• Camille Creignou
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Vag'abond dans les Caraïbes

Le 16 mai, nous levons les voiles avec Malo pour un voyage de 1 an autour de la mer des Caraïbes au départ de la Guadeloupe. Nous allons vous partager notre voyage mais aussi l'aventure associative de Vag'abond expeditions ! ⛵️ En savoir plus
  • J129, Termales San Vicente

    23–24 sept., Colombie ⋅ ☁️ 17 °C

    Nous nous retrouvons pour le dernier petit-déjeuner à Tukawa. Encore une fois, on mange bien : des pancakes et des œufs. À 8h, notre jeep nous attend. Nous arrivons dans le bourg de Filandia, où nous achetons nos billets de bus pour Pereira (11 000/personne).

    Après une heure de bus, nous voilà dans la capitale du Quindío. J’ai réservé en amont une jeep avec un chauffeur, Fabio, qui doit nous conduire jusqu’aux thermes de San Vicente. Allez, on se remet en route : Stéphane garde sa place à l’avant et nous cinq montons à l’arrière. Nous mettons un peu de temps à quitter la ville, puis nous passons par Santa Rosa de Cabal avant de commencer la route montagneuse jusqu’aux thermes. Après avoir respiré les pots d’échappement, nous respirons la poussière de la piste : l’aventure en jeep 😅.n

    Fabio nous confirme que ce sont les meilleures thermes du monde, vous allez voir ! Ces sources chaudes sont connues depuis longtemps dans la région. Situées au cœur de la cordillère centrale, elles proviennent d’une activité volcanique ancienne et jaillissent naturellement à haute température. Des colombiens et quelques étrangers y viennent en nombre pour profiter de leurs vertus thérapeutiques : amélioration de la circulation, détente musculaire, soulagement des douleurs articulaires et bienfaits pour la peau grâce aux minéraux présents dans l’eau et la boue...

    Nous arrivons en effet dans une vallée luxuriante où nous apercevons des bains fumants... Après avoir négocié notre déjeuner, nous nous installons à table pour un nouveau repas "léger" 😋. Une fois repus, nous enfilons nos maillots et allons rapidement dans les bains car, malgré le soleil, la température extérieure n’est pas très élevée. Et là, nous sommes servis : l’eau sort de la source volcanique à 67 degrés, puis mélangée à l’eau froide de la rivière, elle atteint entre 39 et 41 degrés. On est détendus ! Il faut régulièrement se rincer à l’eau fraîche pour ne pas finir déshydratés. On se prélasse et on se fait plaisir en s’offrant massages, bains de boue et de sable. On comprend vite pourquoi cet endroit est considéré comme l’un des plus beaux complexes thermaux de Colombie.

    Le soir, nous dormons directement aux thermes : nous avons une cabane pour nous six. Comme à la colo, dans des lits superposés : c’est sympa ! Le lendemain matin, nous profitons des thermes jusqu’au bout. Recouverts de sable de rivière chauffé aux vapeurs d’eau thermale et enduits de boue, nous avons la peau toute douce !

    Fabio vient nous chercher à midi. Il est très sympa. Il habite à Santa Rosa, où la spécialité est le chorizo. Il nous propose donc de nous arrêter pour en goûter. Petite pause gourmande, puis c’est reparti. Nous traversons les rues très animées de Pereira et arrivons à l’aéroport. Aujourd’hui, nous partons pour Carthagène !

    À l’aéroport, je travaille un peu sur Vag’abond. Nous avons le temps car notre avion a du retard. Allez, ça y est, nous décollons ! C’est superbe : l’avion ne monte pas trop haut et nous apercevons les Andes, puis la mer des Caraïbes qui se dessine. À l’arrivée, après 1h15 de vol, le changement de température est flagrant : 28 degrés, ça fait du bien. Nous trouvons une camionnette pour rejoindre notre hôtel, situé à Getsemaní, l’un des quartiers de Carthagène. Pour 60 000 pesos, nous arrivons à bon port. Le chauffeur est sympa et me montre la vieille ville entourée de murailles. Il y a trois quartiers principaux dans l’enceinte fortifiée.

    Getsemaní est un ancien quartier populaire devenu à la mode ; notre hôtel s’y situe. La ville est dense, pleine de vie. Nous découvrons notre petit hôtel sympa avant d’aller dîner en ville. Il y a énormément de restaurants et de bars, tout est pensé pour les touristes. Les ruelles colorées, les boutiques, les bars affichant des promotions sur les cocktails… Nous mangeons à Arrabal Gastrobar et nous nous régalons. Ensuite, nous allons boire un verre et faisons un jeu tous ensemble. Nous rentrons à l’hôtel : demain, découverte de cette ville !

    Nous n’y restons qu’une seule nuit : on nous a recommandé Carthagène car c’est une ville historique et belle, mais aussi très touristique et un peu trop "lissée". Une nuit nous a semblé suffisante avant de continuer notre route vers Santa Marta et retrouver Noam ⛵️
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  • J128, Carbonera

    21–23 sept., Colombie ⋅ ☁️ 19 °C

    Ce matin, on se réveille sous le soleil. Un petit déjeuner tranquillement avalé, et c’est l’heure de la jeep. On est yous encore un peu enrhumé mais ça va mieux pour Malo. Notre Willys nous attend ! 🛻 Aujourd’hui, nous allons découvrir le village de Filandia. Nous sommes dimanche : il y a plein de monde dans les rues et sur la place de l’église. Des maisons colorées, des boutiques et des jeeps ! Nous faisons quelques emplettes pour trouver des souvenirs. La famille m’offre de jolies boucles d’oreilles en émeraude pour me remercier de l’organisation du voyage : ça me touche. Ici, c’est l’une des pierres emblématiques du pays. Bon, ce ne sont que des éclats de roche, plutôt que de véritables pierres (leur prix varie selon la transparence et la pureté), mais elles sont déjà très jolies 🥰

    Nous nous arrêtons ensuite à Helena Adentro, un restaurant qui nous a été recommandé. En effet, il y a du monde ! Nous nous installons avec une jolie vue sur la vallée. Nous avons froid alors que les gens autour de nous sont en t-shirt : nous ne sommes pas encore habitués au climat montagnard, changeant et frais. Il nous faut un peu de temps pour comprendre la carte, assez longue, mais finalement nous dégustons un bon repas coloré. Avec Malo, nous nous laissons tenter par un cocktail !

    Nous reprenons ensuite la jeep pour rentrer dans l’après-midi : 50 000 pesos, car nous la partageons avec d’autres hôtes. Nous profitons d’un superbe coucher de soleil en arrivant. Le dîner savouré, nous faisons un Dixit tous ensemble avant de nous coucher !

    Les cuisiniers nous ont préparé un petit déjeuner enveloppé dans du papier alu car nous partons de bonne heure ce matin (comme pour une sortie scolaire 😅 !).
    À 7h, nous grimpons dans la jeep, direction Samento. Après 1 h 30 de route, nous rencontrons Daniel, notre guide. Lui et son frère sont vénézuélo-colombiens. C’est lui qui va nous faire découvrir La Carbonera, une vallée située à deux heures de Cocora. Ces deux vallées sont réputées pour leurs immenses palmiers de cire. Mais La Carbonera est bien moins connue : la zone a longtemps été occupée par les guérilleros, et la route pour y accéder est assez sportive 🌴

    Pendant deux heures, nous sommes secoués dans le 4x4 de Daniel, mais heureusement, il s’arrête régulièrement pour nous raconter un peu d’histoire. On apprend entre autre que l’école de la zone a été le lieu du meurtre d’un enseignant devant ses élèves par des guérilleros... Il nous parle aussi du conflit armé, mais également de la richesse du pays, aussi bien culturelle que naturelle. L’air est frais, mais le ciel est bleu. En montant sur la route caillouteuse, nous voyons apparaître petit à petit les premiers palmiers. C’est magnifique : d’immenses silhouettes dominent la vallée.

    Ces palmiers sont les plus hauts du monde : ils peuvent atteindre 70 m et vivre jusqu’à 200 ans ! Autrefois, leur cire était utilisée pour fabriquer des moules servant aux sculptures en or des indigènes. Aujourd’hui, ils sont menacés d’extinction à cause de l’exploitation humaine, de la disparition des forêts nécessaires à leur germination, du bétail, des maladies… Mais à La Carbonera, ils sont bien mieux préservés qu’à Cocora ou le tourisme de masse n'aide pas à leur préservation. Et en effet ici, nous sommes seuls dans ces paysages magnifiques !

    Daniel nous explique aussi que sous nos pieds, il y a de l’or ! C’est en partie pour cela que le gouvernement ne souhaite pas faire passer cette zone en parc protégé, afin de garder la possibilité de l’exploiter un jour. Daniel ajoute en riant :
    « Je sais que les Français sont d’éternels revendicateurs, c’est pour ça que je vous amène ici : si un jour il y a un projet d’extraction d’or et donc un risque pour ces palmiers, je sais que vous protesterez ! » 🇨🇵

    Nous marchons pendant une heure dans la vallée, dans la bonne humeur, et nous arrivons dans une petite finca pour le déjeuner : un traditionnel almuerzo avec une soupe aux pâtes et une viande froide. Pas incroyable, mais ça nourrit ! Malo sort son drone : les images sont superbes.

    Après le déjeuner, nos chevaux nous attendent : eh oui, nous remontons à cheval ! Tout le monde est ravi. Maman, la moins expérimentée, appréhende un peu, mais finalement les chevaux sont en « pilote automatique » : tout se passe bien. Stéphane et Isabelle, eux, sont enchantés de monter à cheval en Colombie. Ici, l’équitation n’est pas la même : c’est du style western, sur nos petits chevaux. On monte et on a même droit à une jolie galopade !

    Contents de notre journée, nous remontons en voiture. Il nous reste deux heures jusqu’à Salento. Avec Isabelle et Stéphane, nous voyageons à l’avant, tandis que le reste du groupe est installé dans la benne. Malgré les secousses, ils ne se plaignent pas. La pluie en fin de trajet les met un peu à l’épreuve, mais finalement nous arrivons tous à Salento.

    Daniel nous invite à partager une bière et une partie de tejo pour terminer la journée. C’est sympa, et notre équipe gagne ! On est contents. Allez, on grimpe de nouveau dans la jeep pour rentrer à l’hôtel. Le coucher de soleil est magnifique ! Nous discutons longuement avec le couple qui a fait la sortie avec nous : des Français aussi. Lui est pilote et pratique le planeur, c’est passionnant. Le voyage amène toujours de jolies rencontres et discussions.

    Un peu fatigués mais heureux de notre journée, nous filons à la douche avant de partager notre dernier dîner à Tukawa. Demain, nous quittons les lieux pour nous rendre aux thermes de San Vicente ✨️
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  • J126, Tukawa

    19–23 sept., Colombie ⋅ ☁️ 24 °C

    Il est 6 h quand nous sortons de l'hôtel, chargés de nos sacs à dos. Même les parents sont devenus des backpackers ! Nous sommes six, donc les déplacements doivent être un peu plus anticipés. Nous avons trouvé un chauffeur qui nous conduit à l'aéroport en van.

    Une fois à l'aéroport, nous croisons les doigts pour que nos sacs bien gros passent les contrôles. Malgré un petit supplément de 10 euros, ça y est, tout le monde passe ! L'avion est plein : ici, les gens voyagent beaucoup en avion pour les déplacements nationaux. Finalement, le bus ne coûte pas beaucoup moins cher. Bon, je dois avouer que ma conscience écologique n'est pas très fière, mais on se rattrapera sur le reste de l'année ! Allez, on ferme les yeux et nous voilà à Pereira, capitale du département du Quindío, dans la zone du café.

    Nous prenons deux taxis pour rejoindre le terminal de transport de la ville. Pour 11 000 pesos, nous montons dans un bus direction Filandia, une petite ville située à une heure de Pereira. Nous quittons la ville et ses téléphériques suspendus dans les airs pour emprunter des petites routes de campagne.

    Nous arrivons dans le joli village de Filandia. La place est colorée et l’on aperçoit de nombreuses "Willys", ces jeeps qui sillonnent les routes de la région caféière. Avant de poursuivre notre route vers notre hôtel, nous allons déjeuner. Un almuerzo typique dans un petit restaurant du village : on se régale de produits simples, avec des assiettes toujours aussi généreuses ! Nous flânons ensuite dans les nombreuses boutiques des rues – il y en a partout. C’est une petite ville très touristique.

    Allez, il est temps de prendre notre première Willys ! Nous retrouvons notre chauffeur, Daniel, et sa jeep bleue. Nous nous installons à l’arrière, les sacs sur le toit. Stéphane, sujet au mal des transports, prend place sur la banquette près du chauffeur. C’est parti pour quarante minutes de route plus ou moins cahoteuse ! La dernière portion est sportive mais superbe : nous sommes entourés de plantations de café et de bananiers accrochés aux pentes des montagnes.

    Nous arrivons à Tukawa, un hostel créé par trois Français. Nous nous y sentons immédiatement bien, en pleine nature. Une piscine surplombe la vallée, une jolie terrasse permet de boire un verre et de manger, les chambres sont charmantes et un coin hamacs complète l’ensemble. Nous déposons nos affaires puis place à la baignade 😍 ! L’eau est un peu fraîche – les températures ne sont pas encore celles de la côte caraïbe – mais ça fait du bien. Le coucher du soleil est superbe ! Nous prenons l’apéritif avant notre premier dîner.

    Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mariage d’Isabelle et Stéphane : 33 ans ! Nous commandons un bon dessert pour l’occasion. L’hôtel est aussi une ferme de café et de cacao : le brownie au chocolat de la finca est à tomber 😋. Chaque soir, l’hôtel propose une activité. Ce soir, c’est chamallows grillés autour du feu de camp, la Fogata ! Malgré des chamallows pas terribles, l’ambiance est excellente. Bien emmitouflés dans des plaids, nous discutons avec les autres hôtes : Français, Colombiens, Allemands…

    Le lendemain, nous nous réveillons sous une légère pluie. Malo est malade, un gros rhume. Isabelle et Stéphane traînent aussi ça depuis quelques jours : ça semble contagieux. Je croise les doigts, mais je sens que je ne vais pas y échapper ! Avec maman, nous faisons un peu de yoga avant un bon petit-déjeuner, puis nous retrouvons Fabian, notre guide du jour. Nous partons visiter les plantations de la ferme attenante à Tukawa.

    C’est passionnant. Fabian parle en espagnol, mais doucement pour que tout le monde comprenne ; je traduis et la famille suit bien. Il nous explique le café, ses spécificités, ses maladies et parasites (principalement la rouille et la broca). Nous dégustons des tomates de árbol, des lulos, des plantains, des clémentines, des grains de café, des fèves de cacao, de la coriandre… tout cueilli sur place. Tukawa s’approvisionne un maximum localement pour cuisiner pour ses hôtes.

    Nous découvrons ensuite le beneficiadero, le lieu où arrivent les cerises de café pour être transformées. Des ouvriers agricoles récoltent les fèves sur les pentes abruptes. Fabian nous explique que certains ont plus de trente ans d’expérience et cueillent jusqu’à 300 kg de café par jour (par petits paniers de 8 kg). Il les appelle "las bombas" (les bombes). Ils sont payés au rendement, mais ici la qualité prime : pas question de ramasser des cerises vertes, sous peine de pénalité. Leur finca mise tout sur un café de première qualité, d’où cette exigence.

