From Maharajahs to Ha Long Bay

October - November 2022
La Grande Découverte pour Gaël, le retour aux sources pour ma part.
Deux photographes, deux âmes, deux coeurs unis, depuis les terres des Rois jusqu’au Pays du matin calme ! Diwali, Tataj, Chaï tea ready ! Que la fête commence !Tchou Tchou ! 🪔🎉🚂🎞️📸
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  • Day 12

    Pushkar. Paradoxal Activity

    October 23, 2022 in India ⋅ 🌙 27 °C

    Trois jours et demi.

    Tantôt un battement de cils, tantôt une éternité.

    Cette ville est folle, je l’apprécie et je la déteste.

    Ce lac sacré coincé entre les collines des Aravalli, cette ambiance mystique au bords des ghâts est un plaisir de déambulation, mais un calvaire pour la photo de rue : les photos sont interdites au bord des ghâts et des gens se prenant pour la police de la vertue ne se privent pas de le rappeler. Les marchands ont remplacé les locaux. Tout sonne faux, ormis quelques échoppes de produits destinés aux rites religieux le reste est à destination des touristes.

    Pushkar.

    C’est une des villes les plus sacrées de la religion Hindouiste, de par le lac en son sein : La légende dit que le dieu démiurge Bhrama y accomplit rituels et ablutions après qu’une oie ait designé ce point d’eau en y deposant sur la rive une fleur de lotus (donnant le nom de « Lotus Bleu » à la ville).

    C’est aussi la ville de la malédiction ; là où Aja, tombé fou amoureux de la femme qu’il avait engendré lors de la création du monde, Sarasvati, fu damné par cette dernière. La déesse, souhaitant échapper au regard du dieu avait beau s’échapper dans plusieurs directions en même temps ; sans succès. Peu importe dans quelle direction elle s’enfuyait, une nouvelle tête poussait à Prajâpati dont chaque regard ne cessait de l’épier. Ainsi Bhrama avait quatre têtes, une pour chaque point cardinal et une dernière, pour scruter le ciel.
    Shiva trouvant l’obsession du dieu pour sa propre fille particulièrement indigne condamna Bhrama à n’être vénéré qu’à Pushkar et lui coupa la tête supérieure pour son impiété.

    Effectivement il n’existe que de très rares villes dans le monde pouvant abriter un temple dédié au Seigneur de tout ce qui vit et celui de Pushkar est Le Temple de Bhrama.

    Voilà la version courte; La mythologie hindou étant particulièrement riche, tu trouveras quantité d’informations complémentaires au gré de tes navigations où dans un grand nombre d’ouvrages. Mais si tu le peux, fais-toi conter ces histoires par les locaux, cela permet de se rendre compte que les légendes orales se transmettent et muttent au gré des familles. Personne n’aura jamais la même version, c’est absolument fascinant.

    Pour en revenir à notre étape. Globalement avec Gael : on s’est fait chier. Se mettre les doigts de pieds en éventail, fumer des joints et boire de la mauvaise bière #Kingfisher n’était pas vraiment notre intention première en venant ici.

    Pourquoi pareil résumé ?

    Pushkar est La ville du mouvement Hippie des grandes heures des années 70/80, et la première rue ceinturant le lac le rappelle bien…Ce ne sont que des échoppes présentant quantité de sacs bigarrés, d’écharpes de toutes les couleurs, de bijoux de portes, de cigarettes (on est bien sacré là), de carnets de voyages , de boutiques de babouches, de chemises et de pantalons en chanvre illustrant des « Ôm » , des Bob Marley, des robes et des tenues à faire palir de jalousie les designers de Desigual (ils se sont probablement inspirés ici).
    Je vous parlais de paradoxe ; force est de constater qu’ici les hippies sont chez eux, et deviennent aussi consommateurs que les consommateurs qu’ils aiment dénoncer, au travers de leur rejet d’une société capitaliste. J’avoue avoir beaucoup de mal avec cette mentalité que je trouve particulièrement hypocrite.
    Voir les babos faire du cerceau ou de la danse au coucher du soleil dans l’endroit le plus touristique de Pushkar dans le seul objectif de se montrer me sort un peu plus du délire.
    Les vendeurs de cette rue interminable tentent à chaque passage de nous vendre leur camelote, c’est à n’en plus finir.
    Les quelques restaurants sont spécialisés dans la pizza ou les falafels ; Pushkar le revendique sur ses murs, ici c’est : India, Italy, Israel.

    Les cafés servent tous les lassis, jus et mocktails imagineables, la ville sacrée prohibe l’alcool, il est pourtant d’une simplicité enfantine de commander de la bière sous le manteau (enfin sous la Kurta 🤓), de la consommer en prenant la précaution de la cacher sous la table après quelques gorgées. Simplissime également de demander aux serveurs de retirer leur virginité aux mocktails de leur carte.

    Et comment bien résumer cette ville, paradis du babos sans parler du bhang ? Ici, c’est le paradis de la weed, s’agissant d’une plante utilisée légalement par les bhramanes et sâdhus afin de se rapprocher des dieux (Shiva étant un grand afficionnado de l’Herbe magique), la ganja se retrouve ainsi partout, dans les lassis, les jus, par-tout, j’en veux pour preuve : Il suffit de parcourir les cartes et de trouver le « Special Lassi » ,«  Special Coktail » etc…

    Donc après la ville de hippies surconsumméristes.
    Nous avons une ville sainte ou la piété tourne facilement à l’escroquerie.

    En nous promenant aux abords de ghâts, des fidèles s’auto-désignants comme des bhramanes, parangons de vertue et d’ascétisme, nous forcent presque la main pour accomplir les rituels d’ablutions. Leur stratégie : Sous couvert d’une offrande de bon coeur, ils remettent un oeillet et t’invitent à le déposer sur le lac. Si tu as le malheur de l’accepter, tu vas passer entre les mains d´une chaîne de « sages » qui vont expliquer le rite chacun à leur tour, l’un proposera de garder tes chaussures, l’autre te remettra les offrandes composées de riz, de pétales de fleurs, d’épices pour la tikka sur le front, un autres te prendra alors par la main, te fera le suivre en descendant les hautes marches du ghât puis t’invitera à t’asseoir avec lui au bord de l’eau afin de réciter les Vedas et invoquer la paix et la prospérité pour ta famille.
    Tout ce joyeux petit monde lavera ton âme, mais surtout demandera à la fin de te décharger de quelques roupies « pour les nourrir » « ou les vêtir » car s’agissant « de moines sans le sous » (🙄) et ainsi verser une aubole bien méritée pour rétribuer leurs sages explications.
    J’ai dis roupies ? Si possible en dollars ou euros en fait…Et plus tu donnes, plus tu seras pieu et pur évidemment. Après avoir refusé toute la première journée, fatigué d’argumenter que « la religion est gratuite », Gael et moi avons cédé le deuxième jour, dans l’objectif d’effectuer leur rite, leur lâcher 200 roupies (j’ai bataillé pour ne pas donner plus, le mec voulait 1000 roupies puis 500…mais pas question, escroc !), obtenir la tikka sur le front et surtout obtenir le bracelet en fil de cotons rouge et jaune, véritable « passeport des ghâts » (c’est littéralement ce qu’on m’a dit).

