, merci d’aller voir sur Wikipedia (…), relevons tout-de-même qu’il s’agit d’un pays jeune, les Maoris (peuple autochtone) y sont établis depuis ~1300. Les îles ont ensuite été colonisées par les britanniques au 19ème siècle, avec tout le tact et le respect pour une autre culture qu’on peut imaginer... La cohabitation est désormais paisible et le pays, très progressiste, met un point d’honneur à mettre en avant les traditions maories.

    - Il y a donc deux îles…?
    + Formellement davantage, mais surtout deux principales, qu’on va parcourir du Nord au Sud. Celle du Nord (première partie de notre marche) est la plus peuplée, on y trouve notamment Auckland et Wellington, et la plus plate. On y parcourra les côtes faisant front à l’océan, des forêts luxuriantes, des volcans épiques, on descendra aussi une rivière en canoë en 4-5 jours, et surtout…on croisera beaucoup de pâturages de moutons - fournissant notamment les étals de la Migros en agneaux… Le point négatif est que le Trail, jeune, emprunte à de nombreuses reprises des routes, à défaut d’autorisation de franchir certains domaines privés. Selon nos lectures, l’attrait principal de l’île du Nord est l’opportunité de se frotter (enfin pas littéralement…) aux habitants réputés pour leur accueil et leur bienveillance. L’Ile du Sud est beaucoup plus sauvage et surtout montagneuse. Les villages et points de ravitaillement se feront plus rares. Certaines sections nécessiteront jusqu’à 10 jours consécutifs d’autonomie. Suivant la météo on pourrait aussi rencontrer des conditions quasi hivernales, avec de ponctuelles chutes de neige possibles. Il s’agit donc de l’île la plus attractive d’un point de vue aventure, nature et paysages. Comme il s’agira de la deuxième île qu’on traversera, on sera au moins davantage rodés et prêts à faire face aux défis!

    - Bon, et en fait…c’est quoi un kiwi?
    + Ce nom maori décrivait en premier l’oiseau endémique du pays (qui, parmi d’autres en Nouvelle-Zélande, ne vole pas), puis le fameux fruit a été nommé ainsi à cause de sa ressemblance avec l’oiseau. C’est également devenu le surnom des habitants de Nouvelle-Zélande.

    - Revenons à votre marche, en fait…où allez-vous loger?
    + Sous tente (sauvage ou camping si nécessaire, surtout sur l’île du Nord), dans des “Huts” (cabanes très peu équipées), et dans des chambres d’hôtes, auberges, hôtels quand l’occasion se présentera, ce qui permettra de prendre une douche et de faire une lessive bien nécessaires…

    - J’ai entendu dire que vous ne preniez que deux caleçons…?!
    + Eh bien…oui, chaque objet de notre sac fait son poids, et partir relativement léger permet de mieux profiter de la marche et d’éviter les blessures de fatigue.

    - Quel est le poids de vos sacs?
    + Environ 8.5 kg sans considérer l’eau et la nourriture dont le poids varie, ce qui reste dans la moyenne élevée de nos compères randonneurs ; certains partent avec 4 kg sur le dos…! Pour chaque objet c’est un compromis entre confort et poids du sac.

    - Vous allez prendre un téléphone satellite de secours en cas de problème?
    + Il y a effectivement de petits appareils GPS qui permettent d’avertir les secours en cas de problème dans une zone sans couverture téléphonique, mais comme on est deux on hésite encore à cause du poids de l’appareil… (un de nous pourrait aller chercher les secours en cas de problème)

    - Et s’il faut marcher 2 jours avant d’avoir du réseau et que c’est urgent?!
    + Bon d’accord, on va y réfléchir…

    - Et votre empreinte carbone…?
    + Euh…autre question? Plus sérieusement, le bilan n’est effectivement pas très glorieux. Avec un aller simple Zürich-Auckland (via Singapour) - pour l’instant on n’exclut pas de rentrer autrement - le bilan CO2 comparé aux objectifs de l’accord de Paris (2 tonnes/an/personne de CO2), notre bilan annuel est déjà dépassé avec le seul aller: 2.5 à 3.6 tonnes de CO2 émis…juste avec le vol (source: calculateur de BonPote: https://bonpote.com/avion-calculer-en-3-clics-v…). On se rattrape (ou cache…) un peu derrière le fait qu’on ne consommera plus de mazout (chauffage), qu’on marchera et qu’on ne consommera que peu de biens. Mais il n’en reste pas moins que ce n’est pas idéal, et pas à faire chaque année…!

    - Qui va écrire sur ce blog?
    + Nous deux selon l’humeur et l’envie, à une fréquence probablement très variable, dépendant notamment du réseau téléphonique…et de notre besoin de nous couper du monde. Les photos seront aussi communes.

    - En plus de ce blog, vous allez faire des vidéos, un podcast?
    + Initialement l’idée était plutôt de profiter de se déconnecter…on fait ce blog principalement à titre de souvenir et pour informer nos proches. Un petit podcast pourrait également naître suite à la sympathique proposition d’un cousin journaliste. C’est déjà assez pour nous (!) donc non, pas de chaîne YouTube…!

    - Ah et dernière question, vos posts….vont toujours être aussi longs??
    + Euh…promis, on essaiera d’être un peu plus concis!
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  • 1er jour à Auckland

    7 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 16 °C

    Après un long vol jusqu’à Singapour, une escale de 16h qui nous aura permis de visiter la ville (et y faire quelques siestes 😉) et un 2ème long vol, nous sommes arrivés à Auckland jeudi soir, enfin! Quelle joie d’être arrivé dans ce pays que nous allons traverser à pied dans quelques jours.

    La nuit a été salvatrice, et revigorés nous sommes partis ce matin arpenter la ville et découvrir ses quartiers et ses parcs.

    Rien de mieux qu’un Fish’n’chips au port pour s’imprégner de l’atmosphère locale. Bien que le printemps soit là, les températures sont relativement fraîches le matin et le soir. Heureusement le soleil nous réchauffe bien la journée 😎

    Au programme des prochains jours: derniers achats pour la marche, balades dans la région d’Auckland, petite marche dans les îles environnantes et visite chez Anna et sa famille qui habitent à quelques heures d’ici.

    Le départ pour le nord et le début de la marche sont prévus pour la fin de la semaine prochaine.

    Merci pour vos messages et vos vœux, on pense fort à vous toutes et tous.

    PS: nous avons maintenant une carte sim néo-zélandaise, mais nos numéros suisses restent actifs sur WhatsApp si jamais 😉
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  • Perspectives

    9 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 17 °C

    Les réactions que nous avons reçues lorsque l’on a annoncé à nos proches que l’on partait marcher 3’000 km étaient souvent…circonspectes. Effectivement, il est difficile de se représenter cette distance que l’on « n’utilise » pas tous les jours.
    Pour mieux visualiser celle-ci dans un contexte européen qui nous est davantage familier, et avec l’aide de Google maps et le site thetruesize.com qui permet de juxtaposer des pays sur une carte (voir photos) :

    - placée sur le Nord de l’Europe, la Nouvelle-Zélande, et donc notre marche, représente environ un Oslo-Neuchâtel, soit environ 1’400 km à vol d’oiseau (le chemin ne va évidemment pas tout droit, raison pour laquelle il est plus long).
    - à vol d’oiseau, les 3’000 km que nous marcherons relieraient Neuchâtel à la frontière irakienne, ou à la mer de Barents au-delà du Cap Nord.

    De quoi user quelques paires de chaussures (trois au minimum)!
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  • Auckland - Tauranga

    11 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 16 °C

    Au programme des derniers jours:
    - Visites et balades dans Auckland. On a surtout réussi à ne pas nous faire écraser en traversant la route…en regardant du mauvais côté! Et oui, la conduite est à gauche en NZ…
    - Apprentissage de la conduite en NZ! Que de concentration et de rire, surtout lorsque l'essuie-glace s’enclenche au lieu du clignotant 😅
    - Repérages de magasins pouvant nous fournir en matériel si requis
    - Excursion sur le Rangitoto, une île-volcan récente (pour un géologue) datant de 600 ans, couverte d’une forêt sauvage et luxuriante recouvrant des coulées et tunnels de lave 😍. Cette sortie coïncidant avec la pleine lune, elle fut l’occasion de réaliser une mission confiée par mes collègues de GEOTEST (plus de détails suivront dans un futur post).

    Puis hier lundi nous sommes partis direction le secteur de Tauranga en voiture de location, afin de rejoindre Anna, Matt et leur fils Nico. Anna est une amie et une ex-collègue de Marc à Terre des hommes. L’accueil qui nous a été réservé était royal!

    Aujourd’hui mardi nous sommes montés au sommet du Mount Maunganui, un volcan éteint nous offrant une vue époustouflante sur les environs. En outre, nous avons pu y voir de loin le volcan actif de Whakaari / White Island, qui émet ces jours quelques cendres et vapeurs. Ce volcan est tristement connu pour avoir tué 22 visiteurs en 2019, lors d’une soudaine éruption phréato-magmatique.

    Demain: on profitera encore de Tauranga et de nos hôtes, achat de nourriture et empaquetage de nos sacs!

    Jeudi: retour à Auckland

    Vendredi : trajet (6h) en bus d’Auckland à Kaitaia

    Samedi : transport Kaitaia - Cape Reinga et….début de l’aventure!
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  • Matériel

    14 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ 🌬 18 °C

    Après avoir encore profité d’Anna et Matt à Tauranga, avec de riches discussions sur la place des Maoris dans la société néo-zélandaise, il était finalement temps de faire nos bagages.

    La question du matériel que l’on emporte lors d’une randonnée longue distance est à la fois passionnante et éreintante. On ne compte pas le temps passé à établir des listes Excel, à comparer le poids, le prix et la qualité de chaque objet.

    Derrière chaque décision d’emporter tel ou tel équipement, se cache la même question: est-ce que cet objet m’apportera plus de confort par la possibilité de l’utiliser, ou plus d’inconfort par son poids à porter sur 3’000 km?
    Le matériel devient vite un moyen de se rassurer en se plongeant dans des détails que l’on maîtrise, afin d’affronter un trail dont on ignore beaucoup.

    Cela fait environ 1 an et demi que nous avançons notre préparation (certes non à temps plein!), notamment en ayant effectué 2x ~2 semaines de randonnées test, tant pour notre motivation que pour le matériel :
    - 2021: chemin des crêtes du Jura suisse de Zürich à Nyon
    - 2022 : GR56, tour de l’Ubaye dans les Alpes françaises

    Nous nous sentons donc relativement prêts, ce qui ne nous empêchera certainement pas de renvoyer des affaires qu’on estimera finalement trop peu utiles à notre amie Anna dans les premières semaines… ou d’en acheter d’autres dont on ignorait la nécessité. Effectivement, Anna nous a très sympathiquement proposé d’être au besoin notre relai : elle pourra notamment nous envoyer en poste restante nos prochaines paires de chaussures dans un village que nous aurons alors prévu de traverser. Plutôt pratique, encore un grand merci à elle! 😊

    La nourriture…mérite en soi un petit article qui sera rédigé ultérieurement.



    Au programme :
    Nous sommes actuellement à Kaitaia pour une nuit en dortoir, avant de monter à Cape Reinga demain et de commencer, enfin, à marcher!
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  • J1, km 0, Cape Reinga

    15 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ⛅ 17 °C

    1h30 de route depuis Kaitaia dans un van avec un chauffeur très sympathique, très fatigué, avec un t-shirt en lambeau, et aux origines maori, irlandaise, ecossaise, et japonaise (ils se nomment « fruit salad » en NZ 😄), et nous voici enfin arrivés au départ de notre randonnée, le km 0, le phare de Cape Reinga. C’est donc avec émotion, et accompagnés d’un car de personnes âgées visitant les lieux (…) et de quelques comparses « thru-hikers » que nous passons ce moment symbolique. Ensuite, nous parcourons les 12 km nous séparant du premier camp, dans un décor sublime et sauvage de montagnes, de falaises, de roches volcaniques, de plages et d’océan. Simplement grandiose!

    La suite tout prochainement!
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  • J4, km 101, Ahipara

    18 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 16 °C

    Il nous aura fallu les « classiques » 3.5 jours pour venir à bout de la 90 mile beach. Nous avons passé le km 100 peu avant notre arrivée à Ahipara, fatigués mais heureux.

    L’océan (mer de Tasmanie), la plage de sable, les dunes et la forêt sise à l’arrière de celles-ci, auront été nos seuls repères visuels durant 90 km, comme le montre la petite vidéo répétitive représentative de nos journées... La marche sur le sable était donc tantôt méditative, par la force de la répétition des mouvements, et tantôt plus légère, entre écoute de musique, de podcasts, de discussions et de…jeu du coquillage (le premier à casser 10 coquillages vides avec son bâton 🙃, on s’amuse comme on peut!).