    Fabian poursuit avec les étapes : la récolte, le dépulpage des cerises, le lavage, le séchage solaire, puis l’expédition et la vente à la coopérative. Le café "pergamino" (vert) sera ensuite exporté et souvent torréfié en Europe (l’Allemagne étant n°1 du toastage !). Malheureusement, en Colombie, le café consommé est souvent le moins bon, les meilleurs partant à l’exportation.

    Nous finissons la visite par une dégustation de chocolat maison : un vrai régal, surtout pour nous tous, grands amateurs de cacao ! De retour à l’hôtel, Malo va directement se coucher : il est épuisé.

    L’après-midi se déroule tranquillement. Je travaille sur le rapport d’activité de Vag’abond Expéditions. Les parents, eux, profitent du terrain de pétanque : les Gardins gagnent (la revanche ne devrait pas tarder !). En fin de journée, nous faisons une balade jusqu’à la rivière en contrebas : c’est magnifique.

    À 18 h 30, place au cours de salsa ! C’est rigolo : maman et papa me font rire. Maman se décourage un peu mais finit par s’y remettre. Stéphane et Isabelle se souviennent de leurs cours en Guadeloupe, et tout le monde s’applique pour danser en rythme. Tous les hôtes jouent le jeu. Nous avons même droit à un petit shot d’aguardiente (alcool anisé local) !

    Le soir, Malo sort quand même partager le repas avec nous, mais ne tarde pas à aller se coucher. Je sens aussi les premiers signes d’un rhume… Malgré la bonne ambiance, je reste tranquille avec lui pour prévenir la maladie. Les parents, eux, prolongent la soirée avec l’équipe de Tukawa : au programme, beer pong ! L’ambiance est au rendez-vous.
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  • J124, Bogotá en famille

    16–19 sept., Colombie ⋅ ☁️ 14 °C

    Il est 7 h quand nous arrivons à Bogotá. Nous prenons la direction du laboratoire pour faire un test de paludisme pour Malo. Il va déjà beaucoup mieux, mais nous préférons être prudents (le test est négatif!). Nous prenons un taxi pour nous rendre à l'hôtel où les parents nous retrouvent ce soir. Situé sur les hauteurs de la Candelaria, quartier historique de la ville, c'est une jolie bâtisse coloniale, faite de vieux bois qui grince, avec une décoration soignée et une belle literie !

    Nous repartons chez Ellyn et Chris pour faire nos machines et récupérer nos affaires, merci les copains 😍 On en profite pour boire un café et rencontrer une amie de Chris, elle aussi colombienne et réalisatrice de films. Elle travaille sur des films collaboratifs réalisés avec les peuples indigènes.

    Allez, nous reprenons le chemin de l'hôtel où nous attendons patiemment les parents. Nous recevons un message de maman : ça y est, ils ont atterri. On espère que ça ne va pas être trop compliqué pour eux de prendre le taxi avec la langue et le changement de devise ! Ça y est, nous apercevons le traditionnel taxi jaune et nos quatre parents qui en sortent, fièrement vêtus de leurs sweats Vag'abond 🥰 Après une petite discussion avec le taxi, qui nous annonce un prix un peu plus élevé que la normale, chacun découvre ses habitations. On partage un petit verre et on grignote un bout, tous contents de se retrouver mais un peu fatigués par les trajets respectifs !

    Le lendemain, nous prenons un petit déjeuner à l'hôtel : des œufs pericos et des arepas préparés par nos soins. Malo nous quitte pour un cours d'escalade avec Chris, et nous partons tous les cinq découvrir le centre de Bogotá. Les ruelles commerçantes et la bonne humeur des vendeurs marquent nos parents. Il y a plein de jolies choses. Sur la place Bolívar, un marché expose de nombreux bijoux, vêtements et cosmétiques. Nous partons en quête d’une carte SIM pour Stéphane, le papa de Malo, afin qu’il reste connecté pour gérer ses gîtes à distance, et d'une pharmacie pour Isabelle, la maman de Malo, qui est un peu enrhumée. Nous nous arrêtons auprès d'un vendeur ambulant qui propose, dans sa petite carriole, des cartes SIM et des protections de téléphone. Pour 10 €, Stéphane équipe son téléphone : carte SIM, protection et écran ! Un nouveau téléphone ! Un tour à la pharmacie et nous voilà équipés.

    Nous arpentons tranquillement les rues. Papa et Stéphane trouvent deux superbes ceintures chez un vendeur vénézuélien spécialisé dans le cuir. Il est adorable et nous raconte des histoires sur son pays. À midi, nous nous arrêtons dans un petit café où nous sommes bien accueillis. Malo nous rejoint, ainsi que Luisa, notre guide, qui va nous accompagner pour découvrir plus en profondeur la capitale colombienne.

    J'avais trouvé le contact de son agence sur un blog, et nous ne sommes pas déçus : pendant près de quatre heures, Luisa, colombienne mais francophone, nous fait découvrir l’histoire et les rues de la ville. Nous commençons directement au café où nous dégustons un café accompagné d’une almojábana. Puis nous allons jusqu’à la place des Journalistes (Plaza de los Periodistas), renommée depuis quelques années place Gabriel García Márquez, mais les habitants continuent de l'appeler par son ancien nom. C’est une place importante, qui offre en un coup d’œil le centre historique, le centre urbain et ses grands buildings, ainsi que le Monserrate, célèbre montagne sacrée de la ville.

    Nous continuons notre balade et goûtons aux fameux fritos (empanadas frites, arepas frites, etc.). Pas chers, bien garnis et bien gras, ils sont parfaits pour les étudiants qui fréquentent le quartier, nous dit notre guide ! Puis nous nous rendons dans une petite ruelle étroite, la carrera de los grafitis. Cette ruelle, qui à première vue peut sembler peu sûre, l’était autrefois vraiment. Mais depuis, elle a été réappropriée par des jeunes et des artistes locaux pour devenir un lieu d’expression artistique. Les murs entiers sont couverts de murales (peintures murales) et de street art.

    Luisa nous raconte l’histoire du pays : la libération par Simón Bolívar, la Grande Colombie, les conflits entre conservateurs et socialistes qui ont dégénéré en guerre armée entre guérillas (plutôt socialistes) et paramilitaires (issus des conservateurs), et aujourd’hui la puissance du narcotrafic. Tout cela en rappelant la complexité culturelle, marquée par l’héritage colonial espagnol mêlé aux traditions indigènes, longtemps ignorées et reconnues très tardivement. Les accords de paix signés entre les guérillas et le gouvernement restent fragiles : celui avec les FARC en 2016 a mis fin à plus de cinquante ans de conflit armé, mais une partie des anciens combattants a repris les armes et d’autres groupes continuent de sévir. Malgré tout, cet accord a permis au pays d’ouvrir davantage ses portes au tourisme et d’amorcer une nouvelle page ✨️

    Malgré cette histoire complexe et violente, Luisa nous montre toute la beauté et la résilience du peuple à travers les rituels et les connaissances indigènes, l’appropriation des espaces publics par l’art, la cuisine, les échanges... Nous arrivons dans le centre de la Candelaria et nous nous arrêtons devant un mural représentant le páramo, l’eau, la jungle et les montagnes : Bogotá avant son urbanisation. L’eau est omniprésente ici, et les terres sont fertiles aux abords de la capitale. On retrouve aussi le mythe de l’El Dorado : les colons vidaient les lacs pour trouver l’or que les indigènes y déposaient en offrandes aux dieux.

    Nous terminons notre visite par le marché, où nous dégustons des fruits tropicaux : lulo, tomate de árbol, guanábana, multiples variétés de fruits de la passion... Luisa nous parle aussi de la chicha, boisson indigène de maïs fermenté utilisée dans les rituels, mais aujourd’hui proposée à tous les coins de rue. Son nom a été changé par les colonisateurs (car “chicha” signifie diarrhée dans une langue indigène), afin de la discréditer auprès de la population. Nous quittons notre guide en la remerciant chaleureusement : c’était un très beau moment. Tout le monde est un peu fatigué par la journée (et le décalage horaire !), mais nous poursuivons avec la visite du musée Botero. L’artiste a fait don de sa collection privée à la ville pour rendre l’art accessible à tous. Le musée est une jolie bâtisse coloniale, avec de magnifiques patios et fontaines typiques de l’Andalousie.

    Nous nous dirigeons ensuite vers un restaurant qui propose le jeu du tejo, sport national colombien ! Le but : lancer des palets en fonte sur un parterre d’argile et faire exploser de petits sachets remplis de poudre explosive ! C’est très drôle : les Gardin contre les Creignou. Et nous finissons par l’emporter, pas peu fières ! 💪 Nous mangeons un bout au restaurant (pas le meilleur) avant de rentrer, tous bien fatigués.

    Pour notre dernier jour à Bogotá, nous nous réveillons tôt et partons pour le Páramo de las Moyas. À 6 h 30, notre chauffeur nous attend pour nous déposer au départ du sentier. Après 40 minutes de route, nous y arrivons. Nous commençons la marche à 2 700 mètres : l’altitude se fait sentir. Chacun monte à son rythme. Les paysages urbains s’éloignent progressivement et nous découvrons les premiers frailejones, ces grandes plantes aux feuilles couvertes d’un duvet argenté. Elles sont essentielles à l’écosystème du páramo, car elles captent l’humidité des nuages et la transforment en eau, alimentant ainsi rivières et lacs. Le páramo est d’ailleurs considéré comme l’un des réservoirs d’eau douce les plus importants de Colombie, un trésor écologique unique au monde. Les paysages sont splendides. On sent un peu de fatigue chez les parents, on espère ne pas les entraîner dans quelque chose de trop difficile 😅 Mais tout va bien : nous arrivons tous en haut, à 3 300 mètres, avec une vue magnifique !

    La redescente se passe bien, un peu plus lentement pour Isabelle, qui a glissé sur une pierre et s’est fait mal à la cuisse, heureusement sans trop dd gravité. Après cinq heures de marche, nous arrivons en bas, où notre chauffeur nous attend. Il nous dépose au restaurant La Nativa, un végétarien qui propose une cuisine ancestrale. On se régale : un almuerzo avec soupe, jus et plat. Repu·e·s, nous reprenons la route de l’hôtel, avec un arrêt à la boutique La Linterna pour montrer les belles affiches découvertes à Cali. Puis nous allons nous reposer. Malo part faire son dernier cours d’escalade.

    Le soir, nous profitons d’un bon restaurant tous ensemble. Demain, nous prenons l’avion de bonne heure pour Pereira, dans la zone du café !
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  • J120, Cali

    13–15 sept., Colombie ⋅ ☁️ 29 °C

    Alejo arrive nous chercher, le trajet se passe rapidement, fidèle à lui-même ! Nous arrivons à Cali à midi. Une bonne douche s’impose 🚿 Place à la découverte de la ville. Nous nous rendons à La Linterna, une imprimerie qui a conservé ses anciennes machines et utilise encore la technique de linogravure pour réaliser de magnifiques affiches colorées. Nous restons plus d’une heure dans la boutique, émerveillés devant les machines en action et les graphismes. Il y en a même une qui vient de Paris et qui date du XIXᵉ siècle ! Nous discutons avec un monsieur qui nous explique la technique : il travaille ici depuis 50 ans. On a envie de tout acheter 🤩

    Ensuite, nous continuons à nous balader dans les rues de Cali. Le barrio de San Antonio est très sympa avec ses maisons colorées et son street art omniprésent. Ça monte et descend, avec de nombreux escaliers entre les rues. Nous faisons une pause café puis décidons de chercher un prof de salsa. Au détour d’une rue, nous tombons sur une école de danse – il y en a à foison ici. On questionne le professeur : c’est OK, rendez-vous pris pour ce soir à 19h30 ! En attendant, il nous conseille d’aller admirer le coucher de soleil depuis le parc Loma de la Cruz.

    Nous y arrivons, l’ambiance est conviviale : de nombreuses petites boutiques vendent des souvenirs et les gens s’installent sur les murets pour observer les couleurs rougeoyantes du ciel sur la ville. L’heure arrive : c’est parti pour deux heures de salsa ! "1, 2, 3, suave (doucement), 5, 6, suave"… On s’applique, ce n’est pas évident, mais nous réussissons à enchaîner quelques pas. C’est vraiment sympa ! Nous reprenons deux heures de cours pour le lendemain, après tout nous sommes dans la capitale mondiale de la salsa 💃🕺

    Il est déjà tard quand nous sortons du cours. Nous mangeons un burger dans un petit restaurant avant de partir pour une salsothèque : une discothèque dédiée uniquement à la salsa. Impressionnant ! Nous payons 30 000 l’entrée et découvrons une énorme salle remplie de danseurs. La musique résonne. Nous allons danser sur la piste mais Malo commence à se sentir barbouillé et faible, alors nous ne restons pas trop longtemps. Et ça ne loupe pas : dans la nuit, Malo a un pic de fièvre… Nous appelons le médecin de notre assurance, qui recommande de faire un test pour le paludisme par précaution et surtout de bien s’hydrater. Malo parvient à dormir et le lendemain, mission pharmacie. Heureusement la fièvre est redescendue, il se sent mieux, même s’il reste faible. Peut-être un coup de chaud ou une indigestion ?

    C’est dimanche et difficile de trouver un laboratoire ouvert, on verra demain pour le test. Aujourd’hui, repos pour Malo. Dans l’après-midi, je décide tout de même de partir découvrir cette jolie ville. À pied, je rejoins le Río Cali et sa promenade qui longe la rivière. J’aime l’ambiance des rues et les peintures murales. On me demande encore une photo – on ne passe décidément pas inaperçue 😅 J’arrive au parc del Gato del Río, symbole artistique de la ville : un grand chat en bronze entouré de dizaines de sculptures de chattes colorées, toutes différentes. Ce lieu est un emblème culturel et une balade incontournable à Cali. Le matin, j’étais passée devant le parc de los Perros, rempli de sculptures de chiens!

    Les habitants profitent du dimanche pour se promener le long de la rivière. Je repars ensuite vers l’hôtel en passant par le parc du Peñón, petit mais animé par de nombreux peintres qui exposent leurs toiles. Je termine ma balade au parc San Antonio, un vaste espace où familles et promeneurs se retrouvent. Je rentre ravie : cette ville continue de me charmer !

    Au vu de l’état de Malo, nous annulons notre cours de salsa. De retour à l’hôtel, il semble aller un peu mieux, même si son système digestif reste tres fragile ! Nous préférons rester tranquilles et regarder un film, malgré un cabaret de salsa qui nous faisait de l’œil. La nuit se passe heureusement mieux. Le lendemain, un autre médecin prescrit un antibiotique. Pendant que je vais à la pharmacie, j’en profite pour passer chez une esthéticienne avec qui on discute bien : elle m’explique que la société colombienne reste très machiste, puis nous parlons d’éducation, de voyages et de partage... Un moment simple mais comme j'aime en voyage.