    Donc passer pour un pigeon aux yeux de la population en exhibant une marque sur mon front comme fruit d’une entreprise mercantile plus que d’une profession de foi est pour moi le cadet de mes soucis, tant que j’obtiens ce bracelet. Ainsi chaque jours, les sollicitations sont coupées nettes lorsque nous montrons notre bracelet, symbole de notre « passeport de la foi ».
    ( Nous avons d’ailleurs bien rigolé quand avec Gael, depuis le toit du café donnant sur le lac, nous avons surpris « mon» bhramane, planqué derrière le temple sur le ghât pour fumer sa clope…)

    La voila cette ville paradoxale.

    Cela reste une belle ville, pas passionnante, mais une étape plutôt reposante. La vue sur le lac depuis la colline au coucher du soleil est merveilleuse. L’environnement, en dehors de la mafia des (faux)bhramanes reste profondément mystique. Et la vie est déjà plus vraie quelques rues au delàde la « ceinture à hippies ».

    Avec Gael, nous avons tout de même réfléchi à quitter les lieux plus tôt que prévu. Faute de temps, nous nous sommes ravisés et nous sommes résignés à fêter Diwali et son anniversaire comme prévu, ici. Finalement un excellent choix, car ce Diwali et cet anniversaire, resteront un des moments les plus étrange et fou de ma vie. Que s’est-il passé le lundi 24 Octobre 2022 ? Patience lecteur, cette journée est l’objet du chapitre suivant. Mais avant de le rédiger, je dois boire un nouveau café.
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  • Day 13

    Happy Diwali ! Happy Bday ! Bhang bhang!

    October 24, 2022 in India ⋅ 🌙 20 °C

    (Récit rédigé le 25 octobre, 17h30, lecteur pardonne ma plume un peu fatiguée)

    Dans mon précédent chapitre, je partageais mon ennui pour cette ville, frustrante car beaucoup trop surfaite.

    Pourtant lorsque l’on gratte sous les dorures toc, on y trouve d’autres formes de trésors. La vie renaît lorsque les échoppes baissent leurs rideaux d’acier.

    Dans un premier temps, je souhaite recontextualiser Diwali :

    🪔🪔 Diwali est une fête particulière, fête familiale par excellence, célébration du retour au pays de Rāma, avatar de Vishnou, suite à sa victoire sur le démon Ravana. Rāma retournant en sa ville d’Ayodhya, les habitants ont alors éclairé sa route en déposant au pas de leur porte des petites lampes de terre remplies de ghee ou d’huile. Diwali signifiant « les rangées de lumières ».

    Ce festival est similaire à la fête de Noël, une fête qui célèbre la fin des beaux jours et l’arrivée de l’hiver. Il faut imaginer les trois premiers jours de Diwali comme un long réveillon, trouvant son paroxysme le soir du troisième jour. C’est au troisième jour qu’a lieu la commémoration de la déesse Lakshmi : Les habitants réunis en famille, habillés de vêtements neufs, festoient, s’offrent friandises, rient et sortent à la nuit tombée prier la déesse et allumer encore plus de lampes.
    C’est aussi l’occasion après la prière du soir d’allumer pétards, feux d’artifices, et faire résonner la fête dans le pays entier 🪔🪔

    Cette année Diwali a commencé le samedi 22 octobre : Dhanteras, et se terminera le 26 Octobre : Le Bhai Dooj, jours dédié aux frères et soeurs.

    Le paroxisme : Diwali, Lakshmi Puja , est le 24 octobre, jour d’anniversaire de Gael. Quel symbole et quelle occasion de doublement fêter cette journée !

    Après deux journées à prendre notre ennui pour du repos et tâcher de garder le moral en relativisant le manque de scènes photographiques, aujourd’hui est un jour spécial.
    Nous avons arpenté les rues, profitant d’un passage chez un bijoutier pour sceller ce double événement dans des anneaux d’argents typiquement rajasthani. Nous avons ainsi pris le chemin autour de 17h pour le sunset point afin d’observer le coucher du soleil sur le lac.

    Le soleil descendant révèle les centaines de lampes déposées aux bords du lac par les fidèles. Les pétards retentissent partout, on parle parfois de véritables mortiers. Les fusées éclatent à chaque endroit où le regard se pose, les badauds profitent du spectacle, des gamins gypsies allument leurs feux de bengale et jouent avec la foule, le sourire aux lèvres entre deux tours de manches. Les tambours accompagnent les hippies-danseurs et vénérateurs du soleil, Gael et moi capturons notre panorama, j’ai la ville au couché du soleil, Gael réalise celui de la ville, entrée dans la nuit, à la lueur des éclairages urbains et parsemée des petites lampes de terre. Une vision magique, inoubliable.

    Nous avons décidé d’aller dîner avant de déambuler dans les rues. Nous trouvons un charmant petit resto au jardin ombragé, complètement vide, la foule étant ailleurs : les indiens sont en famille, les touristes à sunset-point à faire du cerceau ou à regarder les autres touristes faire du cerceau.
    Nous, nous trinquons et célébrons un anniversaire bien particulier. « Une bière chef ! », puis deux ! C’est pas le tout de se nourrir liquide mais j’ai tout de même voulu assurer mes arrières en commandant une pizza 4 fromages (sacrilège en Inde, me diras-tu Lecteur, mais qu’est ce qu’elle était bonne putain !) Le ventre plein, nous changeons d’adresse pour nous rendre de l’autre côté du lac, au « Energy Café », repaire des teuffeurs de tout horizon, dont la terrasse sur le toit fait face aux ghâts et au lac et n’a pas de vue pour autant sur ces derniers mais plutôt sur l’énorme temple adjacent. La musique est new-age, électro, le serveur semble ne pas avoir bu que du café. « Une bière chef ! » puis deux, puis trois.
    Les pétards dans les rues se font de plus en plus intenses en cette nuit maintenant bien tombée. Les explosions font parfois trembler les murs. Nous sommes totalement hallucinés par cette ambiance de joyeuse fin du monde. Notre cerveau a du mal à discerner des bruits de guerre, avec la beauté des étincelles, la joie et la facétie des lanceurs et lanceuses de tous âges.
    Enfin, pour finaliser notre double-célébration, nous nous laissons tenter par le fameux « Special Lassi » : « un normal pour Gael, un doux pour moi », chochotte que je suis et qui ai arrêté le pétard il y a 8 ans.

    Nos lassis sont arrivés, la boisson à base de lait fermenté au goût vanille et au chocolat, aggrémenté de grenades, effectivement le miens était moins vert que celui de Gael, nous le sirotons doucement, doucement…dou-ce-ment.

    Mes yeux se plissent onctueusement, prenant l’allure de deux fentes, ma vue est brouillée, les pétards sont assourdissants, les plus grosses explosions me soufflent les tympans, la musique se fait cotonneuse, l’accouphène bien présente . Le rire est irrépressible. J’ai l’impression de ne plus rien comprendre et pour autant de penser comme jamais. Gael et moi, assis sur nos banquettes au sol, roulons de rire rien qu’en se regardant, chacun étant le miroir de l’autre.