    Les autres éléments remarquables ou anecdotiques auront été:
    - la vue de nombreux animaux…généralement échoués et morts (requin, raie, possum, phoque, et plein de poissons), mais également de nombreux oiseaux bien vivants : jamais entendu autant d’oiseaux chanter que le matin à Ahipara!
    - l’heureuse rencontre avec un cheval sauvage majestueux derrière les dunes (pas besoin de vous expliquer ce que l’auteur y faisait).
    - la présence de nombreux camions chargeant des dragues à crustacés et des bateaux de pêcheurs, et un gros bus rempli de touristes visitant la plage…les pieds bien au sec.
    - une météo qu’on pourrait qualifier d’écossaise, avec 4 saisons par jour ; la pluie arrive souvent très rapidement, et elle nous aura arrosé abondamment entre Maunganui Bluff campsite et Hukatere. Chaque jour on aura marché en t-shirt, en pull, et en imperméable!
    - notre surprise, et à dire vrai, notre petite déception égoïste, de découvrir le nombre de randonneurs partant en même temps que nous: on comptera une vingtaine de tentes pour une trentaine de personnes le premier soir! Sans doute l’effet post-Covid avec la réouverture des frontières de la NZ. On sait cependant que la foule va se diluer avec le temps, et d’autre part ça nous permet de créer des liens et de vivre une super ambiance de partage, dans l’odeur et la bonne humeur!
    - la découverte à Ahipara des sympathiques cris de possums, une sorte de hurlement satanique… Le possum est un cousin de l’opposum américain, arrivé d’Australie avec les hommes, invasif et dûment chassé en NZ. On doit en plus s’en méfier puisqu’il a tendance à venir voler de la nourriture, quitte à faire des trous dans les sacs à dos ou les tentes!
    - nos réveils plutôt matinaux (dès 5:15, départ entre 6:00 et 7:00). À cause de la lumière, mais aussi pour profiter de nos fins d’après-midi au camp. En plus quand on se couche entre 20h et 21h, on a bien assez dormi!

    Mais revenons à la plage, qui s’étend donc à perte de vue, et qui nous aura usé les pieds : 6 cloques pour Vincent et 4 pour Marc - merci Compeed de nous avoir permis de limiter les dégâts... Il faut relever que la majorité des marcheurs attrape des ampoules sur cette section, tout d’abord car c’est la première du trail et qu’on l’attaque les pieds neufs, mais surtout à cause du sable qui rentre dans les chaussures, des pieds mouillés (par la pluie et les traversées de petits ruisseaux), et des mouvements de marche invariablement similaires (pas d’irrégularités, pas de dénivelé). Autant dire que les soirées aux camps ressemblaient à un meeting de zombies boitant! Au-delà de ces bobos et de petites tendinites, on considère bien s’en tirer! Une comparse hiker devra faire une pause médicale de 2 à 3 semaines pour récupérer des pieds en état de marche…

    On aura passé nos 4 premières nuits dans des camps, dont deux très sommairement équipés :
    - km 12 Twilight beach
    - km 40 Maunganui Bluff campsite
    - km 70 Hukatere
    - km 101 Ahipara

    La suite prochainement 😉
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  • J7, km 177, Blackbridge campsite

    21 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 19 °C

    Après la plage, nos pieds se retrouvent confrontés à la route et au bitume. Suite à la fermeture de la Herekino Forest afin de protéger les Kauri (arbres majestueux natifs de NZ) d’une maladie les décimant (Kauri Dieback disease), le chemin fait un détour par Kaitaia, notre point de départ 5 jours auparavant. Nous prenons toutefois notre courage à 2 mains pour nous lancer sur ces routes sur lesquelles les voitures roulent à 100 km/h et peinent à se déplacer au centre de la route pour nous laisser de la place. La prudence est donc de mise et nous passons notre temps à nous protéger dans les bas-côtés, surtout lorsque des camions arrivent en face de nous! La plupart des hikers préfèrent d’ailleurs faire de l’auto-stop pour éviter ces sections de route, ce qui n’est pas notre cas.

    Après un après-midi et une soirée de repos à Kaitaia, nous reprenons la route, littéralement (!), pour rejoindre Broadwood. Cette étape est en partie hors du sentier officiel suite à la fermeture de la Raetea Forest à cause de plusieurs glissements de terrain survenus cet hiver. Nous traversons tout d’abord de nombreux pâturages où les vaches côtoient les palmiers. Nous entrons ensuite dans une zone de forêt qui nous offre un aperçu de la luxuriante végétation locale: un mélange de conifères, de feuillus, d’énormes fougères et de palmiers, une véritable jungle!

    Après Broadwood, une section de 20 km sur la route (heureusement peu fréquentée) nous amène à Mangamuka Bridge où nous reprenons le chemin officiel du TA. Enfin nous rejoignons la sublime Puketi Forest que nous traverserons le lendemain.

    A bientôt pour les prochaines nouvelles!
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  • J11, km 249, Paihia

    25 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 18 °C

    Après une grosse journée de 38 km, dont 20 sur route, pour atteindre le campement de Blackbridge, nous avons vécu une journée épique, aventureuse, et mystique de traversée de la Puketi Forest: un chemin boueux à souhait pour atteindre une rivière, dont le lit constitue tout simplement le chemin à suivre sur 3 bons kilomètres 😀. Nous descendons donc en zigzaguant entre les rives et en marchant dans l’eau, qui nous montera jusqu’à mi-cuisses. Ensuite nous avançons très lentement sur un « sentier » parfois difficile à distinguer dans ce qu’on peut qualifier de jungle, passant fréquemment sous des troncs couchés, et que la boue rend très glissant. Nous passerons la soirée au camp de Puketi Forest, avec nos comparses habituels et de nouveaux randonneurs que nous « rattrapons ». Ambiance toujours très sympathique, et coucher toujours vers 20h, quand la nuit tombe 😴.

    Après cette journée éreintante mais magnifique, passée les pieds mouillés - je passe le détail des amas de compeed et de boue qu’on retrouvera dans nos chaussettes… - nous enchaînerons sur deux sections plus faciles. La première en traversant des pâturages à vaches bordés de palmiers, ce qui paraît assez surréaliste pour les suisses que nous sommes 🙃. Puis en longeant une rivière jusqu’au cœur de la ville de Kerikeri, où nous croiserons les premiers « touristes », dont les parfums nous agressent les narines, mais certainement pas autant que notre propre odeur pour eux! Soirée au camping au cœur de la ville, avec bières et pizza, toujours dans un groupe à géométrie assez peu variable.

    Le lendemain nous marcherons jusqu’à Paihia, par des chemins faciles et des forêts exploitées, et atteindrons donc la côte Est et l’océan Pacifique! Après un restaurant bien mérité, nous faisons ce mardi 25.10 ce que l’on nomme un « zero day », soit une journée sans marche (« 0 km »). Au programme: repos, douche, lessive, achats de nourriture pour les prochains jours, planification et renseignement sur les étapes possibles. De telles recherches s’avèrent nécessaires car le nombre de hikers est très élevé cette année (3’000 au total 😮 selon un article de presse, en contraste avec les 1’200 de 2019, soit pré-Covid), mais également parce que le camping sauvage n’est pas possible dans la région, et que les camps et auberges sont rares et souvent de taille modeste.

    Voici les étapes réalisées depuis Ahipara:
    - km 115 Kaitaia
    - km 138 Broadwood
    - km 177 Blackbridge
    - km 197 Puketi Forest
    - km 224 Kerikeri
    - km 249 Paihia
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  • J14, km 327, Whananaki

    28 октября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ 🌬 20 °C

    Après un jour de repos bien mérité à Paihia, nous nous réveillons à l’aube pour un démarrage de journée un peu spécial car les premiers kilomètres du jour se font en kayak entre Paihia et Waikare. En effet, suite à des fermetures de forêts pour protéger les Kauri, le trail traverse un estuaire pour rejoindre une route 15km plus loin.

    Le départ se fait vers 6h du matin pour profiter de la marée haute, nous permettant ainsi d’arriver à destination au milieu des mangroves. C’était une traversée magnifique au lever du soleil avec une eau très calme. Quel bonheur d’avancer tout en reposant nos jambes 🙂.

    La suite du chemin que nous empruntons l’après-midi et durant les jours suivants comporte de nombreuses routes en gravier ou en asphalte sans grand intérêt, bordées de fermes et de vieilles carcasses de voitures abandonnées par-ci et par-là. Heureusement que la végétation qui borde les routes et les points de vue sur la côte nous offrent de beaux spectacles.

    Nous passerons d’ailleurs une nuit dans une ferme communautaire appelée « The Farm » où nous nous retrouvons avec plusieurs hikers et de nombreux chiens qui appartiennent aux différents résidents du lieu.

    Heureusement, une forêt reste encore accessible et nous avons le bonheur de suivre l’Helena Ridge Track, un chemin de crête au milieu d’une jungle luxuriante. Vu qu’il n’a pas plus ces derniers jours, nous gravissons cette crête les pieds secs et sans boue.

    C’est d’ailleurs ce jour là que nous dépassons la barre des 300 km, soit 10% de notre marche 😀.

    Nous arrivons finalement à Whananaki au bord de l’océan après avoir longé une route sur près de 20 km via une énième déviation à cause d’une forêt dont l’accès est bloqué.

    Voici les étapes réalisées depuis Paihia:
    - km 286 The Farm
    - km 311 Helena Ridge Track
    - km 327 Whananaki

    A bientôt pour la suite 😊
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  • J19, km 450, Mangawhai Heads

    2 ноября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ⛅ 21 °C

    Depuis Whananaki, notre chemin serpente le long de la côte Est, passant sur des plages, des collines et des falaises rocheuses, et parcourant des mangroves et des estuaires. Nous aurons d’ailleurs traversé plusieurs de ces derniers, en devant planifier à l’avance sur la base des marées afin d’éviter de nous immerger - avec notre sac - complètement dans l’eau. On aura également pris nos premières navettes/bateaux pour les plus grands estuaires, tel que prévu dans le trail.
    Quelques forêts (jungle…), parfois boueuses, étaient également au rendez-vous. Autant dire que nos pieds ont rarement été secs ces derniers jours, comme depuis le début du périple.

    Un des passages marquants, et épuisant, aura été le franchissement du Bream Head Track, lors d’une première journée dépassant les 1’000 m de dénivelé: imaginez une petite montagne couverte de végétation très dense, où le chemin est couvert de racines et de boue, et où, classique néo-zélandais, le chemin monte tout droit, sans zigzags, avec des pentes insensées… Heureusement la vue sera une magnifique récompense!

    Les sections de route se font plus rares, pour notre grand bonheur. En outre, voir des centaines (sans exagérer) de possums écrasés ne nous manque pas particulièrement!

    La météo, toujours assez changeante, nous aura été favorable, avec surtout des températures qui deviennent clairement estivales. On en aura d’ailleurs profité pour nager dans l’océan! 😀

    Le seul jour vraiment maussade, nous l’aurons rapidement abrégé - surtout pour une question de marée et de franchissement d’estuaire - dans un camping désert, ou presque. Au vu des conditions météo, on se réjouissait de se prélasser dans l’habituelle salle commune de repos du camping. Dommage: un touriste allemand voyageant en voiture a estimé qu’il pouvait y élire domicile et dormir presque toute la journée sur le seul canapé… D’un autre côté ce camping aura été la preuve de la gentillesse des kiwis: la tenancière, absente à notre arrivée, nous aura mis de côté plusieurs pièces de 50 centimes pour s’assurer qu’on puisse profiter d’une bonne douche chaude. Sans compter qu’il aura été impossible de la rembourser! On peut douter qu’en Suisse ce genre d’attention soit fréquente. L’accueil des locaux ne cesse de nous émerveiller.

    Sinon dans la série des anecdotes improbables, on a croisé l’équipe nationale NZ féminine de rugby qui s’entraînait sur le terrain du petit village de Ngunguru avant d’aller disputer le soir même…les 1/4 de finales de la coupe du monde! 🙃

    Nous allons toujours très bien, fatigués par moment (en fait assez souvent…😆), mais heureux. Les cloques font partie du passé, et la tendinite du genou de Marc n’est bientôt plus qu’un mauvais souvenir.

    En termes « sociaux », notre groupe de départ s’est gentiment séparé au gré des envies et des besoins de jours de repos (nous en prenons un actuellement à Mangawhai Heads). Cela nous permet d’être un peu plus seuls et surtout de rencontrer de nouveaux hikers.