    Malo reprend peu à peu des couleurs, mais la fatigue est toujours là. Impossible de trouver un labo qui fait les tests nécessaires à Cali, mais nous savons qu’à Bogotá ce sera possible. Nous décidons quand même de sortir pour qu'il profite un peu : retour à La Linterna, que nous adorons décidément. Puis nous nous arrêtons deguster un pan de bono, une petite brioche moelleuse au fromage typique de la région de Valle del Cauca : un vrai délice dont je raffole 😍 ! Nous passons ensuite par le parc des Chats, puis par une librairie avant de rejoindre le quartier historique. Il est minuscule, presque noyé dans l’urbanisation moderne, mais conserve encore de superbes bâtisses coloniales.

    En taxi, nous regagnons l’hôtel pour préparer nos affaires. Direction le terminal de bus : départ à 20h pour Bogotá, où nous retrouverons nos parents respectifs le lendemain. Mais à peine sortis du terminal, le bus heurte quelque chose et son pare-brise se brise… Tout le monde descend ! Nous changeons de bus, finalement avec une heure de retard. Cette fois, c’est parti pour de bon : cap sur la capitale.
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  • J118, ¡ Adios el Pacífico !

    10–12 sept., Colombie ⋅ 🌧 29 °C

    Il est temps d'entamer le chemin du retour ! Dans l'ambiance matinale du village, nous prenons un café entourés des habitants qui amènent leurs enfants à l'école. Ils portent des uniformes et je dois dire qu'ils sont très mignons, à peine réveillés, en petits carreaux et chaussettes hautes 🥰

    Nous buvons notre café sans vraiment l’apprécier car, dans la majorité des petits cafés et restaurants locaux, il n’est pas très bon : trop sucré, trop infusé… Malgré le fait que les Colombiens soient producteurs d’excellent café, ils ne savent pas toujours bien le préparer !

    Il pleut de nouveau. Nous sommes destinés à faire notre trajet en lancha sous la pluie 😅 On nous appelle : c’est l’heure ! Nous traversons la place, on enlève les tongs, les pieds dans l’eau, on donne notre sac au conducteur, il le glisse dans un sac plastique et c’est parti, on grimpe à bord. La lancha est bien chargée, nous payons tout de même 150 000 pesos pour le trajet. À côté de nous, un petit chiot tremble, secoué par les vagues. Il appartient à une famille ; finalement, le petit garçon le prend dans ses bras. Dans le bateau, malgré la pluie et le peu de place, les gens ne se plaignent pas ✨️ Après une bonne heure de lancha, nous arrivons à Nuquí !

    Nous allons sur le port pour nous renseigner sur les bateaux à destination de Buenaventura. Les gens nous disent que le prochain ne part pas avant samedi… Mince, ça va être juste pour nous ! Option 2 : l’avion. On regarde, mais c’est tout de même plus cher et l’option bateau nous convenait bien. Bon, on va voir... Nous nous dirigeons vers Iracas del Mar où nous retrouvons Daisy. Elle nous accueille et nous dit qu’il y a un bateau qui devrait partir vendredi ; elle va s’en charger. Notre super Daisy à la rescousse ! Et en effet, après quelques coups de fil passés, nous avons un bateau pour vendredi. On est contents, ça va nous permettre de découvrir Cali deux jours avant le retour à Bogotá pour accueillir nos parents 🥰

    La fin de journée se passe tranquillement. Il pleut, nous nous reposons un peu avant de profiter d’un bain malgré la pluie. Dans le village, nous tombons sur un monsieur qui fabrique des bijoux avec du fil de fer et des coquillages. J’ai trouvé un joli coquillage en me baignant à Playa Blanca et je voudrais en faire une bague. Nous allons donc le voir pour lui demander s’il peut la réaliser. « Avec plaisir », nous dit-il. Il nous propose un design et c’est parti. Il propose aussi à Malo de résiner deux graines de son bracelet, car son poignet commence à s’abîmer. Parfait.

    Le lendemain, après le petit-déjeuner, nous retrouvons donc notre bijoutier de rue pour récupérer notre commande. On est contents, ça rend bien ! En discutant, il nous dit qu’un ami à lui fait un DJ set ce soir sur la place : « Venez, ça va être sympa ! ». Allez, pourquoi pas.

    Nous allons ensuite manger des empanadas qu’on nous a conseillés, concoctées par Inès. Nous sommes accueillis par une dame qui parle fort et nous appelle, comme beaucoup ici, mis amores (= mes amours). Malheureusement, son stock d’empanadas est déjà épuisé, mais il lui reste des almuerzos ! Nous mangeons donc une soupe de poisson et le plat du jour. Repus, nous prenons la route du bateau pour acheter nos billets : 200 000 pesos, comme à l’aller. Le bateau semble plus grand et plus récent que le Pablo David. Avec le capitaine Marcelo, nous convenons d’un départ à 6h le lendemain, couplé à la marée haute. Nous pouvons dormir ce soir à bord pour être sûrs d’être sur place pour le départ.

    Après de chaleureux au revoir à Daisy, sacs sur le dos, nous allons donc au bateau déposer nos affaires. Nous découvrons notre cabine. Les membres d’équipage, toujours assez taciturnes mais bienveillants, nous montrent notre chambre. Les lits sont un peu plus larges que sur le premier bateau, mais cette fois installés sur trois étages ! On choisit nos places et on repart pour la soirée.

    Nous nous dirigeons vers le parc où, après un peu d’attente, un petit groupe de jeunes voyageurs et Colombiens installe des enceintes et lance la musique. Nous passons une belle soirée, à danser et à discuter. C’est chouette ! Nous rentrons de nuit au bateau, enjambons les gens qui dorment par terre en essayant de rester discrets (ça ronfle déjà, et pour certains, bien fort 😅). Bonne nuit !

    Le lendemain, je n’arrive pas à sortir du lit pour voir le bateau quitter le bras de mer, mais Malo y va. À 6h, nous sommes partis. Nous nous arrêtons à Termales pour charger des cargaisons : cette fois, ce ne sont pas des caisses de bières pleines mais des caisses de bières vides, elles sont consignées ici. La journée se déroule tranquillement entre sieste, admiration du paysage et discussions avec nos voisins de chambrée. La nuit tombe, le bateau continue de ronronner. La mer est un peu agitée mais nous avançons sans encombre.

    Nous arrivons vers 4h du matin à Buenaventura. Nous attendons 7h pour débarquer. Nous appelons notre fidèle pilote Alejo, qui vient nous chercher d’ici 1h30. En attendant, nous allons prendre un café au bord de la route. Un peu fatigués mais contents d’aller découvrir Cali ! Il faut quand même avouer que le Pacifique va nous manquer. On y serait bien restés des semaines, dans ce coin de paradis 🌊
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  • J116, El valle et les grenouilles

    8–10 sept., Colombie ⋅ ☁️ 27 °C

    Après une nuit bercés par la pluie ruisselant sur le toit en tôle, nous nous dirigeons vers le centre du village. Nous nous arrêtons dans une petite boulangerie qui semble être le point de rassemblement. Tout le monde y prend son café accompagné d’un petit palito de queso frit. Nous suivons le mouvement!

    Nous déambulons dans les ruelles où les maisons, largement ouvertes, laissent voir leur intérieur : souvent très peu de choses, mais presque toujours une télévision trônant au milieu.

    Nous approchons du Parc national naturel Utría, au cœur du Chocó. Nous arrivons sur une superbe plage de sable noir qui s’étend sur plusieurs kilomètres. Nous sommes seuls ! La marée basse permet aux motos de rouler sur la plage, nous en croisons quelques-unes. Nous profitons des belles vagues pour nous baigner et nous sauter dans les rouleaux.

    Le parc fait partie de l’un des endroits les plus humides et riches en biodiversité au monde. Ici, la forêt tropicale descend directement jusqu’à l’océan Pacifique. On y trouve une mosaïque d’écosystèmes : plages de sable volcanique, mangroves denses, forêts de collines couvertes de fougères géantes et de palmiers, ainsi que des récifs coralliens. C’est un endroit où se croisent baleines à bosse, tortues marines, grenouilles tropicales aux couleurs vives, toucans et singes.

    Le retour se fait sous une chaleur écrasante. Un petit pont perché au-dessus de l’eau nous permet de regagner le village. Nous allons acheter des fruits et légumes frais pour le déjeuner. J’en ai assez de manger frit, et il n’est pas facile de trouver de simples salades ici. Ça nous fait du bien ! 😅

    Repus, nous retournons à la plage. Les vagues sont grosses aujourd’hui. Un peu fatiguée, je reste sur le sable tandis que Malo se met à l’eau pour surfer. Il en ressort ravi. En route maintenant pour la sortie « grenouilles » !

    Nous retrouvons Mailer à l’hébergement. Nous lui montrons les vidéos de drone : il est content, tout comme sa sœur qui tient le logement. Nous enfilons des bottes et c’est parti. L’organisation n’est pas très carrée : nous ne savons pas vraiment où nous allons, mais nous commençons à être habitués à l’organisation colombienne 😅 Nous sommes un groupe de dix. Nous longeons la plage en escaladant les rochers, car la mer est bien montée. En même temps, nous profitons des superbes couleurs du coucher de soleil.

    Puis, nous pénétrons dans la selva (jungle). L’air est extrêmement humide et la chaleur étouffante. Nous montons sur des chemins boueux, les yeux grands ouverts. La nuit tombe, et nous marchons quatre heures à travers la jungle. Nous observons des serpents, des grenouilles, des insectes. Nous avons même la chance d’admirer de minuscules champignons photoluminescents. La nature est magnifique.

    La balade se termine en pirogue dans la mangrove. Le Chocó est d’une richesse incroyable en biodiversité, ses écosystèmes marins et forestiers sont spectaculaires : océan, mangrove, forêt tropicale humide. Nous remontons la rivière jusqu’au village. Nous avons passé un superbe moment, même si nous aurions aimé recevoir des explications un peu plus approfondies de la part de notre guide.

    Fatigués, nous cherchons de quoi grignoter. Mais à 21h30, ce n’est pas simple. Malo trouve des fritos (empanadas et buñuelos à la viande), et moi quelques fruits. En rentrant, nous tombons sur un bar de jeux. On entend les dominos claquer et les cartes frapper les tables. Malgré la fatigue, cela nous intrigue. Nous nous arrêtons et découvrons un superbe jeu où il faut faire tomber cinq billes métalliques dans des trous et dans des bouches de grenouilles, el juego del sapo ! Le premier joueur à atteindre 2000 points gagne. Je remporte la première manche et Malo la seconde ! 💪

    Nous rentrons nous coucher. Demain, retour à Nuquí avec la lancha de 7h.
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  • J114, Nuquí et les baleines

    7–8 sept., Colombie ⋅ 🌧 27 °C

    Nous nous levons sous une pluie torrentielle. Nous attendons la lancha pública qui doit nous amener jusqu’à Nuquí. Ça y est, à 7h nous entendons un moteur. Esteban, qui attendait avec nous, court sur la plage et fait de grands signes. Malgré les vagues, le bateau parvient à accoster. La lancha est déjà bien remplie mais on se fait une place. Nous nous couvrons d’une bâche car la pluie ne s’arrête pas ! Le bateau repart à fond. Ici, ils ne ménagent pas les embarcations. Les lanchas qui longent les plages foncent à pleine puissance malgré les troncs et branches qui flottent. À l’arrière, le conducteur ; à l’avant, un guetteur qui prévient des obstacles potentiels sur la route 🚤

    Nous arrivons à Nuquí après une petite heure, trempés. Nous traversons le bourg et passons devant l’aéroport pour rejoindre notre hôtel. Nous découvrons Iracas del Mar et Daicy en chair et en os ! Elle nous accueille très chaleureusement : elle parle fort, avec beaucoup d’énergie. C’est une femme de caractère, mais aussi de grand cœur, ça se voit. Nous arrivons juste à l’heure du petit-déjeuner. Les tables sont bien garnies de touristes, essentiellement colombiens.

    Nous déjeunons d’œufs accompagnés de petits bâtons de pâte de maïs frits. Une fois rassasiés, nous allons nous installer dans notre chambre, avec vue sur mer 🌊 L’après-midi, nous partons découvrir le musée Melelé, créé par un groupe de femmes de Nuquí désireuses de préserver le savoir-faire traditionnel et de le transmettre à leurs enfants comme aux visiteurs. Nous avons droit à une jolie visite de cette petite casa. En redescendant, nous discutons avec deux pêcheurs qui nettoient leur bateau. On rigole bien : quand Malo se présente, ils ne nous croient pas. « Malo ? » (qui signifie « mal » en espagnol), ce n’est pas possible ! On leur montre sa carte d’identité. On plaisante « Malo pero bueno ! » (Mauvais mais bon) 😅

    De retour à l’hôtel, nous préparons nos affaires. Demain, nous partons pour une sortie d’observation des baleines, puis nous irons à El Valle passer deux jours avant de revenir ici. Daicy garde nos bagages afin que nous n’ayons pas à tout emporter. Avant de partir, nous faisons quelques vidéos de drone de son hôtel pour sa communication, et elle nous offre nos nuits en échange. Royal !

    Le lendemain matin, nous rejoignons le petit port de Nuquí pour embarquer. Nous retrouvons le gros bateau avec lequel nous étions arrivés à quai et saluons l’équipage. C’est parti, gilet de sauvetage sur le dos, en route pour les baleines. Premier arrêt : une jolie plage de sable noir où nous nous baignons sous une cascade. Puis retour au bateau : nous partons à la rencontre des baleines ! Ça y est, nous en apercevons et nous nous approchons. C’est une maman et son petit. C’est gigantesque et ils sont si proches. Leur souffle propulse de l’eau à plusieurs mètres au-dessus de la surface. Magique. Le petit est déjà grand : il prend 40 cm par jour et boit environ 320 litres de lait quotidiennement ! 🐋

    Nous voyons cinq groupes de baleines qui nous émerveillent. Malo fait voler le drone pour immortaliser ces moments. À midi, nous faisons escale à Playa Blanca, une petite île paradisiaque, où nous dégustons un délicieux thon sauce coco accompagné d’un sancocho (soupe de poisson). Ensuite, nous changeons de bateau pour rejoindre un autre groupe qui rentre à El Valle. Nous prenons le temps de faire du snorkeling : enfin nous mettons la tête sous l’eau du Pacifique ! Les fonds sont surtout minéraux et la pollution plastique bien visible… Mais nous découvrons aussi des poissons que nous n’avions jamais vus, comme ceux de « Nemo ». On voit même Dory ! 🐠

    Nous reprenons ensuite le bateau, toujours à toute vitesse, direction El Valle, où nous allons dormir chez Mailer, recommandé pour le herping (découverte de grenouilles et reptiles dans la nature). Demain soir, nous ferons une sortie nocturne avec lui. Nous lui avons proposé de réaliser des photos et vidéos de son hôtel et de ses tours en échange de deux nuits : il a accepté ! Ça va devenir notre nouveau business 😅.

    Dans le bateau, nous faisons la connaissance d’un couple installé en face de nous : ils logent au même endroit que nous. Ils viennent de la région du café. Elle est biologiste, spécialiste des reptiles ; lui travaille dans l’écotourisme. Ils sont passionnés d’oiseaux et d’animaux, comme nous !

    Nous découvrons notre petit logement, très sommaire mais suffisant. À notre arrivée, nous apercevons un toucan dans les arbres. Nous faisons quelques prises de drone de l’hôtel pour régler notre « loyer », puis repartons vers la plage. Les vagues sont belles ! Nous louons deux planches dans une petite école de surf bricolée, où nous rencontrons Marine, une Française installée ici depuis 4 ans. La location est assez chère (30 000 pesos l’heure) vu l’état des planches, mais c’est parti ! Nous nous mettons à l’eau, les vagues sont difficiles à prendre. Après une heure, je sors de l’eau, épuisée. Malo n’en a pas beaucoup profité non plus.