    Il est 23h00 lorsque notre serveur nous informe que nous sommes invités à déguster « le shooter de l’amitié » avec deux autres convives (l’un deux est le dévot-hurleur croisé au temple sur la coline de la vieille). Nous remontons tant bien que mal les quinze marches qui nous séparent de la terrasse sur le toit. Je tente de reprendre mon sérieux. La mixture produit son effet, assis sur ma chaise, face aux deux types dont les sourires immenses révèlent des dents blanches et jaunes brillantes : une brillance presque agressive. Féline. Les deux shooters au mélange inconnu nous attendent sur la table. L’un des convives nous questionne sur la validité de notre passeport, de nos visas, entre deux verres de whisky ; il nous informe « posséder l’ensemble du marché de Pushkar », une scène presque sortie d’un Parrain à l’Indienne. Ce vieux mec à l’allure de gangster me semble un peu trop faire d’allusion à l’argent et au fait qu’à Diwali l’argent n’existe plus. Le type nous invite à boire nos shooters. Gael s’exécute et englouti la moitié du sien, moi je prétexte une trop forte ivresse et l’assurance d’une bonne gerbe sur la table si je devais m’exécuter.
    En réalité je me battais contre moi-même, cette ivresse et cette défonce, pour tenter de rester à l’affût. Car ce moment me mettais profondément mal à l’aise. J’ai lu quantité de récits concernant des touristes qui se sont fait offrir à boire en Inde pour se réveiller délestés de leur passeport ou au compte bancaire vidé à leur réveil.

    Une demi-heure in-ter-mi-nable, toujours face à ces deux grands sourires flippants. Je donne un coup de coude et susurre à Gael : « ça pue le traquenard, on fini notre clope et on se tire ». Gael acquiesce, aussi mal à l’aise que moi.

    S’agissait-il d’une parano propre au bhang circulant dans mon cerveau ? Peut-être, mais on est jamais trop prudent. Nous nous sommes acquittés de l’addition pour ensuite rejoindre notre Guesthouse à deux rues de là.

    La descente de escalier, si étroit, aux marches recouvertes de fausse pelouse est infinie, déclenchant un nouveau fou-rire à se décrocher l’estomac. Nous atteignons enfin le rez-de-chaussée et sortons…pour nous retrouver en plein coeur d’une guerrilla urbaine. Une guerre du feu d’artifice. Bon enfant mais non-moins impressionnante et dangereuse au possible.

    Deux groupes de jeunes du quartier se faisant face, chacun à un angle de la petite place acceuillant les marchands de fleurs l’après-midi. L’affrontement consiste à se tirer à la tronche des fusées, à essayer de faire une démonstration de force. Un bras de fer qui nous a scotché de longues minutes. Nous nous éloignons enfin pour nous rediriger dans la rue de Kanhaia Haveli, cette fois les deux groupes de jeunes ont fait place à deux familles voisines, rivalisant sur ce morceau de rue, chacun faisant exploser feux, pétards, fontaines, spirale d’étincelles. Une mère ici allume nonchalement, le bébé dans les bras, son feu de bengale. Ils jettent des pétards, les motos continuent de circuler, les explosifs de couleurs manquant de peu de peter aux pieds des badauds et des conducteurs qui zigzaguent entre les mines colorées en passe de détoner.

    Quel bordel mais quel bordel ! Ca pète de partout, devant nous, derrière nous, au plus prêt, au plus loins. Et tout le monde continue, les vaches poursuivent leurs déambulations, rasant les murs et les grilles métalliques des étals fermés , le ciel est blanc gris, la lumière réverbère sur la fumée de ces milliers d’explosifs. Nous sommes littéralement sous cloche.

    Gael et moi, en pleine montée ne croyons pas à ce dont nous assistons.

    Nous filmons, je glousse de rire, Gael trébuche dans la fosse d’égout en reculant. Je ris de plus belle.
    Mon ivresse-joyeuse fait place à l’angoisse, mon trip prend une tournure que je connais que trop bien ; la peur de rester coincé dans cet état, les explosions soulevant le coeur, la peur de devenir sourd, la peur de mourir. Nous remontons à notre chambre. Gael est frustré de rentrer trop tôt à son goût, mais je le voulais prêt de moi pour me gérer, me sentant en train de glisser dans le bad. Ma gorge s’est desséchée. Nous n’avions évidemment plus d’eau. Gael souhaitait regarder le spectacle depuis le balcon, moi dans ma parano, je l’imaginais tomber par dessus cette rambarde bien basse à hauteur de nos cuisses. Après tout je ne suis pas le seul sans entière possession de mes moyens, Gael est d’ailleurs aussi maladroit que moi.
    Nous avons fini par nous coucher, Gael me rassurant autant que possible, moi complètement incapable de dormir, mon cerveau turbinant, obnubilé par ma soif et cette bouche pateuse, sableuse même.

    Et pourtant, je me suis endormi. Pour me réveiller ce matin, dans le coton, l’ouïe retrouvée et fatigué de tous ces événements.

    Une soirée extraordinaire, encore une fois, je serai passé par tous les états possibles. Mais nous pourrons dire avec fierté que nous aurons pris part à un Diwali unique et spectaculaire, je pense également que cet anniversaire, au coeur de l’Inde, saura rester gravé dans la tête et le coeur de ma moitié.

    En tout cas, je ne regrette pas d’avoir pris ce bhang lassi, il faut le faire et le vivre au moins une fois dans sa vie. Il m’aura permis de vivre cette nuit en adéquation totale avec celui qui partage ma vie.
    Mais maintenant que son anniversaire est passé : mission accomplie. Mais on ne m’y reprendra plus, ça y est : J’ai eu ma dose.

    Joyeux anniversaire encore Doudouney 🪔🙏🏻🥰
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  • Day 14

    Goodbye Pushkar

    October 25, 2022 in India ⋅ 🌙 21 °C

    Train à 0h45 en gare d’Ajmer, arrivée à Agra pour 7h30 (inshallah) , Next step : Tataj Mahaaal 🥳 Tchou tchou !! 🚂

  • Day 15

    A la une, à la deux, à Agra.

    October 26, 2022 in India ⋅ ☀️ 26 °C

    Les trains en Inde sont une institution. Une drôle d’expérience, obligatoire pour qui souhaite découvrir ce pays dans tous les sens.

    Minuit-cinquante, notre train 22548 démarre depuis la gare d’Ajmer.

    Allongés sur nos couchettes 28 et 29 du Wagon B2, le trajet de six heures et dix minutes vers Agra est confortable « physiquement », mais la loterie du destin détermine toujours si le voyage sera un long plaisir, ou une épreuve de patience et de fatigue.

    Aujourd’hui pas de chance, nous avons tiré la mauvaise carte. Nous sommes cernés par deux familles de cinq personnes avec bébés ; mesdames autoritaires à la voix haut perchée, messieurs nonchalants et scotchés à leur téléphone sans écouteurs évidemment Vous imaginez trois types dans votre seul compartiment qui tchattent sur leur téléphone en sonnerie et le son de bulles à chaque touche du clavier ? Vous avez le poil qui s’hérisse à cette seule lecture ? Bienvenue dans mon monde.
    Évidemment tout ce petit monde descend dans trois stations, à trois heures du matin. Il va falloir pour Gael et moi respirer et penser Yoga. La tête sur nos sacs photos, nos sacs à dos de voyages sont sous les sièges s’agissant des « moins pires pertes » en cas de vol nocturne (prenez tous les calebars que vous voulez les gens, mais pas touche au matos photo 🤓), les draps sur nos têtes, fermeture des yeux et voila une interminable partie de comptage de petits moutons et de petits nuages. Pour moi le compte s’est arrêté durant au moins trois heures à l’arrivée, pour Gael il était malheureusement rendu à environ 10800 moutons sautant par dessus 10800 nuages. Un voyage éprouvant, mais une arrivée à destination effective. Dernier freinage de notre loco et nous voila descendu par les trois marches nous menant à quai. À la une, à la deux, à Agra !