    Les jours prochains continueront de nous mener par la côte en direction d’Auckland, que nous devrions atteindre mercredi 09.11.

    Finalement, on profite de vous remercier pour vos pensées et vos messages via les différents canaux, ça nous touche et nous encourage beaucoup!

    Voici les étapes réalisées depuis Whananki:
    - km 353 Ngunguru
    - km 366 Pataua
    - km 393 Whangārei Heads
    - km 426 Waipu Cove
    - km 450 Mangawhai Heads
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  • J26, km 598, Auckland

    9 ноября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 20 °C

    Nous voici arrivés à Auckland, km ~600 du TA, soit 1/5 du trail 😀. Quelle émotion de retrouver la ville que nous avions quittée un peu moins d’un mois plus tôt. Cela paraît si loin et en même temps si proche…

    Mais pour y arriver, nous avons eu plusieurs grosses journées, tant en terme de durée que de distance. Lors du dernier post, nous étions à Mangawhai Heads où nous prenions un jour de repos très apprécié. Nous avons ensuite longé une nouvelle plage sur plusieurs kilomètres pour rejoindre Pakiri avant une journée de plus de 12h de marche à travers des forêts escarpées et boueuses. Après plus de 1’500m de dénivelé positif, nous sommes arrivés tardivement à un petit campement au Dome café, ancien café dorénavant fermé mais qui reste accessible aux hikers pour qu’ils puissent y planter leurs tentes et remplir leurs gourdes.

    Après cette journée éreintante, une nouvelle longue étape, bien que sur des chemins plus faciles, nous a permis de rejoindre Puhoi, où une chambre d’hôtel nous attendait. Le vrai luxe! Puhoi abrite un des plus vieux pub de NZ et de nombreuses personnes/motards s’y rendent le week-end pour y écouter de la musique et boire des bières. C’est donc dans cette ambiance très américaine que nous nous sommes repus d’une bonne pinte et d’un burger 😋.

    Pour rejoindre à nouveau la côte, nous avons démarré la journée suivante par une descente en kayak le long de la Puhoi River avant d’arriver dans l’estuaire de Wenderholm. On nous avait averti qu’il y aurait un “petit vent de face” dans l’estuaire, mais nous avons dû pagayer contre de grosses rafales et des vagues nous arrosant jusqu’à l’arrivée. La journée s’est terminée à Orewa après avoir longé la côte au pied des falaises.
    Un des hikers avec qui on marchait y a fait une méchante chute sur les rochers, perdant momentanément conscience et nous occasionnant une belle frayeur. Heureusement, une autre randonneuse secouriste de profession (!) nous a rejoint peu de temps après, et a pu s’assurer que le malheureux ne s’était rien cassé. Nous nous sommes ensuite répartis le poids de son sac à dos pour le reste de l’étape du jour. Au final, plus de peur que de mal: il ne gardera que quelques bleus en souvenir. Cela aura aussi été l’occasion d’un fou rire, lorsque Vincent racontera par la suite l’accident à d’autres hikers en mentionnant par erreur en anglais que le randonneur ayant chuté était “passed away” (décédé) au lieu de “passed out” (tombé dans les pommes)…!
    Plus sérieusement, cet événement aura aussi été un rappel qu’une chute est vite arrivée. On a d’ailleurs rencontré récemment un marcheur parti bien avant nous qui avait dû être héliporté depuis la dense Puketi Forest, à la suite d’une chute lui ayant disloqué l’épaule. Il a repris le trail après 2 semaines de repos 😬.

    Nous nous sommes ensuite approchés d’Auckland et le paysage est devenu de plus en plus urbain. Mais avant d’arriver dans la banlieue nord d’Auckland, nous avons dû encore traverser un estuaire dont l’eau arrive à la taille à marée basse! Nous avons donc porté nos sacs en dessus de nos têtes afin de rejoindre la rive opposée détrempés par l’eau de mer et par la pluie… Le chemin s’est ensuite poursuivi en bord de mer à travers les quartiers chics du nord d’Auckland, nous permettant d’observer les maisons cossues qui dominent l’océan. C’est finalement mouillés jusqu’aux os par la journée de pluie et avec 40km dans les jambes que nous sommes arrivés au camping de Takapuna. Et c’est toujours sous une pluie battante que nous avons dû monter la tente - heureusement, nous avons pu prendre une douche chaude pour nous réchauffer.

    Nous avons finalement rejoint le centre ville d’Auckland le lendemain où nous restons actuellement 3 nuits pour nous reposer et faire quelques achats. Un passage chez le coiffeur/barbier est également prévu au programme 😉.

    Voici les étapes réalisées depuis Mangawhai Heads:
    - km 476 Pakiri
    - km 502 Dome Café
    - km 529 Puhoi
    - km 548 Orewa
    - km 586 Takapuna
    - km 598 Auckland

    N. B. Les kilomètres mentionnés ci-dessus sont ceux du parcours officiel du Te Araroa sans prendre en considération les différents détours (forêts fermées, travaux, etc.). En réalité, nous avons à ce jour parcouru un total de 654 kilomètres (dont 22 km en kayak) selon les relevés GPS de la montre de Marc.
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  • J35, km 772, Hamilton

    18 ноября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ 🌧 19 °C

    C’est avec bonheur que nous sommes parvenus à Hamilton, après une section depuis Auckland qui, on ne va pas se mentir, n’était le plus souvent pas des plus passionnantes. La raison en est une part importante de « road walking » (marche sur route). Quelques belles surprises nous auront cependant permis de garder le sourire et de nous sentir toujours autant à notre place.

    Hamilton représente symboliquement le passage du 25% de notre marche. Autre symbole, en terme démographique, cette ville scinde le pays en deux: la moitié des habitants vivent au Nord de Hamilton, et ce en considérant les deux îles! De quoi s’attendre à une densité de population de plus en plus faible pour la suite de notre marche.

    La marche des derniers jours peut être résumée par :
    - Une traversée de la banlieue Sud d’Auckland en passant par les anciens volcans que sont le Mt Eden et le One Tree Hill. La première journée nous aura mené du centre de la ville jusqu’à l’aéroport, sur 34 km. Comme aucune possibilité de logement raisonnable n’était disponible, nous avons pris un Uber jusqu’à Takinini, 17 km plus loin sur le trail, où une trail angel nous a hébergé, avant de….refaire le chemin inverse en Uber le lendemain matin, pour nous assurer de ne pas sauter une partie du parcours. Partie de parcours faite de routes principalement…
    - Un itinéraire le long de zones suburbaines et industrielles de Manukau, Manurewa, et Papakura.
    - La traversée de zones de plus en plus rurales, et de beaucoup de pâturages à vaches ou moutons.
    - Une marche le long de la Waikato river, dans une zone riche en histoire ; d’âpres batailles entre les maoris et les anglais se sont déroulées dans cette région.
    - Le franchissement de l’Hakarimata range, une crête montagneuse suivie sur quelques kilomètres où, à nouveau, une forêt dense, boueuse, et torturée nous a offert une vision magique du combat pour l’accès à la lumière que se mènent les végétaux. On a également pu y voir un antique kauri de 1’000 ans. Malgré cet âge respectable, il n’est qu’à la moitié de son espérance de vie, si les hommes et le climat le lui permettent.
    - Une « balade du dimanche » le long de la Waikato river jusqu’à Hamilton.

    Après un début d’étape marqué par de longues journées de plus de 30 km, on a réduit notre allure ces derniers jours, notamment pour des questions de distance entre les lieux où dormir, de météo, mais en partie aussi pour reposer nos corps car nous ne ferons pas de « zero day » avant 5-6 jours supplémentaires.

    Trail angels
    Dans cette région relativement peuplée mais avec peu de sites pour camper, nous aurons profité d’une solution parfaite pour nous loger à plusieurs reprises: les trail angels. Il s’agit de personnes qui offrent un service ou, plus généralement, hébergent des randonneurs du TA chez eux. Les échanges avec elles et eux et leur l’hospitalité nous auront marqués:
    - Chez une famille Maori, où on plantera la tente dans le jardin, on nous donnera un accès complet à la maison après seulement quelques secondes de discussion. De plus, la famille ayant vraisemblablement des revenus modestes, il nous paraissait évident qu’une participation financière était attendue, ne serait-ce que pour le service (lavage du linge, douche,…). Et bien on aura dû insister à deux reprises pour laisser l’équivalent de 22.- pour deux…
    - Encore mieux, dans une famille (Brent et Suzanne) à Ramarama, où on recevra en plus un lit avec draps propres, barbercue complet et délicieux en famille le soir, un déjeuner le matin,… et en plus Brent nous déposera en voiture là où on avait quitté le trail! À nouveau, on aura presque dû insister pour laisser notre « koha », soit un don dans la culture kiwi. La foi régnant dans cette famille n’y est peut-être pas pour rien, mais leur générosité n’a pas de religion.
    - Bryan et Nola, deux personnes âgées de plus de 80 ans, sont sorties de leur maison et venues à notre rencontre alors qu’on marchait sous la pluie au bord de la route, pour nous proposer un café et des biscuits. On passera près d’une heure chez eux à en apprendre beaucoup sur leur vie et sur l’île du Sud qu’ils ont parcourue à plusieurs reprises.
    - Finalement nous aurons encore logé chez Kathy et sa famille, dans la banlieue de Hamilton, où on aura été tout autant choyés! Kathy est une collègue de notre amie Anna qui habite à Tauranga. Elle est venue nous chercher à Hamilton, nous a ouvert grand les portes de sa maison, et nous a nourris et hébergés avec une gentillesse sans nom! Un immense merci à elle!
    Ces rencontres sont évidemment aussi l’occasion d’avoir des discussions passionnantes sur la Nouvelle-Zélande comme sur moult autres sujets.

    Dans la série des anecdotes:
    - La pire nuit passée sur le trail peut être attribuée à notre arrêt à Mercer. On y aura monté notre tente sur la pelouse à côté d’un motel désaffecté, sur une aire d’autoroute, à 10 m d’une route (en plus de l’autoroute) fréquentée assidûment par des camions monstrueux, et près d’une gare ferroviaire. Le clou: une fête avec musique indienne se déroulera à 20 m de nous durant une bonne partie de la nuit.
    - En deuxième place de nuit…sonore, mentionnons celle passée également en bordure de route, lors d’une soirée sportive importante pour les locaux: la finale de la coupe du monde de Rugby féminin, qui se tenait à quelques kilomètres de là à Auckland avec 40’000 spectateurs. Et la NZ à remporté la coupe (les gagnantes sont les joueuses qu’on aura croisé dans un petit café à Ngunguru!), suivi plus tard dans la nuit d’une victoire importante en Europe de l’équipe de Samoa, dont de nombreux ressortissants peuplent la NZ. Autant dire que les klaxons et feux d’artifice nous auront accompagnés de 22:00 à 6:00!
    - On aura planté notre tente, à nouveau à côté d’un motel, à Ngaruawahia (on vous laisse imaginer la prononciation!), lors d’une journée orageuse où les précipitations intenses s’enchaînaient sans fin. Le jardin en question étant situé dans une cuvette, on aura eu fin nez de nous positionner au point le plus haut: plusieurs autres tentes se sont retrouvées en soirée inondées au milieu d’un petit lac après que l’évacuation des eaux soit saturée.
    - En approchant de Huntly, une sympathique Maori nous rattrapera en voiture pour nous avertir d’être prudents: la police a bouclé une partie du village à cause d’un homme armé… On passera à côté sans être inquiétés. Mais cet événement est révélateur d’un secteur où la pauvreté et la criminalité sont un peu plus élevés qu’ailleurs. Les kiwis que l’on rencontre nous répètent d’ailleurs inlassablement la même rengaine: faites attention, la sécurité n’est plus si bonne qu’elle ne l’était par le passé. On ne s’est en tout cas jamais sentis menacés à ce jour, et même les petits caïds de quartier nous offrent généralement des salutations souriantes!
    - Avant d’aller chez Kathy à Hamilton, on s’est rendus au Countdown local (l’équivalent kiwi de la Migros ou de la Coop), afin d’y effectuer notre réapprovisionnement, et d’y acheter une bouteille de vin rouge. Au moment de passer à la caisse, on exigera de nous deux, soit une carte d’identité NZ, soit un passeport original (pas une copie ou une photo!), afin de prouver qu’on est majeurs. Autant dire que nos grosses barbes ont été choquées par une telle requête!