    Le soir, nous allons dans un petit restaurant conseillé. Pas de surprise : poisson à la coco, riz, salade et les fameux patacones (plantains écrasés et frits) ! 😋
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  • J113, Arucí y termales

    5–7 sept., Colombie ⋅ 🌧 26 °C

    Il est 6h30 quand j’ouvre les yeux. Allongé sur ma petite bannette, juste en dessous de celle de Malo, j’aperçois les premières lueurs du jour qui se reflètent sur l’eau à travers la porte entrouverte de notre petite cabine.
    Malo émerge à son tour. Malgré l’étroitesse de nos couchettes, nous avons bien dormi. Enfin… presque : Malo a quand même été réveillé vers 5h du matin par un cafard venu s’inviter dans son sac de couchage ! 😅 La mer était un peu agitée, mais rien de dramatique. Notre voisine de chambre, elle, a eu plus de mal et a passé une partie de la nuit malade.

    On se lève : la côte est déjà proche, on arrive bientôt ! Je monte vers le poste de pilotage, où le capitaine Alan tient la grande barre à roue. Je l’interroge sur la traversée : la nuit s’est bien passée. On discute, il m’invite à me servir un café – « el tinto » – dans le thermos posé à côté de lui. Alan travaille sur ce bateau depuis des années, il connaît. Quand je lui dis que nous avons un voilier, son regard change un peu : gens de mer. Il me glisse alors d’ouvrir l’œil : « Ici, les baleines sont nombreuses ! » Cette région est une véritable nurserie pour les baleines à bosse, qui viennent mettre bas dans ces baies calmes.
    Et en effet, quelques minutes plus tard, j’aperçois un souffle. J’appelle Malo : « Des baleines ! » Une s’approche, passe juste devant le bateau : on distingue ses bosses, et même les protubérances sur son museau. Magique ✨️

    Nous jetons l’ancre à Arusí, assez loin pour éviter le ressac qui s’écrase sur l’immense plage de sable noir. À peine nos sacs récupérés, une lancha nous aborde : c’est Esteban, le fils de Daicy. Pas même le temps de dire au revoir à l’équipage, nous voilà embarqués. Esteban nous accueille d’un large sourire et d’un « ¡Bienvenidos! » chaleureux.

    Nous découvrons nos cabanes en bois, simples mais parfaites, installées à vingt mètres de la plage. On ne résiste pas longtemps avant d’aller se jeter dans l’eau tiède. Le sable noir assombrit la mer, et des feuilles, troncs et branches flottent, charriés par les pluies tropicales qui descendent de la forêt jusque dans l’océan.

    L’après-midi, sous une pluie fine, nous marchons vers le village de Termales. Pas de route, juste la plage ou de petits sentiers sableux. Nous nous rendons aux termes, nous découvrons de magnifiques bassins d’eau chaude. Deux enfants, nous tiennent la jambe dans l’un des bassins et improvisent un jeu de marchands avec des cailloux ramassés au fond de l’eau. Ce ne sont pas des cailloux : c’est de l’argile ! On s’en recouvre le visage. Nois terminons la journée dans la ruelle en bord de mer, des maisons en bois et surélevées, quelques habitants vaquant à leurs occupations, et un petit nombre de touristes. Venir sur ce bout de Pacifique n’est pas facile – il faut un bateau ou un avion – cela limite encore le tourisme de masse, bien qu'il y ait quelques touristes.

    Le soir, nous dégustons un délicieux thon à la sauce coco. Ici, on va manger du poisson et du coco sous toutes ses formes ! 🐋

    Le lendemain, réveil au son des vagues. Un peu de yoga sur la plage noire encore déserte : parfait. Direction Guachalito, plus au nord. En longeant la côte, nous découvrons des zones protégées pour les tortues marines. Ces plages sont idéales pour la ponte. Des volontaires récoltent les œufs pour les mettre à l’abri des prédateurs jusqu’à leur éclosion. Les touristes peuvent même participer à la « liberación de tortuguillos », la remise à l’eau des bébés tortues. Nous poursuivons : plages superbes, jungle luxuriante en toile de fond, cabanes et lodges disséminés en bord de mer. Une petite marche nous mène à la « Cascada de los Amores », une cascade à cinq minutes de la plage !

    Enfin, nous arrivons à la Casa Viche. Là, nous sommes accueillis par la fille d’un maître producteur. Le viche est un alcool artisanal à base de canne à sucre, proche du rhum, mais dont la fabrication a longtemps été informelle, parfois risquée. Ce n’est qu’il y a trois ans que sa production a été officiellement autorisée, grâce aux luttes de la communauté afro-colombienne du Pacifique – les « negros », descendants des esclaves affranchis – qui en ont défendu la valeur culturelle et symbolique. Aujourd’hui, un cahier des charges encadre sa production, pour préserver à la fois la tradition et la sécurité.
    Notre hôte nous raconte comment ce breuvage n’est pas qu’un alcool festif : il est aussi utilisé comme remède. Chaque maître de viche y apporte sa touche : certaines versions sont infusées de plantes médicinales, d’écorces ou d’épices locales. Nous goûtons : le liquide est corsé, mais étonnamment doux en bouche. C’est un marqueur de l'identité du Pacifique.

    Après cette dégustation, nous allons déjeuner – encore thon et coco ! Puis retour vers Termales. La mer est montée : certains cours d’eau coupent la plage, de petits bateaux nous aident parfois à traverser sinon c'est les sacs au dessus de la tête 🌊 Ici, les marées, moins importantes que chez nous, sont pourtant plus marquées que dans les Caraïbes. Nous faisons une pause dans une boulangerie du centre. Pas d’électricité : des travaux, et visiblement l’approvisionnement reste compliqué. Les maisons sont très simples, les gens n’ont pas grand-chose, mais chacun se débrouille et la vie semble paisible.

    De retour à l’hôtel, après un bain, nous retrouvons Esteban et sa compagne. Ils nous offrent du viche – encore ! – avec cette générosité colombienne : à peine le verre fini qu’on nous ressert. On passe une belle soirée, on échange des histoires de nos pays respectifs !
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  • J110, La ruée vers ... le Pacifique

    3–4 sept., Colombie ⋅ ☁️ 27 °C

    Il est 7h30 quand le bus arrive à Cali. Encore un peu tourmentée par notre aventure de la veille, j’ai fouillé sur Internet et trouvé le numéro de la véritable propriétaire de l’hôtel. Je l’appelle donc en arrivant à Cali pour la prévenir. Elle me confirme que ce n’est pas elle, et elle est super désolée pour nous. Elle lance directement les procédures pour signaler la magouille et nous prend sous son aile. Elle nous dit qu’elle va nous aider et arranger les choses au mieux pour que nous puissions malgré tout rejoindre le Pacifique. Bon, on va voir où ça nous mène…

    Malo commande un taxi pour nous amener jusqu’à notre hostel réservé la veille. Nous avions prévu de passer deux jours à Cali avant de rejoindre le Pacifique. Nous arrivons donc un peu fatigués à notre hôtel. À ce moment-là, Daicy, la propriétaire de l’hôtel du Pacifique, nous rappelle. Elle a regardé les bateaux pour que nous puissions rejoindre le Pacifique, car le bateau que nous pensions prendre samedi n’existe tout simplement pas… Elle nous explique qu’il y a une barge aujourd’hui et mardi seulement ! Le bateau part à 15h de Buenaventura (environ 3 à 4 heures de bus depuis Cali). Si nous partons tout de suite, nous avons une chance d’attraper celui d’aujourd’hui.

    On se consulte avec Malo : nous avons déjà payé l’hôtel de Cali, mais ça vaut le coup d’essayer — mardi, ça ferait trop tard pour nous. On veut le voir, cet océan ! On explique la situation au gérant de l’hôtel de Cali : il compatit et nous rembourse. Allez, c’est reparti. On refait rapidement nos sacs, on commande un taxi pour repartir au terminal de transport, avec l’idée de trouver un bus pour Buenaventura, là où partent les lanchas.

    Le taxi nous récupère, on lui explique la situation. « Hijo de puta », lâche-t-il — une insulte très commune ici, comme notre « putain » 😅. Il nous dit que pour avoir plus de chances de trouver un transport rapide jusqu’à Buenaventura, il vaut mieux se rendre à un autre point. Allez, c’est parti : il nous dépose à une station-service où nous trouvons un monsieur qui fait des transportes especiales (souvent de grandes voitures qui transportent des groupes). On négocie, et c’est OK pour 100 000 pesos (20 €). Il nous amène à Buenaventura. Il nous rassure : nous serons à l’heure pour le bateau.

    Il nous embarque avec sa fille et c’est parti. Le trajet se passe bien, on sourit avec Malo : quelle aventure, on n’aurait jamais pensé être là ce matin ! Le père et la fille nous font beaucoup rire, très complices. On écoute de la bonne musique. Et notre chauffeur, Alejo, est un vrai pilote (il faut avoir le cœur bien accroché !). Je repense à ce que Stephan, notre ami de Minca, nous avait dit : les gens de Cali sont marrants, bruts de décoffrage, avec un humour un peu lourd… ça se confirme ! On rigole bien.

    On relativise sur la situation qui, finalement, si l’on est remboursés, tourne à notre avantage. Tout au long du trajet, Daisy s’assure que nous sommes entre de bonnes mains. En effet, Alejo et Daisy nous expliquent que le quartier où l’on prend le bateau à Buenaventura n’est pas sécurisé, il faut être très prudents. Daisy prévient même la propriétaire du bateau pour s’assurer que nous arrivons bien. Nous sommes entre de bonnes mains bienveillantes.

    Ça y est, nous arrivons à Buenaventura après avoir traversé de nombreux tunnels impressionnants sous la montagne (sans aucune ventilation… bonjour les poumons !). On croise des centaines de camions chargés venant du Pacifique, c’est impressionnant. La route est bouchée, mais notre pilote de l’extrême se faufile dans les rues. On serre un peu les fesses, mais on arrive ! On voit effectivement pas mal de pauvreté dans le quartier. Contrairement à ce que l’on a vu jusque-là, les habitants ont la peau plus foncée ici : ça y est, nous sommes sur le Pacifique 🤩

    Nous arrivons au lieu indiqué : nous devons chercher le bateau Pablo David et son administrateur surnommé « el costeño ». On se croirait dans un film ! C’est un port de chargement, et le bateau en acier est une barge qui approvisionne les villages du Pacifique non reliés par des routes, comme Nuquí, le village où nous allons. Nous ne savons pas trop où nous mettons les pieds, mais nous approchons de notre but !

    On se faufile et nous parvenons à acheter nos billets. C’est assez cher (200 000 pesos par personne). On se demande si c’est parce que nous sommes touristes, mais après discussion avec les autres passagers, non : c’est bien le prix. Allez, on embarque. Pas de petit pont ici : on grimpe comme on peut sur les marchandises et on marche en équilibre sur des caisses de bières pour rejoindre nos couchettes. Nous avons droit à une petite couchette dans une cabine partagée — finalement, un vrai bateau de croisière 😅

    On attend 16h pour partir, le temps que le bateau soit chargé. C’est impressionnant tout ce qui monte à bord : frigos, congélateurs, briques, aliments… Finalement, nous partons avec 83,5 tonnes de chargement et 10 passagers ! Nous quittons le port de Buenaventura et sa cohue quotidienne, et c’est parti. Nous avons quelques heures de navigation dans la baie avant d’atteindre l’océan.

    À 18h, on nous sert le repas : nous faisons partie de l’équipage, chacun reçoit sa petite barquette. Nous échangeons avec les autres passagers : Ophélia, une dame d’un certain âge au regard doux, qui prend le bateau pour rentrer chez elle à Nuquí après des démarches à Buenaventura. Il y a aussi Desire, un jeune fan de foot qui aurait préféré prendre l’avion. Une maman avec son petit garçon, et bien sûr les membres de l’équipage, qui tournent à la barre toutes les 4 heures.

    Daisy nous écrit : au vu de ce qui s’est passé, elle nous propose un très bon prix — 16 €/nuit pour nous deux, soit 80 000 pesos la nuit au lieu de 220 000 — pour ses cabanes en bord de mer. Elle nous suggère de faire deux nuits à Arusí ou elle a aussi des cabanes tenues par son fils (un petit village avant Nuquí) puis deux autres à Nuquí. Vendu !

    La nuit tombe. Le bateau commence à bouger, on ressent la houle de l’océan. Nous partons pour environ 18 heures de traversée. Nous allons essayer de dormir un peu dans nos petites bannettes. 😴
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  • J109, Desert du Tatacoa

    1–3 sept., Colombie ⋅ ☁️ 33 °C

    Ce matin, le réveil sonne aux aurores. À peine le temps d’avaler un café que nous sautons dans une jeep. Nous partons pour Neiva. La jeep est pleine à craquer, mais nous réussissons à nous faufiler pour trouver notre place.

    Depuis Neiva, nous reprenons un bus pour Villavieja, la petite ville aux portes du désert de Tatacoa. Malo, qui vient de Bogotá au nord du pays, s’arrête à Aipe où il prend une barge pour traverser le río Magdalena. Il fait chaud, une chaleur sèche, désertique !

    Villavieja est mignonne, assez calme, nous sommes en basse saison. Rapidement, des conducteurs de tuk-tuk nous abordent. Après une rude négociation, nous partons pour Pisiloma, une piscine de boue et de sources naturelles. De l’eau en plein désert, c’est étrange, mais les nappes souterraines permettent d’alimenter de belles réserves 🤩

    Après 30 minutes de tuk-tuk sur des routes caillouteuses, nous arrivons. Le paysage désertique commence à se dessiner : roches et cactus ! En arrivant, j’aperçois le bob rose (orange passé) de Malo : il barbote déjà dans l’eau en nous attendant ! Nous sommes ravis de nous retrouver 🩵 Ellyn passe l’après-midi avec nous avant de repartir pour Bogotá. Nous profitons de ces heures pour nous couvrir de boue, sécher au soleil et nous baigner. De vrais cochons ! Mais aujourd’hui, une fine pluie vient se joindre à nous, surprenante dans un tel endroit. Nous quittons Ellyn avec un grand câlin : à bientôt copine !

    Avec Malo, nous poursuivons notre route. Nous avions négocié avec le chauffeur de tuk-tuk pour qu’il nous emmène jusqu’à notre hôtel : le Qi Bio Hotel. Pour 80 000 pesos car c’est très loin. Et en effet, la route est longue, nous allons vraiment au bout du désert. Nous traversons les deux zones : le désert gris, riche en phosphore, et le désert rouge, dû à sa forte teneur en fer. Les paysages sont lunaires, splendides.

    Nous découvrons notre lieu de séjour pour les deux prochains jours. Nous sommes de nouveau très bien accueillis. Alexander tient cet endroit depuis 4 ans : avec un ami, il a construit des cabanes. Ici, pas d’électricité classique : uniquement du solaire. L’eau est traitée par phytoépuration et il a replanté beaucoup d’arbres pour améliorer le terrain. Fait de bric et de broc, mais avec beaucoup d’amour.

