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  • Day 363

    Finir en beauté

    July 1, 2022 in Kyrgyzstan ⋅ ⛅ 10 °C

    C'est dans des immenses plaines vertes , au milieu des sommets enneigés ou encore le long de canyons aux roches rouges déchirés par des torrents d'eau claire que notre voyage touche doucement à sa fin. La cheminée fumante d'une yourte à l'horizon, un cavalier au galop guidant son troupeau, des lacs issus de glaciers, un aigle planant à l'horizon ...Le Kirghizistan se raconte avec des images plutôt qu'avec des mots. Une routine s'installe : vélo, rivière, dodo ! De magnifiques sentiers "off-road", des lacets qui nous emmènent effleurer les nuages, des nuits sous un ciel étoilé tel que nous n'en n'avions jamais vu, Gaspard qui triche dans les montées en s'accrochant furtivement aux moissonneuses, nous sommes immergés, summergés dans une nature presque intouchée qui, à chaque tournant, arrive à nous décrocher un nouveau grand Waouuuuuu! Chaque pays à son charme : l'hospitalité des habitants, une culture époustouflante, de délicieuses traditions culinaires,... Le charme du Kirghizistan, nous l'avons indéniablement trouver dans sa nature. C'est beau, tout simplement beau!

    Mais, puisque j'aime mettre des mots sur les instants, je vous propose de découvrir, de manière décousue, quelques annectodes ayant rythmé nos coups de pédales dans ces paysages époustouflants au travers d'une balade culinaire car, c'est bien connu, un vrai cyclo a TOUJOURS faim!
    - El PIZZA: Lors d'une de nos traditionnelles "pauses biscuits" en fin d'aprèm-midi, nous apercevons 2 cyclos à l'horizon. Pour notre plus grand bonheur, il s'agit de Maël et Laurine, 2 machines à bonne humeur que nous avions déjà rencontrés à plusieurs occasions. On branche le baffle, et on attaque la côte. Le lendemain, c'est flânerie à 4 en bord de rivière. Le soir venu, alors qu'on discute menu, une envie nous prend : une pizza, mmmh, on bave déjà. Mais, pas de chance, pas de Pizzeria dans le coin. Gasp lance alors en rigolant : ”bah, on n'a qu'à se servir de leur pain plat comme base, un peu de pasta et on compose à partir de là..". Ça, c'est dit! Et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Laurine et Maël mordent à l'hameçon et énumèrent la liste des ingrédients... Fini le sacro-saint "Riz-Lentilles en sac de couchage" , ce soir, ce sera Pizza sur feu de bois !
    - El pastèque: Pour une fois, ça ne monte pas (ou pas trop tout du moins), on roule à bonne allure à travers des champs. Tout le long de la route, des petits vendeurs de melons et pastèques qui nous font signe. On agite la main et on trace notre chemin.... L'un d'eux ne l'entend pas de cette oreille. Alors qu'on a passé son stand depuis quelques mètres, il nous rattrape en voiture, s'arrête à notre hauteur et insiste pour que l'on fasse demi-tour. Au fond, pourquoi pas... Il nous installe sous un arbre à l'ombre et ... Nous fait manger une pastèque! Littéralement TOUTE une pastèque. Le flux est constant. Dès qu'un morceau est terminé, on en reçoit un autre. Lorsqu'on tente de lui faire comprendre qu'on n'en peut plus, il part en un grand rire, nous tape dans le dos et...nous fourre quand même le morceau dans les mains ! Il faut voir le personnage... Grand chapeau typique Kirgiz, grand couteau à découper, forcément, ça incite le respect, on n'ose pas trop protester. Et, au cas où l'on aurait pas eu assez, devinez ce qu'il nous fourre dans nos saccoches pour les petites faim sur la route ? Une pastèque ? Et non... Deux pastèques (bien oui, il faut veiller à l'équilibre) que Gaspard aura tôt fait de troquer en bord de route contre des melons, moins encombrants. Le tout en langue des signes, la scène est cocasse.
    - El "presque craquage" du liophilisé de réserve : Sacré défi aujourd'hui, nous nous attaquons à un col à 3175m. Nous allons grimper en continu pendant 60 km pour un gain d'altitude de 2200m. La montée est bonheur : asphalte, paysages incroyables, podcasts, on fait le point tous les 10km et, à chaque fois, le moral est bon. Histoire d'éviter de trop nous charger, on compte se craquer un petit buibui pour midi sauf que, passé midi...plus de buibui! A 15km du sommet, on est cuit, il faut qu'on mange. Résultat, c'est notre repas du soir qui y passe (cette fois, on n'y échappe pas, c'est le sacro-saint Riz-Lentilles pour ma plus grande joie,humhul). Nous voilà repus et, après une sieste éclair, on est reparti. Les derniers km se font clairement au mental. Paradis au sommet...On pose notre tente entre des yourtes. Le bivouac est magique au Kirghizistan. Au côté de ce peuple à tradition nomade, on se fond facilement dans la masse et on se sent partout chez nous. Évidemment, nous sommes affamés mais, malheureusement, nos réserves sont vides ! Heureusement, on avait prévu le coup, car, oui, depuis la France, on se trimballe précieusement un repas liophilisé "au cas où". Contre toute attente, il s'en est sorti jusqu'ici mais ce soir, il n'y échappera pas, il passe à la casserole. On tente de lire les instructions devenues illisibles, on sort le réchaud et, alors que la lame du canif s'approche du paquet.... Quelqu'un "toque" à notre tente. Sauvé par le gong, c'est le voisin qui vient saluer les nouveaux venus que nous sommes et... nous inviter pour le repas. Pour couronner ma joie, il m'installe même sur son cheval. Une tape sur les fesses de celui-ci et je me laisse porter jusqu'à la yourte qui se trouve de l'autre côté de la rivière. Ne voyant pas de pont, je me demande un peu comment Gaspard et notre hôte vont s'y prendre. