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- Oct 24, 2022, 4:30pm
- 🌙 20 °C
- Altitude: 491 m
- IndiaRajasthanAjmer districtPushkarPushkar Lake26°29’14” N 74°33’22” E
Happy Diwali ! Happy Bday ! Bhang bhang!
October 24, 2022 in India ⋅ 🌙 20 °C
(Récit rédigé le 25 octobre, 17h30, lecteur pardonne ma plume un peu fatiguée)
Dans mon précédent chapitre, je partageais mon ennui pour cette ville, frustrante car beaucoup trop surfaite.
Pourtant lorsque l’on gratte sous les dorures toc, on y trouve d’autres formes de trésors. La vie renaît lorsque les échoppes baissent leurs rideaux d’acier.
Dans un premier temps, je souhaite recontextualiser Diwali :
🪔🪔 Diwali est une fête particulière, fête familiale par excellence, célébration du retour au pays de Rāma, avatar de Vishnou, suite à sa victoire sur le démon Ravana. Rāma retournant en sa ville d’Ayodhya, les habitants ont alors éclairé sa route en déposant au pas de leur porte des petites lampes de terre remplies de ghee ou d’huile. Diwali signifiant « les rangées de lumières ».
Ce festival est similaire à la fête de Noël, une fête qui célèbre la fin des beaux jours et l’arrivée de l’hiver. Il faut imaginer les trois premiers jours de Diwali comme un long réveillon, trouvant son paroxysme le soir du troisième jour. C’est au troisième jour qu’a lieu la commémoration de la déesse Lakshmi : Les habitants réunis en famille, habillés de vêtements neufs, festoient, s’offrent friandises, rient et sortent à la nuit tombée prier la déesse et allumer encore plus de lampes.
C’est aussi l’occasion après la prière du soir d’allumer pétards, feux d’artifices, et faire résonner la fête dans le pays entier 🪔🪔
Cette année Diwali a commencé le samedi 22 octobre : Dhanteras, et se terminera le 26 Octobre : Le Bhai Dooj, jours dédié aux frères et soeurs.
Le paroxisme : Diwali, Lakshmi Puja , est le 24 octobre, jour d’anniversaire de Gael. Quel symbole et quelle occasion de doublement fêter cette journée !
Après deux journées à prendre notre ennui pour du repos et tâcher de garder le moral en relativisant le manque de scènes photographiques, aujourd’hui est un jour spécial.
Nous avons arpenté les rues, profitant d’un passage chez un bijoutier pour sceller ce double événement dans des anneaux d’argents typiquement rajasthani. Nous avons ainsi pris le chemin autour de 17h pour le sunset point afin d’observer le coucher du soleil sur le lac.
Le soleil descendant révèle les centaines de lampes déposées aux bords du lac par les fidèles. Les pétards retentissent partout, on parle parfois de véritables mortiers. Les fusées éclatent à chaque endroit où le regard se pose, les badauds profitent du spectacle, des gamins gypsies allument leurs feux de bengale et jouent avec la foule, le sourire aux lèvres entre deux tours de manches. Les tambours accompagnent les hippies-danseurs et vénérateurs du soleil, Gael et moi capturons notre panorama, j’ai la ville au couché du soleil, Gael réalise celui de la ville, entrée dans la nuit, à la lueur des éclairages urbains et parsemée des petites lampes de terre. Une vision magique, inoubliable.
Nous avons décidé d’aller dîner avant de déambuler dans les rues. Nous trouvons un charmant petit resto au jardin ombragé, complètement vide, la foule étant ailleurs : les indiens sont en famille, les touristes à sunset-point à faire du cerceau ou à regarder les autres touristes faire du cerceau.