    Notre cabane a même un filet pour observer les étoiles. Le désert de Tatacoa est réputé pour l’astronomie, on croise d’ailleurs plusieurs observatoires en se baladant. Grâce à l’absence de pollution lumineuse, le ciel est unique. Malheureusement, ce soir il est couvert. Mais la soirée reste belle : notre hôte est aussi cuisinier, il nous prépare un dîner superbe !

    Le lendemain matin, après un excellent petit-déjeuner agrémenté d’un bon pan a bano (petit pain au fromage), Sebastián nous propose de nous descendre jusqu’au désert rouge de Cuzco. Il doit se rendre à Neiva pour un problème de batteries solaires, nous acceptons volontiers. En chemin, il nous raconte qu’il y a deux ans, il n’a pas plu pendant... deux ans ! La région, qui élève bovins et chèvres, a perdu plus de 15 000 bêtes à cause de la sécheresse.

    Il nous explique aussi que son hôtel est situé en zone protégée : malgré ses efforts écologiques, il doit le déplacer ailleurs dans le désert. Un vrai défi. Mais il ne regrette pas : quitter son ancien travail de bureau à Bogotá pour ce projet fait sens pour lui. Ici, il est tour à tour constructeur, cuisinier, chauffeur… Il ne s'ennuie jamais !

    Une fois déposés au désert rouge, nous commençons notre balade quand, tout à coup, je me rends compte que ma gourde s’est ouverte dans mon sac... de l’eau sur le drone de Malo ! Catastrophe ! Nous passons une heure, en plein soleil, à l’ouvrir, le sécher... et miracle, il repart. Ouf ! À peu près remis de nos émotions, nous découvrons ce désert magnifique : des cheminées rouges parsemées de cactus.

    Après la marche, nous négocions la location d’une moto. Banco : une belle 125 jusqu’à demain midi ! Malo a le sourire jusqu’aux oreilles. Aucun de nous ne sait conduire, mais ici les routes sont vides, parfait pour apprendre. L’après-midi se passe à s’entraîner et à explorer le désert gris. Nous rentrons à l’hôtel en moto, fiers de nous. Malo est plus à l’aise que moi, j’appréhende encore un peu les routes caillouteuses 😅

    Le soir, un nouveau repas délicieux nous attend. Le ciel, encore voilé, s’éclaircit un peu. Nous installons couette et oreillers sur le filet et passons la nuit à la belle étoile. Magique.

    Le lendemain, dernière journée. Nous préparons nos sacs et partons en moto pour une dernière balade dans le désert gris. Nous croisons un vrai cowboy ramenant ses chèvres à l’enclos. Ici, chèvres et moutons s’adaptent bien à l’aridité. Le désert gris, un peu moins spectaculaire que le rouge, n’en reste pas moins superbe.

    À midi, nous rendons la moto et allons déjeuner. Malo avait repéré un restaurant qui sert du cabri... et il n’est pas déçu ! La viande est excellente, même si les accompagnements laissent à désirer. Repu, il valide l’expérience.

    Notre hôte vient ensuite nous récupérer pour nous ramener à Villavieja. Nous reprenons le bus pour Neiva en fin d’après-midi. En attendant, nous visitons le musée paléontologique. On y découvre de nombreux fossiles, dont une tortue de plus de 3 mètres ! Avant, le désert de Tatacoa était une lagune et une forêt tropicale. Difficile à imaginer. La zone est très prisée des paléontologues.

    Le soir, nous prenons le bus de nuit pour Cali, capitale de la salsa ! Trois heures d’attente au terminal. Nous en profitons pour préparer notre itinéraire vers la côte pacifique. Je trouve un bel hôtel sur internet avec un numéro associé. Le propriétaire nous propose un bon plan : hôtel + bateau depuis Buenaventura. La plupart y vont en avion, mais nous voulons profiter de la route en bateau.

    Cela nous tente bien, nous réservons. Mais pour payer, l’homme nous demande un transfert via la plateforme bancaire nationale. Nous avons déjà utilisé ce système pour d’autres paiements, alors nous faisons confiance. Mais peu après, il prétend n’avoir rien reçu et insiste pour qu’on recommence. Ça m’inquiète.

    Pendant que Malo garde nos sacs au terminal, je retourne dans un bureau bancaire. La dame qui m’accueille comprend vite la situation : « Il essaie de te voler, il faut bloquer la transaction. » Elle appelle les services bancaires et nous réussissons à tout stopper ! Nous déposons une plainte pour récupérer notre argent. Jessica, cette employée, nous aide énormément. Nous devons maintenant attendre 5 jours pour espérer un remboursement 🤞

    Quelle histoire ! Nous relativisons : ce n’est pas une énorme somme, mais on se sent bêtes. L’arnaqueur avait piraté le numéro de l’hôtel, avec photos et infos réelles… seul son contact était faux. Heureusement, nous avons réagi à temps.

    Encore un peu secoués, nous montons dans notre bus de nuit. Onze heures jusqu’à Cali. C’est parti, à demain pour la suite des aventures !
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  • J107, Tierradentro

    29 août–1 sept., Colombie ⋅ ☁️ 22 °C

    Avec Ellyn, nous passons trois belles journées à Tierradentro. Ces lieux sont chargés d’histoire indigène et plus particulièrement liés au peuple Muisca, une civilisation précolombienne qui a occupé la région andine centrale de la Colombie bien avant l’arrivée des Espagnols. Les Muisca, réputés pour leur savoir-faire en agriculture, leur organisation sociale complexe et leurs rituels chamaniques, ont laissé un riche héritage culturel encore visible aujourd’hui.

    Le samedi, nous partons découvrir le parc archéologique de Tierradentro. Ce site est magnifique. Bien qu’il puisse rappeler San Agustín, un autre site célèbre de la région, il s’en distingue par ses sculptures funéraires : ici, les œuvres retrouvées sont essentiellement des tombes monumentales, creusées profondément dans la terre, décorées de peintures rouges et noires encore partiellement conservées. Le parc est bien organisé, chaque lieu est relié par de beaux sentiers de randonnée qui serpentent à travers les montagnes. Nous nous baladons ainsi sur ces sommets toujours couverts de végétation dense 🐊

    Nous sommes les seules touristes, car cette zone est assez peu fréquentée. Malheureusement, elle reste encore soumise à certaines tensions dues à la présence de guérillas dans la région. Cependant, en discutant avec les locaux, ils nous assurent qu’en tant que touristes, nous ne risquons rien. Ce sont surtout les Colombiens eux-mêmes qui doivent faire attention...

    À San Andrés, le village proche, les routes sont de terre, aucune n’est goudronnée ici. La population est principalement composée d’indigènes du peuple Muisca. Bien que la Colombie ait sa réglementation nationale, dans beaucoup de villages comme ici, il existe aussi une autorité indigène locale qui applique ses propres lois et règles, témoignant de la résistance et de la préservation culturelle de ces peuples.

    Après nos découvertes archéologiques, nous regagnons notre joli hôtel où l’accueil reste toujours chaleureux.

    Le dimanche, pour notre dernière journée dans le coin, nous gravissons le sommet Aquacate, situé à 2000 mètres d’altitude 🗻 Ce site abrite des tombes impressionnantes, certaines atteignant une profondeur de sept mètres. De larges marches taillées dans la pierre nous mènent au cœur de ces sépultures, où subsistent encore des peintures rouges et noires. Ce lieu attire des archéologues du monde entier. Datant d’environ 2000 ans, leur origine exacte reste encore difficile à déterminer.

    Sur le chemin du retour, nous faisons une pause dans un petit bar du village. Là, un guide local discute avec un couple de touristes venus de Bogotá, et il nous invite à rejoindre la conversation. Nous échangeons notamment sur les différences culturelles entre Européens et Colombiens, notamment dans la manière de penser. Peut-être sommes-nous un peu plus détachés de nos émotions, moins enclins au lâcher-prise ?

    Pendant ce temps, des chevaux chargés de sacs de café et des jeeps passent dans le village. Nous profitons ensuite d’une belle truite préparée par notre hôte pour notre dernière soirée.

    Demain, nous retrouvons Malo, et cap sur le désert de Tatacoa 🩵 Malo quitte Bogotá dès le matin, et nous faisons de même.
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  • J104, Du café et des scorpions

    28–29 août, Colombie ⋅ ☁️ 26 °C

    Ce matin, nous reprenons la route de Global Café pour notre second jour dans le monde du café. À notre arrivée, c’est plus calme : il n’y a pas de livraison aujourd’hui. Nous prenons place dans le laboratoire ; Carlos prend le temps de nous expliquer pas à pas le processus de cupping. Il souligne l’importance du respect du protocole pour déguster le café dans les règles de l’art, "establecer la relacion con la bebida" (=établir la relation avec la boisson) ☕️

    Pour cela, il nous montre le système de notation de la SCA (Specialty Coffee Association). C’est cet organisme américain qui met en place la grille d’évaluation permettant de déterminer la qualité du café. Elle note la fragrance, le goût, le corps, l’arrière-goût, l’acidité, la constance entre les tasses… Nous décortiquons cette grille, puis Ellyn m’explique la roue des saveurs du café, qui permet de décrire les goûts.

    Puis place à la pratique ! Tri du grain, calcul du facteur de rendement, calcul de l’humidité (140g), torréfaction (110 g), mouture, pré-infusion, infusion, dégustation ! L’étape de la torréfaction est particulièrement importante : il faut être vigilant car, en quelques secondes, les grains peuvent être brûlés. Nous goûtons et notons les cafés, sous la coupole de l’équipe, qui prend le temps de nous guider.

    Pendant notre pause de midi, nous faisons un petit atelier de peinture sur céramique dans un petit bar en ville ! De retour à la coopérative, je découvre “Le Nez du Café”, un jeu d’odeurs créé par un Français (comme il en existe pour le vin). De petites fioles aux senteurs différentes permettent de travailler son odorat. Nous pratiquons les yeux fermés, concentrés sur les arômes qui émanent des fioles, pour deviner leurs parfums : amandes grillées, praliné, plastique, odeurs médicales… 😋

    De retour à l’hôtel, nous prenons le temps de faire une petite séance de sport. Malo m’a écrit et partagé quelques photos : tout semble bien se passer dans la jungle ! Les photos parlent d'elles même 🐊
    Demain, c’est notre dernière journée café — et pour eux, le retour à Bogotá !

    C'est vendredi, notre dernier jour à La Plata. Après une dernière matinée dans l’univers du café, je me connecte pour une réunion avec les Vag’abonds, notre réunion de rentrée pour l’asso. Elise, Léa et Shaulane sont en visio depuis la Guadeloupe et Malo depuis l’aéroport de Leticia, où son vol a d’ailleurs été décalé (il arrive à Bogotá dans l’après-midi). Nous nous mettons d’accord sur nos objectifs pour cette nouvelle année : animation pédagogique, expo photo… On est motivés, on espère continuer à mener de belles actions comme l’année dernière.

    Une fois raccroché, Ellyn termine sa première proposition commerciale en tant qu’indépendante, afin d’accompagner la création d’une association de producteurs de café de spécialité. Allez, il est temps : on plie bagage et on se met en route ! Nous montons dans une jeep pour parcourir un peu plus d’une heure de route jusqu’à notre nouvel hébergement. Ici, il y a aussi beaucoup de jeeps utilisées comme transports en commun, très pratiques sur ces routes peu fréquentées et un peu chaotiques. Nous payons 20 000 pesos par personne et nous entassons à l’arrière : on est serrés !

    Nous quittons progressivement la ville pour découvrir de beaux paysages montagneux. La route est sèche et caillouteuse. La jeep peine un peu, mais nous arrivons finalement dans notre écrin de verdure. La zone de Tierradentro est réputée aussi pour son histoire archéologique tout comme sa voisine San Augustin. Nous sommes bien accueillis dans une jolie finca décorée avec beaucoup de goût par une dame et son frère. La maison est construite en guadua (gros bambous) et en chaux/terre. Nous passons une belle soirée entre jeux et bon repas !

    Malo et Valentin sont bien arrivés à Bogotá. Ils sont hébergés chez Ellyn et Chris. Valentin repart demain pour la France.
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  • J103, l'or vert

    25–27 août, Colombie ⋅ ☁️ 29 °C

    À San Agustín, nous nous réveillons avec Ellyn sous la pluie. Nous avions prévu une randonnée dans la rivière, mais finalement au vu de la météo nous changeons notre plan pour visiter le musée archéologique ! Je découvre de magnifiques statues vieilles de plus de 2000 ans taillées dans de grosses pierres volcaniques. Il y en a énormément, et l’énergie du lieu est particulière. Les archéologues sont encore loin de percer tous les secrets de ces hommes de pierre, utilisées principalement dans les rituels mortuaires, mais pas seulement. Certains disent aussi que c’est à San Agustín que les reines venaient accoucher, ce qui marque profondément le lieu.

    Le musée est en partie à ciel ouvert. Au cours de la balade qui nous fait découvrir ce grand site, nous nous arrêtons dans un restaurant pour prendre un almuerzo (= repas du midi). Nous sommes superbement accueillis par une famille qui habite ici, dans le parc, depuis quatre générations. Le monsieur connaît très bien la zone : il nous parle de la Laguna Magdalena, un petit lac de montagne situé à 3 500 mètres d’altitude, au cœur du massif colombien. C’est un lieu sacré pour les communautés locales : une lagune paisible, entourée de páramo, où l’eau prend naissance avant de dévaler les Andes 🌊
    De cette source naissent cinq des plus grandes rivières du pays, dont le fleuve Magdalena, véritable colonne vertébrale de la Colombie. La dame nous prépare un repas délicieux (qu’on a du mal à terminer, les portions sont très copieuses ici !). Nous avons même droit à la visite de leur superbe cuisine au feu de bois. Nous terminons notre journée en profitant encore des statues (ou « nûm-nûm » comme les surnomme Ellyn !) 🪨

    Le lendemain, nous quittons notre joli hôtel pour nous diriger vers La Plata. Nous allons y passer trois jours. J’accompagne Ellyn pour une formation café dans une coopérative qu’elle avait suivie lors de son précédent contrat. Après une jeep jusqu’à Pitalito, nous grimpons dans un bus pour La Plata. C’est une ville moyenne remplie de commerces. C’est la période de la récolte du café : Ellyn m’explique qu’à ce moment-là, il y a plus de pouvoir d’achat car les producteurs sont payés, et les magasins sont donc bien remplis. Nous voyons d’ailleurs des sacs de café dans les voitures et sur des charrettes tirées par des chevaux... Nous prenons le reste de l’après-midi pour travailler un peu : moi sur l’asso, et Ellyn sur son projet d’entreprise.

    Le lendemain, après notre yoga quotidien, nous prenons la route vers Global Coffee, la principale coopérative de café de la ville ☕️ Elle compte une centaines de socios (caficulteurs associés) et plus de 2 000 producteurs. En s’approchant, nous voyons déjà dans la rue de nombreux producteurs avec leur marchandise de café, attendant leur tour pour la pesée. Le café est vert (café pergamino). Après la récolte, les cerises de café rouges sont dépulpées grâce à une machine appelée despulpadora, puis séchées au soleil. Les producteurs les amènent ensuite aux coopératives avec un taux d’humidité de 10 à 12 %.