    La gare est blindée, le « boulevard » d’accès l’est tout autant, la route dégueule de rickshaws, de voitures, de gens, de chiens, de vaches, de charettes ; Une fourmiliaire dans laquelle il est difficile de se frayer un chemin. Pourtant il le faut bien, car la foule derrière nous n’attendra pas et n’hésitera pas à nous marcher dessus et ainsi de suite comme tout autant de dominos. Nous zigzaguons entre tout ce beau monde, trouvons le premier Tuk-Tuk prêt à nous emmener aux abord du Taj Mahal et de notre hôtel sans se moquer de nous. Un trajet vers le Taj depuis la gare vaut moins de cent roupies, aux abords directs de la gare : Impossible de trouver un chauffeur demandant moins de deux cent roupies par personne ! Alors d’accord, nous parlons de cinq euros la course, mais surtout d’une augmentation de trois-cent-pour-cent sur simple délit de faciès , ces gars me connaissent mal. Dix minutes à déambuler dans ce bordel et nous trouvons enfin un Rickshaw, je lui donne la destination et ne lui laisse même pas l’occasion de négocier : « Namaste sir, Taj Mahal South Gate, one hundred, Indian price, thank you sire ». Et c’est parti.

    Ving minutes de tuk-tuk nous séparent de notre guesthouse. Joey’s Hostel tient plus d’une auberge de jeunesse que d’un hôtel ou d’une maison d’hôtes. Complètement KO nous nous présentons à la réception à sept-heure trente…et… avons la joie d’apprendre qu’il nous faut patienter jusqu’à treize-heure pour effectuer le check-in.
    Autant dire que leur terrasse serait notre tombeau (oui je sais elle est bonne 🥁). Alors le bon point étant que la-dite terrasse fait face au Vrai Tombeau. Le mauvais point étant que cette zone de repos temporaire est misérable : Quatres pauvres banquettes usées bi-places (Indian Size), peut être quatres chaises et au moins trois chaises cassées. Des tables en quantité insuffisante obligeant les clients à s’asseoir par terre faute de place assises, végétants sur un champ de fausse pelouse , ce tapis de platisque poussiéreux et sale faisant également office de cache-misère, ou de piège c’est selon : En effet, un trou béant recouvert d’un morceau de bois (probablement une porte de placard) lui même caché par le tapis-pelouse nous acceuille en plein mieu de la terrasse.
    Si par malheur cette planche bouge (spoiler : elle bougera), notre amie Destinée décidera alors si nous y enfoncerons seulement le pied ou atterirons 4 étages plus bas.
    Mais une telle vue ne nous rend pas difficiles.
    Nous avons erré comme des âmes en peine jusqu’à onze-heure trente, moment ou j’ai tenté de soudoyer le réceptionniste en vantant mes goûts pour les bons commentaires sur Booking.com ;
    Onze-heure cinquante, nous avons notre chambre, face à la terrasse, nous nous hâtons de déballer nos sacs. Il fait plus chaud dedans que dehors et dehors… il fait trente-deux degrés. La Clim’ ne fonctionne pas, le ventilateur au plafond brasse le même air lourd et moite. Peu importe : l’heure de la sieste et de la delivrance à sonné.

    Notre frugal repos de trois heure cesse au hurlement du réveil. En effet, rattraper une partie de notre manque de sommeil est une chose, il nous faut pourtant bouger un peu, nous avons peu de temps avant le coucher du soleil et nous souhaitons joindre un point de vue spectaculaire sur le Taj Mahal. Et trop de sieste ne rendrait la nuit que plus difficile et le réveil terrible.
    Nous nous préparons et prenons la route pour ce point de vue « caché » au bord de la Yamuna. J’avais repéré ce coin de longue date sur google map en vue satellite mais n’avais jamais essayé de m’y rendre, le coin étant un peu perdu dans la pampa à l’arrière de mon précédent hôtel. Puis des blogs et instagram on commencé à relayer cette tour en ruine perdue au bord de la Yamuna et pointant hors de la jungle d’Agra : il suffit de longer le chemin, bifurquer au bout d’un kilomètre sur sa gauche jusqu’à atteindre une grande grille. Là : cinquante roupies de laisser-passer à tout casser et nous voila rendu à un magnifique point de vue, romantique et photogénique au possible. Ça c’était la naïveté qui écrivait.

    Dans les faits, nous sommes arrivés à cette grille, mais ce lieu sacré a déjà succombé à quelques années d’instagrameurs. Autant dire que l’humain n’est pas regardant sur le prix tant qu’il à sa photo (qu’est ce que l’humain est con parfois)…du coup on nous annonce un laisser passer à deux-cent roupies par personnes, j’explose de rire et tourne aussitôt les talons, je propose à Gael d’essayer de contourner cette « résidence »dont la tour est au fond de leur « jardin ».
    Nous longeons une sorte de ruisseau, nous nous enfonçeons dans ce qui semble être une ancienne zone d’enfouissement d’ordures. Puis arrivons au bord du fleuve Yamuna. La terre se fait de plus en plus meuble, pour finir en boue. Je suis en sandale…tu vois le tableau…oui je me suis retrouvé les pieds enfoncés dans cette glaise noire en marge d’un confluent du Gange et de tout ce qu’on peut imaginer y nager, y flotter ou y couler. Nous réussissons pour autant à arriver prêt de cette tour, une petite grimpe et nous voila dans l’escalier d’accès. Prévisible : Les propriétaires du terrain adjacent (et de cette manne touristique) ont bloqué l’escalier par des branches épineuse ; sortir de cet escalier est impossible sans pinces ou gants à minima, jean et veste au mieux. Quels mauvais joueurs…
    Nous rebroussons chemin, nous contentant d’un muret avec un point de vue sympathique sur le tombeau de marbre blanc perçant la jungle.
    Nous rentrons à notre « squat » la nuit tombante, une odeur pire que la vase nous accompagne par l’entremise de mes pieds désormais noirs.
    Nous avons perdu du temps, mais pas de roupies, nous aurons gardé notre fierté aussi.
    Vingt et une heure sonnante, après la bière de la défaite, nous regagnons notre étuve. Le lever demain à cinq-heures pour rejoindre la porte d’accès ouest du Taj sera difficile.
    Huit heures de sommeil moite, c’est pas le top mais au moins le compte est bon. À demain Tataj.

    Pardonne-moi lecteur pour ce chapitre aussi long que chiant. Je tiens cependant à ma souvenir de cette étape en écrivant un récit en adéquation avec cette dernière.

    (NDA - Lundi 20 Mars 2023 : c’est encore plus chiant à corriger 🤓)
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  • Day 16

    Hello again Tataj 😘

    October 27, 2022 in India ⋅ 🌙 19 °C

    Un réveil à 5h00 du matin est toujours un challenge, mais lorsqu’il s’agit du Taj Mahal l’épreuve est plus douce.
    J’ai imaginé ce moment depuis des mois, je sais que cette visite se doit d’être extraordinaire.

