• Day 287

    Retour en Valais

    October 18, 2020 in Switzerland ⋅ ☀️ 10 °C

    Après quelques jours de repos chez des amis, nous avons repris la route pour le Valais, sous un ciel plombé peu engageant. Il nous a fallu puiser profondément dans nos réserves de courage, difficile de quitter le confort et la chaleur de nos amis veveysans.
    Notre chemin longe le Léman, par Montreux (hôtels imposants et bacs fleuris) puis le Château de Chillon, avec ses murailles épaisses plongeant à même le lac ; on se croirait en Ecosse. Les cygnes lorgnent méchamment notre dîner. Depuis Villeneuve, on entre dans la vallée du Rhône. Revoir ces montagnes déchiquetées des deux côtés nous fait tellement plaisir, on admire les couleurs ocre et orangées de l'automne qui parsèment les bois ainsi que les superbes écharpes de brume qui s'étiolent et parent les sommets. Mais il faut quand même avouer que cette longue ligne droite, le long des rails et à travers les zones commerciales est probablement la moins intéressante de tout notre parcours. De plus, marcher sur des routes bétonnées toute la journée est le meilleur moyen de se faire des crampes le lendemain ; séances de massage et stretching indispensables! Les nuits d'octobre deviennent fraîches et humides, le vent souffle à travers la vallée, descendant des montagnes. On progresse sur des routes que l'on connaît bien, des paysages que l'on reconnaît avec plaisir, avec un rythme lent et très agréable. On atteint, non loin de Collombey, un pont qui enjambe le Rhône et nous fait entrer de plein pied en Valais. On passe au large de Monthey, on enchaîne jusqu'à Massongex puis on se retrouve au pied du Château de St-Maurice, qui domine et contrôle la petite route coincée entre la falaise et le Rhône ; à passer par là, on comprend l'intérêt stratégique de l'endroit qui peut fermer complètement l'accès à la vallée.
    On passe une soirée très chaleureuse à Epinassey puis reprise de la route par le Bois-Noir, Evionnaz puis la rive droite du Rhône sous les arbres jaune vif qui frissonnent sous le vent. Longue journée monotone mais le soleil finit par percer les nuages et nous offre de formidables jeux de lumières. A partir du coude du Rhône, vers le hameau de Branson, la vue s'ouvre sur le Valais Central et nous permet de distinguer, dans le lointain, la tour de Saillon et les châteaux de Sion, sous une splendide lumière automnale. Une dernière nuit fraîche et venteuse dans un camping, puis on attaque la dernière étape. Traversée du bourg de Saillon, marche à travers les vignes aux couleurs chaudes où dominent l'or et le pourpre, puis Leytron et Chamoson où l'on retrouve les parents de Flo. On fait la dernière portion de la marche accompagné par la mère de Flo, savourant le soleil et les paysages et le plaisir des retrouvailles. Plus que quelques pas et finalement, après presque 500km et 7 semaines de balade, on atteint notre point d'arrivée. Immense plaisir de déposer enfin nos sacs à dos mais déjà la nostalgie de cette randonnée helvétique, qui signe également la fin de notre année de voyage...
    Un voyage longuement préparé et, au final, plein de suprises totalement imprévues! On partait pour se laisser porter par les aléas du voyage, pour expérimenter l'inattendu et le spontané, pour vivre selon un rythme plus lent et authentique ; on aura été servi, bien au-delà de nos espérances! Et, sans la pandémie, nous n'aurions jamais pris le temps de rester aussi longtemps avec la famille chilienne, ce qui nous aura permis de la rencontrer vraiment et de la connaître profondément. Tout ce que nous avons découvert avec eux, y compris sur nous, c'est un réel cadeau!
    On a ramené avec nous un gros sac à dos de souvenirs et d'expériences brutes, des moments ancrés et inoubliables à transformer, à cristalliser, à diluer pour les intégrer à notre vie en Suisse...

