Tre Cime di Lavaredo Occidentale

Un moment que nous avions cet endroit de l'Italie en tête ! Nous ne pensions pas y faire une halte si tôt, mais les torsions de notre itinéraire en route vers le nord nous y a presque naturellement conduit ; beauté du hasard !

Rapidement nos automatismes en italien reviennent, quasiment comme un lointain souvenir tant on a fait de découvertes depuis ce mois d'avril...

On a plusieurs randonnées en vue, mais le temps ne nous permettra que deux excursions ; une rapide mais très agréable plongée au cœur de l'univers des Dolomites !

⛰ Étape une, les Tre cime di Lavarando.

Nous élisons domicile sur le parking du refuge de Marco, un charmant personnage à la coupe de cheveux décadente, l'anglais très tatonnant et l'accueil légendaire ! Nous y dégusterons beaucoup de fromage, y siroterons quelques bières et y préparerons pas mal notre itinéraire (merci pour le WiFi ✌). Le lac d'Antorno comme jardin et lieu de nos repas, on s'y sent à notre aise et ça fait du bien après les difficultés éprouvées en Slovénie pour trouver des spots.

On apprend avec stupeur au fil de nos lectures qu'il y a des millions d'années les Dolomites étaient un massif coralien !

On ne peut se défaire de l'attraction de la bancheur de la montagne et la luminosité intense qui s'en dégage. Une fois au crépuscule, tout bascule. La roche devient plus rougeoyante, comme dans un bouquet final avant de basculer dans l'obscurité. A priori, il y a fort longtemps, on parlait d'un sort qui aurait conféré à la montagne cet effet visuel ! ⚡

Pour partir à la rencontre des Tre cime di Lavarendo, plusieurs possibilités s'offrent à nous pour en débuter le tour au départ du refuge d'Auronzo à 2320 m d'altitude : s'y rendre en Phoeni moyennant une trentaine d'euros le péage, grimper dans un car pour s'y faire déposer ou tenter l'ascension à pieds par des chemins dans la forêt. On a choisi cette dernière solution ! 💪

On croise très peu de randonneureuses sur le chemin. Arrivé•e•s en haut à l'auberge, c'est une centaine de voitures que nous découvrons ! Il va maintenant falloir partager le chemin avec de nombreux touristes.

Une paysage lunaire fait de pentes très raides et d'éboulis nous accueille ; et, au beau milieu, les Tre cime semblant jaillir de la montagne !

Trois pics, trois menhirs se dressent sur un plateau où ils se lovent serrés les uns contre les autres.

Faire le tour de ces formations rocheuses culminant à 3000 m d'altitude propose de nombreux points de vue. Le sentier aménagé n'est par contre pas des plus intéressants de par sa nature monotone ; mais il a la qualité d'être accessible à toustes. Enfin presque, car on a tout de même croisé deux familles avec des poussettes qui ont dû amèrement regretter leur choix lorsqu'elles ont dû les porter lors d'ascensions plutôt raides ! 😬

⛰ Étape deux, le Lago di Sorapis.

Le lendemain, au programme, le lac de Sorapis et ses eaux turquoises. 🏞

Nous avons eu la brillante idée de débuter notre randonnée à seulement 12 h 30 (on avait des difficultés à quitter Marco 🙈😅). Atteindre le lac est possible en environ 3 h aller-retour sur un sentier assez bien aménagé. Avec l'expérience de la foule des Tre cime, nous décidons d'opter pour une boucle un peu plus exigeante (euphémisme !) et plus longue, mais qui nous permettrait d'éviter de marcher en file indienne, tout en prenant de la hauteur sur le lac.

Spoiler alert, pour la hauteur et la solitude, nous avons été servi•e•s ! 😱
Nous nous sommes retrouvé•e•s à gravir la montagne à pic sur des portions qui, selon nous, s'apparentaient davantage à de l'escalade qu'à de la randonnée ! Ne vous méprenez pas, on adore ça (!), mais on préfère largement s'y adonner avec des équipements de sécurité ! La neige voilant une partie du tracé, nous n'avons certainement pas emprunté l'endroit le plus évident...

En parcourant péniblement les derniers mètres de cette montagne infranchissable, nous atterrissons dans un tout autre univers. Un profond silence s'installe et la silhouette d'un, puis des bouquetins se dessinent dans la brume. Moment suspendu. Nous nous observons mutuellement sans un mot, sans un bruit. Aussi curieux•se•s les un•e•s que les autres. Jusqu'à ce que la brume se dissipe. Iels nous laissent les approcher à quelques mètres. Le mâle nous suit un long instant du regard, puis s'éloigne en s'élançant dans les airs, sautant entre les collines, presque sans impulsion perceptible pour nos yeux lents. Il semble voler. 🐐

Nous sommes à 2352 m d'altitude et la journée est déjà bien entamée. Le lac nous attend à 1925 m, il va donc nous falloir descendre pour le rejoindre. Mais par où ? Nous nous le sommes demandé•e•s pendant très longtemps ! Nous avons crapahuté dans ces montagnes durant une bonne heure et demie avant de retrouver notre chemin (incluant de nombreuses désescaldes et escalades) ! En plein désarroi, on a bien cru devoir dormir dans cet environnant qui nous semblait tout à coup beaucoup plus hostile qu'il y a quelques heures... (☝depuis on a effectué une révision complète des sacs à dos pour y intégrer de nouveaux indispensables, à savoir : couverture de survie, lampe et briquet !).

La joie que nous avons ressentie à la vue de la petite tâche d'un bleu si intense, si pur, au loin, est indescriptible ! 😳

Le lac est merveilleux. Plus beau que sur les photos qui n'en sont que le pâle reflet. Le bleu turquoise de cette eau provenant des glaciers est hypnotique. Étant donné l'heure tardive, nous jouissons d'un tête-à-tête avec lui.

Nous rejoignons Phoeni vers 21 h, exténué•e•s par cet après-midi éprouvant, mais plein de gratitude pour ces découvertes fabuleuses.😌

Promis, on a retenu la leçon, on débutera nos grandes randonnées le matin, et on lira un peu plus de commentaires sur les parcours qu'on décide d'emprunter !

PS : évidement, on a pas pu quitter l'Italie sans acheter au passage notre crème de pistacchio favorite qui nous avait tant manqué ! 😋Read more