    Nous sommes à la porte-Est parmi la trentaine de courageux. Avoir son hébergement à cinquante mètres aide pas mal, je l’avoue.

    6h00, la barrière s’ouvre, il est temps de franchir les sas de sécurité. Je fais en sorte de laisser passer Gael devant.
    Le garde fouille, me demande de vérifier mon lourd appareil photo argentique ainsi que ma saccoche ; pour cette dernière je lui demande de regarder « doucement ». Pas de chance, il avait déjà presque sorti un petit cube de bois de cette dernière. Gael avait évidemment déjà franchi le sas voisin et attendait à trois pas de moi, la tension monte, cet imbécile va tout foutre en l’air ! Je crie sur Gael de dégager en prétextant que le flic est suspicieux (oui je suis un mec beaucoup trop autoritaire parfois, mea culpa). Ma moitié ne comprend pas mais s’éloigne, au moins ça c’est bon.
    Le policier me rend ma saccoche, un sourire jusqu’au oreilles, et me souhaite « une merveilleuse journée ».

    Soupir.

    Je rejoins Gael et nous nous avançons vers l’immense porte-Sud, la franchir donne accès à la Merveille. Là, la course commence. Comme à l’accoutumée, les touristes s’arrêtent devant la fontaine pour photographier la carte postale qu’on trouve partout, moi je donne le signal à Gael : « On fonce au Taj ! Résiste à la tentation de photographier quoi que ce soit » (et je sais comme c’est difficile). Deux-cent mètres de marche rapide, droit sur le dôme blanc, un escalier, enfilage des sur-chaussures bleu ignobles, nous y voila.

    Nice to see you again Tataj.

    Nous avons le Taj Mahal pour nous seuls.

    Moment exquis et hors du temps, nous avons pour seule compagnie que les centaines d’oiseaux perchés sur la barrière Nord face au fleuve Yamuna, le soleil se devinant à l’horizon. La nappe bleu-nuit virant au rouge-orangé vers l’est, notre astre point, délicatement, amoureusement ; ses doux rayons traversent le brouillard, embrassent le marbre, le nappant de délicieuses nuances. Les enluminures coraniques de marbre noir semblent étreindre langoureusement les iwans sur lesquels elles reposent.
    Quel délice de se sentir si petit et pourtant si proche de cette beautée architecturale.
    Je regarde béatement Gael déclencher dans tous les sens.

    Personnellement j’ai déjà photographié le mausolée de Mumtaz Mahal sous toutes les coutures. Je laisse ce plaisir à mon compagnon et lui sert simplement de guide vers les meilleurs endroits pour gagner du temps sur la masse de visiteurs qui commencent déjà à s’approcher du monument.
    Nous faisons le tour, entrons dans la salle principale afin d’observer les cénotaphes des deux éternels amoureux, puis nous nous rendons sur le parvis de la mosquée à l’ouest de ce chef d’oeuvre Moghol. Gael trépigne, devant attendre son tour pour photographier la fameuse scène de « la porte sur le Taj ».
    La foule commençant à s’amplifier. Je reste un peu en retrait, il s’éclate bien.

    Nous nous rendons ensuite au bord du parvis de la mosquée, nous nous esseyons face au soleil carressant le monument de marbre blanc prenant désormais des teintes du rose au bleu pastel. Face à nous, les rayons traversent la pierre translucide..
    Gael continue de photographier, de mon côté je sors une enveloppe de ma saccoche. L’enveloppe que j’ai cacheté à la cire rouge hier, en douce, avec un sceau à l’image de l’arbre de vie.

    —J’avais écris la lettre à Pushkar au petit matin pour être au plus prêt de cet instant. Ce n’est pas ma plus belle calligraphie, mais je devais me presser : Monsieur pouvant surgir sur la terrasse à tout moment.—

    Je sors également un petit cube de bois de la saccoche.

    Gael ayant terminé sa série panoramique, il me regarde, je lui souris, il me demande ce que j’ai, je lui montre ce que j’ai dans la main. Son regard se pose sur l’enveloppe. Je l’invite à l’ouvrir et à en lire le contenu.

    Pendant ce temps j’ouvre le petit cube. Je vois le regard de Gael s’éclairer. Puis rire en posant le regard sur le contenu du cube.
    Dans le lieu où nous sommes, nous ne pouvons aller plus loins dans la démonstration d’affection, par respect. Mais je peux l’annoncer ici : Sa réponse est « Yes I do ».

    J’avais déjà fais ma demande lors d’une soirée fortement arrosée il y a un an de cela. Mais je souhaitais ne pas m’arrêter là et offrir à celui que j’aime le nec-plus-ultra du romantisme. Eh bien voila, ce sera fait devant le Taj Mahal. Je suis bien content qu’il n’ait pas changé d’avis.

    Comment décrire le reste de la journée après cela ? Formidable, tout simplement.

    Nous prenons le train à 18h00 pour rejoindre la ville la plus sacrée d’Inde, Varanasi, quinze nouvelles heures de train nous attendent.

    Nous nous approchons de la fin de notre périple Indien et allons de ce fait nous rendre dans la ville où pour beaucoup, tout doit se terminer.
    La ville de la mort et de la vie.
    A demain Varanasi.
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  • Day 16

    Vous reprendriez bien un peu de singe ?

    October 27, 2022 ⋅ ☀️ 30 °C

    Une vidéo vaut mille mots 🤓

  • Day 19

    Bénarès mon amour - Florilège

    October 30, 2022 in India ⋅ ☀️ 30 °C

    Petit florilège de clichés capturés entre le 29 et le 30 Octobre avec le D800.

    Les clichés argentique attendront patiemment leur développement à notre retour. J’ai tellement hâte de voire ce que ça va donner avec Jacquy, notre Mamiya RB67 des années 70 🤩Read more

  • Day 19

    Varanasi. Cité des morts et des vivants.

    October 30, 2022 in India ⋅ ☀️ 26 °C

    Varanasi, pour les Indiens modernes, Bénarès du temps de l’Inde coloniale ou l’antique Kashi. Cette citée porte de nombreux noms, car elle à traversé les âges. Elle est l’une des villes les plus anciennement habitées du monde. La légende parle d’une construction datant de 3000 ans avant notre ère ; les scientifiques s’arrêtent plutôt sur le VIIème siècle avant notre ère ; les vaches déambulaient à Kashi avant même la naissance de Thalès.

    Quatrième fois que je me rend dans cette antique cité. Je ne saurait pas mieux la décrire autrement : je ne peux aller en Inde sans passer par Bénarès. Je ne peux faire découvrir l’Inde sans passer par Bénarès. Il règne ici une aura particulière et une tout aussi impressionnante vitalité.

    S’agissant d’une des plus anciennes villes de monde, bon courage à l’Inde pour la moderniser :
    Succession de rues labyrinthiques, de boyaux sinueux, la route entre la gare et les bords du Gange semble d’un autre temps, il n’est pas rare de suivre un cortège funéraire dont le corps, richement parré de rubans dorés, de guirlandes de fleurs, suit la direction de l’un des ghâts de crémation.