    Un tout grand merci pour avoir pris le temps de nous suivre, ainsi que de nous avoir écrit, encouragé, soutenu durant cette escapade. On espère avoir pu vous emmener avec nous sur la route au cours de ce magnifique voyage!
    Merci à tous, et au plaisir de vous revoir en vrai, dès que possible! ;)

    Flo & Jo
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  • Day 276

    Vevey ... par le Moléson

    October 7, 2020 in Switzerland ⋅ ⛅ 15 °C

    A la sortie d'Arconciel, du haut de la colline, la vue s'ouvre sur nos prochaines étapes : le lac de la Gruyère s'étend, tortueux, entre les arbres et, dans le fond, on voit s'élever la silhouette blanche du Moléson. La neige qui est tombée ces derniers jours est en train de fondre, on espère qu'elle aura disparue le temps d'atteindre la montagne. On a l'impression d'être en Terre du Milieu, à envisager et choisir notre itinéraire depuis le sommet des collines.
    Nous descendons jusqu'aux rives du lac de la Gruyère et suivons la berge vers le sud. Traversée d'une forêt humide et automnale, les feuilles tombées créent un épais tapis ocre sur le sentier. La brume matinale se dissipe avec le soleil, les arbres trempés chauffent et se mettent à fumer dans la lumière, la forêt est noyée dans le brouillard. On débouche soudain face au lac ensoleillé, petite pause devant les reflets éclatants et la chaleur qui se coule sur nous comme une douillette couverture. La journée est belle et chaude mais les nuits deviennent froides, le vent souffle à travers le camping, il pleut à seaux et on se pelotonne dans nos sacs de couchage. Camper à cette période devient sportif mais, au moins, on a le choix de l'emplacement!
    Une amie vient nous rejoindre pour une journée au bord du lac, immense plaisir à la revoir, on est tellement pris par les conversations qu'on en oublie le défilé des paysages. Elle repart le soir tandis que nous poursuivons jusqu'à l'entrée de Gruyères. Le village médiéval est impressionnant sur sa colline, au coeur de la plaine, avec la longue vallée de l'Intyamon et les pentes du Moléson à l'arrière. On profite d'une courte halte pour remonter jusqu'aux bains de Charmey, à travers les Gorges de la Jogne, un chemin étroit garni de passerelles de bois humide qui serpente le long des falaises, et qui débouche face au lac de Montsalvens dans son superbe écrin de forêts orangées.
    Le jour suivant, nous attaquons la longue montée vers le Moléson. Le panorama y est exceptionel, malgré les nuages qui s'amoncellent. Quelques courtes averses nous suprennent, avant une grosse pluie mêlée de vent qui nous fouette le visage et nous accompagne le restant de la journée. Plus on approche, plus on prend conscience de l'énorme masse du Moléson, cette élévation de roche brute surgie des brumes. On longe le versant ouest avant d'atteindre un col qui nous offre une vue plongeante sur les forêts vaudoises et, dans un creux de collines, ... le Léman, en tout petit! Voir se profiler notre objectif à l'horizon nous rebooste et c'est avec une énergie renouvellée qui nous enchaînons la descente jusqu'aux Paccots.
    Nuit toute douillette au sec dans une maison d'hôtes, et on commence notre dernière étape par des averses intermittentes, sur des chemins détrempés, boueux, aux racines très glissantes. On slalome dans des forêts qui bruissent du chant de la pluie, on passe une rivière, quitte Fribourg pour le canton de Vaud, et arrivés aux Pléiades, on savoure un point de vue splendide sur le Léman et la vallée du Rhône. Difficile de décrire la sensation d'accomplissement et de fierté qui éclot à sentir cette traversée de la Suisse toucher à sa fin.
    Une descente par un escalier interminable aux marches mouillées, on se laisse glisser d'un village à l'autre pour finalement rejoindre les bords de la Veveyse, la rivière que l'on suit jusqu'au centre-ville. Le soleil se décide enfin à apparaître, quelques pas encore pour rejoindre le lac et nous nous retrouvons soudain assis à trinquer pour célébrer notre arrivée. On savoure nos bières face aux vagues qui viennent s'éclater sur les rochers à nos pieds en se repassant ces 409km de marche, du Bodensee au Léman.
    Nous comptons nous reposer quelques jours à Vevey, chez des amis, mais déjà se profile, au bout du lac, notre ultime étape : le Valais.
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  • Day 269

