Potosí

Je me réveille après une vraie grasse matinée pour une fois, malheureusement j’ai raté le coche pour le petit-déjeuner. Pas grave je vais en ville et je trouverai bien un truc à me mettre sous la dent. Je vais direct vers le centre car j’ai vu qu’il y avait un resto sympa mais quand j’arrive devant c’est juste un mur, pas grave je change d’adresse et là, même surprise, ça commence à être chiant.

Je décide de changer de stratégie, comme il y a beaucoup d’agitation en ville, certainement car c’est un jour férié ou peut être juste que c’est dimanche, je vais aller là où vont tous les gens. Je trouve un endroit où il y a une queue monstrueuse, j’attends cinq minutes et je sens que j’ai fait le bon choix. Ce restaurant est spécialisé dans les salteñas, un plat typique Bolivien qui en plus vient de Potosí donc ça va forcément être super. Ça ressemble un peu à des empanadas, la pâte est un peu plus sucrée et la préparation à l’intérieur est assez différente. Ici pas beaucoup de choix, il n’y en a qu’à la viande et c’est vraiment délicieux. Pas déçu de ma trouvaille, je décide de tester un autre restaurant qui fait des salteñas, ça tombe bien il y en a un à 50 mètres. Là c’est un autre niveau, choix entre poulet et viande, ça rentre dans le top 5 des meilleurs trucs que j’ai mangé en Amérique du Sud. Je m’arrête ensuite pour prendre un yaourt glacé avec des fruits histoire d’avoir un peu de sucre.

Une fois rentré à l’hostel, je croise par hasard mon pote Noam dans le hall. On est grave contents, je croyais qu’il allait à Uyuni et lui croyait que j’étais encore dans le Salar, bref super surprise. On se pose un peu pour discuter avant de repartir en ville pour le repas du midi. Je l’amène dans le restaurant de salteñas que j’ai testé ce matin. Pour moi c’est la confirmation que c’est vraiment super bon et lui aussi est conquis donc tout le monde est content. Après manger notre mission est de trouver une agence qui propose des tours dans les mines d’argent encore en activité. On en trouve assez facilement, c’est pas ce qui manque ici, et on réserve donc pour le lendemain.

Après ça Noam me parle d’une lagune pas trop loin d’ici, dont il a eu vent par des argentins qu’il a croisé à la Paz. Ça me semble être un super plan donc on rentre à l’hostel faire nos affaires et on repart aussitôt. On prend un taxi qui nous emmène au dépôt de collectivos qui vont à peu près là où on veut. On monte dans l’un d’eux et c’est parti pour 45 minutes de route. Il nous dépose pas au bon endroit donc on marche un peu et on essaye de faire du stop mais ça ne marche pas trop ici. Un bus fini par s’arrêter, on paye 10 centimes pour rouler cinq minutes et se faire déposer à l’entrée du chemin qui mène à la laguna.

Il y a énormément de monde mais on se rend compte qu’ils vont à la piscine municipale. L’eau est chaude, certainement car les bassins sont approvisionnés par la laguna qu’on décide donc d’aller inspecter. On marche 20 minutes et on arrive devant la laguna mais les barbelés et les panneaux ne pas passer nous laissent un peu perplexes. On trouve un passage et on décide d’aller vérifier s’il n’y a pas quelqu’un dans les petites maisons avoisinantes pour nous renseigner. On tombe sur Freddy et ses chiens qui aboient partout. Il nous explique que des tourbillons peuvent se former dans la laguna, cette dernière ayant une forme conique, et il y a 7 ans un touriste a plongé au milieu et s’est fait emporté par le fond. Il nous autorise donc à nous baigner, en nous faisant promettre de rester dans un petit trou où on a pied, et de ne pas s’aventurer plus loin. On accepte et son histoire nous a bien refroidi, on va pas faire les malins. On se change donc et on rentre dans l’eau, elle est vraiment super chaude c’est trop agréable. On profite pendant une demi heure dans ce décor magnifique et on sort avant qu’il fasse trop froid. Après avoir donné un peu d’argent à Freddy pour le remercier on redescend et on monte dans le premier bus venu. On est les seuls touristes, ça fait du bien de sortir un peu des endroits très fréquentés et vraiment être au contact des locaux.

Une fois arrivés en ville et bien fatigués, on décide de se faire un super repas pour terminer la journée en beauté. On court donc dans tous les sens pour trouver ce dont on a besoin pour des supers ramens bien pimpées avant que tout ne ferme. On prend quand même le temps pour profiter du coucher de soleil et au final on s’en sort bien. Les courses sont faites, on a tout ce qu’il nous faut, il est pas trop tard donc la cuisine sera libre et on a même trouvé un poulet rôti à la broche, on va se régaler. On passe une bonne heure à cuisiner avant de pouvoir se régaler devant une bonne vidéo. Après ça on discute avec deux allemands sur le rooftop de l’hostel et on part se coucher, fatigués d’avoir trop mangé.