    Voici les étapes réalisées depuis Auckland :
    - km 630 Auckland airport
    - km 664 Ramarama
    - km 695 Mercer
    - km 721 Rangiriri
    - km 737 / 732 (mise à jour des cartes) Huntly
    - km 751 Ngaruawahia
    - km 772 Hamilton
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  • J41, km 882, Te Kuiti

    24 ноября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ 🌬 16 °C

    Le parcours depuis Hamilton le long de routes rurales aura surtout été marqué par la traversée d’un bel arboretum, qui nous mènera après quelques kilomètres chez une famille de trail angels à Whatawhata - juste en face d’un domaine privé nommé… « Interlaken »! Pour une modique somme, on pourra y dormir dans une annexe construite exprès pour l’accueil des randonneurs. On aurait même pu prendre un jacuzzi dans leur jardin, mais comme ils étaient attablés juste devant à discuter avec leur voisine, ça nous aurait paru…un peu étrange!
    La petite journée du lendemain nous amènera rapidement jusqu’au camp de base du Pirongia, de quoi y faire une sieste et se reposer en vue de la grosse journée du lendemain.

    Une journée boueuse et épique
    Après une nuit orageuse, un réveil à 4:45, et un départ à 6:00, on entamera l’ascension du Pirongia, dont le sommet culmine à près de 1’000 m d’altitude, par un chemin facile et dans une ambiance magique au milieu d’une luxuriante forêt. Les oiseaux accompagneront nos pas, et la brume rendra l’atmosphère irréelle. Avec l’altitude, le vent se lèvera et deviendra tempétueux jusqu’au sommet. Des pluies intenses se mettront également à nous arroser copieusement. La cabane au sommet nous permettra de nous mettre à l’abri pour un repas de midi à 10:45… Comme attendu, sur la base des infos que nous avions, la partie ardue commencera avec la descente. Le chemin se fera tortueux au possible, et surtout boueux: on y rencontrera des « puits de boues » dans lesquels on s’enfoncera presque jusqu’aux cuisses, et entre lesquels des racines glissantes serpenteront. La descente durera 3h30 pour une distance de 4 km. On aura donc fait du 1.1 km/h… La sortie de forêt nous apportera un soulagement de courte durée: même si le tracé deviendra une route en gravier, les vents puissants et les pluies torrentielles nous glaceront et nous mouilleront même sous nos meilleures couches étanches. L’eau s’infiltrera jusque dans nos sacs pourtant bien protégés.

    On finira la journée avec bonheur chez Jo, une trail angel de la première heure qui exploite sa ferme seule, et nous cuisinera un repas délicieux fait à base de ses propres produits. Le déjeuner sera autant copieux avec des œufs de canards en bonus! On aura également de passionnantes discussions avec elle et avec Jean-Francois, un randonneur québécois autant sympathique qu’intéressant, sur la production de proximité / les circuits courts, et les contraintes administratives auxquelles une exploitation fermière est confrontée.

    La journée suivante, qui nous mènera à Waitomo, aura été marquée par des pluies à nouveau très abondantes, un orage monstrueux, et par une traversée de rivière…chanceuse. Effectivement, on aura franchi cette rivière en début d’orage, avec de l’eau jusqu’au genou, alors que des hikers passant plus tard nous raconteront avoir dû patienter 5 heures sur place afin que le niveau baisse.

    La dernière journée nous ayant mené à Te Kuiti, où nous passons actuellement un « zero day » (le premier jour sans marcher depuis Auckland), se fera à travers des pâturages mal balisés et inondés par les pluies, et de petits bush et forêts très glissants.

    Vous l’aurez compris, la pluie est particulièrement importante ces derniers jours. De nombreux glissements de terrains et inondations affectent de grandes zones de l’île du Nord. Ceci pourrait affecter nos plans: plusieurs sections de marche à venir sont (temporairement) fermées pour les raisons invoquées. Déjà demain, nous marcherons le long d’une rivière sur un chemin qui pourrait s’avérer impraticable. Qui vivra verra…

    Voici les étapes réalisées depuis Hamilton :
    - km 790 Whatawhata
    - km 810 Kaniwhaniwha
    - km 834 Te Rauamoa
    - km 868 Waitomo
    - km 882 Te Kuiti
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  • J47, km 1’042, Taumarunui

    30 ноября 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 18 °C

    Depuis Te Kuiti nous avons passé plusieurs jours dans la nature, sans ravitaillement, le plus souvent sans réseau, et à dormir exclusivement sous tente, ce qui nous a fait grand bien!

    Au départ de Te Kuiti, nous avons tenté avec succès la journée de marche le long de la rivière Mangaokewa en crue, dont le niveau était cependant encore élevé et très proche du sentier. Cette journée nous aura mené sur des pentes glissantes mais belles et sauvages, sur un chemin peu entretenu.
    Le jour suivant nous avons parcouru des routes en gravier puis en dur jusqu’à Pureora, qui correspond au point de départ du Timber trail.

    Le Timber trail, que nous avons traversé en 2.5 jours, est un magnifique et facile sentier, avec d’impressionnants ponts suspendus, que beaucoup de personnes parcourent à VTT. Il serpente dans une forêt parfois encore primaire (non exploitée), et sinon en pleine repousse. Effectivement, cette grande forêt a été le théâtre de grandes coupes de bois dès le 19ème siècle, moyennant des petites lignes de train construites en milieu difficile (dénivelé, boue et forêt dense).

    Au niveau géologique les collines sont constituées d’ignimbrite recouverte par d’importantes couches de tuf volcanique, cette roche poreuse qui flotte dans l’eau. Ces formations sont issues des coulées pyroclastiques provenant des méga-éruptions ayant généré par effondrement le lac Taupo, le plus grand lac de Nouvelle-Zélande, situé 50 km à l’Est.

    On en apprendra également plus sur la faune: il faut savoir qu’avant l’arrivée des premiers maoris, puis surtout des premiers colons anglais, les seuls mammifères de Nouvelle-Zélande étaient deux espèces de chauve-souris. Les humains auront ensuite importé par mégarde, pour l’élevage, ou « parce qu’ils étaient nostalgiques de l’Angleterre » (!), un grand nombre d’espèces désormais considérées comme invasives car ravageuses (« pest » en anglais). C’est d’ailleurs un fait que leur présence a déjà engendré l’extinction de dizaines d’espèces d’oiseaux « non-volants ». Ainsi la gentillesse des néo-zélandais n’a d’équivalent en intensité que leur haine envers ces espèces, et en premier lieu les possums. Ici vous pouvez tomber sur une dame âgée souriante et bienveillante, qui vous expliquera avec aplomb que lorsqu’elle voit un possum sur la route, elle accélère pour ne pas le rater. Les autres ravageurs sont notamment les rats, les chats, les fouines, les lapins, les chèvres et les sangliers. Par conséquent ici les chasseurs sont vus en premier lieu comme de bénéfiques régulateurs, et n’ont pas cette image négative qu’ils peuvent avoir chez nous. A noter finalement que les pins sont aussi considérés comme néfastes car ils acidifient les sols. « Oh we hate them!! » entendra-t-on d’une gentille dame grimaçante.

    Après le Timber trail, nous avons rejoint Taumarunui, où nous passons deux jours de repos et surtout de ravitaillement et de planification. Les pluies diluviennes ont induites de nombreux glissements de terrain, dont un de 150 m de large, sur la « 42 traverse », le chemin devant nous mener jusqu’au Tongariro Crossing. Ce dernier est également fréquemment fermé ces jours - il a été récemment recouvert de neige. Puis la descente de rivière (Whanganui river) devant succéder à ces étapes est toujours impossible à cause d’une crue persistante. Donc nous étudions différents scénarios en échangeant avec les locaux et les autres hikers. Mais nous restons positifs et optimistes! En outre si le temps le permet on devrait bel et bien pouvoir traverser le Tongariro avec notre amie Anna dimanche prochain, ce dont on se réjouit beaucoup!

    Et pour être clair: malgré les aléas surtout de la météo, on est toujours complètement enchantés d’être ici, et le moral est toujours au beau fixe!

    Anecdotes:
    - Cette anecdote est un oubli du dernier post. Lorsque nous étions chez Jo la trail angel, nous avons eu la possibilité de nous cuisiner un déjeuner riche avec les produits de la ferme. C’est ainsi au matin que Jean-Francois, le randonneur québécois, s’est exclamé avec enthousiasme :
    • « Tiens, j’vais m’faire un œuf dans l’trou »
    • Nous: « ?!?!…pardon un quoi? »
    • « Vous connaissez pas? »
    • « Non… »
    • «  Tu découpes un trou dans un toast que tu poses dans une poêle, tu casses un œuf et le mets dans le trou du toast, et tu cuis le tout : un œuf dans le trou quoi! »
    On en apprend tous les jours, même dans notre propre langue! En tout cas ça nous aura bien fait rire.
    - Le Timber trail aura marqué le passage symbolique des 1’000 km! Nos chaussures commencent d’ailleurs à montrer des signes de faiblesse ayant nécessité un peu de couture… avec du fil dentaire. Et oui, passer une simple aiguille dans une semelle en caoutchouc n’est pas facile, mais pas impossible!
    - On a réalisé quelques grandes étapes ces derniers jours, dont 2x 42 km avec quelques détours réalisés.

    Voici les étapes réalisées depuis Te Kuiti :
    - km 902 Mangaokewa
    - km 940 Pureora
    - km 976 Piropiro
    - km 1’000 Camp #10
    - km 1’042 Taumarunui
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  • J53, km 1’164, National Park

    6 декабря 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 18 °C

    Au départ du village de Taumarunui, nous n’aurons marché que quelques kilomètres afin d’atteindre le camp de base de la compagnie de location de canoës. Nous effectuerons préalablement des achats…massifs et « compliqués » au supermarché pour notre ravitaillement : 5 jours de marche + 6 jours de canoës. Heureusement on pourra laisser nos achats « pour la descente en canoë », qui se fera dès le 09.12, à la société de location. Le jour suivant nous marcherons jusqu’à Owhango puis devrons, faute d’alternative raisonnable au chemin de la « 42 traverse » (fermé pour cause de multiples glissements de terrain), prendre un bus puis faire de l’auto-stop pour atteindre le parc national du Tongariro. C’est la première fois que l’on passe une section (~40 km) du TA sans marcher. Nous nous rattraperons les jours suivants avec des excursions supplémentaires dans le parc du Tongariro.

    On vous évite les détails des différents trajets empruntés, on peut cependant résumer en précisant qu’on aura réalisé tout le parcours du Te Araroa dans le parc, et effectué deux excursions « hors TA » (Tama Lakes et Silica rapids).

    Nos journées de marche dans ce parc volcanique ont été simplement sublimes. Ce parc très connu - et touristique - abrite deux volcans actifs, le Ruapehu et le Tongariro. Ce dernier est un complexe de différents cratères, dont certains contiennent désormais des lacs de couleur émeraude, et du cône volcanique « Ngauruhoe ». Celui-ci est le fameux « Mt Doom » dans la trilogie de films du Seigneur des Anneaux. Les volcans auront été les lieux de tournage de plusieurs scènes. On visitera notamment la « Gollum’s pool » durant notre séjour.

    Le clou du spectacle aura été sans aucun doute la fameuse traversée « Tongariro crossing », qui offre les meilleures vues sur les cratères du Tongariro, passe sur le flanc du Ngauruhoe et près de fumerolles sulfureuses. Après un réveil sous tente à 4h30 par ~3 degrés (on a dormi à plus de 1’000 m d’altitude), on marchera quelques heures pour rejoindre, avec émotion et un immense plaisir, notre amie Anna qui effectuera la traversée avec nous! Cerise sur le gâteau, la journée aura été la plus ensoleillée que nous aurons vue depuis longtemps! Après cette sublime traversée on passera encore la soirée avec Anna au Skotel, l’hôtel à « l’altitude la plus élevée » de Nouvelle-Zélande, comme nous l’apprendra le réceptionniste. A 1 ‘150 msm, il n’a cependant pas de quoi rendre jaloux certains établissements valaisans!

    On aura donc passé de magnifiques moments en compagnie d’Anna qui nous déposera sur le trail le lendemain, non sans nous avoir donné préalablement les cartons de ravitaillement qu’on lui avait laissé. On aura ainsi pu, enfin, changer nos chaussures usées et déformées (après un total de 1’200 km selon la montre Garmin de Marc). L’occasion également de prendre nos nouvelles chaussettes ; merci encore Guillaume pour les fameuses Darn Tough!
    Donc un très grand merci à Anna pour sa présence et son soutien!

    Les deux jours prochains nous marcherons en direction de Whakahoro, où on démarrera le vendredi 09.12 une partie dont on se réjouit particulièrement: les 5-6 jours de descente sur rivière en canoë jusqu’à Whanganui.