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, me retournant, j'aperçois Gaspard sur le dos de notre ami! Je n'ai pas le temps d'en rire qu'ils valsent tous les deux à l'eau. Ce soir, c'est mouton (tout le mouton, Gasp m'assure même avoir vu un œil traîner dans la marmite) bouilli, patate et vodka. Pendant que la maman cuisine, nous jouons avec les 2 petites filles de 6 et 3 ans. L'ambiance est un peu étrange. Certaines attitudes nous font comprendre que, dans ce couple, des coups se perdent parfois. On ne sait pas trop comment réagir. L'alcoolisme, la violence, des conditions de vie très rudes, c'est une autre réalité qui s'ouvre à nous. Quoi qu'il en soit, nous restons reconnaissant d'avoir pu partager un moment de leur quotidien.
    - El... suprise: Des cadeaux, cette année, on en a reçu beaucoup, mais alors là, vraiment beaucoup! Mais, c'est au Kirghizistan que nous avons reçu le plus original (et oui, le meilleur pour la fin) : Soleil, petit creux, on s'offre une petite pause melon en bord de route. On est plus au moins sur la deventure d'une maison et le prorio arrose la route (une manie par ici), du coup, on lui propose de prendre par à notre festin. Après s'être régalé, il déclare dans un anglais approximatif : "Je voudrais vous offrir une glace mais je n'en ai pas..." Sur ces bonnes paroles, il part trifouiller dans sa maison et revient avec un énorme (mais vraiment énorme) paquet de Canabis et un petit sourire en coin : "For you to relax bro! " Si on a eu la sagesse de refuser son présent, il aura quand même réussi à nous faire bien rigoler!
    - El Ice cream: Notre plus beau souvenir du Kirghizistan, 5 jours en autonomie totale dans la vallée de Arabel. Très vite, le gravier remplace le bitume. Les paysages défilent : des roches rouges , une forêt, des plaines vertes, des col enneigés ...Un accueil dans une yourte de la part d'une famille adorable à la gentillesse incomparable. Un pique-nique entouré par des chevaux. Rencontre improbable avec un Kirghiz jouant de l'accordéon en bord de rivière, seul au milieu de nulle part. Après quelques jours, le temps se gâte, le ciel se couvre. Matinée dans la brume. A la pause midi, Gasp est éreinté. On décide de monter la tente pour s'habriter du vent et des gouttes le temps d'un repas. Seulement, très vite, c'est l'écatombe. Une mini tempête éclate. La tente était montée à la va-vite et se fait à moitié emporter...On remballe dare dare, tout est trempé. L'après midi se fait clairement sous la drache. Vers 17h, comme par magie, une éclaircie fait son apparition. Le brouillard se lève et nous prenons conscience du décor magique dans lequel nous nous trouvons. On décide de s'arrêter pour faire sécher la tente . Une Lada s'arrête, 4 Kirghiz en sortent. Ils nous offrent des gâteaux et du pain traditionnel. Le seul verre de vodka passe de main en main et, après quelques courtoisies, tout le monde se met à dancer, ce qui reste le langage universel le plus efficace. Un cycliste grec arrive à contre sens et se joint à la fête. C'est un instant volé, hors du temps. Lorsque tout le monde repart, nos affaires sont séchées et on est bouillant d'encore rouler. On passe une rivière en disant : ” Bah, ne remplissons qu'une seule gourde, on ne se pose pas encore pour la nuit et il y a de l'eau partout". Erreur stratégique, la trève est de courte durée. De gros nuages arrivent vers nous à toute vitesse. C'est la course contre eux. Il faut qu'on trouve de l'eau et qu'on pose le camp. 30 minutes plus tard, on trouve une rivière...Ouf! La tente met deux minutes à être montée ,2 secondes à être au sol. L'orage éclate... Elle ne résiste pas. Une énorme tempête de grêle comme on peut s'en prendre à 3000m. On ne sait que faire. On aperçoit la fumée d'une yourte à l'horizon et on décide de courir s'y habriter. On arrive détrempé, la tente dans nos bras, comme des malheureux. 20 minutes plus tard, c'est le grand soleil! La journée du lendemain continue sur la même lancée : une éclaircie, des passages à guet, les pieds gelés, une tempête de neige, une nouvelle éclaircie qui nous permet d'apercevoir le mur final empli de lacets qui nous emmènent à 3800m. De nouveau flocons qui viennent renforcer le côté épique de l'ascension, de nouveaux rayons qui nous permettent de comtempler, essoufflés, la vue incroyable que le sommet nous offre. Le lendemain, on s'enfile goulûment 70 km de descente pour arriver au lac IzziKul. L'ambiance est tout autre: tong, bouée canard et maillot de bain, on dénote un peu avec notre combo - pantalon de pluie, doudoune, gore Tex. On se dépêche de retrouver Maël et Laurine qui nous attendent pour manger...une glace !!