    Petit détour par Arconciel

    September 30, 2020 in Switzerland ⋅ ☁️ 13 °C

    Nous quittons rapidement la plaine pour atteindre le parc naturel du Gantrisch, une superbe région verte et vallonnée, balayée par un vent glacial qui nous pousse dans le dos. Face à nous, à l'horizon, l'impressionante muraille des Alpes, d'apparence infranchissable, une roche gris-bleu couronnée de neige, qui trône superbement sur la rive sud du lac de Thoune. Un panorama grandiose qui nous accompagnera plusieurs jours. Les petits villages s'enchaînent, avec des arrêts réguliers et bienvenus pour un café ou un chocolat chaud. Schwarzenburg au soir, et un petit hôtel qui sert de délicieux burgers. Le lendemain, nous reprenons la route sur des sentiers médiévaux et entrons dans le canton de Fribourg en traversant un vieux pont de bois. Nous atteignons la ville de Fribourg le soir même, entrée en fanfare par la Tour des Chats, sur les remparts d'où nous pouvons admirer la basse-ville et l'imposante cathédrale. On commence à sentir que l'on approche de chez nous, on entre en terrain connu et, surtout, ça parle français autour de nous!! On passe une nuit très agréable et chaleureuse chez des copains, puis on repart à travers la ville, longeant la Sarine, dans les gorges, pour la traverser à hauteur de l'abbaye de Hauterive, petite oasis de calme cachée derrière les arbres qui prennent leurs couleurs automnales. De là, nous remontons vers Arconciel, où nous retrouvons la soeur de Flo et son copain qui nous accueillent pour quelques jours. Une formidable pause, pour se ressourcer et savourer des moments de lecture, journée de pêche, Escape Room (encore!) et notre première vraie fondue depuis 10 mois!! Immense plaisir à jouer dans le salon avec la chaleur du feu qui transforme la pièce en cocon de bien-être, et le chat qui s'endort à côté de nous!
    Quelques jours plus tard, nous reprenons la route, plein sud ; le Léman n'est plus très loin.
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  • Day 260

    A travers l'Emmental

    September 21, 2020 in Switzerland ⋅ ⛅ 16 °C

    Il nous restait quelques jours d'oisiveté, nous sommes allés les passer près du lac de Sempach, et sur les collines des environs. Belle journée fraîche, où une pluie fine nous cueille à la sortie de Sempach, alors que nous franchissons les solides murailles bien conservées. Puis, de retour à Lucerne, nous reprenons notre route vers l'ouest, direction Berne par la région de l'Emmental.
    Début d'étape par une montée exténuante au sortir de la ville (comme d'habitude!!), puis on longe les côteaux de la vallée avant de terminer sur les berges de la Kleine Emme. On arrive au soir à Werthenstein, une abbaye médiévale juchée sur un piton rocheux dominant un coude de la rivière, une superbe vision qui nous apparaît au travers des arbres. On y passe la nuit, dans un logement très chaleureux, bercés par les cloches qui sonnent régulièrement. Puis, on repart vers les monts, et on attaque l'ascension du Napf, au coeur du massif. Longue et rude journée mais on découvre des paysages magnifiques, de grosses fermes aux toits rouges parsèment les flancs des collines vertes tandis que les nuages créent des ombres dansantes au-dessus des forêts plus sombres. Des buses tournoient lentement dans les airs, et plongent vers le fond des vallées. Au milieu des prés fauchés, on remarque régulièrement une tache de couleur : un chat surveille placidement son territoire. On gagne le canton de Berne juste avant d'atteindre le sommet du Napf, qui nous oppose une dernière côte bien raide. De là-haut, on savoure une vue splendide sur les sommets alentours, tout en collines boisées, en pentes arrondies, en vallées serpentines. Le rustique Berghotel se noie dans le brouillard tandis qu'on sombre délicieusement dans un sommeil de pierre.
    La brume du matin se dissout durant la journée, où nous longeons une crête après l'autre pour redescendre petit à petit vers la vallée. Depuis les alpages, nous cherchons le camping dans le petit village de Mettlen, avant de comprendre que ce qu'on pense être le village est en réalité le camping! Nous entrons dans un regroupement de plusieurs cabanons et mobile-homes qui tiennent davantage de la tiny house que de la caravane. Enfin, nous atteignons Langnau (pour compléter nos provisions) et poursuivons jusqu'à Moosegg, un sommet où nous attend un hôtel que l'on remarque depuis la plaine. A chaque fois qu'on lève la tête, on voit notre objectif se rapprocher avec une lenteur d'escagot. Une soirée à jouer au Mikkado ou aux petits chevaux, en dégustant un verre de vin! Redescente sur le versant occidental par une journée grise avant une nuit tout confort à dormir sur la paille dans un AirBnB à la ferme, pendant que la pluie martèle furieusement les carreaux. On se laisse bercer par ce chant. Enfin, une dernière étape en plaine jusqu'à Münsingen, où la pluie nous prend par surprise, nous contournons la Belpberg qui campe seule au milieu de la vallée entre Berne et Thoune, rejoignons Toffen avant de prendre un train pour une petite pause à Berne.
    L'hiver en profite pour venir glisser un pied dans la porte, il neige sur les montagnes, il pleut à seaux dans les vallées, et un vent glacé se met à souffler sur tout le pays ; pourtant, même ce temps pourri ne parvient à ternir la chaleur et le soleil des amis qu'on retrouve à Berne. On fait le plein de sourires, de rires, de good vibes. Les voir rentrer chez eux le soir nous laisse face à une sensation étrange, un vide qui nous fait douter de notre (dé)marche... Ce serait si simple et si bon de sauter dans un train pour se retrouver à la maison en deux heures! Mais, nous sentons que ce chemin a de l'importance pour nous, que chaque pas nous permet de nous connecter un peu plus avec les gens que l'on va retrouver, que ce temps est nécessaire... C'est une sorte de fatigue émotionnelle, il nous faut faire preuve d'endurance mentale, autant que physique. On savoure déjà à l'avance les moments que l'on va passer avec nos proches, et ces journées de retrouvailles sont si précieuses!
    Et, en attendant, la route. Nous quittons Berne pour reprendre notre chemin où nous l'avions laissé.
    Cap vers Fribourg et la Suisse romande!
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  • Day 254