    Lors de mes trois visites à Varanasi, je pensais sincèrement en avoir fait le tour photographiquement. Je me suis trompé ; Car Gael et moi devons affronter une Varanasi à peine remise de la mousson annuelle…habituellement terminée à la mi-septembre, le climat change, après le Désert aux courges sauvages, voila qu’ici la ville a les pieds dans le Gange, les ghâts sont inondés par le fleuve sacré dont le niveau a atteint un point jamais vu il y a encore deux semaines.
    Les abords des ghâts sont recouverts de couches de boue dont l’épaisseur est telle que je pourrait facilement m’y enfoncer jusqu’aux genous par endroits.

    Indescriptible sensation que de voir mon terrain de jeu Indien favori si inaccessible.
    Quel plaisir pourtant de déambuler sur les ghâts du nord au sud, de Manikarnika Ghât, le plus grand Ghât de Crémation d’Inde, vers l’Assi Ghât, l’un des ghâts emprunté par les prêtres tous les soirs au coucher du soleil pour rendre hommage au Gange et au dieu Shiva. Emprunter cet amoncellement d’escaliers allambiqués semblant se jeter dans le Gange, plusieurs fois par jour, observer, capturer ces innombrables instants de vie : La population se beignant, se brossant les dents, nettoyant son linge, se nettoyant tout simplement ou jouant parmis les corps sur les buchers est sans conteste l’un des sentiments les plus étranges que l’on puisse vivre. Nul dégoût, nulle peine, nulle crainte, mais une entière sérénité.

    J’avais conseillé à Gael de se préparer à ce moment tout particulier des bûchers. Pour le vivre au mieux, il faut dépersonnifier la mort. Il ne faut pouvoir la regarder en face, aussi crue soit-elle.

    J’en reviens à notre Kashi 2022, pour cette fois, du fait du Gange particulièrement élevé, inutile d’espérer emprunter cet itinéraire à pieds au premier jour, nous n’avons pas d’autre choix que de circuler du nord au sud par les boyaux ; d’interminables labyrinthes d’environs deux à trois mètres de large et dont les bâtiments se succèdent sans aucune interruption et s’élèvent facilement sur trois étages. Ces ruelles où quatres personnes ne pourraient pas se tenir par les bras côte-à-côte sont pourtant continuellement empruntées par une foule ininterrompue de badots, de vaches, de macaques, de chiens, de motos, de tout ce qui peut se déplacer en fait, la vie grouille.
    C’est la première fois que je me suis senti aussi oppressé ici, frustré également de ne pas pouvoir faire découvrir à Gael la ville comme je l’apprécie tant.

    Je t’informais Lecteur que cette ville deux fois et demi millénaire était « in-mordernisable » ?

    Je me suis trompé, c’est sans compter sur le gouvernement de l’Uttar-Pradesh. Au plus prêt de Manikarnika, se trouve l’un des temples les plus sacrés d’Inde, le temple d’Or de Shiva. Ce dernier était initialement noyé dans la ville sinueuse, dans les boyaux. Mais le gouvernement a décidé de passer un coup de balais là dedans et a tout simplement détruit l’équivalent d’un terrain de foot d’habitations autour du temple pour construire un énorme complexe bétonné à la place. Quantité d’habitants ont été expropriés sans détours. Varanasi se modernise, se bétonnise. Quelle vision étourdissante, un tel pan de l’histoire, le charme de la ville, effacé de la carte urbaine. Et constater le nombre de gardes et de policiers rôdant autour de la zone termine de me navrer.
    Mais bon, que faire ? Nous décidons avec Gael de ne pas trainer du côté de cet endroit surfait, je pensais visiter avec lui pour la première fois ce temple mythique (où les photographies sont très strictement prohibées), je me suis ravisé.
    Nous emprunterons les boyaux alors depuis notre guesthouse « Ganpati » jusqu’au « Aum Café » de l’Assi Ghât, plusieurs fois par jours.

    Comme tu le constates, Lecteur, voila ma description d’un retour mi-figue, mi raisain. Nos trois jours sur Varanasi sont-ils pour autant à l’image de notre arrivée depuis la gare ? Que nenni.

    Une journée, une simple journée où il m’a fallu réapprendre à apprecier la ville. Puis enfin : l’éclate totale. Une nouvelle Kashi nous a ouvert ses portes. La Kashi cachée des ruelles et des labyrinthes, que j’ai finalement si peu parcourus les dernières fois. Un Diwali de la déambulation photographique : de nouvelles scènes de vie à chaque pas et puis entre chaque centaines de mètres ; une sortie sur les quelques marches de ghâts encore praticables, avec tout autant de nouvelles vues sur le Gange et la Ville.
    Traverser par les boyaux empruntés par les convois funéraires hindouistes, continuer au détour du quartier musulman ; croiser foules d’échoppes, de monde vaquant à sa vie.
    Et bordel seulement trois jours. La frustration avec Gael est énorme.

    Au matin du troisième jour, nous prenons le bateau aux aurores (bateau âprement négocié : on nous expliquait que du fait de la boue proche de la surface, les bateliers ne pouvaient plus ramer et devaient utiliser des coquilles de noix à moteur plus couteux, raison invoquée pour justifier des prix délirants et un magnifique argument pour les démonter « je paye la force des bras, je ne vois pas comment tenir un gouvernail et attendre est plus cher que ramer sur deux kilomètres » l’argument a fait mouche et le prix a alors été divisé par quatre.)

    Nous constatons lors de notre traversée, que les gars se sont relayés jours et nuits pour tenter de « nettoyer » la couche de boue et de sédiments (et de crasse, et de morceaux biologiquement indéfinis pouvant traîner de-ci de-là dans cette glaise grise), nous avons ainsi pu lors de notre ultime retour pédestre, emprunter pratiquement l’intégralité des ghâts.

    La foule s’amassait aux abords, les femmes portant leurs plus beaux saris, cette cohue emportant avec elle des offrandes au Gange : des noix de coco, des bananes, des roses d’inde, des victuailles déposées sur de petites nattes de palme. Des cannes à sucre sont plantées de toute leur hauteur dans la boue, la foule éclaire le sol a ses pieds lampe a beurre de terre cuite. Des milliers de petites flammes scintillent le long du fleuve. Les tambours battent la chamade, les jeunes filles dansent.
    Gael et moi sommes transportés par l’energie de la ville.

    Définitivement : nous reviendrons à Varanasi, nous réemprunterons les ruelles de Kashi et les Ghâts de Bénarès. Cette ville qui ne m’a jamais déçu.

    Lecteur hâte toi en cas de voyage à visiter cette ville merveilleuse (et dégueulasse nonobstant), ma dernière visite remonte à quatre toutes petites années. Le temps passe vite et pour cette ville cela se compte en sacs de béton.

    Nous nous serons éclatés dans tous les cas et cette ville est peut-être l’une des favorites de Gael. Nous partageons le même top trois jusque là. Encore une fois, nous sommes au diapason. Varnasi, Bénarès, Kashi, une pastèque gorgée de sucre, un délice de vitalité , dans cette ville ou vie et mort se jouent sur une même partition.

    Nous aurions tellement troqué un des trois jours de Pushkar contre un de plus ici.
    La frustration est là, mais je m’efforce de garder un regard positif, ce Diwali-Anniversaire aàPushkar était extraordinaire.