    Nous arrivons un jour de collecte (lundi, mercredi, vendredi). Il y a beaucoup de monde : la récolte est bonne et les prix aussi en ce moment ! Le café vert est coté en bourse et le marché est favorable car la production est tendue (main-d’œuvre, changement climatique...). Ellyn salue et me présente à l’ensemble de l’équipe de la coopérative : tout est bien huilé. Les kilos de café et les producteurs affluent, et la machine tourne : pesée, extraction d’un échantillon aléatoire de chaque lot afin de procéder directement à une analyse physique, et pour certains à une analyse sensorielle, ce qui permet de fixer le prix et de payer le producteur dans la foulée !

    Nous sommes accueillis par Diego, le chef des opérations de la coopérative. Il nous explique qu’aujourd’hui nous faisons partie de l’équipe qualité de Global Coffee, et qu’il ne faut pas hésiter à poser des questions. De la pesée au laboratoire qualité, nous remontons les étapes, nous sommes chanceuses ✨️

    Nous passons à la « catación » (= dégustation de café). Armés de nos cuillères, nous aspirons différents cafés préparés avec soin : eau filtrée et chauffée à la bonne température, café torréfié et moulu à l’instant, juste à la bonne taille. À nous de noter les cafés sur une échelle de 80 à 100 (100 étant un café d’exception, dit aussi café spécial). Chaque étape est notée sur une fiche liée à un producteur, la traçabilité est essentielle !

    La première étape consiste à vérifier la taille et les défauts des grains (maladies, manque de fertilisation, etc.). Les grains sont calibrés et triés ; les défauts sont pesés pour calculer le facteur de rendement (taille échantillon ÷ (taille échantillon – défauts) × 70). C’est ce critère qui détermine le prix du café payé au producteur, car il indique combien de café vert est nécessaire pour obtenir 70 kg de café export 💰

    Malgré les échantillons qui continuent d’arriver, Diego et son équipe prennent le temps de nous expliquer et de nous faire goûter. L’efficacité est essentielle, car comme ils le rappellent : chaque grain, c’est de l’argent pour le producteur et pour la coopérative. Les producteurs patientent dans la salle d’attente en attendant leur paiement, chaque lot devant être testé, certains attendent longtemps. C’est passionnant !

    La journée se déroule bien. Nous réalisons que notre palais est plus performant le matin que l’après-midi ! Je suis obligé d’utiliser le crachoir : après des dizaines de cafés dégustés, il faut avoir l’estomac bien accroché pour tout avaler ! Après cette journée, nous nous accordons une petite session manucure et pédicure – j’en profite, ici ça ne coûte vraiment pas cher ! 💄 Nous allons ensuite manger dans un petit restaurant mexicain avant de rentrer. Demain, une nouvelle journée caféinée nous attend.

    Le café n’est pas qu’une simple boisson en Colombie : c’est une véritable colonne vertébrale économique et culturelle. Le pays est le troisième producteur mondial, après le Brésil et le Vietnam, et plus de 500 000 familles colombiennes vivent directement de sa culture. Dans certaines régions, il n’y a pas une colline sans caféiers, et une majorité, des écoles aux routes, a été financé grâce à ce précieux grain.

    Pendant ce temps, dans la forêt amazonienne… 🌿 Malo et Valentin semblent bien se porter ! J’ai reçu un message lundi (ils s'apprêtait à manger des insectes!), juste avant le début de leur immersion dans la forêt, et un autre hier avant leur départ pour une nuit en campement sauvage dans la jungle. Le réseau téléphonique nest pas des plus performant dans la zone 😅
    Mais voilà quelques photos partagées, qui donnent une idée de l’ambiance qui semble génial : scorpions, singes, crocodiles…
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  • J100, départ vers de nouveaux horizons

    22–24 août, Colombie ⋅ ☁️ 22 °C

    Ce vendredi, nous profitons de notre dernière matinée à Jardín avant de faire nos affaires pour quitter l'hôtel. Malo et Valentin restent encore un peu, tandis que je grimpe dans le bus pour partir vers Medellín. Un bisous et nous nous séparons pour une semaine !
    Malo et Valentin s’envolent vers la forêt amazonienne, tandis que je rejoins Ellyn dans le Huila, à San Agustín (à l’est de Cali). Vingt heures de bus m’attendent, avec une courte escale à Medellín, alors que Malo et Valentin filent vers Bogotá pour attraper leur avion à destination de Leticia, au sud extrême de la Colombie.
    Nos récits prendront donc une double voix le temps de cette semaine ! 🥰

    Après une nuit et de longues heures passées dans le bus, j’atteins enfin San Agustín. Je retrouve Ellyn autour d’un bon repas, avant de nous balader dans les rues de ce joli village. Notre hôtel est niché dans un paisible jardin.

    Aujourd’hui, dimanche, le réveil sonne tôt. Après un peu de yoga, nous partons à la découverte des horizons. Nous marchons toutes les deux jusqu’à un canyon où coule le fameux río Magdalena. Un point de vue nous offre une magnifique perspective sur la rivière et deux superbes cascades. Plus loin, nous tombons sur d’anciennes roches gravées datant de l’époque précolombienne : un avant-goût de la richesse archéologique de la région.

    En effet, San Agustín est mondialement connu pour son parc archéologique, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. On y trouve des centaines de statues monumentales en pierre, certaines atteignant 7 mètres de haut, représentant des divinités, des guerriers ou des animaux mythiques. Ces sculptures, datées de près de deux millénaires, sont entourées de tertres funéraires et témoignent d’une civilisation mystérieuse dont on ne connaît encore ni le nom exact, ni la langue !

    Nous poursuivons notre promenade jusqu’à l’Estrecho del Magdalena, l’endroit où le fleuve se resserre dans un passage étroit de seulement deux mètres de largeur 🌊 Après cette marche, la faim se fait sentir : une bonne arepa nous redonne des forces ! Plus tard, nous grimpons jusqu’au petit village d’Obando, flânons dans ses ruelles tranquilles, avant de reprendre un taxi pour rentrer. La chaleur est sèche et intense : nous profitons d’un moment de repos bien mérité. Demain nous attend une grande randonnée, et la fatigue du bus se fait encore sentir.

    Pendant ce temps, en Amazonie…🌿🐊

    Ça y est, c’est le début de l’aventure amazonienne avec Valentin ! Aujourd’hui, le réveil sonne à 5h30 : nous sautons du lit et préparons nos sacs. La nuit a été plutôt bonne, comparée aux précédentes où nous avons été malades à tour de rôle. Un Uber nous conduit à l’aéroport, direction Leticia, la ville la plus au sud de la Colombie, posée au bord de l’Amazone, à la frontière du Brésil et du Pérou. Seulement deux heures de vol, et nous y voilà !

    À peine sortis de l’avion, une chaleur humide et étouffante nous accueille : cela me rappelle la Guadeloupe. Un taxi nous dépose à notre hostal en plein centre-ville. Leticia n’est pas bien grande (2 km de long seulement). Après un plongeon rafraîchissant dans la piscine, nous partons aussitôt explorer la ville à pied. Nous découvrons des maisons sur pilotis en bord de fleuve, construites de simples planches de bois, et des passerelles surélevées de plusieurs mètres. Nous avançons prudemment, un peu mal à l’aise, tandis que des enfants courent avec agilité à côté de nous 😅

    À midi, nous déjeunons dans un petit restaurant local : Valentin opte pour un poulet-riz, et moi je tente le chicharrón de pirarucú, le plus grand poisson d’Amazonie, pouvant atteindre 4 mètres de long ! Ensuite, nous faisons la connaissance de Sergio, notre guide pour les quatre prochains jours en jungle. Après son briefing et quelques bonnes adresses (dont celle des fameuses glaces que nous goûtons aussitôt), nous prenons le temps de souffler. La chaleur est écrasante.

    À 17h, un tuktuk nous emmène au Brésil, juste de l’autre côté de la frontière. Le temps d’une caipirinha au coucher du soleil ou on a la chance d'observer déjà nos premiers dauphins roses ! ✨️🍹 En rentrant, nous achetons quelques fruits et légumes pour le dîner, puis filons nous coucher tôt : il faut être en forme pour l’aventure qui nous attend demain !
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  • J97, Jardin à cheval !

    21 août, Colombie ⋅ 🌧 24 °C

    Quand le réveil sonne, bonne nouvelle : Malo va mieux ! La fièvre est descendue, même si elle lui a valu de sacrés rêves 😅 Après une solution de réhydratation, il se remet en selle, un peu courbaturé mais motivé.

    À l’écurie, William toque à la porte. Personne. Finalement, un employé nous ouvre. Nous sellons les chevaux, ici, on ne les brosse pas avant, bon... Mais ils sont en forme, toujours partants !

    Pour cette dernière journée, on change à nouveau la répartition : Malo prend Pelucha, Valentin monte Magdalena, William sur Muñeca, et moi sur le bon Tabaco.

    Le soleil se lève sur les Andes : un spectacle magique. Aujourd’hui nous devons pousser davantage nos chevaux pour optimiser le trajet. Nous enchaînons de belles galopades. Malo et Valentin, sur les chevaux les plus rapides, filent à toute allure. Je les suis avec Tabaco, suivi de la mule qui fait de son mieux pour tenir le rythme !

    À mi-chemin, nous faisons une pause. Les jambes sont engourdies, mais les paysages sont magnifiques ! La majorité des plaines sont exploitées (café, bananes, tomates, fruits de la passion…), très peu sont laissées en friche. Le soleil tape fort. Nous empruntons ensuite des sentiers étroits et boueux, parfois au bord de falaises. Les chevaux grimpent sur des roches escarpées, sûrs et solides, transpirant à peine.

    Nous croisons des cavaliers au travail avec leur bétail. Les plaines regorgent de vaches. Puis, soudain, au loin, Jardin apparaît. Whaou ! Nous y sommes presque, ça fait plus de 9h que nous sommes en sellel.

    Aujourd’hui, nous aurons parcouru 52 km, avec plus de 2 000 m de dénivelé positif. Une belle performance, autant pour nous que pour nos chevaux 🐎

    Après une dernière pause, nous entamons la descente vers le village. Les chevaux, bien que fatigués, restent courageux. Nous passons devant une école. William nous dit que c’est là qu’il a étudié jusqu’au CM1 avant de quitter l’école pour travailler aux champs. Quarante ans de travail, puis le tourisme. Il n’a pas eu la chance de faire des études, mais il est fier de ses cinq garçons, qui ont monté une usine de vêtements à Jardín. Divorcé mais il nous dit qu'il est mieux tout seul !

    Aujourd’hui Wiliam aussi a été malade, mais tout le monde a tenu bon. Nous arrivons enfin à Jardín, fourbus mais heureux ! Nous descendons de cheval en marchant comme de vrais cow-boys, les jambes raides et arquées 😅

    Le soir, nous payons William c'était 30€/jours et par personne (150 000 pesos). Ça reste très honnête pour 3 jours à cheval !
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  • J96, Tamésis à cheval

    20 août, Colombie ⋅ ☁️ 28 °C

    Le lendemain, nous retrouvons les chevaux. Pendant cinq heures, les paysages défilent, toujours plus spectaculaires. Cette fois, nous changeons de montures : Malo et Valentin essayent Muñeca, la mule. Elle est très forte, mais moins confortable et rapide que les chevaux. Elle tient pourtant très bien le rythme ! Malgré tout, on préfère les chevaux, qui continuent de nous impressionner par leur résistance.

    Les heures passent, et cette fois, nous faisons davantage de pauses à notre demande. Le voyage nous plonge dans une autre temporalité. Je pense à ma grand-mère qui allait à Brest à vélo… Le rythme lent, patient, presque méditatif. William nous raconte qu’autrefois, ses grands-parents faisaient le trajet à cheval jusqu’à Medellín. On ose à peine imaginer le temps que cela leur prenait.

    En fin d’après-midi, nous découvrons Támesis, un charmant village enclavé dans la montagne. William le connaît moins. Commence alors une descente de près d’une heure à travers les rues en pente, en interrogeant les habitants pour trouver un endroit où loger les chevaux. Le premier site est complet ; nous en trouvons un second, en bas du village. Ouf ! La fatigue commence à se faire sentir.

    Nous arrivons dans une belle écurie au toit en pente, avec une vue incroyable. C’est une écurie de paso fino, des chevaux magnifiques 🤩 William nous dit « Ces chevaux-là, c'est pour boir de l’aguardiente ! »

    Nous confions nos montures, mais isolons Pelucha dans un box à part : elle a un sacré caractère avec les autres chevaux ! Nous veillons à ce qu’ils soient bien nourris avant de les laisser se reposer.

    Je regarde Malo il va pas très bien : il est rouge et faible, et finit. Coup de soleil et insolation. Il tente de dormir un peu. Valentin aussi reste tranquille à l’hôtel.

    Je pars me balader dans le village. Je savoure un café délicieux, servi directement par un producteur qui m’explique avec passion le processus de récolte et de torréfaction. En rentrant, Malo dort encore, vidé. Avec Valentin, nous allons manger un morceau, puis je lui ramène une solution de réhydratation. On espère que la nuit sera réparatrice… Car demain, le gros morceau nous attend : plus de 50 km à cheval pour rejoindre Jardín !

    On se questionne : arriverons-nous avant la nuit ? Sur la carte, Valentin et moi avons repéré un raccourci. Nous le montrons à William, qui interroge les villageois. Mais il semble impraticable. Nous devons donc faire tout le trajet en sens inverse… en une seule journée ! 😅 D’autant que William ne lit pas de cartes et fonctionne uniquement aux recommandations locales. Pas vraiment la méthode d’un guide classique, mais c’est ça aussi, l’aventure !

    J’insiste auprès de lui pour partir très tôt, en espérant que Malo se remette. Comme disent William et beaucoup de Colombiens : « Si Dios quiere ! » (si Dieu le veut).

    Le réveil est donc fixé à 5h10, pour un départ à cheval à 6h.
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  • J95, Jerico à cheval

    19 août, Colombie ⋅ ☁️ 23 °C

    Il est 7h quand le réveil sonne. Il y a eu de l'orage toute la nuit et il pleut encore bien quand on ouvre les yeux ! On espère que ça va se calmer pour notre balade. Nous terminons nos sacs et nous nous dirigeons vers la place du village. Les ruelles pavées nous amènent jusqu’à un petit restaurant pour prendre le petit-déjeuner.

    William nous retrouve ; je l’accompagne pour déposer nos sacs chez lui. Il me prête un grand chapeau : « C’est important pour le soleil », me dit-il 🤠

    Nous retrouvons Malo et Valentin et descendons en bas du village, là où sont les chevaux. Nous arrivons dans un petit ranch : plusieurs chevaux sont au box, et quatre déjà sellés nous attendent. Nous faisons connaissance avec nos montures : Pelucha, la jument grise, Tabaco, le cheval noir, Magdalena, la jument alezane, et Muñeca, la mule.

    Le maréchal-ferrant est encore là. Il les ferre à froid avec des fers munis d’une petite accroche pour éviter de déraper (et ça va bien nous servir!). Les chevaux sont en bon état, mais la relation n’est pas la même qu’en France avec nos chevaux de loisirs. Les fers ne sont pas très ajustés, mais les chevaux ne bronchent pas.