Nous, nous trinquons et célébrons un anniversaire bien particulier. « Une bière chef ! », puis deux ! C’est pas le tout de se nourrir liquide mais j’ai tout de même voulu assurer mes arrières en commandant une pizza 4 fromages (sacrilège en Inde, me diras-tu Lecteur, mais qu’est ce qu’elle était bonne putain !) Le ventre plein, nous changeons d’adresse pour nous rendre de l’autre côté du lac, au « Energy Café », repaire des teuffeurs de tout horizon, dont la terrasse sur le toit fait face aux ghâts et au lac et n’a pas de vue pour autant sur ces derniers mais plutôt sur l’énorme temple adjacent. La musique est new-age, électro, le serveur semble ne pas avoir bu que du café. « Une bière chef ! » puis deux, puis trois.
Les pétards dans les rues se font de plus en plus intenses en cette nuit maintenant bien tombée. Les explosions font parfois trembler les murs. Nous sommes totalement hallucinés par cette ambiance de joyeuse fin du monde. Notre cerveau a du mal à discerner des bruits de guerre, avec la beauté des étincelles, la joie et la facétie des lanceurs et lanceuses de tous âges.
Enfin, pour finaliser notre double-célébration, nous nous laissons tenter par le fameux « Special Lassi » : « un normal pour Gael, un doux pour moi », chochotte que je suis et qui ai arrêté le pétard il y a 8 ans.
Nos lassis sont arrivés, la boisson à base de lait fermenté au goût vanille et au chocolat, aggrémenté de grenades, effectivement le miens était moins vert que celui de Gael, nous le sirotons doucement, doucement…dou-ce-ment.
Mes yeux se plissent onctueusement, prenant l’allure de deux fentes, ma vue est brouillée, les pétards sont assourdissants, les plus grosses explosions me soufflent les tympans, la musique se fait cotonneuse, l’accouphène bien présente . Le rire est irrépressible. J’ai l’impression de ne plus rien comprendre et pour autant de penser comme jamais. Gael et moi, assis sur nos banquettes au sol, roulons de rire rien qu’en se regardant, chacun étant le miroir de l’autre.
Il est 23h00 lorsque notre serveur nous informe que nous sommes invités à déguster « le shooter de l’amitié » avec deux autres convives (l’un deux est le dévot-hurleur croisé au temple sur la coline de la vieille). Nous remontons tant bien que mal les quinze marches qui nous séparent de la terrasse sur le toit. Je tente de reprendre mon sérieux. La mixture produit son effet, assis sur ma chaise, face aux deux types dont les sourires immenses révèlent des dents blanches et jaunes brillantes : une brillance presque agressive. Féline. Les deux shooters au mélange inconnu nous attendent sur la table. L’un des convives nous questionne sur la validité de notre passeport, de nos visas, entre deux verres de whisky ; il nous informe « posséder l’ensemble du marché de Pushkar », une scène presque sortie d’un Parrain à l’Indienne. Ce vieux mec à l’allure de gangster me semble un peu trop faire d’allusion à l’argent et au fait qu’à Diwali l’argent n’existe plus. Le type nous invite à boire nos shooters. Gael s’exécute et englouti la moitié du sien, moi je prétexte une trop forte ivresse et l’assurance d’une bonne gerbe sur la table si je devais m’exécuter.
En réalité je me battais contre moi-même, cette ivresse et cette défonce, pour tenter de rester à l’affût. Car ce moment me mettais profondément mal à l’aise. J’ai lu quantité de récits concernant des touristes qui se sont fait offrir à boire en Inde pour se réveiller délestés de leur passeport ou au compte bancaire vidé à leur réveil.
Une demi-heure in-ter-mi-nable, toujours face à ces deux grands sourires flippants. Je donne un coup de coude et susurre à Gael : « ça pue le traquenard, on fini notre clope et on se tire ». Gael acquiesce, aussi mal à l’aise que moi.
S’agissait-il d’une parano propre au bhang circulant dans mon cerveau ? Peut-être, mais on est jamais trop prudent. Nous nous sommes acquittés de l’addition pour ensuite rejoindre notre Guesthouse à deux rues de là.