    Ce soir nous devons prendre le train pour Kolkata. En première classe s’il vous plait.

    🚨 Spoiler alerte 🚨 : Cela n’arrivera pas.
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  • Day 19

    Varanasi - Funky Departure

    October 30, 2022 in India ⋅ 🌙 23 °C

    Trois mois que nos deux billets pour rejoindre Calcutta sont bookés, trois mois que je sais être sur liste d’attente MAIS avec 98% de chance d’accéder à notre compartiment en AC1 (First Class). Départ à 17h00 le 30 Octobre.

    Ce trajet de 14h30, 760 kilomètres, notre ultime parcours en train Indien, promettait ainsi d’être plus reposant.

    Aujourd’hui, à 13h30, quatre heures avant le grand départ, je reçois la notification tant attendue de la préparation de notre wagon : « Votre billet a malheureusement été annulé, vous recevrez sous cinq jour le remboursement de vos billets ». Et voila, le couperet est tombé, nous sommes coincés à Bénarès…

    Plan A ? Trouver un autre train en urgence.
    Je recherche sur le site IRCTC (SNCF Indienne), il y aurait un train qui partirait au petit matin et nous ferait arriver dans la nuit du 31 au 1er Novembre…Hors de question, devant rejoindre ma famille Indienne de Calcutta, les côtoyer moins de 24 heures leur briserait le coeur. De plus 15h00 de train en Compartiment « General » avec les barreaux aux fenêtres et à dix sur des bancs en bois prévus pour quatre, non merci.

    Plan B ? Avion ; certe 1h30 de vol, mais pas de vol avant demain soir, donc même problème de timing et surtout, beaucoup plus cher, environ 130€ par personne (et je déteste l’avion mais évidemment cela ne rentre pas en ligne de compte ….hum)

    Plan C ? TAAAAAAXIIIIIII !
    « Everything is possible in India ! ».

    Nous essayons veinement de booker un taxi via Uber, course à 14 000 roupies (175 € à deux) plus qu’acceptable comme tarif pour 700 km et 12h de trajet. Mais l’échec est là, les chauffeurs annulent les uns après les autres la course.
    Le Ganpati Guesthouse nous propose un tarif délirant de 36 000 roupies (450€), deux fois plus cher que l’avion…Je souffle du nez, mes yeux s’exorbitent, puis je décline leur proposition poliment (hum) sans cacher mon exaspération ; ils se moquent de moi et prennent une commission extra extra.

    Nous profitons de nos dernières heures à flâner dans les rues et décidons de nous lancer dans la course au Taxi pour 18h, le temps de recharger les téléphones et les appareils avant de récupérer nos quarante kilos de sacs chacuns dans la guesthouse.

    Nous engageons notre marche vers le comptoir de taxis. Une quinzaine de minutes de marche dans les rues étroites ou circuler avec nos trois sacs chacun tient du défis f Plus d’une fois je manque d’assomer les badauds me frolant sur ma droite avec mon imposant sac de 75 litres remplis à ras-bord, si je me retourne dans ces ruelles si exigues.

    À la sortie des boyaux, nous sommes assaillis par les chauffeurs de rickshaw à vélo, l’un d’eux me demande notre destination :
    -Kolkata , leur annoncais-je.
    -Kolkata ? Train station ? Okay go !
    -No no, Kolkata by car !
    -By flight ?
    -No by car ! 
    Le regard du chauffeur s’écarquille, un immense sourire se dessine sur son visage
    -okay, good luck sir » puis il tourne les talons en riant.
    Cette réaction nous l’observerons cinq ou six fois sur cette rue. Une si longue route en voiture : une folie pour les locaux. Ils sont hilares à cette idée. Gael et moi ne pouvons nous empêcher de nous bidonner devant leurs réactions, ils nous prennent littéralement pour des dingues et laisse tomber aussi sec leur harcèlement. Finalement c’est une bonne méthode pour rabrouer les pots-de-colle.

    C’est dégoulinant de sueur que nous arrivons sur ce terrain vague à taxi entre deux immeubles en ruines, ce comptoir qui m’avait déjà mené à Kajuraho il y a 7 ans.

    Ai-je dis comptoir ? L’entre de la mafia des taxis serait plus juste.

    Nous nous approchons du vieux bureau en formica craquelé où deux types nous attendent. Deux personnages sortis d’un film tout deoit d’un Bollywood noir nous acceuillent : le petit teigneux tout maigre avec la moustache noir et les dents maronnasses, chiquant son Pan Masala nous demande notre destination, son boss, gros bonhomme patibulaire portant une kurta blanche assi sur son gros fauteuil en skye éraillé parle peu mais a pourtant le dernier mot quand à l’âpre négociation dans laquel nous nous sommes lancés : Ils nous demandent 27 000 roupies, je ne lâcherai pas plus de 18 000 :
    « okay okay,  23 000, last price (ma dernière offre)
    - no, 18 000, my price, for Uber it’s 14 000…
    - impossible ! Okay 20 000, no more (pas plus !) !
    - Sorry 18 000, no more, or we go (où on s’en va) »
    Je fais signe à Gael de reprendre les sacs a dos déposer par terre et fait mine de quitter les lieux sachant pertinemment ce qui va suivre :

    « Sir ! Okay ! 19000, my really really last price.
    -No, still 18 000, Diwali Price, lui lancais-je avec un sourire coquin. »

    La mine du teigneux déconfite se retourne vers le Boss qui observait, silencieux. Le boss refuse d’un non de la tête.
    Je refais signe à Gael de nouveau, de reprendre les sacs et nous repartons, j’emploi un pas plus affirmé en mettant bien en avant l’application Uber sur mon téléphone. Nous sommes en pleine partie de Poker Menteur, c’est là quatrième course Uber qui est annulée faute de conducteur motivé, je sais pertinemment que ce comptoir est notre seule chance, mais pas à n’importe quel prix.
    Finalement, 10 mètres de marche dans la rue, nous sommes rappelés. C’est le Boss, Jabba le Hut qui prend la décision finale :
    « okay okay, I’m a good man, I want to help you, 18 000, but you give 1000 tips to the driver (ok ok, je suis un homme bon, je veux vous aider, 18 000, mais vous donnez un pourboire de 1000 roupies au chauffeur !) »
    Il ne le savait pas mais je l’avais déjà pris en compte dans le calcul, 19 000 était mon prix maximum, pourboire compris, car douze heures de route méritent bien dix balles tout de même pour le chauffeur qui va devoir se coltiner ce trajet.

    Ok Jabba, marché conclus. Son sourire à l’envers se mue en un rictus. Probablement son véritable sourire.

    Il est 21h00, la nuit est tombée, pourtant le concert de klaxons ne désemplit pas, l’attente est longue, le teigneux enchaînant les appels désespérés pour trouver un boy pour nous conduire à destination, son boss regardant droit devant lui les mains croisées. Enfin, notre chauffeur arrive. Le temps pour lui d’appeler son jeune copilote en train de pisser derrière une gargotte de Chaï et nous sommes partis. Nous voila Kolkata ! Un long, long, long trajet nous attend.