    La région des lacs

    September 15, 2020 in Switzerland ⋅ ☀️ 25 °C

    Depuis les berges du Sihlsee, nous quittons Einsiedeln par les collines sur un chemin qui slalome entre pâturages et bosquets. Une vallée plus loin, nous apercevons en contrebas l'Ägerisee ; notre chemin décrit une large courbe sur les crêtes environnantes, nous offrant un panorama splendide, et nous amène le soir venu dans un camping sur les rives du lac. La soirée est rythmée par les tentatives (infructueuses) d'un téméraire joueur de cor des Alpes, qui non seulement pratique ses "gammes" à la nuit tombée mais pousse le vice jusqu'à tenter des trémolos endiablés qui résonnent dans la vallée! Puis, c'est à nouveau la montée, des forêts où les ombrages dessinent des formes mouvantes sur les arbres, un vallon avec des champs brûlés par le soleil, une enième colline verdoyante, et l'arrivée sur le Zugersee depuis les hauteurs. La vieille-ville de Zoug est splendide et nous émerveille avec ses puissants manoirs, ses petites rues pavées, ses vieilles maisons aux façades peintes, et le bord du lac, brillant sous le soleil de cette belle après-midi. On n'a qu'une envie : se boire une petite bière fraîche, sur un banc au bord de l'eau.
    La journée du lendemain est consacrée à longer le lac de Zoug, sous un soleil éblouissant. Nous sommes le week-end, en septembre, et les ravissantes chapelles au bord de l'eau accueillent toute un mariage. On essaie d'éviter les cortèges, ainsi que les cyclistes qui déboulent à toute vitesse sur cette petite route étroite. Camping au soir dans une petite ferme très sympathique, au pied d'un énorme bus bleu aménagé, qui a même une terrasse sur le toit éclairée par des lanternes multicolores!
    Un jour de balade encore, sur les sommets alentours et on finit notre étape en plongeant (littéralement) dans le lac des Quatre Cantons, à Lucerne. Baignade rafraîchissante, prélude à quelques jours de repos dans la ville, une Escape Room (ça faisait longtemps! 😁) et de précieuses retrouvailles avec les amis. Neuf mois d'absence et tout se passe comme si on était parti hier! Pour un moment, le temps et l'espace sont abolis ; c'est magique!
    Enfin, on s'offre également un petit cadeau pour la fête de la mi-trajet (une interprétation personnelle des tijerales, la tradition chilienne qui consiste à célébrer la moitié des travaux d'une maison) : une journée aux Bains du Rigi, avec une vue impressionnante sur toute la région! On savoure ces moments splendides, on approche des 200km de marche et de notre arrivée.
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  • Day 248