    Voici les étapes réalisées depuis Taumarunui:
    - km 1’047 Taumarunui « canoe camp »
    - km 1’070 Owhango
    - km 1’109 Tongariro holiday park
    - km 1’134 Mangatepopo
    - km 1’143 Whakapapa
    - km 1’164 National Park village
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  • J61, Whanganui, km 1’373

    14 декабря 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☁️ 21 °C

    Nous aurons transité depuis le parc national du Tongariro en passant sur des chemins assez faciles et agréables, et en nous arrêtant notamment pour planter notre tente dans le grand jardin de Sharon et Roger, avec une quinzaine d’autres hikers. Sharon est une trail angel d’une générosité et d’un amour sans limite pour « ses hikers ». Les premières filles à arriver au camp auront été réquisitionnées pour regarder avec elle un film de Noël dans le salon familial. On aura ensuite pu participer à la confection du repas (surtout Marc!) et boire du blanc! Le tout dans un appartement complètement surchargé de décorations de Noël kitsch à souhait. La soirée et le déjeuner auront été emplis de discussions et de bienveillance. On recevra finalement un gros câlin de sa part au départ. Merci Sharon, de prendre si soin de tes poussins marcheurs!

    Après une petite journée de marche, nous arriverons enfin à Whakahoro, point de départ de notre aventure en canoë. Une petite parenthèse de 170 km! La météo a été suffisamment bonne les jours précédents pour que le niveau de la rivière reste sous le seuil d’alerte, ce qui nous permettra de partir comme prévu le lendemain. Comme les départs avec la principale compagnie de location se font tous les deux jours, le nombre de TA hikers est assez élevé (plus d’une vingtaine), avec de surcroît des « non-randonneurs » qui réalisent cette descente indépendamment. Ceci n’enlèvera en rien la bonne humeur et la super ambiance, et ne nous empêchera pas de parcourir certains segments de rivière en étant seuls au monde pendant plusieurs heures.

    La rivière Whanganui prend sa source près du mythique volcan Tongariro, que nous avons parcouru récemment. Elle a la particularité d’être dotée par le gouvernement néo-zélandais d’une personnalité juridique, et peut être défendue par des avocats en tant que tel. Sa reconnaissance étatique en tant « qu’être vivant unique » est liée à l’importance qu’elle revêt pour les Maori, que ce soit en termes spirituels, historiques, ou culturels.
    Durant notre descente, nous aurons pu profiter de ses rives sauvages, de falaises couvertes de végétation donnant sur la forêt subtropicale la bordant. La plupart du temps un léger courant nous aidera à avancer, et quelques rapides parfois sportifs nous auront permis d’apprendre à dompter notre embarcation! On aura pu mettre en application la règle à la fois si simple et si importante pour les novices que nous sommes: « follow the V », soit « suivez le V » que la surface de la rivière forme à l’approche de rapides.
    Dans d’autres sections, notamment en arrivant près de l’océan, nous auront dû pagayer assez fort, en outre pour compenser un vent de face.

    Les nuitées se feront sous tente dans des camps avec aménagement minimal, avec chaque fois tout de même un petit couvert et des toilettes sèches. Le mythique camp de Flying Fox, relié à la civilisation par une tyrolienne par dessus la rivière, nous offrira même une douche bienvenue. Comme le canoë porte à la place de notre dos le poids de notre chargement, bien au sec dans des barils étanches, on aura également pu profiter de manger mieux, dont des légumes, et de boire un peu de vin qu’on aura transporté.

    Le rythme des journées aura été différent, nos jambes se seront bien reposées, et on aura adoré du début à la fin ce voyage dans le voyage, au fil de l’eau, sans réseau et sans autre sollicitation que les discussions avec nos amis marcheurs, et le champ des nombreux oiseaux.

    On aura eu l’occasion de rencontrer, parmi d’autres randonneurs, Tom Boerman, un hollandais qui a comme projet fou d’être le premier humain (connu) à traverser à pied tous les continents! A ce jour il a déjà parcouru en partie l’Europe, les États-Unis, l’Australie, etc., et a été interviewé par plusieurs TV dont ABC. Tom avait déjà marché l’entier du Te Araroa, mais a décidé de le refaire, puisque la première fois cela ne faisait pas encore partie de son projet…!! Voici son site internet (qui ne marche pas au moment de notre publication…) : http://www.iwalkaroundtheworld.com.

    On aura finalement parcouru le fleuve en 4 jours au lieu de 5, en doublant les deux courtes dernières étapes en une seule de 53 km. Ceci principalement pour des questions de timing avec la marée descendante à l’approche de Whanganui. A noter que les kilomètres officiels du TA sont calés sur une partie de section comprenant de la marche, fermée actuellement. On aura in fine effectué 173 km de canoë.

    La météo nous aura été vraiment bénéfique, avec des pluies surtout la nuit, qui se sont presque systématiquement arrêtées lors de notre réveil et nous épargneront sur presque l’entier du trajet!

    A notre arrivée à Whanganui, on dormira au Holiday Park (camping) où on se fera harceler par un gang de canards dont l’addiction aux chips leur fera nous pincer les pieds pour obtenir leur dose.

    Nous passons actuellement un jour de repos en ville dans un très joli et vieux Bed & Breakfast. Le climat est à présent clairement estival - au contraire de la Suisse selon les informations qu’on reçoit! - avec des températures en journée de 24-27 degrés, et des orages éclatant par moment.

    On se sent toujours autant ravis, heureux et privilégiés de pouvoir profiter d’un tel voyage. On pense fort à vous toutes et tous en cette période de fête qui approche. Ici, les sapins en plastiques couverts de fausse neige peinent à nous mettre dans l’ambiance.

    Les jours prochains, nous renfilerons nos chaussures, désormais équipées de semelles spéciales pour amoindrir quelques douleurs plantaires qui, pour nous deux, commençaient à devenir gênantes. Nous reprendrons donc notre marche en direction du Sud, avec en ligne de mire Palmerston North, les montagnes Tararua range (réputées difficiles), puis enfin Wellington, à l’extrémité Sud de l’île de Nord. Selon notre estimation nous devrions y parvenir le 30 ou le 31.12. Finir l’île du Nord en même temps que l’année 2022, tout un symbole!

    On vous embrasse fort, portez-vous bien.

    Voici les étapes réalisées depuis National Park:
    - km 1’191 Kaitieke war memorial
    - km 1’216 Whakahoro
    - km 1’245 John Coull (canoë)
    - km 1’275 Ngaporo (canoë)
    - km 1’314 Flying Fox (canoë)
    - km 1’368 Whanganui holiday park (canoë)
    - km 1’373 Whanganui
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  • J66, km 1’484, Palmerston North

    19 декабря 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ⛅ 22 °C

    La section de marche entre Whanganui et Palmerston North, où nous nous trouvons actuellement, aura surtout été marquée par nos retrouvailles avec la mer de Tasmanie, le long d’une plage sublime de sable noir jonchée de troncs. Les courants marins y font s’échouer de nombreux arbres morts et fragments de bois rejetés par la rivière Whanganui. Le décor était sublime, avec un ciel nuageux, les embruns de l’océan, le sable noir et les morceaux de bois flottés, donnant une atmosphère sombre mais grandiose. La vidéo produite a d’ailleurs volontairement une ambiance un peu dramatique - pour ne pas dire sinistre - qui, on vous rassure, correspond au décor mais ne traduit pas notre état d’esprit! 😄
    Sur cette plage on aura bien pensé à Alice : tu aurais pu venir ici avec un semi-remorque faire un stock de bois flotté pour tes trombines!

    En dehors de la plage, nous aurons surtout marché sur ce bon vieux revêtement bitumineux, avec au moins un traffic peu dense la plupart du temps. Pour vous donner une idée, sur les derniers 115 km parcourus, seuls 30 se sont faits hors route… Heureusement, de telles portions de route devraient devenir rares sur le solde de l’île du Nord, puis surtout sur l’île du Sud.
    Les deux grosses sections de marche sur route en zone rurale auront été marquées par un certain contraste météorologique: le premier jour, le bitume, chauffé sous le violent soleil néo-zélandais, fondra et viendra se coller sous nos semelles, alors que le deuxième jour, la pluie constante nous détrempera jusque sous nous couches étanches…

    Deux belles rencontres viendront rompre la monotonie du bitume : une dame âgée nous offrira de magnifiques et délicieux avocats fraîchement cueillis dans son jardin (oui ici les avocats poussent facilement!), et Shane et sa famille maori nous accueilleront spontanément chez eux pour un café/thé/fruits lors d’une averse abondante. En plus de discussions passionnantes sur la culture maori, on se fera proposer une douche! Difficile chez nous d’imaginer se faire accueillir pareillement, nous deux parfaits inconnus détrempés et…odorants, et se faire proposer un accueil si royal! Ici, on l’aura compris, c’est chose commune.

    On aura encore appris sur cette section à se méfier de l’extrême prudence que peuvent comporter certains témoignages concernant le trail : selon plusieurs sources, nous allions devoir traverser une rivière avec un fort courant (surtout après les pluies des derniers jours), juste à l’embouchure avec l’océan, et qui donc ne pouvait être franchie qu’à l’heure de la marée basse. Pour une question de timing on arrivera près de 3h avant cette marée basse, prêts à attendre, mais on constatera rapidement que le ruisseau n’a qu’un courant très modéré et que le niveau nous arrive au maximum à mi-cuisses…

    Les prochains jours nous nous attaquerons au Tararua Range, dont la crête est fréquemment balayée par des vents si forts qu’ils vous obligent à rebrousser chemin. On croise donc les doigts pour que le temps, toujours annoncé comme médiocre, s’améliore. On passera donc noël dans les montagnes, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
    On vous embrasse fort on vous souhaite un joyeux Noël!

    Voici les étapes réalisées depuis Whanganui :
    - km 1’407 Koitiata
    - km 1’440 Bulls
    - km 1’475 Palmerston North
    - km 1’484 Palmerston North
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  • J73, km 1’623, Waikanae

    26 декабря 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 24 °C

    Après Palmerston North, les derniers jours nous auront vu affronter les fameuses et parfois redoutées Tararua Ranges, qui constituent de réputation une des sections les plus ardues du Te Araroa. Il s’agit d’une chaîne montagneuse dont l’altitude maximale, relativement faible pour les suisses que nous sommes (on sera monté au plus haut à 1’462 msm), ne doit pas nous tromper : il s’agit d’un milieu hostile et quasi-alpin. Les difficultés que l’on peut y rencontrer tiennent à une météo qui peut changer très rapidement, et en particulier aux vents forts et aux fréquentes précipitations. Une bonne partie du chemin se faisant sur une crête tres exposée et parfois vertigineuse, les conditions auront fait rebrousser chemin à plusieurs de nos amis hikers partis les jours précédents.
    Nous aurons donc, à nouveau, été très chanceux puisque nous avons pu effectuer tout le parcours prévu. Le temps était certes souvent brumeux mais, notamment dans des forêts d’arbres recouverts de mousse, cela nous aura offert une ambiance magique. Ajoutez par moment la bande originale du Seigneur des Anneaux dans les oreilles, et le voyage devient fantastique!

    Nous aurons donc pu goûter aux difficultés du chemin et pouvons comprendre sa réputation : en permanence nous monterons ou descendrons (jusqu’à +1’600 m de dénivelé total par jour), parfois sur des pentes importantes, un tracé souvent boueux, avec de nombreuses racines glissantes, de la végétation dense (bush) recouvrant un étroit chemin creusé, des pierres instables, etc. Marc aura notamment fait une belle chute occasionnant plus de peur que de mal. Il en gardera un gros hématome sur la hanche et de belles éraflures. Une des conséquences de ces conditions: les distances parcourues par jour auront été parmi nos plus courtes, et pourtant nous arriverons fréquemment éreintés aux cabanes en fin de journées!

    Une autre difficulté était la nécessité de porter un stock de 8 jours de nourriture au départ de Palmerston North (7 + 1 jour de réserve). Autant vous dire que le poids de nos sacs était, en tout cas au début, vraiment pénible. Il faut dire que notre obsession à emporter du fromage, des sauces, des pommes, du pesto et du miel, n’a pas amélioré la situation! Au moins nous aurons pu profiter d’un peu de diversité dans nos plats.