    Ce petit duo qui nous mène à destination ne m’inspire pas confiance de prime abord, notre conducteur est un petit gros à la mine endormie et nonchalante dont j’ai oublié le prénom. Son co-pilote, un ptit jeune, Saif, tout maigre à la moustache bien taillée contraste de par son hyperactivié, il sautille littéralement sur le siège, chante du bollywood, se recoiffe constament sa chevelure et nous assaille de questions pour ensuite débriefer avec le conducteur, semblant se moquer de nous.

    Le chemin va être long.

    Effectivement, très long…trente minutes de trajet effectué et déjà un premier arrêt de dix minutes.

    Nous nous sommes arrêtés toutes les heures ou demi-heures , la vessie minuscule de nos drivers criant continuellement à l’explosion faut-il croire.
    Vers 3h00 du matin, le chauffeur s’arrête une énième fois, nous avons fait seulement un quart du trajet, et annonce une heure de pose « sleep » ; bon, je ne veux pas le refuser, je préfère qu’il dorme une heure plutôt qu’il dorme sur cette route et nous fasse terminer le voyage sur un bûcher de Varanasi.

    Une heure et demi plus tard, il ronfle encore, je le réveil et râle un coup. Dans l’idée j’aimerais avoir moins de seize heures de trajet pour un itinéraire qui n’en nécessite que douze normalement.

    C’est ainsi, lecteur, que je peux résumer ce trajet, ponctué de siestes dans la pampa Indienne. Nous avons traversé quatre états : L’Uttar Pradesh, le Bihar (berceau du bouddhisme et état le plus pauvre d’Inde), le Jaharkand (l’Etat minier) et enfin le Bengale-Occidental.

    Pour ma part, j’ai essayé de dormir un maximum, pour raccourcir le temps. Le trajet s’est ressenti finalement assez court grâce à cela, mais l’horloge du téléphone annonçait les heures grappillées sur notre prochaine destination à chaque réveil.
    Finalement au bout de quelques heures de trajet, l’ambiance s’est apaisée, je sentais que finalement ces deux bougres étaient sympathique et dénué de toute mauvaise intention.

    Parti à 21h30 la veille, nous arrivons à Kolkata à 12h30. Les deux dernières heures sont rudes pour le chauffeur. À environ cinquante de l’entrée dans Kolkata, Saif met une tappe sur la tête de son voisin en rigolant et repart de plus belle à chanter du Bollywood. Le chauffeur s’endormait. Il était grand temps d’arriver.

    Avec Gael nous rions dans la voiture : c’est aussi ça un road-trip. Il faut ce côté funky, sinon ce serait beaucoup trop facile ! Dans tous les cas : positiver, c’était notre seule solution.

    Nous voila arrivés à bon port, mon frère Indien Sourav nous attend sur le bas côté du 17/1 Beliagatha Main Road, après sept cent kilomètres sans ceinture lors d’un périple nocturne à zigzaguer entre les camions, où tout le monde conduit avec ses feux de route…Une route explosée d’ailleurs, les nids de poules étaient de véritable gouffres ; Heureusement notre toit était en moquette.
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  • Day 20

    Calcutta. Retour dans la Cité de la Joie

    October 31, 2022 in India ⋅ ☀️ 31 °C

    Calcutta, Kolkata, City of Joy.

    J’avoue ne pas en penser grand chose de cette ville, plus charmante que Delhi ou Bombay en raison de son passé colonial. Nous avons tôt fait de croiser les hauts bâtiments rouges ou à colonades. Mais nous sommes dans une grande ville pleine de bagnoles. Les rues du centre à l’architecture britannique voient cheminer une armée fonctionnaires en costards d’un autre âge, les employés de bureau pressés et toute une rimbambelle de marchands pour les nourrir, les désaltérer ou leur cirer les pompes ; ici les boulevards denses ont bannis les rutilantes.
    Le plus chouette de Kolkata se trouve aux abord des slums, du quartier musulman ou prêt de chez Sourav où enfin les vaches, les chiens et les gens reprennent leur vie Indienne.
    Vous pouvez croiser quantité de marchés. Le mouton est préparé en direct pendant que son petit compagnon attend son heure dans une cage sous les pieds du boucher. Tu te tâte à devenir végétarien ? Poissons, épices, bijoux, textiles, tout se retrouve, se mélange, les odeurs tantôt irrespirables tantôt délicieuses se succèdent. Les encens au bois de santal, les fleurs. Tout se joue et se vit au travers de ces marchés.

    Ici le climat est moins chaud qu’au Rajasthan, seulement 30°c mais l’air est moite et la sueur coule à flot lors de chaque déplacement.

    Malgré mon manque d’intérêt global pour le « Grand » Kolkata, quel acceuil de Sourav et son père, quelle frustration de pouvoir ne rester qu’une petite journée et demi. Le soleil n’est pas aidant, il se couche à 16h30 ici.

    Nous aurons musardé dans les rues, fait nos derniers achats pour nos proches, car après ce sera trop tard. Des épices pour beau-papa, un sari et de belles tuniques pour maman et soeurette, des fringues Jack&Jones pour bibi (pas très Indien, mais Made in India ! On se calme !).

    Nous avons rendu visite à la soeur de Sourav à l’hopital, enceinte de neuf mois dans trois jours, elle souffre d’hypertension. L’hopital est à l’image d’un ancien hopital colonial, à l’Indienne ; les murs défraîchis, des dizaines de lits à barreaux en enfilade, des infirmières de mauvaise humeur, des ventilateurs plafonniers tournant à plein régime.

    Le temps de quelques heures, vingt pour être précis pour dormir et nous remettre de notre trajet en voiture précédent et effectuer ces quelques activités. Gael s’est marqué la peau avec un tatouage symbolique sur son bras droit, pour ma part je me serais percé l’oreille à nouveau. Nous souhaitons marquer nos corps de ce voyage délicieux, passionnant, enrichissant, bouleversant ; de ce pays si cher à mon coeur et à celui de mon nouveau fiancé désormais.

    Une dernière marche à 17h00 ce mardi 1er Novembre dans les rues de Beliagatha, un dernier chaï, une dernière minute de recueillement dans le temple de Kali. Sourav manque de pleurer je le lui interdit pour m’empêcher de chialer à mon tour.

    Ce que ce pays va me manquer, ces moments si précieux dans notre vie ; de si rares instants au quotidien et pourtant présents continuellement depuis vingt jours. De l’humanité putain. De l’Humanité, des sourires et de la folie.
    Comment clore ce chapitre autrement que par cela. Un itinéraire du Pakistan au Bangladesh, de l’Ouest couchant à l’Est levant. Notre course guidée par l’aurore.

    Quelle plus symbolique étape que de fermer le rideau de l’Inde en la quittant depuis la Cité de la Joie.

    Merci belle Inde, encore une fois, merci pour ta générosité, ta malice, ta joie de vivre, ta cruauté, ton astuce, la beauté de tes rues, de tes femmes et de tes hommes, l’espièglerie et l’affection de tes enfants.
    Merci d’avoir su me faire grandir encore un peu, d’avoir su montrer les contrastes de l’humanité, de la plus terrible et souriante pauvreté à la plus triste amertume des plus aisés.
    Merci de t’être parée de tes plus belles facettes pour mon Gael, merci de te montrer avec fierté comme une superbe nation qui a tant à apprendre à la notre. En espérant que l’avenir ne te fasse pas oublier ce que tu es : Pleine de paradoxes et de folie, le plus joyeux des bordels.

    Namaskar.
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