    La répartition des chevaux se fait : Malo sur Tabaco, William sur la mule, Valentin sur Magdalena et moi sur Pelucha. Une pluie fine tombe encore, mais on nous donne de bonnes capes de pluie. On s’installe sur nos selles western, coiffés de nos grands chapeaux. Pas de bombes ici : une vraie allure de cow-boys ! 🥰

    Aujourd’hui, 30 km nous attendent jusqu’à Jericó. Sur trois jours, plus de 100 km avec de beaux dénivelés : une vraie aventure !

    Les chevaux avancent d’un bon pas. Au fil des kilomètres, on découvre leur caractère, mais ils sont incroyables : ce sont des criollos, des chevaux petits mais robustes, au pied sûr, qui n’ont peur de rien et avancent sans broncher. Ils nous impressionnent par leur résistance.

    Nous traversons des plantations de bananes, de plantains et de café. Les pentes sont raides. William, qui a travaillé 40 ans comme exploitant agricole, nous explique combien le travail est difficile ici. En observant les hommes et les femmes dans les champs, on comprend vite. Désherber, planter, porter des régimes de 40 kg de bananes sur le dos… un travail titanesque.

    Nous croisons de nombreux oiseaux et découvrons les étonnants nids suspendus, ingénieusement tressés, du oro pendula, un bel oiseau noir à la queue jaune.

    La première journée est longue : plus de 8 heures à cheval pour atteindre Jericó, notre premier village-étape. William ne fait pas de pause. Au bout de quelques heures, nous en demandons une pour souffler un peu, mais nous reprenons vite. Nos muscles commencent déjà à tirer.

    Les paysages sont magnifiques : les Andes en toile de fond, le soleil revenu, les reliefs impressionnants. Nous traversons ensuite des forêts de pins. William nous explique les tensions entre forestiers et agriculteurs : les pins, en asséchant et acidifiant les sols, rendent la terre infertile. En effet, nous voyons d’immenses zones de pins coupés, les sols jonchés d’aiguilles, secs et stériles 🪾

    Les chemins restent agréables, faits de terre et de cailloux, parfaits pour nos chevaux. Nous croisons quelques voitures, motos et camions dans les zones forestières, ainsi que de nombreuses fincas isolées. La vie ici semble simple, rythmée par les travaux agricoles et forestiers.

    Après plus de 9 heures, nous apercevons enfin Jericó ! Le village, très catholique, se distingue par ses deux superbes églises. Mais à notre arrivée, surprise : William n’a rien réservé pour les chevaux. Il s’arrête dans une pesebrera (pension équine), discute et négocie 🐎 Avec Malo et Valentin, on se regarde, un peu déconcertés : amener des touristes sans savoir où loger chevaux et cavaliers, ça nous semble fou. Mais ici en tout cas avec William, tout fonctionne au contact et à la confiance. Et en effet, les chevaux trouvent un toit !

    Nous les dessellons, heureux de leur enlever leurs mors assez durs. L’équitation ici est différente, très western : on monte souplement, sans pression de main. Les chevaux sont nourris avec de l’eau, de la farine de blé, de la canne fraîche et un peu de mélasse. Et pour les récompenser ? Pas de pommes, mais… des bananes 🍌

    Nous les caressons affectueusement, puis rejoignons l’hôtel que j’avais réservé la veille. Nous marchons déjà les jambes arquées… On se dit qu’après trois jours, on sera bien cabossés ! L’hôtel est superbe, avec une vue imprenable sur la montagne (pour environ 15€ par personne nous avons une chambre privée et le petit dejeuner). William nous remercie chaleureusement pour le logement.

    Le soir, fatigué, il reste tranquille. Nous lui apportons des empanadas et une petite « cocalita » (ici, on met des « -ito » ou « -ita » à la fin de beaucoup de mots, ce qui donne un côté mignon à tout 😅). Valentin, lui, est un peu malade, la fameuse tourista. Pas l’idéal à cheval… Mais nous voulons continuer ! Nous allons dîner sur la jolie place du village. Perché dans les montagnes d’Antioquia, Jerico est un petit village, avec des ruelles pavées, des façades fleuries et ses deux églises majestueuses.

    Demain, une nouvelle étape nous attend : cap sur Támesis !
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  • J94, Jardín

    19 août, Colombie ⋅ ☁️ 18 °C

    Il est 5h du matin quand le chauffeur nous réveille : « ¡Estamos en Medellín ! ». Nous avons deux heures d'avance, on est encore un peu endormis ! Je regarde sur Redbus, l'application qui regroupe les bus de Colombie : il y a un départ pour Jardín à 6h. Parfait !

    Nous devons rapidement changer de terminal en prenant un taxi. Le bus part du Terminal del Sur. Nous avons à peine le temps d’arriver qu’on nous montre un bus prêt à partir pour Jardín. On achète les billets et c’est parti pour les trois dernières heures de trajet. Les paysages deviennent de plus en plus ruraux et montagneux. C’est superbe. De grandes pentes, remplies de caféiers et d’arbres. On comprend qu’il a beaucoup plu en voyant quelques éboulements de terre glaise sur la route. On en discute avec le chauffeur : en effet, il n’a pas arrêté de pleuvoir depuis minuit. Et à cette saison, ce n’est pas courant — le climat change, nous dit-il 🌎

    Nous arrivons de bonne heure dans les ruelles de Jardín, c’est très mignon. De petites rues colorées et pavées, et des boiseries raffinées. Nous déposons nos affaires à l’hôtel que nous avons réservé, puis partons prendre le petit déjeuner sur la place centrale du village, où trône une magnifique église. On commande des œufs agrémentés de tomates et d’oignons (des "huevos perico", on adore !), une arepa, un morceau de fromage et un café ! Tous les trois un peu fatigués, mais contents de découvrir ce joli village.

    C’est parti pour la journée. La météo est idéale dans cette région : un peu frais le matin, puis la chaleur arrive petit à petit. On part pour une randonnée qui nous fait traverser rivières, cascades et plaines. On croise plusieurs groupes à cheval, cela semble être la région idéale pour ça.

    Après la randonnée, nous partons en direction d’un élevage de truites, très commun dans le coin, pour déjeuner. Nous découvrons une jolie finca (= exploitation agricole) avec de nombreux bassins d’élevage. Un restaurant y est accolé, de nombreuses familles y déjeunent. Aujourd’hui, c’est férié. La famille est très importante en Colombie, il y a donc beaucoup de réunions familiales.

    On déguste notre bon repas avant de repartir vers le village, où nous découvrons notre belle chambre d’hôtel ! Nous nous posons un peu avant de repartir flâner dans le village, faire quelques boutiques. Après pas mal de recherches, Malo trouve THE chapeau de cow-boy : un beau chapeau en cuir marron pour 20 €. Nous continuons nos emplettes dans les ruelles animées, où nous voyons de magnifiques chevaux montés par des hommes les tenant à une allure proche du trot. Ce sont des paso fino, une race prisée ici pour sa démarche particulière, descendante des chevaux espagnols.

    On est à la fois émerveillés par la beauté des chevaux, mais aussi un peu peinés, car ils semblent stressés et très contraints... Ils suent, et leurs cavaliers ne les ménagent pas. Ils montent dessus, se pavanent autour de la place, s’arrêtent boire une aguardiente (alcool typique de Colombie) avec leurs amis… et recommencent. On espère que notre guide ne traitera pas les chevaux comme ça !

    Nous retrouvons ensuite William, notre guide pour les trois prochains jours à cheval. Un monsieur au chapeau de cow-boy vient à notre rencontre, c’est lui. Il est assez âgé, mais son regard est très gentil. Il parle rapidement et avec un accent fort — les garçons ont du mal à le comprendre, et parfois moi aussi. Il nous explique que nous allons faire un itinéraire de trois jours : Jardín → Jericó → Támesis → Jardín. Un beau programme !

    Il est de la vieille école, ça se voit vite. Pour le logement, il nous dit qu’on verra sur place. Je lui propose de réserver en avance sur Internet, il semble émerveillé. Je réserve donc un hôtel pour nous quatre, pour plus de facilité. On voit qu’il n’utilise pas beaucoup la technologie 😅. Il nous parle avec respect de ses chevaux, ce qui nous rassure, car ici, le rapport à l’animal n’est pas forcément le même. Nous n’aurions pas aimé voir des chevaux malmenés.

    Il nous propose de partir demain à 9h, mais en voyant les 9 heures prévues à cheval, on lui demande si 8h ne serait pas plus prudent. En effet ! Allez, rendez-vous à 8h demain !

    On quitte William pour aller manger une bonne pizza avant d’aller se coucher. L’aventure équestre commence demain ! 🐎
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  • J93, Sur les toits de Bogotá

    16–17 août, Colombie ⋅ ☁️ 15 °C

    Après un bon petit-déjeuner de fruits frais, nous nous préparons avec Ellyn pour aller à un atelier de céramique entre femmes. Malo et Valentin, enfourchent les vélos de Ellyn et Chris pour se rendre au musée de l’Or, en plein centre de la capitale.

    À quelques rues de chez Ellyn, sur la Calle 45, nous retrouvons cinq autres jeunes femmes dans l’appartement d’une céramiste. L’objectif de la matinée est d’utiliser la céramique comme outil de recentrage. Le cercle débute par une présentation et un partage de ressentis. Deux femmes animent l’atelier : elles nous offrent du mambé, une poudre végétale traditionnelle à mâcher, utilisée par les peuples amazoniens pour se concentrer et apaiser l’esprit. Pour adoucir son amertume, elles nous servent aussi du cacao, plante considérée comme sacrée dans de nombreuses médecines ancestrales. En Colombie les traditions et la modernité sont mêlés.

    Guidées à travers une méditation et une courte séance d’écriture, nous passons ensuite à la poterie, en travaillant une argile venue de Cali. Ce n’est pas toujours facile d’exprimer ses émotions, surtout en espagnol, mais l’expérience est assez libératrice. Se retrouver dans une énergie entièrement féminine et bienveillante fait un bien fou. Nous repartons bras dessus, bras dessous avec Ellyn 🥰

    Pendant ce temps, Malo et Valentin arpentent encore les galeries du musée de l’Or, le musée est immense.

    En fin de journée, nous nous retrouvons tous. Valentin choisit un petit hôtel à quelques rues de là. À Bogotá, malgré l’immensité, il est relativement simple de se repérer : les rues sont numérotées. Les calles (orientées est-ouest) et les carreras (nord-sud) s’organisent comme une grande grille. Plus on s’approche des montagnes orientales, plus les numéros des carreras diminuent. Face à la cordillère, les numéros des calles baissent à droite et augmentent à gauche. Les adresses se donnent donc ainsi : Calle 50 #18-30.

    Le soir, nous assistons au Petronio en Bogotá, un petit événement culturel inspiré du grand festival Petronio Álvarez de Cali, qui célèbre la musique et les traditions afro-colombiennes du Pacifique. Dans une maison culturelle, une jeune femme d’une communauté du littoral nous fait goûter le viche, un alcool artisanal proche du rhum 🍻 Cela tombe bien : nous prévoyons de partir sur la côte pacifique en septembre avec Malo, ça nous donne encore plus envie. La soirée continue avec un burger bien copieux, puis une sortie salsa ! Ellyn nous emmène dans un bar animé où un groupe joue en live. On passe une belle soirée rythmée par nos pas de danses plus ou moins assurés ahah 💃

    Le lendemain, après un petit-déjeuner typique, œufs brouillés et riz dans une boulangerie de quartier, nous partons en taxi vers le Cerro de Monserrate. Ce sommet, culmine à 3 152 mètres d’altitude. Les Espagnols y ont construit au XVIIe siècle une chapelle dédiée à la Vierge de Monserrate, aujourd’hui remplacée par le sanctuaire du Señor Caído (le Christ tombé), haut lieu de pèlerinage. Dimanche et veille de jour férié oblige, le chemin est bondé, c'est impressionnant ! Il y a encore quelques années, se promener sur les sentiers des cerros orientales pouvait être risqué, mais les autorités ont renforcé la sécurité.

    Nous décidons de gravir le sentier à pied : pas à pas, la montée réchauffe bien, ,il y a environ 1 650 marches ! On peut aussi accéder au sommet par funiculaire ou téléphérique, mais les files d’attente sont interminables. Valentin regarde d’ailleurs le funiculaire : l’entreprise où il travaille à Lyon pourrait remporter le contrat de rénovation l'année prochaine.

    Tout au long du chemin, des vendeurs proposent fruits frais, confiseries, boissons énergisantes et souvenirs. À un moment, une petite fille arrête Malo et Valentin pour une photo 😅 Leurs cheveux blonds et leurs yeux bleus attirent l'œil !

    Une fois au sommet, la vue est belle : Bogotá s’étend à perte de vue, une mégalopole posée sur au milieu des montagnes. Le ciel est légèrement pluvieux, nous redescendons au milieu de la foule et faisons halte dans un café. On mange de bonnes empanadas et on fait une rasia de desserts 😋 Pour un repas complet à trois, nous payons environ 25 €. On essaye quand même de rester attentifs à nos dépenses, mais ça reste agréable de pouvoir se faire plaisir sans se ruiner.

    En fin d’après-midi, nous rentrons préparer nos sacs. Ce soir, nous quittons Bogotá pour Medellín, puis Jardin, où nous avons prévu trois jours de randonnée à cheval ! Après une dernière partie de dés avec Ellyn et Chris, de gros câlins, nous prenons le bus de nuit à 21h. Arrivée prévue à Medellín à 7h du matin, avant un autre trajet de trois heures vers Jardin.
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  • J91, le jardin de Bogota

    14–15 août, Colombie ⋅ ☁️ 18 °C

    Nous nous réveillons de bonne heure, car Malo a un cours d’escalade avec Chris ce matin. On profite de notre matinée entre copines avec Ellyn pour aller nous promener dans les ruelles de Bogotá. Nous retrouvons Chris et Malo à midi pour partager le repas tous ensemble.

    L’après-midi, nous partons avec Malo à la découverte de la Plaza Bolívar, en plein centre historique de Bogotá. Nous prenons un taxi pour nous y rendre. Le chauffeur, très bavard et passionné, engage rapidement la conversation. Il nous interroge sur la politique française, puis nous parle longuement de la situation actuelle en Colombie. Lui se dit de gauche, il soutient Gustavo Petro. Il évoque les violences du précédent régime, les tensions encore présentes. Il nous raconte qu’un leader politique de droite a récemment été assassiné par un adolescent de 14 ans. Malgré certaines avancées sociales et politiques, on sent bien que le climat reste tendu et complexe.

    Arrivés à la Plaza Bolívar, les lieux sont bien animés. Entourée par la cathédrale Primada, le palais de justice, le Capitole national et la mairie, elle est le cœur politique et historique de la ville. Des centaines de pigeons occupent la place, nourris au maïs par les touristes. Autour, les vendeurs d’artisanat répètent le fameux « ¡A la orden! », qui signifie littéralement « à votre service ». Colliers, bracelets, sacs, objets en cuir ou en bois : on observe un vrai savoir-faire.

    En fin de journée, nous reprenons la route de l’appartement. C’est mon tour d’aller escalader avec Ellyn ! On voit déjà nos progrès, ça fait plaisir. Le soir, on se fait un bon resto de ramen avec Malo. Nous remontons ensuite la rue en travaux : le métro de Bogotá est en cours de construction.