    Comme il était impossible de planter la tente une fois les hauteurs atteintes (pas d’emplacement plat ou sans végétation), nous passerons nos nuits au sein même des Tararua dans de petites cabanes sommaires: pas d’électricité ni de gaz évidemment, un peu d’eau provenant de la récupération d’eau de pluie en toiture (trop peu pour nettoyer nos chaussures et nos jambes boueuses), et de simples “bunk beds”. Nous passerons par exemple la veille de Noël à la Nichols hut, prévue pour accueillir 6 personnes. Au final nous y serons 12! On se tassera sur les deux étages de lits. Deux personnes dormiront au sol. On aura bien ri et l’ambiance aura été extraordinaire! En bonus on passera une nuit excellente! En tout cas bien meilleure que la nuit précédente dans une cabane pourtant plus spacieuse, où un randonneur pas très malin et gigotant toute la nuit dormira sur son matelas gonflable extrêmement bruyant….(alors que des matelas étaient déjà en place).

    En sortant des Tararua, en plus d’être accueillis par un temps radieux, on campera au bord d’une magnifique rivière qui nous permettra de nous baigner et de dissoudre une partie de notre sueur. Le lendemain, après une ultime petite ascension, nous verrons pour la première fois, au loin, l’île du Sud!!

    Nous conclurons en réalisant des appels vidéos à nos familles lors de leurs repas de Noël. Que d’émotion et de contraste, alors qu’ici l’été s’est clairement installé! Ces appels nous auront permis de partager un peu de l’esprit de Noël.

    Au retour dans la civilisation, on atterrira finalement dans un motel comme on en a déjà fréquenté plusieurs: il s’agit d’archétypes comme on en voit dans les films américains, avec la place de parc en face de chaque chambre.

    Ces derniers jours, on aura passé passablement de temps avec d’autres hikers, parfois même la journée en marchant. On aura fait mieux connaissance avec notamment Jo, une kiwi extravertie, ouverte, et fondamentalement sympathique, qui nous en apprendra plus sur l’histoire du pays et les liens avec les maoris. On croisera aussi beaucoup de marcheurs qu’on avait déjà vu précédemment, et d’autres avec qui on fera connaissance. On parle dans ces longues randonnées de “Tramily” pour “trail family” (la famille du trail). Il s’agit des personnes que l’on côtoie durant notre marche. Certains se rencontrent et ne se quittent plus durant tout le trail, mais la plupart, comme nous, rencontrent et marchent en parallèle de plusieurs personnes qu’ils croisent et recroisent au hasard des étapes que chacune et chacun choisira de faire. C’est souvent avec émotion qu’on revoit certaines personnes que l’on n’a pas revues parfois depuis des semaines. L’aventure humaine est centrale dans une randonnée de longue distance comme le Te Araroa. Et il est possible que l’on se remémore, à futur, davantage des gens que des paysages.

    En résumé, par leur beauté brute, leur accès compliqué et les chemins étriqués, nous avons adoré traverser les Tararua. Le côté sauvage et isolé de ces montagnes, et les dénivelés, nous ont permis d’avoir un aperçu de ce que sera l’île du Sud, que l’on se réjouit d’atteindre!

    Mentionnons encore que l’entrée des Tararua aura été l’occasion de franchir le cap symbolique des 1’500 km, soit la moitié du trail! Le temps et les distances passent si vite!

    Les prochains jours nous marcherons le long de la côte pour atteindre, enfin, Wellington. Notre plan initial devrait se concrétiser: nous marcherons le dernier jour de l’an sur les derniers kilomètres de l’île du Nord.

    Voici les étapes réalisées depuis Palmerston North :
    - km 1’515 Moturimu whare
    - km 1’529 Tokomaru shelter
    - km 1’547 Makahika outdoor centre
    - km 1’566 Te Matawai hut
    - km 1’579 Nichols hut
    - km 1’597 Ōtaki Forks
    - km 1’623 Waikanae
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  • J78, km 1’715, Wellington

    31 декабря 2022 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 18 °C

    Ça y est, après 2 mois et demi de marche depuis Cape Reinga, nous avons terminé la traversée de l’île du Nord le 31.12.2022! Tout un symbole, et de quoi bien fêter le passage à la nouvelle année synonyme pour nous de nouvelle île, la sauvage île du Sud!

    Mais avant cela, retour sur nos derniers jours.

    Après les éprouvantes Tararua ranges, nous aurons soudainement basculé dans l’été austral. Au départ de Waikanae, nous rejoindrons l’océan par un sentier le long d’une rivière, puis nous longerons une plage jusqu’à atteindre Paekākāriki où on prendra un jour de repos. On aura tôt fait de découvrir que les vacances d’été battent désormais leur plein. On croisera des centaines de touristes (en très grande majorité des kiwis), le long du chemin et surtout sur la plage. Ce sera à nouveau l’occasion de nous faire interpeller : notre accoutrement tranche clairement avec leurs habits de vacanciers. La plupart nous demanderont si “on fait le trail”. Un jeune papa nous proposera également, après 30 secondes de discussions, de nous héberger lorsque nous passerons près de chez lui sur l’île du Sud!
    Après nous être faufilés entre les linges de bain, nous arriverons au holiday park. On prendra la dernier emplacement disponible dans ce grand camping. Notre tente fera pâle figure face aux équipements des autres résidents qui doivent parfois venir à deux voitures par famille pour tout emporter: tentes géantes “3 pièces”, frigos, barbecues de luxe, étagères,… et évidemment les vélos, que des centaines d’enfants chevauchent vaillamment à travers tout le camping! L’ambiance, quoique forcément bien différente de ce que l’on a connu, est bon enfant. Malgré la foule, le respect et la gentillesse des kiwis est toujours au rendez-vous. Après 22h on entendrait une mouche voler! Autre attention incroyable: alors qu’on passait un peu de temps sur notre emplacement à lire, écrire et planifier, coincés sous un arbuste à la recherche d’ombre, un voisin nous proposera d’installer sur notre place sa “tente pare-soleil” flambant neuve de 3x3 m pour nous abriter! On profitera encore de cette parenthèse estivale pour aller nous baigner plusieurs fois dans l’océan et nous prélasser sur la plage de sable.

    Après notre “zéro” balnéaire, on empruntera un sentier nommé “Escarpment track”, qui longe l’océan sur un flanc de montagne…escarpé. On croisera passablement de touristes sur ce joli parcours.

    La suite de notre marche nous fera arriver à Porirua, une ville côtière sans charme, où on dormira dans un camp chrétien méthodiste dénoué de tout attrait… Malgré un accueil chaleureux, on se verra offrir pour emplacement une zone en pente herbeuse utilisée comme parking ou, notre choix, une petite place “moins en pente” coincée entre deux bâtiments. Celle-ci étant également bordée par un parking en dur, un responsable du camp nous dira de mettre des cônes oranges devant notre tente pour “éviter que quelqu’un ne la prenne pour une place de parc”. On rigolera à sa remarque, lui pas. On mettra donc les cônes oranges bien en vue.
    On découvrira ensuite que deux énormes spots se situent de part et d’autre de notre tente, offrant durant toute la nuit suffisamment de lumière pour lire un livre... Cerise sur le gâteau, je (Vincent) découvrirai cette nuit-là que mon matelas est troué, m’obligeant à passer la majorité de la nuit directement sur le sol.

    Le lendemain, nous remonterons sur des collines couvertes de pâturages et de forêts qui nous mèneront jusqu’au cœur de Wellington! Au fur et à mesure de notre avancée, le vent forcira jusqu’à nous empêcher par moment d’avancer. Nous avons rarement senti un vent si puissant! Un habitant du coin rabattra notre enthousiasme en nous disant que cela n’a rien d’exceptionnel ici. Wellington est effectivement réputée pour ses vents fréquents et violents provenant du détroit de Cook. Après avoir traversé le joli jardin botanique, nous prendrons nos quartiers dans un appart-hôtel pour quelques jours.

    Après une nuit de repos, le 31.12, nous parcourrons finalement les 13 derniers kilomètres nous séparant de la fin du trail sur l’île du Nord, dans une banlieue sud (Island Bay) de Wellington nichée au bord du détroit. Même si ce n’est au final qu’une étape, c’est avec une certaine émotion que nous avons vécu ce moment. Nous terminerons cette journée par quelques bières au soleil sur le quai de Wellington, par un excellent repas (merci Déborah!), puis par le feu d’artifice concluant pour tout le monde cette année 2022, et pour nous une étape notoire de notre périple.

    On en profite bien entendu pour vous souhaiter à toutes et tous une excellente année 2023. On vous remercie encore pour tous vos messages qui nous sont parvenus sur les différents canaux.

    Le bilan de cette île du Nord est pour nous excellent. Tant de découvertes naturelles et humaines ont parsemé notre chemin. Tant de rencontres riches avec les autres randonneurs et avec les locaux qui nous auront ouvert le cœur et l’esprit. Nous avons également profité, volontairement ou non, de laisser nos pensées vagabonder, vers des réflexions tantôt personnelles, et tantôt plus générales. Parmi d’autres, un thème évident est revenu à nous: la migration. Car oui, nous avons migré, du Nord au Sud, et continuerons de le faire. Cependant, il s’agit une migration de loisir, par choix, et dans un pays accueillant et sûr, où notre démarche amène la sympathie et la bienveillance des locaux. Nous avons pu utiliser notre argent mis de côté pour nous acheter du matériel de qualité et léger, et nous nourrir sans nous poser de question. Et malgré cela, notre voyage n’a pas été de tout repos. Alors on ne peut que humblement nous mettre à la place de celles et ceux qui, de gré ou de force, quittent leur pays et se retrouvent sur les routes, et sont si souvent rejetés comme des pestiférés, captés par divers réseaux d’exploitation, et vus de travers par la plupart des gens. On ne peut s’empêcher de penser aux parcours dangereux que tant d’entre elles et eux ont dû affronter. Ces parcours qui ne nous sont que rarement contés. La vraie bravoure est bien plus présente dans leur histoire que dans notre petite aventure. Une petite phrase revient souvent dans la bouche des hikers: nous sommes des privilégiés. C’est si vrai, et c’est une bonne chose de s’en rendre compte.

    ———

    Sans transition, et de manière plus légère, au programme de nos quelques jours à Wellington :
    - Lessives, nettoyage de matériel, ré-imperméabilisation, etc.
    - Achat de matériel (p.ex. nos 3èmes paires de chaussure qu’on enverra sur l’île du Sud, bouteille de gaz, caleçon, etc.)
    - Réparation de matelas (2 bonnes heures, ne serait-ce que pour trouver ce fichu trou!)
    - Coiffeur / barbier
    - Ré-abonnement de téléphone (…)
    - Et surtout: planification et achat de nourriture (et petit matériel) pour 4 sections de l’île du Sud où nous ne pourrons pas nous ravitailler (pas de magasin digne de ce nom), mais où des campings ou auberges acceptent de recevoir, en avance, un carton qu’on doit donc préparer et envoyer préalablement par poste. Nous les récupérerons donc en arrivant sur place. Nous avons donc acheté de la nourriture non périssable - et donc pas très saine… - pour 7 jours, 2x6 jours et 3 jours, soit un total de 22 jours de nourriture dans 4 cartons. Cela a donc demandé beaucoup de temps de préparation, d’achat et d’emballage. Nous sommes, au moment où nous écrivons ces lignes, occupés par un problème logistique à ce sujet: nous n’avions pas anticipé que la poste principale serait fermée jusqu’au 09.01 (!) et que ses filiales gérées par des kiosks et autres magasins seraient en grande partie fermées (ou en incapacité de faire des envois…) pour plusieurs jours à cause des vacances et fériés. Nous avons donc dû reporter notre départ pour l’île du Sud d’un jour (04–>05.01) pour nous assurer de pouvoir envoyer nos colis à temps. Evidemment il faut oublier de trouver des informations fiables en ligne ou un numéro de téléphone qui réponde... Et dire que nous sommes dans la capitale…parfois on oublie à quel point nos services en Suisse sont si performants, clairs et simples d’utilisation. En espérant que la gestion des services postaux par des tiers sous-payés et mal formés ne devienne pas non plus une généralité chez nous!

    Voici les étapes réalisées depuis Waikanae :
    - km 1’643 Paekākāriki
    - km 1’671 Porirua
    - km 1’703 Wellington
    - km 1’715 Wellington (Island Bay)
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  • J88, km 1’827, Pelorus Bridge

    9 января 2023 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 22 °C

    Après les quelques jours de repos et de ravitaillement à Wellington, nous avons donc pris le ferry le 05.01 pour atteindre, 3h30 plus tard, les Marlborough Sounds dans l’île du Sud. Le ferry était du même type que ceux qui nous permettent, plus près de chez nous, de rejoindre la Corse. Prendre ce type de bateau s’apparente ici davantage à un aéroport, puisque nous avons dû enregistrer nos sacs qui sont partis « en soute »!
    La traversée était très belle, surtout en arrivant vers l’île du Sud, puisque nous avons emprunté plusieurs canaux, baies et parties de criques avant d’atteindre notre destination, Picton. Ça a également été l’occasion pour nous de voir des dauphins!