    Quelques pas sur la Via Jacobi

    September 9, 2020 in Switzerland ⋅ ☀️ 20 °C

    La route se poursuit, pleine de surprises. On traverse le canton d'Appenzell (Rhodes Extérieures) et, en déambulant dans une petite rue à la recherche d'un banc pour le picnic, on tombe miraculeusement sur Ikea (!) et ses célèbres boulettes de viande. Impossible de résister...
    On traverse Herisau pour se trouver un petit coin de camping sauvage, cachés sous les arbres. Le lendemain, on rejoint la Via Jacobi (le camino de St-Jacques de Compostelle en Suisse) que l'on suivra pendant quelques jours. On enchaîne une étape toute en souplesse accompagné par Alex, le frère de Flo, qui non content de nous devancer sur presque tout le trajet, porte en plus l'énorme sac à dos de sa soeur! On finit par débarquer dans un restaurant d'alpage (avec serveuse en costume traditionnel!) qui nous propose des burgers et une place de camping! On accepte évidemment le tout, et Alex finit seul la descente en ville, au pas de course et à la lampe frontale. Nous, nous poursuivons notre chemin à nouveau dans le canton de St-Gall. Arrivée près du Zürichsee sous une pluie battante, où nous attendent un AirBnB chaleureux et une pizza bienvenue, puis nous traversons le lac sur une étrange passerelle de bois, et débarquons dans le canton de Schwyz. Nous entamons le soir même l'ascension de l'Etselpass ; mauvais calcul car, arrivés au sommet avec un magnifique coucher de soleil, nous constatons qu'il est impossible de camper. Le terrain accidenté est trempé et fortement vallonné. Marche forcée de presque 2h, de nuit, à la frontale, pour s'effondrer sur un sombre carré d'herbes, dans ce qu'on imagine être un camping officiel (quelques indices : plein de caravanes, des jardinets remplis de nains, des ronflements alentours...) Les pieds sont en feu, les muscles se fossilisent, on sombre dans un sommeil sans rêve...
    Au matin, nous franchissons les quelques kilomètres qui nous séparent encore d'Einsiedeln où l'on s'octroit une petite pause, sur les rives du Sihlsee, histoire de visiter la ville et sa fameuse abbaye. Une journée de repos superbe, où l'on retrouve encore un peu la famille ; ces moments de retrouvailles sont vraiment précieux, vibrants, et se cristallisent en des instants mémorables. Le temps est splendide, des parapentes colorés tournoient dans les airs et des surfeurs sexagénaires font des pointes de vitesse sur les eaux du lac qui étincellent entre les versants verdoyants.
    On recharge complètement nos batteries pour les prochaines étapes ; nous allons quitter les sentiers de pèlerins de la Via Jacobi pour rejoindre le Chemin Panorama Alpin, une route nettement plus vallonée qui longe les Préalpes.
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  • Day 240

    Grüezi!