    Le lendemain matin, nous prenons notre temps avant de nous rendre au jardin botanique de Bogotá. On hèle un des nombreux taxi jaunes qui sillonnent les rues et nous y arrivons. Fondé en 1955 le jardin s’étend sur environ 19 hectares, poumon vert au cœur de la capitale.Il y a une exposition temporaire sur les bonsaïs. On y passe près de quatre heures : le jardin est vaste et vraiment agréable. Plusieurs serres présentent les différents écosystèmes de la Colombie – la Sierra Nevada, l’Amazonie, les páramos, les zones glaciaires… Une diversité assez folle. On admire aussi les bonsaïs. Finalement, on craque : on achète un petit bonsaï, James Bonz ! Ça va être une mission de le ramener jusqu’au bateau, mais on n’a pas pu résister 😅

    On termine notre balade avec une arepa boyacense légèrement sucrée, accompagnée d’une aromática parfumée à la panela (sucre de canne non raffiné).

    De retour à l’appartement, on retrouve Ellyn. Valentin, le grand frère de Malo, arrive ce soir pour deux semaines en Colombie. Nous l’attendons tranquillement. Le voilà enfin ! Il est un peu fatigué par le voyage — il y a quand même sept heures de décalage horaire. Nous ne tardons pas à aller nous coucher.
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  • J89, Choachi

    13–14 août, Colombie ⋅ 🌧 19 °C

    Ce matin, c’est l’heure de l’escalade ! Malo appréhende très bien les murs sous les conseils avisés de Chris. Avec Ellyn, on grimpe ensemble ; elle m’enseigne une technique de respiration pour calmer ma frustration et ça marche : je grimpe mieux que la dernière fois ! 🧗‍♀️
    Une fois la séance terminée, nous rentrons à l’appartement situé juste à côté de la salle d’escalade. On partage un bon repas, puis Malo et moi montons dans un taxi pour nous rendre à l’est de la ville afin de prendre un bus en direction de Choachí.

    Le trajet en taxi est un peu laborieux : les rues de Bogotá sont bondées, le trafic est dense et le taxi avance au ralenti. Mais finalement, nous arrivons à l’arrêt de bus et trouvons notre car. Nous quittons la capitale en empruntant une route sinueuse qui grimpe à travers la montagne. Très vite, nous montons au-dessus des nuages : les paysages sont spectaculaires, la brume enveloppe les sommets et la végétation devient plus luxuriante.

    Après une heure de route, nous arrivons dans le pueblo de Choachí, un village andin connu pour ses cascades et ses thermes naturels. Nous faisons une courte pause pour déguster un arepa au fromage, puis appelons une moto-taxi qui doit nous emmener jusqu’à notre refuge, un peu plus haut dans la montagne.

    La montée est une aventure en soi : à la tombée de la nuit, le tuk-tuk emprunte un chemin cahoteux qui traverse même une rivière avant d’atteindre notre logis. Nous sommes chaleureusement accueillis par David, qui nous raconte qu’avec sa femme, ils ont créé il y a 14 ans le projet Refugio Verde, avec l’idée de promouvoir l’accès aux sports de montagne pour les Colombiens. Le lieu est simple et charmant, entouré de nature, et nous découvrons notre petite cabane pour la nuit. 🥰

    Le lendemain, réveil à 5h30. David nous avait conseillé de profiter du lever du jour, moment idéal pour observer les oiseaux qui peuplent la région. Nous nous installons sur une terrasse, bien emmitouflés dans nos plaids, jumelles à la main. Entre deux siestes dans le hamac, nous admirons une multitude d’oiseaux aux couleurs chatoyantes. J'aperçois même un écureuil traversant les branches.

    Après nous partageons un petit-déjeuner préparé par nos hôtes, qui nous recommandent une randonnée vers la Laguna de Ibaque, nichée dans les Andes. Nous partons alors pour 9 km de marche dans un environnement superbe. On traverse des champs de pommes de terre, des plantations de courgettes, d’aromatiques et de petits potagers. On se baigne meme dans une cascade aux eaux gelées !

    Nous arrivons jusqu’à la Laguna de Ibagué, un lieu sacré pour les peuples indigènes Pijao. La lagune se dévoile au cœur d’un cirque montagneux, entourée de páramos 🐦

    De retour au refuge, nous échangeons avec David qui nous offre un café.

    Il est déjà temps de quitter ce petit havre de paix pour reprendre la route vers Bogotá. De retour dans la capitale, nous passons par Décathlon pour les derniers préparatifs du voyage amazonien de Malo. Puis nous retrouvons Ellyn à l’appartement. Chris, quant à lui, est parti en vadrouille avec des amis.
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  • J87, Bogotá

    10–11 août, Colombie ⋅ ☁️ 17 °C

    Il est 5 h 50 quand le bus arrive au terminal de Bogotá. Nous sortons de notre demi-sommeil… ouh, il fait froid ! On a changé d’environnement.
    Nous prenons un café en attendant une heure un peu plus convenable pour arriver chez Chris et Ellyn. Puis, un taxi qui après quelques difficultés à démarrer nous emmène jusqu’à leur quartier, à l’est de la ville.

    Nous sommes accueillis avec de grands sourires. Je suis trop heureuse de retrouver Ellyn, meilleure copine d’études, que je n’ai pas vue depuis un moment, ainsi que Chris, son copain colombien. On découvre leur petit appartement qu’ils viennent d’acheter, où nous allons passer quelques jours en coloc 🥰 Après un bon petit-déjeuner, on les suit à la salle d’escalade.
    Chris a plusieurs casquettes : prof de philosophie, réalisateur de films et prof d’escalade ! Malgré les dix heures de bus dans les pattes, on y va. On passe deux belles heures à grimper, guidés par les conseils avisés des copains. Sans surprise, Malo se débrouille super bien, un vrai petit singe ! On compte bien profiter de notre séjour pour continuer à grimper : ça nous plaît beaucoup. Malo va même prendre des cours avec Chris pour apprendre à grimper en tête.

    Après la session, on va manger un bout. Le quartier est sympa : de nombreux commerces bordent des parcs animés. Il semble y avoir énormément de choses ici. Ellyn nous explique que cela dépend beaucoup des zones : ici, c’est un quartier populaire mais sûr et agréable à vivre. On s’offre une belle glace, plaisirs citadins. De retour à l’appartement, on s’installe pour regarder un film tous ensemble.

    Avant de lancer le film, Chris nous parle de son projet : un documentaire ancré dans les quartiers pauvres de Bogotá, là où il a grandi. La conversation dérive vers l’histoire récente du pays.
    Il évoque la période sombre du président Álvaro Uribe (2002-2010), marquée par la présence des paramilitaires — des milices armées, souvent liées à l’État de manière officieuse — qui pratiquaient ce qu’ils appelaient la « limpieza social » (littéralement « nettoyage social »). Leur mission ? Éliminer les personnes jugées « indésirables » : sans-abri, petits délinquants, toxicomanes… Beaucoup étaient exécutés puis leurs corps abandonnés dans les marécages de la périphérie.
    On parle aussi des guérillas, des milices, de la corruption politique, et des terribles affaires des « faux positifs » : des civils assassinés par l’armée et présentés comme des guérilleros morts au combat pour gonfler les statistiques. C’est complexe, lourd, et ça nous laisse sans voix : une violence orchestrée par les puissants, sans aucune considération pour la vie humaine.

    On finit sur des notes plus légères et on se plonge dans le film !

    Le lendemain matin, je pars courir dans le parc avec Ellyn. Beaucoup de gens se promènent dans les grandes avenues 😊
    À notre retour, Malo et Chris ont préparé le petit-déj. Ellyn, qui travaille dans le café et se forme pour devenir catadora (l’équivalent d’une œnologue, mais pour le café), nous régale : chaque tasse est un petit rituel. L’ambiance est joyeuse : Chris apprend le français, Malo l’espagnol, et on mélange joyeusement les langues.

    Une fois rassasiés, nous partons flâner avec Malo. Objectif : trouver un magasin de camping pour ses vêtements d’expédition amazonienne, et passer par une boutique photo pour moi. On fait tout à pied, ce qui nous permet de prendre le pouls de cette immense ville qui compte près de 8 millions d'habitants (et plus de 10 millions avec son agglomération), ce qui en fait l’une des plus grandes métropoles d’Amérique latine.
    On remonte une rue gigantesque où les vendeurs étalent sur le sol toutes sortes d’objets : antiquités, bibelots, vêtements… On chine, on discute, on observe. Malheureusement, on voit aussi la pauvreté mais pas d’agressivité. Nous avons cependant été informé de rester vigilant par rapport aux vols, surtout dans les zones touristiques.

    Nous arrivons tranquillement à la Candelaria, le centre historique et coloré avec ses petites ruelles. La pluie commence à tomber, alors on se réfugie dans un petit bar pour boire un verre et grignoter, juste avant qu’Ellyn nous rejoigne.
    On passe une belle soirée : jeux et un bon repas. On rentre en Uber retrouver Chris. Demain, on repart grimper, Malo a son premier cours 👌
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  • J85, Rio Magdalena

    9 août, Colombie ⋅ ☁️ 31 °C

    Nous nous réveillons de bonne heure pour nous assurer une place dans le bateau. En route vers le port, nous prenons un bon jus d’orange fraîchement pressé, vendu par l’un des nombreux petits vendeurs de rue. Nous arrivons sur les rives du fleuve et achetons notre ticket pour Barrancabermeja (110 000 pesos par personne). Nous avons environ 150 miles, soit près de 270 km, à parcourir sur les 1 500 km du río Magdalena pour rejoindre notre destination.

    Nous découvrons notre embarcation : un bateau à moteur, couvert d’un petit toit, avec une vingtaine de places assises. Les sacs sont chargés directement sur le toit. Au moment d’y poser les nôtres, on vérifie bien qu’ils soient attachés solidement — ce serait dommage de les perdre dans le río 😅

    On s’installe et on observe le ballet qui se joue autour de nous. On ne comprend pas tout, des gens montent, descendent, chargent le bateau, repartent… Finalement, nous partons à 8h45. Et c’est parti !

    Le conducteur met les gaz. On file à plus de 30 nœuds, ça change de Noam ! On est tout proches de l’eau, c’est assez marrant. Mais… à peine 30 minutes après le départ, le bateau s’arrête d’un coup. Nous sommes échoués !! Naviguer sur le fleuve n’est pas évident : la sédimentation est imprévisible et il arrive que le fond remonte.

    On se regarde avec Malo et on rigole. L’aventure ! Personne ne panique. Deux hommes descendent dans l’eau pour tenter de pousser le bateau. Malo retrousse son pantalon et les rejoint. À trois, ils arrivent à le déloger. On repart ! Ouf, je n’y croyais pas trop !

    On reprend notre route sans encombre. Nous observons la vie qui s’anime le long du fleuve. On s’arrête dans de petits villages pour déposer et récupérer des passagers — des villages isolés, uniquement accessibles par bateau.

    Après plus de 7 heures de navigation à admirer la beauté sauvage des rives, nous apercevons enfin Barrancabermeja! On est soulagés, on commençait à vraiment avoir mal aux fesses sur ces sièges en plastique dur...

    Barrancabermeja est l’une des principales villes pétrolières de Colombie. Elle abrite la plus grande raffinerie du pays. C’est impressionnant de voir cette immense zone industrielle surgir au bord du fleuve. Des cheminées, des réservoirs, des structures métalliques : ça a des airs de décor de film post-apocalyptique. Une ville ouvrière, peu touristique.

    On décide de ne pas rester ici plus longtemps. Les villes aux alentours ne nous attirent pas plus que ça. Chris et Ellyn nous attendent les bras ouverts à Bogotá, alors on choisit de prendre un bus de nuit, départ prévu à 20h45 🤩 On a donc quelques heures à passer ici.

    En arrivant au terminal, on s’arrête dans un petit restaurant pour manger un bout. Nous sommes accueillis chaleureusement par Julio, le gérant. Il vient s’installer avec nous à table, très curieux, il nous bombarde de questions. Il nous propose même de garder nos sacs pendant qu’on se balade en attendant notre bus. Super sympa !

    Nous acceptons et partons explorer un peu la ville. À part quelques grandes rues commerçantes, il n’y a pas grand-chose à voir. On boit un café, on flâne, on fait quelques boutiques, un petit jeu… Puis on retourne au terminal.

    Le bus est confortable. On s’installe avec un petit film, bien emmitouflés car la climatisation est bien fraiche. C’est parti pour 10 heures de route : direction Bogotá perchée à plus de 2 600 mètres d’altitude dans les Andes.
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  • J83, El Banco

    8 août, Colombie ⋅ ☁️ 32 °C

    Nous prenons un tuk-tuk afin d’arriver à la station de bus pour El Banco. Ici, beaucoup de monde circule à moto, et on voit aussi de nombreux chevaux sur les routes, qui tractent des carioles. Après deux heures de bus, nous arrivons à El Banco, une ville bien dynamique qui borde la rivière Magdalena. C’est d’ici que nous partons demain en bateau pour Bucaramanga.

    En arrivant, de nombreuses charrettes remplies de provisions sont tractées par des chevaux 🐎 En fait, celles-ci sont ensuite déchargées près de la rivière pour remplir des barges (parfois très sommaires) afin d’acheminer de la nourriture de l’autre côté du río vers des petits villages isolés des axes principaux.

    Nous trouvons un petit hôtel pour passer la nuit et poser nos affaires. C’est l’heure du déjeuner, on nous conseille un petit restaurant et, pour 30 000 pesos (environ 15 €) pour deux, nous avons un repas bien copieux.

    La ville est très commerçante : ça négocie, ça vend, ça discute à chaque coin de rue. On y trouve tout. Les chevaux sont membres à part entière de la ville. Des magasins vendent selles et cuirs, de vrais cow-boys !

    Le portefeuille de Malo, un peu abîmé, mériterait d’être réparé. Nous demandons où nous pourrions trouver un cordonnier pour cela. Tout le monde essaie de nous aider 🥰 Mais on ne trouve pas, peut-être à Bogota.

    Nous nous rendons au bord du fleuve pour nos tickets de bateau. Normalement c’est réservé. Mais c’est assez folklorique, chacun à son mot à dire sur ou et à l'heure ou nous devons être à bord. 7h15 demain sur les bord de la rivière, noté !

    Il n’y a pas un seul touriste ici. Les gens sourient en nous voyant : « les gringos ! ». Tout le monde reste très serviable et agréable. Je vais prendre mon appareil photo, car les scènes sont nombreuses ✨️

    Sur les rives, la pollution de déchets plastiques est énorme. Ici, beaucoup de gens boivent des portions d’eau contenues dans de petits sachets plastiques, très souvent jetés directement par terre ensuite. Nos priorités ne sont pas les mêmes, ni nos conditions de vie. Mais ça fait toujours mal au cœur.

    Malo se dit qu’il faudrait monter un business plan pour inciter les gens à ramener leurs déchets… Affaire à suivre, ahah.

    Nous nous arrêtons dans un des petits « bars » au bord des rives : quelques chaises en plastique, abritées sous des bâches, et des glacières. On imagine que cela reste assez facile à déplacer, car les crues peuvent arriver et l’eau monter rapidement.

    Nous rentrons en fin de journée à l’hôtel pour nous poser un peu après la cohue citadine. Je fais un peu de traitement photo, des pellicules argentiques de Bonaire.
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