Le lendemain je fais pas la même erreur que la veille et je me lève un peu plus tôt pour pouvoir prendre le petit dej à l’hostel. Très bonne décision car il est absolument incroyable. Des pancakes, du pain, des fruits frais, du beurre, de la confiture et j’en passe et tout ça à volonté. Une fois bien rempli je remonte dans ma chambre faire mes affaires pour le check-out. Je retrouve Noam dans le hall et on se pose sur un canap en attendant d’aller manger, matinée peu productive mais très agréable.

On retourne au même restaurant qu’hier, on change pas une équipe qui gagne, et puis pas besoin d’un grand repas vu le petit-déjeuner qu’on s’est envoyé ce matin. Après ça on va s’acheter des biscuits, de l’eau et des masques pour la visite de la mine et on se dirige vers l’agence qui est juste à côté, point de départ de la visite.

À 13h30 on monte dans un taxi puis on fait un premier arrêt pour acheter des cadeaux aux mineurs, pour les remercier de nous laisser visiter la mine qui est encore en activité je le rappelle. On achète donc du jus, des feuilles de coca et un bâton de dynamite. Deuxième arrêt pour se changer, on enfile pantalon, bottes, gilet et casque et c’est reparti. Ultime arrêt, l’entrée de la mine. On se croirait vraiment dans un film de western, en tout cas c’est l’image que je me fais d’une mine dans les vieux films, pas étonnant puisqu’elle a plus de 500 ans. On entre donc et on s’arrête pas trop loin, devant une statue représentant le diable. Les mineurs l’ont mise ici car dans leur religion c’est lui qui règne sur le monde d’en bas, et donc sur la mine. Ils lui font des offrandes de feuilles de coca et de cigarettes pour qu’il n’y ait pas d’effondrement et que la récolte soit bonne. Après ça ils boivent une gorgée d’alcool pur à 96° et en verse sur la terre en guise de protection. On fait donc pareil mais sans l’alcool, contrairement à la guide qui s’envoie un joli shot, ça met en confiance. Après ça on s’enfonce plus profondément dans la mine. C’est assez compliqué de se déplacer car le plafond est assez bas et à quasiment aucun moment je peux me tenir entièrement debout, mon cou commence à souffrir un peu. On arrive finalement devant un petit trou, je me dis qu’ils descendent quand même pas par là, et là, la guide s’arrête. Je crois que c’est pour nous expliquer un truc mais elle nous dit qu’on va passer par ici pour descendre. Je m’engage pas très serein mais après quelques minutes à ramper on arrive à l’étage du dessous. Là on croise des mineurs en train de pousser un wagon de plus d’une tonne de minerai. Déjà que j’ai du mal à respirer juste en marchant, je n’imagine pas la difficulté de leur travail. On parle un peu avec eux, ils nous expliquent qu’ils doivent sortir 12 wagons par jour pour pouvoir vivre de leur travail. C’est absolument terrifiant et je ne souhaite vraiment à personne d’avoir à faire ce travail. On leur donne du jus et des feuilles de coca et on continue notre chemin.

Rien de différent jusqu’à la fin, on sent juste que plus on se rapproche de la sortie, moins il fait chaud et plus il y a d’air. On croise d’autres mineurs qui nous expliquent qu’ils font ce travail depuis 30 ans, je me demande comment ils font et je suis carrément impressionné par tant de détermination. Ils nous expliquent que c’était bien pire à l’époque des espagnols, les garçons devaient travailler dès l’âge de 18 ans jusqu’à 50, et ce plus de 12 heures par jour. Une fois l’indépendance déclarée, l’état a nationalisé les ressources, donnant plus de droits aux mineurs. Malheureusement, avec la crise économique, toutes les concessions ont été vendues à des coopératives pour lesquelles les mineurs travaillent maintenant, et qui leurs offrent moins d’avantages qu’auparavant.
On les remercie pour leur temps et leurs explications et on leur donne également du jus, de la coca et le bâton de dynamite, avant de se diriger vers la sortie. On s’arrête un peu pour examiner des pierres que les mineurs ont laissé au milieu du chemin, il y a du bronze et de l’argent, c’est bien d’en voir à l’état pur car c’est vraiment très différent du minerai qui a été traité et usiné. Après quelques minutes de marche cassé en deux plus tard on aperçoit la sortie.

Une fois dehors on remonte dans le taxi qui nous dépose au même endroit qu’à l’aller pour nous changer, puis à l’hostel. Je m’attarde pas trop car je dois aller au terminal de bus pour en prendre un direction Sucre. Je dis au revoir à Noam, pour de bon cette fois car il va au Chili ensuite, et je monte dans un taxi direction le terminal. Je parle avec le chauffeur et il m’amène à un terminal non officiel ou des collectivos vont à Sucre pour bien moins cher. Je paye donc 3 euros pour faire trois heures de route dans un Toyota qui me rappelle celui du Salar. Je passe le trajet à dormir et une fois arrivé à Sucre je prends un taxi pour me rendre à l’hostel. Après une bonne douche nécessaire après cette excursion dans les mines, je pars me coucher complément exténué.Read more