    Pour Gaspard, le Kirgizistan, c'était 70% du territoire situés à plus de 2000m. Pour la dyslexique que je suis, c'etait un mot farfelu et inécrivable. Et parfois, il n'en faut pas plus pour que la magie opère. Pendant 1 ans, nous nous sommes laissé guidé par l'appel de ces sommets et par le projet fou de les atteindre à vélo. Bien au delà de la destination, cet appel nous aura emmèné à la rencontre du monde, des autres et de nous-même. Aujourd'hui, nous volons. Un avion nous ramène à toute allure vers Paris, vers la maison. Mais une chose est sûre, jamais nous n'oublierons le chemin parcouru.

    " Deux routes divergeaient dans un bois. Quant à moi, j'ai pris la moins fréquentée, et c'est cela qui changea tout " Robert Frost
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  • Day 341

    Tajikistan, nous reviendrons

    June 9, 2022 in Uzbekistan ⋅ ⛅ 35 °C

    Le 9 juin, nous franchissons une 3ème frontière en compagnie de Susie et Seb'. Internet nous avait mis en garde contre la corruption qui peut encore être de mise en Asie Centrale mais, encore une fois, nous sommes chanceux. À la place du garde à la recherche de bakchich, on tombe sur celui qui parle anglais et est tout content de pouvoir s'exercer. Il nous fait passer un par un et, patiemment, nous expose à chacun tous les endroits à visiter, les petits plats à goûter... Il papote tellement que, après mon passage, je suis prise d'un doute... Il ne me semble pas avoir entendu le petit bruit caractéristique du tampon sur le passeport. Je feuillette rapidement les pages (qui commencent à être bien remplies) : et non... Pas de tampon ! Retour à la case départ !
    C'est sur ce joyeux faux départ que débutent nos aventures au Tadjikistan. La Pamir Highway que nous rêvions de parcourir étant fermée actuellement, nous ne resterons que 5 petits jours dans ce pays et, pourtant, il sera pour nous deux un énorme coup de cœur. Après quelques kilomètres seulement, les montagnes s'incrustent dans le paysage. Ça tombe bien, ce sont elles qu'on est venu chercher. Préparez vos mollets, ça va grimper.
    Premier défi : la "balade" des 7 lacs. Petit décrassage dans la rivière glacée pour se mettre en condition ( et puis, une douche de temps en temps, ça ne fait quand même pas de mal), et c'est parti pour 1492 m de D+ pour 27km au sol. Puisque nous montons "juste pour le plaisir", Susie fait l'excellente proposition de cacher toutes les affaires en bas, histoire de monter plus légers. Sans grande surprise, nous sommes tous partants. Comme le nom l'indique, on longe 7 lacs. Ça rythme la promenade... Et de 1, et de 2... Les paysages donnent du pep's, on s'en met littéralement plein la vue. Ça monte fort, des rivières de sel apparaissent le long de mes bras. Notre arrivée au 7éme lac coïncide avec celle des nuages. C'est la course pour redescendre, on déboule à toute allure. L'orage éclate. Comme d'hab', je me fais rapidement distancer. Je garde en tête cette image incroyable : seule dans la montagne, pédalant à toute vitesse, observant malgré moi les gros éclairs sur le versant d'en face, en t-shirt sous la drache. Magique.
    Le lendemain, alors que je fais la vaisselle matinale dans la rivière, au milieu des montagnes, en compagnie de 3 ânes, je me dis que la vie est quand même extraordinaire. C'est fou comme on peut s'habituer à des routines farfelues.
    Le 2éme défi : le col du Shahriston, à 3375m . Ce col là, je ne l'ai vraiment , mais alors là, vraiment pas vu venir. Je suis tellement au taquet sur l'itinéraire (hum hum), que je pensais que la fameuse montée dont toute l'équipe parlait était pour le lendemain. En début d'aprèm, après une matinée déjà bien chargée, je me remets donc tranquillement en selle, malgré la pluie,en suivant gaiment le groupe. J'ai eu 1500 m de D+ pour me rendre compte de mon erreur. La première partie de la montée offre une vue panoramique sur le mur vertical d'en face empli de beaux lacets. Voilà qui annonce la couleur. Des enfants vendent des abricots sur le bord de la route. L'un d'eux court à côté de moi et m'en offre un que j'englouti sans m'arrêter, bonheur. Après une heure de montée, Seb et Susie m'attendent pour une pause biscuits bien nécessaire (Gasp quant à lui se prend pour Eddy Merckx et ne s'arrêtera que quelques lacets plus tard). Seb