    Nous ne passerons qu’une heure à Picton avant de reprendre une petite embarcation avec 20 autres personnes en direction de Ship Cove. Ce trajet constitue en fait une mini-croisière de découverte de la faune sauvage peuplant la baie. On profitera donc des explications intéressantes de Nikki et d’observer des phoques, des dauphins, des pingouins bleus, et de nombreux oiseaux avant de nous faire déposer au départ du trail.

    Après le départ du bateau, repartant avec les autres touristes, on se retrouvera avec 2 autres TA hikers, prêts à entamer cette deuxième partie de voyage. On découvrira d’abord la stèle à la mémoire du capitaine James Cook, qui fit 5 escales ici même. Ensuite, et sans attendre, nous serons accueillis par les « locaux » : des sandflies (mouches des sables dont les piqûres vous démangent une semaine et auxquelles on a déjà eu affaire sur l’île du Nord), des cigales assourdissantes ressemblant à celles du Sud de la France, et les fameux Weka. Ces derniers sont des oiseaux sans ailes - et qui donc comme le rare kiwi ne volent pas - à mi-chemin entre le canard et la poule, avec une touche de…Velociraptor! Ces oiseaux sont très peu peureux et extrêmement curieux. Ils sont complètement cleptomanes et ont donc tendance à voler tous ce qu’ils peuvent emporter avec leur bec. Hors de question de passer la nuit en ne laissant ne serait-ce qu’une paire de tongs hors de la tente!

    On traversera ainsi sur quelques jours le sentier nommé Queen Charlotte Track qui longe, dans une forêt sub-tropicale, une crête montagneuse bordée par l’océan. Le chemin était facile, ce qui fût apprécié après le classique « coup de mou » qu’on éprouve juste après avoir enchaîné plusieurs jours de repos.
    Malgré un temps pluvieux puis couvert, le cadre était enchanteur, avec parfois même des airs de Caraïbes : eaux vert-turquoise parsemées ça et là de voiliers, forêts sauvages, baies et criques à foison, le tout cerné de petites montagnes - ou grandes collines - qui plongent dans l’eau.
    Il faut dire que toute la grande zone des Marlborough a une particularité géologique : elle est en subsidence, en d’autres termes elle s’enfonce. Effectivement, la grande faille alpine qui affecte toute l’île du Sud a une composante de chevauchement qui fait « couler » le secteur depuis des millions d’années. Le résultat est un réseau d’anciennes vallées désormais immergées. Imaginez par comparaison que le Valais soit enfoncé et que l’océan le submerge jusqu’au niveau de Savièse. Érodez un peu les montagnes et mettez y une forêt subtropicale et voilà à quoi ressemble notre paysage!

    On a dormi dans des camps peu aménagés avec quelques touristes qui ne font « que » quelques jours de marches ou des balades, ou sont déposés de site en site en bateau. Nous avons également rencontré des randonneurs qui commencent le Te Araroa - ils ont choisi de parcourir « uniquement » les 1’300 km de l’île du Sud. On passe ainsi pour des vétérans, ce qui est assez drôle. On regarde de même leurs trop gros sacs - comme la plupart des hikers ils se sépareront du matériel en surplus après avoir constaté que leur sac était trop lourd - et on serre un peu les dents lorsqu’ils font encore du bruit à 21:30. Fatigue aidant, ils se coucheront bientôt vers 20:00, comme tout le monde!

    Nous sommes à présent sortis du Queen Charlotte Track, et avons fait nos au-revoir à l’océan, que l’on ne reverra que quelques kilomètres avant la fin de notre périple, dans plus de 1’000 km. On s’est consolé en nous baignant dans la magnifique Pelorus River!

    Les prochains jours nous attaquerons enfin de vraies montagnes, les Richmond Ranges. Il s’agit d’une section de 6 à 11 jours, selon le rythme et les aléas météorologiques, qui ne présente pas ou très peu de réseau téléphonique, pas d’électricité, et évidemment pas de possibilité de ravitaillement. Nous partirons donc avec 7+1 (réserve) jours de nourriture sur le dos. On se réjouit!

    Voici les étapes réalisées depuis Wellington :
    - km 1’721 Schoolhouse Bay
    - km 1’743 Camp Bay
    - km 1’774 Mistletoe Bay
    - km 1’806 Havelock
    - km 1’827 Pelorus Bridge
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  • J96, km 1’968, St Arnaud

    18 января 2023 г., Новая Зеландия ⋅ ☀️ 21 °C

    Les derniers jours nous ont vus traverser la magnifique région montagneuse des Richmond Ranges. Après avoir parcouru une île du Nord somme toute avec peu de relief, pour les suisses que nous sommes, on a enfin pu nous lancer dans un parcours en altitude, rocheux et sauvage, qui se rapproche des randonnées que l’on chérit tant dans nos « propres Alpes ». Pour notre plus grand bonheur!

    Nous avons donc quitté Pelorus Bridge le sac lourd de 8 jours de nourriture. L’approche de ces Richmond ranges, une des sections les plus difficiles de réputation de tout le TA, s’est faite en longeant la magnifique Pelorus River, une rivière vert-émeraude sauvage, et en marchant dans une belle forêt. Notre première nuit se fera sous tente à côté d’une hut (cabane) pleine. Le paradis que représente la rivière, dans laquelle on se lavera très brièvement, cachera un vrai enfer. On nous avait averti à plusieurs reprises sur l’île du Nord que les « sandflies » - ces moucherons qui piquent - étaient largement plus nombreux sur l’île du Sud. Comme, par endroit sur l’île du Nord, il y en avait déjà passablement, on s’était dit qu’ils exagéraient. Ils n’exagéraient pas.
    Des milliers de ces bêtes nous harcèleront en permanence, rendant toute activité hors de la hut ou de la tente impossible. Tout au plus on aura un léger répit près du feu en faisant volontairement de la fumée et en s’y immergeant en prenant notre souper. Toute zone de peau non couverte est sinon prise d’assaut. Nous aurons de même aussi eu beau entrer le plus rapidement dans la tente, 100-200 sandflies nous suivront. On passera 30 minutes à les exterminer à la main. Des milliers se colleront à la moustiquaire de la tente. Cet épisode peut paraître presque drôle, mais il nous a mis un petit coup au moral. La frustration est d’autant plus grande que les autres hikers semblent largement plus épargnés. Les quelques kiwis qu’on verra sont en short et t-shirt sans être autrement dérangés. On ignore si uniquement l’odeur de notre peau nous a condamné… On espère vraiment avoir vu le pire. Les jours suivants seront moins problématiques à ce niveau - moins de sandflies - mais ça reste un facteur à considérer dans le choix de nos emplacements pour la nuit : par exemple, si on peut, on évite les bords de rivières. Il y a bien quelques produits qui permettent d’éviter la plupart des piqûres, mais les plus efficaces sont si forts qu’ils dissolvent les matières plastiques - on risquerait en outre d’abîmer notre matériel technique… Le meilleur moyen est donc de se couvrir d’habits, et de rester en mouvement.
    La légende maori raconte que la côte du Fjordland (Ouest de l’île du Sud, réputée pour être la plus envahie de sandflies), créée par le dieu Tu-te-raki-whanoa, était tellement magnifique, que les habitants en restaient béats, et ne travaillaient plus. La déesse Hinenuitepo, énervée, créa ainsi les sandflies pour les obliger à rester en mouvement et à se mettre à l’ouvrage…

    Pour compenser on s’arrêtera dans de magnifiques huts en altitude. On y rencontrera en outre une famille allemande très sympathique, composée de 2 parents et leurs 3 fils adultes, dont 2 avec leurs copines. Ils font le Te Araroa tous ensemble, un joli projet commun!

    On profite, lors des multiples traversées de rivière que l’on effectue, de nous baigner / laver (sans savon!), ou simplement de nous rafraîchir, et de faire le plein d’eau. Le tout plutôt rapidement!

    Les 8 jours que nous aurons pris pour traverser les Richmond Ranges, auront été marqués par :
    - Les premiers vrais terrains alpins, en altitude, avec enfin (!) du rocher et des pierriers, et notamment de magnifiques roches de serpentinite et d’autres roches ultramafiques. De l’amiante était notamment exploitée dans le secteur.
    - Des chemins accidentés, où la progression est lente. On passera des journées fatigantes de pourtant seulement 20 km par jour en moyenne.
    - L’ascension de plusieurs sommets, notamment le Mt Rintoul, lors de journées où on fera jusqu’à 1’800 m de dénivelé positif- avec un sac encore assez lourd.
    - De belles forêts, paraissant désormais moins tropicales, transitant rapidement vers une sorte de garrigue aride remplie de manukas dans le secteur de Red Hills. Le côté aride / avec peu de végétation est dû à la charge importante en métaux lourds d’origine naturelle (lié au substrat rocheux) rendant le sol toxique pour la plupart des plantes.
    - Des rivières sauvages et limpides, s’écoulant dans des lits de gros rochers emportés lors de précédentes laves torrentielles, qu’on traversera à de multiples reprises. Je (Vincent) ferai notamment une belle glissade qui me fera plonger intégralement dans l’eau, en me contusionnant le genou au passage, et en manquant de peu de perdre un de mes bâtons emporté par le courant sur une quinzaine de mètres.
    - Une météo sans pluie, d’abord un peu nuageuse, puis ensoleillée et chaude.
    - Une forme physique au top pour nous deux, et une faim grandissante ; on aura perdu quelques kilos sur cette section!

    De manière générale, cette section aura également été marquée par un isolement total: les seules infrastructures humaines qu’on aura aperçues durant 8 jours sont les cabanes rudimentaires. Entre deux, rien, pas même une ligne électrique ni même de vue de bâtiments au loin. C’est ce qui a notamment rendu les 140 km de ce parcours si spéciaux et grandioses!

    Mise à part une nuit, lors de laquelle nous avons dormi dans la cabane, nous avons toujours dormi en dehors de celles-ci, c’est-à-dire dans notre tente. Sur un sol pas toujours optimal. Ce choix de dormir dans la tente est principalement motivé par notre préférence pour le calme (pas de ronflement) et pour éviter les odeurs des hikers et des chaussettes qui pendent partout (8 jours sans douche pour tout le monde…). Mais de toute façon, sur cette section, nous ne trouverons presque que des cabanes avec 4-8 lits, alors qu’en moyenne le nombre de randonneurs (y.c. hors TA) varie entre 10 et 20.
    Nous prenons cependant toujours la peine d’aller inscrire nos noms dans le livre des cabanes, qui permet de garder une trace de chacun en cas d’accident ou si quelqu’un devait se perdre. On apprendra après coup que trois hikers distincts ont récemment dû être évacués en hélicoptère depuis les Richmond, dont deux suite à une chute.
    Les cabanes ont également parfois des revues. On y apprendra dans un très sérieux manuel expliquant comment traiter les personnes atteintes d’hypothermie à différents degrés, qu’il ne faut pas pratiquer de massage cardiaque sur… « une personne décapitée », dont « le torse a été coupé en deux », ou « en cours de décomposition »!! Drôles de cas d’hypothermie…

    Nous sommes à présent à St Arnaud, un petit village touristique au bord d’un joli lac, où on passe un jour de repos. C’est également ici que nous avons récupéré un de nos colis envoyé depuis Wellington et rempli de provision pour les 6 prochains jours de marche.

    Voici les étapes réalisées depuis Pelorus Bridge :
    - km 1’849 Captain Creek hut
    - km 1’858 Rocks hut
    - km 1’878 Starveall hut
    - km 1’897 Mt Rintoul hut
    - km 1’912 Mid Wairoa hut
    - km 1’929 Hunters hut
    - km 1’947 Red Hills hut
    - km 1’968 St Arnaud
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  • J102, km 2’087, Boyle village

    24 января 2023 г., Новая Зеландия ⋅ ⛅ 19 °C

    Ces derniers jours, nous avons traversé le parc national de Nelson Lakes, dans un décor alpin, entouré de hauts sommets tapissés ça et là de quelques restes de névés.

    Nous avons passé le cap symbolique des 2’000 km près du magnifique col de Travers Saddle, où une vue époustouflante nous a accueillis. « Plus que » 1’000 km à parcourir!
    On a également passé le cap du 100ème jour sur le trail (jours de repos compris).