    September 1, 2020 in Switzerland ⋅ ⛅ 16 °C

    Dix jours plus tard, nous quittons le duplex cosy qui nous a servi de quarantaine pour la suite (presque la fin) de notre voyage. Nous avons décidé de rentrer à pied vers le Valais, une traversée de la diagonale helvétique "Lake to Lake" : du Bodensee au Léman!
    Une façon de reprendre pied en Suisse, de se réapproprier lentement ce retour, en prenant notre temps. Malgré l'envie sauvage de sauter dans le premier train pour retrouver la famille, on ressent que l'on n'est pas tout à fait de retour, une partie de nous est restée au Chili, on fait le grand écart au-dessus de l'Atlantique et il nous faut un peu de temps pour se réhabituer à la vie en Suisse. Et, comble du luxe, nous avons beaucoup de temps! On va en profiter!!
    Départ donc de Rorschach, sur les rives du Lac de Constance, pour une ascension raide des monts alentours. Très vite, on se sent complètement essoufflés, on râle sur nos sacs à dos beaucoup trop lourds ; on se rend compte que tous ces mois passés à Ovalle, sans pouvoir randonner, nous ont ramollis! Trop de grillades et d'avocats crémeux!! Il nous faut éliminer tout ça, et, après quelques jours, on finit par retrouver un rythme de marche qui nous correspond.
    Le chemin oscille entre des collines herbeuses et les vallons ombragés, on passe par des bosquets, descend dans le creux des vallées pour traverser une rivière rafraichissante avant la rude remontée et le paysage s'ouvre à nouveau sur une succession de collines qui s'arrondissent dans la brume, jusqu'aux Alpes dans le lointain.
    Dans notre premier camping, près de St-Gall, alors que nous faisons griller nos saucisses sur notre brûleur à gaz, surgit soudain un sympathique autochtone qui nous invite dans son campement pour profiter de son barbecue. Il nous ramène également des patates grillées, une grande assiette d'un plat typique préparé par sa femme thaïlandaise, puis nous invite sous son auvent chauffé, on patauge en allemand, on cause en anglais avec un autre campeur britannique qui ne sait pas non plus ce qu'il fait là, notre hôte nous propose (encore) à manger et sa femme un digestif "Schnapps Medizin Thaï". Intrigués, on accepte et elle nous sert une mixture rouge vif, grosse odeur d'herbes, qu'on boit doucement ; ça brûle tout sur son passage! Elle nous dit qu'elle le prépare elle-même, avec de la Grappa et du "Tigo"... "Tigo", c'est quoi? Elle nous amène le flacon : Tiger Balm, le fameux Baume du Tigre, version rouge, qui soigne les douleurs musculaires, les migraines et qui, apparemment, se marie très bien avec un alcool fort!! Ce soir-là, on peine à retrouver notre tente, pourtant à seulement 10 mètres...
    Dans notre périple, nous avançons lentement mais sûrement. La grisaille des premiers jours laisse place à un soleil triomphant et on éprouve un réel bonheur à avancer pas à pas sur ces chemins de basse montagne. Surtout que, de temps en temps, la famille vient nous retrouver, pour une journée dans une ville,ou une étape sur la route! Ce sont des moments tellement émouvants, où l'on retrouve des gens que l'on a plus vus depuis près d'une année, et le lien et le feeling sont là, comme si on était parti la veille! Une sensation étrange et dense, la joie des retrouvailles et la simplicité du contact. On les regarde partir le soir avec un creu en dedans, un vide, l'impression de les quitter à nouveau, mais on sait qu'on les revoit bientôt. Nos proches nous attendent au bout de la route, et nous, il nous reste encore quelques étapes à franchir.
    On repart avec une énergie renouvelée!
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  • Day 228

    Au revoir le Chili !