s'étonne... "Tiens, tu as chopé des abricots? " Je me retourne, et découvre un sac REMPLi en équilibre sur mon porte bagage ! C'est donc ça qui me ralentit ( #toute excuse est bonne à prendre). On est repartit. Comme d'habitude, j'adore monter. Le défi est visible et challengeant, le sentiment de victoire au sommet, gratifiant. Ces jours-ci, j'ai une terrible douleur dans le dos qui rend la chose plus difficile. La fin se fait clairement au mental, on est tous un peu dans le rouge. Enfin, on y est! On aperçoit le tunnel qui marque la fin de l'ascension. Plus que quelques mètres, 1 km tout au plus. Tiens, étrange... Il n'y a pas de route alternative au tunnel, comme prévu... Ah ben non, on n'y est pas en fait! C'est juste un pré-tunnel, le vrai est quelques kilomètres plus loin... Heureusement, Gasp est à mes côtés pour m'aider à me remettre de mes émotions. On s'entremotive pour les derniers lacets et enfin...on y est. Bivouac au sommet et décrassage dans une rivière tellement glacée que je redoute de perdre mes orteils ( nous sommes plus d'un mois plus tard et, je vous rassure, ils ont tenu le coup !)
    Le lendemain, oh bonheur, on descend sur 60 km. Pour se récompenser de notre effort de la veille, on décide de s'offrir une glace dans la supérette d'un petit village. Je pars en mission avec Susie et Seb, Gasp garde les vélo pendant ce temps là. Au retour, on le retrouve encerclé d'une quinzaine d'ado. L'un d'entre eux parle un anglais impeccable ( il nous dit avoir appris cette langue sur Chatroulette... Heu... Oui, pourquoi pas!) . Rapidement, la curiosité de tout le village est piquée et ce petit gars se retrouve à jouer les interprètes. Une dame nous faire asseoir en terrasse, une autre nous apporte du fanta. Un marchant de fruit arrive avec un plateau rempli de cerises et et de pommes, le patron de l'étale d'à côté surenchérit avec un melon et des pêches... 4 cafés sont déposés sur la table, puis des glaces... C'est incroyable, on n'avait encore jamais connu ça. C'est comme si chaque habitant tenait absolument à rajouter sa petite touche. On hallucine. Les gens déposent la nourriture et s'en vont, nous observent de loin. Petite à petit, les barrières se brisent, la timidité tombe. 30 personnes sont autour de nous et notre petit pote traduit patiemment leurs questions et nos réponses. Il y a tellement de bienveillance, de sourires...Un journaliste débarque et nous sommes interviewés. Quelques mots clés sont notés sur un bout de serviette... C'est le flou artistique total et on se demande bien quel article il arrivera à pondre! Au moment de s'en aller, notre ami nous demande d'attendre encore 2 minutes "quelqu'un arrive avec quelque chose". Effectivement, 2 minutes plus tard, un jeune de 15 ans arrive et nous offre à chacun une cannette de Coca et un Mars. Cette dernière annectode décrit assez bien le Tadjikistan. C'est le premier pays où cette envie d'accueillir l'étranger nous a semblé être aussi généralisée à toute la population, quelque soit l'âge (même les enfants de 2 ans nous font de grands signes) ou le sexe ! Lorsqu'on remonte à vélo, l'ambiance qui règne dans notre petit groupe de 4 est difficile à décrire... Entre "sans voix" et " euphorie". Même après presque un an en selle, même en étant d'ores et déjà persuadés de la bonté humaine avec multe preuve à l'appui, les hasards de la route arrivent encore à nous surprendre et à nous émouvoir !
    Quelques jours plus tard, sur le bord du chemin, nous croisons par hasard Maël et Laurine, deux cyclos rencontrés à Samarcande. C'est donc à 6 que nous continuons notre chemin et que nous franchissons, à nouveau, la frontière Ouzbek.
    Notre trop bref passage au Tadjikistan nous a vraiment laissé de souvenirs inoubliables. Dans les rues, l'ambiance était tel un tour de France : allez savoir pourquoi, dès qu'on traversait un village, tous les habitants étaient sur le pas de la porte. Les uns nous disant coucou, les autres nous tapant dans la main... Les enfants sur leur petit vélo était toujours d'attaque pour se mettre dans nos roues et nous accompagner sur quelques mètres (voir parfois quelques kilomètres)! On a eu droit tellement de "Hello" et de grands sourires... Nous quittons le pays mais une petite partie de notre cœur reste ici. Qui sait, peut être qu'un jour, nous reviendrons ?