    Le premier jour de marche au départ de St Arnaud (ou plutôt « Sanano », tel que prononcé par les locaux…), on longera le lac Rotoiti, puis on remontera une vallée pour atteindre Upper Travers hut. Après une nuit de sommeil, on aura la chance de nous réveiller au son des chants des kéas, d’adorables perroquets alpins rares et réintroduits à ce titre en divers endroits sur l’île du Sud. Ces oiseaux sont réputés pour leur curiosité: ils n’ont pas peur des humains, et passent leur temps à démonter tout ce qu’ils peuvent avec leur bec. Une de leur passion, dans certains parkings en altitude, est d’arracher les joints des portes de voitures! On passera donc un moment à les observer. L’observation va apparemment dans les deux sens: aux toilettes, l’un d’entre eux s’amusera à m’espionner depuis un trou qu’il a réalisé dans le toit!

    On aura séjourné dans cette cabane avec quelques autres randonneurs. On apprendra plus tard que l’un d’entre eux se sera fracturé la cheville dans une méchante pente, quelques kilomètres derrière nous. Il sera hélitreuillé jusqu’à l’hôpital de Nelson.

    On rejoindra ensuite le Blue Lake, où le terme « eau limpide » prendra tout son sens : il s’agit du lac scientifiquement le plus transparent du monde, avec une visibilité sous l’eau de…75 à 80 m!
    A la hut homonyme, le gardien (quelques rares cabanes sont gardées) nous indiquera que les prévisions météo qu’il reçoit par radio pour le lendemain annoncent « light rain » (légère pluie). On est quelque peu déçus, puisque nous savons que cette journée nous mènera en altitude avec de potentielles vues grandioses. Au réveil, le ciel est sans nuage, hormis quelques brumes matinales. Il fera grand beau toute la journée, on se sent bénis!
    Nous monterons donc pour rejoindre le « Lake Constance », dans un milieu sauvage et entouré de montagnes défiantes, et attaquerons l’ultime et très raide chemin nous menant au fameux col « Waiau Pass ». La vue sera tout du long digne de nos Alpes (soyons un peu chauvins), mais avec un côté « isolé de tout » et sauvage en sus. La descente suivant le col sera similaire à la montée : très raide. On la descendra en faisant parfois un peu de grimpe pour sortir de zones rocheuses. Le concept de chemin en zig-zag ou lacet n’est pas parvenu jusqu’ici, et c’est une vérité qu’on a déjà eu l’occasion d’observer moult fois jusqu’à présent. Nos genoux apprécient assez peu cette topographie des sentiers… Mais rien de grave puisque les douleurs ne persistent pas.
    Le cadre sera enchanteur jusqu’au bout. Nous terminerons cette journée exceptionnelle en longeant la Waiau River, à travers d’énormes éboulis, puis en forêt et le long d’une plaine alluviale où on serpente entre les tresses de la rivière. On plantera notre tente assez tôt, en sauvage, seuls et entourés des montagnes. Le bonheur brut.

    Le lendemain, la vallée s’élargira de plus en plus, laissant encore davantage de place à la rivière et aux herbes hautes prenant possession des terrasses graveleuses. On finira par des chemins assez faciles le long de vallées jusqu’à atteindre Boyle Village où nous sommes actuellement. Nous repartirons demain pour une nouvelle section de 5 à 6 jours de marche, en entrant dans la grande région de Canterbury, avec en ligne de mire Arthur’s Pass.

    Dans le série des anecdotes, nous changeons ici de chaussures et enfilons donc notre troisième paire, puisque nous nous les étions envoyées - avec également de la nourriture - dans un carton en poste restante. Il était temps pour moi: mes chaussures ont nécessité plusieurs réparations successives ces derniers jours, toujours au fil dentaire et à la colle, pour éviter qu’elles ne s’ouvrent comme des boites de conserve!

    Voici les étapes réalisées depuis St Arnaud :
    - km 1’999 Upper Travers hut
    - km 2’015 Blue Lake hut
    - km 2’027 Waiau River
    - km 2’057 Anne hut
    - km 2’087 Boyle village
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  • J111, km 2’275, Lake Coleridge

    2 февраля 2023 г., Новая Зеландия ⋅ 🌬 19 °C

    Nous aurons donc passé un « zero day » à Boyle Village le 24.01, soit le jour de l’anniversaire de Marc. Autant dire qu’avec des nouilles instantanées au soir, le côté festif est resté…limité. Il n’y a effectivement rien à faire à cet endroit, où on est cependant restés pour nous reposer et planifier les prochains jours.

    Au départ de ce village, on longera une rivière dans une large vallée, on retrouvera ponctuellement de la boue - évidemment, pour baptiser nos chaussures neuves…! Et on finira par rester dans une hut où arriveront…21 autres hikers! A nouveau, par choix, on préférera dormir sous tente, et ce après avoir mangé et sociabilisé dans la cabane de Hope Kiwi Lodge.

    Le lendemain, après avoir croisé plusieurs petites rivières et longé la vallée Hurunui, on arrivera près d’une « hot pool », une source thermale naturelle. On choisira de ne pas s’y baigner car, pour une raison inconnue, j’étais nauséeux à ce moment, car l’endroit était infesté de sandflies, car il était difficile de se rincer après, et car un gros panneau indiquait (traduction) « Avertissement, la méningoencéphalite amibienne est mortelle et causée pas une entrée d’eau dans les narines, ne pas immerger la tête ». Bref, les bains thermaux seront pour une autre fois.

    Le lendemain, nous marcherons une bonne partie de la matinée avec Tom, celui qui ambitionne de faire le tour du monde à pied (cette fois-ci son site web est fonctionnel: https://www.iwalkaroundtheworld.com), avec qui on échangera sur le TA et sur ses projets futurs. Nous longerons la vallée de la Taramakau river, toujours sublime, et camperons en sauvage à proximité d’un bras de la rivière. L’occasion de faire un peu de lessive et de se laver un peu, le tout sans savon évidemment.

    Le jour suivant, nous remonterons presque toute la journée l’Otira puis la Deception River, en marchant principalement dans leurs lits ou sur leurs berges. La navigation se fait souvent sans marquage, on suit ainsi le chemin qui nous paraît le moins accidenté. Nous traverserons ce jour 38x ces rivières et leurs affluents avec au moins les pieds et chevilles immergés. Nous sommes chanceux car assez fréquemment, après de fortes pluies, ces rivières ne peuvent être franchies et les hikers doivent ainsi patienter jusqu’à ce que le niveau baisse. La marche était magique, puisque nous passerons dans des milieux très sauvages, d’abord le long de rivières en tresse, puis le long d’un torrent jonché d’énormes blocs. Il nous faudra même faire un peu d’escalade pour passer certains obstacles! Bonus du jour: on surprendra une famille de « Blue Ducks », des canards « de montagne » très rares.
    Nous aurons également vu ce jour de nombreux Trail runners qui s’entraînent pour une course, la « Coast to Coast », qui se tiendra dans deux semaines et passera notamment par ici.
    Une fois n’est pas coutume, nous ne serons que trois TA hikers dans la cabane, les 7 autres personnes y résidant étant des randonneurs locaux partis pour le week-end. A nouveau ce fut l’occasion d’échanges sympathiques.

    Ensuite nous rejoindrons Arthur’s Pass, un petit village alpin touristique en bord de route, mais à quelques kilomètres du trail. On fera donc de l’auto-stop pour y aller et en revenir le lendemain. On y récupérera notre dernier colis de nourriture pour les jours suivants, et on profitera d’aller manger dans un café et dans un restaurant. Dans ces deux établissements, le manque de personnel est criant: affiches avec annonces de recherche d’employés, horaires d’ouverture écourtés, menus simplifiés, et personnel surchargé…! Ce sont ici les conséquences du Covid et des fortes limitations d’activité durant la crise : le personnel a ainsi depuis trouvé d’autres emplois, et à cause de l’ouverture tardive des frontières et du délai requis pour les visas de travail, pas assez d’étrangers n’ont encore pu venir renforcer les effectifs.

    Au départ d’Arthur’s Pass, on longera de nouvelles rivières - c’est bien le thème du trail ces derniers temps - et on montera à la très charmante Hamilton hut. On dormira à l’intérieur, ce qui nous évitera de vivre sous tente un fort épisode de pluie.
    Après encore une petite journée à descendre la Harper River, puis une autre à marcher 28 km sur une route en gravier, nous avons rejoint Lake Coleridge, au bord du lac homonyme. On y sera accueillis par la propriétaire d’un lodge qui nous offrira gratuitement fruits, boissons, et biscuits maison!
    A cet endroit le trail s’arrête devant la rivière Rakaia, trop large et dangereuse pour être traversée à pied. Faute de pont, il nous faut ainsi la contourner sur 60 km pour retrouver l’autre rive, c’est ce qui est prévu « officiellement » par le trail. Depuis le village nous avons donc pris une navette qui nous a mené, hors trail, dans la ville de Methven, où nous prenons un jour de repos, et où nous nous ravitaillons enfin en produits frais. Marc profitera aussi de s’acheter un nouveau t-shirt et de nouvelles chaussettes, usure oblige. Demain nous reprendrons une navette pour retrouver le tracé.

    En terme de météo, alors qu’Auckland a subi récemment de terribles inondations, ici seules quelques bruines nous amèneront les premières gouttes de pluie depuis longtemps, et quelques franches ondées passeront, mais uniquement la nuit. On est donc toujours bien chanceux avec le temps!

    Concernant les sandflies, nous en aurons vus quotidiennement - pour ne pas dire en permanence - ces derniers jours, mais en quantité qu’on qualifiera de raisonnable. La brise fréquente, ainsi que notre consommation irraisonnée de Marmite (sorte de Cenovis) qui contient des vitamines B2 supposées les repousser, semblent nous aider à être moins assaillis. Sinon il nous restera toujours la possibilité de continuer notre périple accompagnés d’un pingouin. On a effectivement appris qu’il s’agissait des cibles préférées des sandflies, qui préféreront ainsi toujours s’attaquer à eux plutôt qu’à nous.

    Depuis le début de notre marche sur l’île du Sud, à de rares exceptions près, nous n’aurons mangé que notre nourriture envoyée à l’avance par colis. C’est-à-dire uniquement des aliments non périssables. Donc pas de légumes et peu de variété. Ce dernier mois, « aidés » par les dénivelés souvent importants et les chemins exigeants, nous aurons donc perdu un peu de poids. Comme notre ami Guillaume - qui a traversé récemment les États-Unis (PCT) - l’a vécu, on commence à rêver de nourriture. Dans mes derniers songes, je me trouvais à un buffet familial, où des tartes étaient disposées sur les tables. J’attrapais de mes mains et avalais sans manière tout ce qui était à ma portée, sous le regard désapprobateur de ma famille… On se réjouit donc de faire le plein de produits frais, et on profite en ville de manger plus varié et plus sainement!

    Anecdote géologique : à nouveau, on n’aura pas ressenti deux tremblements de terre de magnitude 4.3 dont l’épicentre n’était chaque fois qu’à quelques kilomètres de notre emplacement. Ceux-ci font suite à un autre, il y a quelques mois vers le lac Taupo, d’une magnitude de 5.7, que nous n’avions pas ressenti alors que tout le monde dans notre motel s’était réveillé en sursaut… Nous étions à 100 km de l’épicentre et des signalements dans tout le pays avaient été communiqués. Je reste donc un géologue qui n’aura jamais éprouvé un tel phénomène…

    Pour terminer, mentionnons que même si nous rencontrons passablement de gens que nous avions déjà croisés plus ou moins récemment sur le trail, nous voyons également de nouvelles têtes. Comme déjà mentionné il s’agit souvent de randonneurs qui ont décidé de ne parcourir « que » l’île du Sud. Mais cela ne cause pour autant pas de surpopulation sur le trail. Effectivement, en parallèle nous commençons à voir quelques abandons, et surtout en entendons parler par d’autres: que ce soit pour des causes externes (problèmes familiaux, emploi, date limite de retour, autres projets, etc.), de santé (blessure, maladie), ou simplement car ils ont perdu la motivation, ou estiment avoir trouvé ce qu’ils étaient venus chercher. De notre côté, pour la première fois, on commence à se réjouir de voir le bout de ce long chemin. Ou plutôt disons qu’on est contents de voir qu’on avance : dans 100 km on sera à la moitié de l’île du Sud! Mais soyons clairs, on est toujours autant épanouis et ravis d’être ici et, chaque jour, enfiler nos chaussures et marcher.

    Voici les étapes réalisées depuis Boyle village:
    - km 2’114 Hope Kiwi Lodge
    - km 2’142 Hurunui #3
    - km 2’172 Taramakau River
    - km 2’192 Goat Pass Hut
    - km 2’203 Arthur’s Pass
    - km 2’227 Hamilton Hut
    - km 2’247 Harper Campsite
    - km 2’275 Lake Coleridge
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