    August 20, 2020 in Chile ⋅ ☀️ 16 °C

    On dit que même les meilleures choses ont une fin.
    Le visa touriste de Flo, prolongé au maximum, arrive à échéance. De plus, on sent poindre dans nos jambes l'envie de reprendre la route, de se remettre en marche pour savourer le défilé des kilomètres. On fait un survol de nos possibilités ; c'est bien maigre. Provenant d'un pays classé à haut risque de Covid (dans le top 10 mondial), les seules frontières qui nous sont encore ouvertes sont celles de la Suisse! Tous les autres pays se protègent massivement. Bien, ce sera la Suisse donc, avec une quarantaine à l'arrivée, et de là, on avisera!
    Malgré l'envie de repartir marcher, on se sent déchiré de devoir quitter le Chili, et surtout les gens qui nous ont si bien accueillis, avec qui nous avons tant partagé! On fait nos préparatifs de départ, il faut rendre la maison et toutes les affaires qu'on nous a prêtées : c'est une excuse parfaite pour revoir tout le monde! On savoure pleinement les dernières soirées, on remplit nos sacs de paltas, de pisco et on moissonne une pleine cargaison de souvenirs...
    Vient le jour où il faut monter dans le bus (en retard), puis c'est la route jusqu'à Santiago, 6 heures durant lesquelles on se replonge dans notre séjour à Ovalle... On apprend pendant le trajet que la ville va être mise en confinement total deux jours plus tard! On s'échappe de justesse... La mise en confinement des deux grandes villes de la région 3 semaines plus tôt a provoqué un afflux de vendeurs ambulants, d'acheteurs et de commerces fuyant les quarantaines qui ont submergé la ville d'Ovalle ; il y a un monde fou dans les rues depuis quelques semaines. Le seul moyen de limiter les déplacements est d'imposer le confinement, où il faut un permis pour circuler en ville, même pour les achats essentiels... Et nous, on s'en va juste avant. On a un peu l'impression d'être des déserteurs, quand même...
    Ce bus interminable finit par arriver à Santiago, après un arrêt aux portes de la ville où on contrôle notre passeport sanitaire ainsi que la raison de notre présence dans la capitale. Le billet d'avion fait office de laissez-passer mais nous avons également un sauf-conduit de l'ambassade suisse, au cas où. Nous traversons une ville immense qui se déconfine depuis peu, les rues sont littéralement envahies de gens masqués, sensation de fourmillière oppressante, on se jette dans un taxi (assis uniquement sur la banquette arrière pour garantir la distanciation sociale) qui nous emmène jusqu'à la maison de mes parrains, Juanita et Pancho. Salutations du coude, on garde les masques dans la maison jusqu'au repas, puis on les oublie joyeusement et on trinque à notre voyage et à ce pays si chaleureux! Pancho vient nous offrir encore quelques (excellentes) bouteilles à ramener absolument ; on doit jouer au tétris pour tout caser dans nos sacs à dos!!
    Le lendemain, nous découvrons un aéroport international presque vide, seulement 3 vols sont annoncés pour la journée (dont un d'annulé) (pas le nôtre, heureusement!), il n'y a pas de file au guichet d'enregistrement où nos sacs remplis passent de justesse! On passe la frontière en se bagarrant un peu avec les douaniers pour des questions de paperasse, on déambule dans le terminal presque vide, les magasins sont fermés, grilles baissées. Finalement, on peut monter dans l'avion.
    Enfin, Flo le peut, parce que moi, j'ai de la température (38,6°C quand même...) et on me refuse l'accès à bord. La sympathique hôtesse, franchement flippée, me raccompagne en disant qu'il va falloir débarquer Flo et nos bagages. J'essaie d'argumenter que j'ai dû attendre le contrôle de température derrière une vitre en plein soleil (gros effet de serre!!), que je porte un masque noir, j'enlève la jaquette, me coule sous la climatisation, essaie de me refroidir par la pensée!! Les stewards ont un doute, ça téléphone à tout va, on me demande de ne pas bouger de mon banc, enfin de l'animation dans ce terminal vide! Pendant ce temps, Flo, déjà dans l'avion, tente de descendre sans provoquer une panique à bord. Les hôtesses de l'air ouvrent de grands yeux en apprenant qu'elle accompagne un passager qui a 38°C de fièvre! Elle doit attendre à la porte de l'avion pendant qu'on va prévenir le commandant de bord. De mon côté, les stewards me reprennent la température : 36.8°C! Quoi?! Alors, re-téléphones partout ("Mais oui, il avait 38°C il y a cinq minutes et maintenant 36°C, on fait quoi?"), ça s'agite pendant que j'attends toujours sur mon banc puis ils m'informent que, du coup, ils n'ont pas de raison valable pour me retenir. Ça soulage tout le monde, surtout nous! Le temps de récupérer ma carte d'embarquement, je rejoins Flo à la porte de l'avion, à côté de l'hôtesse qui l'informe qu'elle peut respirer à nouveau. On se coule dans nos sièges et on reprend connaissance quand l'avion finit par décoller (même pas en retard!).
    C'est alors qu'on réalise qu'on est en train de quitter le Chili, et qu'on laisse derrière nous tous ces gens rencontrés, mais on emporte avec nous, au milieu des bouteilles de pisco, tellement de souvenirs puissants et de moments précieux gravés au plus vrai de nous. Merci infiniment pour tout cela! Le Chili nous salue avec une magnifique vue de la Cordillère des Andes et ses sommets enneigés.

    L'arrivée en Europe passe par l'aéroport de Paris, qui nous marque par son intense activité, en contraste complet avec celui de Santiago. On enchaîne avec le vol pour Zürich (pas problème de température cette fois-ci!) et on se retrouve, sans trop comprendre comment, en Suisse. Alors que d'autres pays sécurisent sanitairement les frontières avec des militaires, la Suisse a opté pour un joli panneau, qui indique qui doit faire un quarantaine en entrant. Nous quittons alors l'aéroport de Zürich (tellement lustré qu'il en brille, avec ses énormes publicités pour des montres) pour nous rendre dans un petit village voisin, où nous allons faire notre quarantaine. On se perd dans le village (!), on tourne un moment, épuisés, hagards, avant de trouver le logement, très coquet. Un rapide salut à distance avec les proprios et on s'effondre dans le lit, dévorés de fatigue.
    Au programme de cette quarantaine : dormir pendant 10 jours!
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  • Day 214

    Dans les rues d'Ovalle

    August 6, 2020 in Chile ⋅ ☀️ 20 °C

    On vous invite pour une petite promenade imagée dans les rues d'Ovalle, où l'on a vécu pendant 3 mois.

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