La descente de escalier, si étroit, aux marches recouvertes de fausse pelouse est infinie, déclenchant un nouveau fou-rire à se décrocher l’estomac. Nous atteignons enfin le rez-de-chaussée et sortons…pour nous retrouver en plein coeur d’une guerrilla urbaine. Une guerre du feu d’artifice. Bon enfant mais non-moins impressionnante et dangereuse au possible.
Deux groupes de jeunes du quartier se faisant face, chacun à un angle de la petite place acceuillant les marchands de fleurs l’après-midi. L’affrontement consiste à se tirer à la tronche des fusées, à essayer de faire une démonstration de force. Un bras de fer qui nous a scotché de longues minutes. Nous nous éloignons enfin pour nous rediriger dans la rue de Kanhaia Haveli, cette fois les deux groupes de jeunes ont fait place à deux familles voisines, rivalisant sur ce morceau de rue, chacun faisant exploser feux, pétards, fontaines, spirale d’étincelles. Une mère ici allume nonchalement, le bébé dans les bras, son feu de bengale. Ils jettent des pétards, les motos continuent de circuler, les explosifs de couleurs manquant de peu de peter aux pieds des badauds et des conducteurs qui zigzaguent entre les mines colorées en passe de détoner.
Quel bordel mais quel bordel ! Ca pète de partout, devant nous, derrière nous, au plus prêt, au plus loins. Et tout le monde continue, les vaches poursuivent leurs déambulations, rasant les murs et les grilles métalliques des étals fermés , le ciel est blanc gris, la lumière réverbère sur la fumée de ces milliers d’explosifs. Nous sommes littéralement sous cloche.
Gael et moi, en pleine montée ne croyons pas à ce dont nous assistons.
Nous filmons, je glousse de rire, Gael trébuche dans la fosse d’égout en reculant. Je ris de plus belle.
Mon ivresse-joyeuse fait place à l’angoisse, mon trip prend une tournure que je connais que trop bien ; la peur de rester coincé dans cet état, les explosions soulevant le coeur, la peur de devenir sourd, la peur de mourir. Nous remontons à notre chambre. Gael est frustré de rentrer trop tôt à son goût, mais je le voulais prêt de moi pour me gérer, me sentant en train de glisser dans le bad. Ma gorge s’est desséchée. Nous n’avions évidemment plus d’eau. Gael souhaitait regarder le spectacle depuis le balcon, moi dans ma parano, je l’imaginais tomber par dessus cette rambarde bien basse à hauteur de nos cuisses. Après tout je ne suis pas le seul sans entière possession de mes moyens, Gael est d’ailleurs aussi maladroit que moi.
Nous avons fini par nous coucher, Gael me rassurant autant que possible, moi complètement incapable de dormir, mon cerveau turbinant, obnubilé par ma soif et cette bouche pateuse, sableuse même.
Et pourtant, je me suis endormi. Pour me réveiller ce matin, dans le coton, l’ouïe retrouvée et fatigué de tous ces événements.
Une soirée extraordinaire, encore une fois, je serai passé par tous les états possibles. Mais nous pourrons dire avec fierté que nous aurons pris part à un Diwali unique et spectaculaire, je pense également que cet anniversaire, au coeur de l’Inde, saura rester gravé dans la tête et le coeur de ma moitié.
En tout cas, je ne regrette pas d’avoir pris ce bhang lassi, il faut le faire et le vivre au moins une fois dans sa vie. Il m’aura permis de vivre cette nuit en adéquation totale avec celui qui partage ma vie.
Mais maintenant que son anniversaire est passé : mission accomplie. Mais on ne m’y reprendra plus, ça y est : J’ai eu ma dose.
Joyeux anniversaire encore Doudouney 🪔🙏🏻🥰Read more
Traveler happy birthday peanut ♥️♥️♥️🎆
Traveler 😍😍😍
Traveler Tks peanut 🥜❤️😘