    A l'image de notre séjour côté Tadjik, notre second passage en Ouzbékistan sera lui aussi éclair. Nous avons juste à traverser la vallée de Farganas, qui est réputée pour être la vallée la plus fertile et la plus peuplée d'Ouzbekistan. Qui dit peuplée dit... difficile de passer inaperçu. Alors que nous campions à 6 dans un verger non loin de la frontière, nous nous sommes fait pincer de bon matin par le proprio. Des ennuis ? Que nenni! Celui-ci est revenu à plusieurs reprises (une fois avec des amis, l'autre avec sa famille) pour présenter les touristes qui campait chez lui à la cantonade et nous a incité à cueillir le maximum de fruits sur les arbres! De quoi pimper le petit déj. Après ce festin de mirabelles, notre groupe de cyclos décide de se séparer et chacun repart rouler de son côté. On se retrouvera tous 4 jours plus tard côté Kirgiz pour fêter l'anniversaire de Laurine.
    L' hospitalité ressentie le premier matin dans ce verger restera la norme pour le reste de notre traversée. Accueil midi et soir, petit cadeau de la part des automobilistes ( à trois reprises , on nous a même tendu des billets! Il faut peut etre qu'on commence à se remettre sérieusement en question sur notre look) et, bien que les rencontres aient toutes été magiques, je ne vous raconterai ici que celle avec Inobad, qui a clôturé en beauté nos aventures Ouzbek : alors qu'on fait le plein d'eau devant une maison à la tombée du jour, un ado nous remarque. Il va chercher sa mère qui débarque avec du pain, des cerises et des abricots à fourer dans nos saccoches. Des voisins curieux arrivent également. Une fille parle un peu anglais et nous propose de venir prendre le thé. Ce qui était extraordinaire, c'est qu'Inobad nous a reçu chez elle, et que toute le quartier s'en est mêlé. Pendant qu'elle faisait chauffer le thé, une dame est partie chez elle chercher un repas, une autre du pain frais et une troisième est allée chercher sa nièce qui parlait français (et pour le coup, un français impeccable!). Nous avons adoré cette bonne ambiance de voisinage. Il y avait plein d'enfants qui jouaient là et, à chaque fois qu'on essayait de comprendre les relations, Inobad nous répondait : "c'est ma voisine". Tout le monde avait l'air d'être le bienvenu et de se sentir chez lui! Nous nous imprenions de se vivre ensemble si simple et naturel.
    Le lendemain, après un petit déjeuner incroyable, Inobad nous laisse repartir (non sans avoir rempli nos saccoches de nourriture et nous avoir offert du tissus en soie, caractéristique du pays), et nous filons vers la frontière Kirgiz. 60 km et nous y sommes!
    Il y a beaucoup de file mais nos têtes d' Européens nous donne droit à un pass droit ( le militaire qui te crie :" hé, tourists!" Et qui te fait dépasser tout le monde) et, un petit quart d'heure plus tard, nous sommes de l'autre côté. Ca y est, nous l'avons fait! Nous avons atteint le Kirgizistan ! C'était notre objectif, notre direction, et le bruit du tampon dans le passeport provoque chez nous un petit frisson... C'est le dernier! