Powiat giżycki

Nous venons de franchir la frontière polonaise 🇵🇱. Après avoir remis Phoeni à l'heure française, nous nous dirigeons vers la région des lacs de Mazurie.

Nous roulons sur des routes étroites et cahoteuses bordées d'arbres. Arrivé•e•s à la pompe, quel soulagement en voyant indiqué le montant "6,14 PLN" soit "1,38 €" le litre de diesel ! Nous parcourons un paysage soudain familier, de vastes étendues plates et très agricoles, on dirait presque que nous sommes de retour dans les Pays de la Loire !

Ce n'est pas sans raison que nous nous sommes enfoncé•e•s au cœur de la campagne polonaise. Nous sommes venu•e•s y découvrir un site historique d'importance, le Wolfsschanze ou La tanière / l'antre du loup.

Perdu au beau milieu de la Mazurie, à l'écart de tout axe principal, dans les bois, nous partons à la découverte du quartier général d'Adolf Hitler.

À l'époque protégés par de nombreux barbelés et champs de mines, les 6 km2 de forêts et de bunkers sont aujourd'hui ouverts aux publics. L'endroit était desservi par des voies ferrées et un aérodrome secret. Dix blokhaus, dont la résidence du führer et celles de son cercle militaire et politique proche s'y trouvaient. Étonné•e•s, nous apprenons que le site abritait une véritable mini-ville ; salles de conférence et de réunion, salon de thé, bunker invité•e•s, garages, salle de cinéma, abris anti-aérien, baraquements militaires pour la garde chargée de la protection d'Hitler... Lors de son pic de fréquentation le plus élevé, 2 000 personnes vivaient ici.

Nous n'avons aucun souvenir d'avoir eu connaissance de l'existence de ce lieu... Nous n'avions aucune image mentale d'Hitler retranché dans ce coin perdu de la Pologne alors que la guerre faisait rage. Et pourtant, nous apprenons qu'il y passa 60 % de son temps de 1941 à 1944.

Nous mesurons l'importance de l'endroit et foulons avec gravité le sol de ce QG où Hitler a pris la plupart de ses décisions lors de la seconde guerre mondiale. Un lieu d'où d'effroyables ordres lourds de conséquences qui ont conduit à la destruction massive et l'anéantissement de peuples ont été proférés.

Évoluer dans les bois à travers des allées et découvrir des bunkers intacts, des forteresses de béton armé à peine fissurées recouvertes d'un épais manteau végétal. Blokhaus et mousse s'entremêlent. La nature se fraye un chemin dans les décombres silencieux.

De faux arbres et tunnels végétaux participent du camouflage des ruelles entre les bunkers. Rien n'est laissé au hasard. Les bâtiments n'ont d'ailleurs cessé d'être renforcés durant 4 ans, Hitler étant persuadé que la position du lieu était connue par les alliés et craignant alors un raid aérien.

Dans les bois, certains bâtiments abritent également des expositions d'objets ayant été retrouvés dans les décombres tels que fusils, couteaux, ceintures à la boucle arborant le logo nazi, uniformes SS...

Un film, projeté en continu, rappelle le contexte et donne les raisons de l'ouverture de ce lieu aux publics. Dans une volonté de devoir de mémoire, l'accessibilité est améliorée années après années, nous y trouvons même des infrastructures pour campeureuses ; tables de pique-nique, feux de camp, douches, recharge en eau et en électricité sont disponibles sur le parking du site. Un réel luxe pour nous, mais cette liberté d'aller et venir à travers les bunkers, sans réelle surveillance, y compris la nuit, nous laisse perplexe. Nous ne pouvons nous empêcher d'y déceler un risque d'investissement des lieux par des personnes aux intentions bien différentes des féru•e•s d'histoire...

Ici a également eu lieu un fait marquant, une tentative d'assassinant d'Hitler le 20 juillet 1944. Un colonel ayant dissimulé une bombe dans sa malette la fit exploser dans la salle de conférence. Trois personnes furent tuées, et Hitler seulement légèrement blessé. L'un des bâtiments propose une reconstitution grandeur nature de la scène. Entrer dans cette salle de réunion emplie de cartes du monde et de l'Europe et croiser le "regard" d'Hitler fut une expérience plus que déconcertante.

À l'aube de la fin de la guerre et face à l'avancée de l'armée rouge à l'est, sur ordre d'Hitler, les nazis tentèrent de détruire leur QG avant de fuir en janvier 1945. 8 000 kg de TNT ont été utilisés par bâtiment ! Pourtant, la plupart des blokhaus sont encore debouts.

Bouleversé•e•s par cette visite, nous décidons de nous mettre au vert quelques temps. Lacs, forêts et rivière sous la forme de canaux reliant les étendues d'eau entre elles nous attendent !

Nous avons jeté notre dévolu sur le Śniardwy, plus grand lac de la région, ainsi que la réserve du lac de Łuknajo. Le cadre est reposant, mais on doit avouer que la magie n'opère pas vraiment. Sûrement plus attractive l'été avec la possibilité de baignades rafraîchissantes, la région ne nous a pas réellement conquis•e•s en ce mois d'octobre. Il faut aussi rappeler qu'après avoir eu la chance d'arpenter les parc nationaux de la région des lacs finlandais parés de leurs couleurs automnales, la comparaison est rude 🙈.

À très vite pour la suite de notre périple historique à travers la Pologne ! 🇵🇱Weiterlesen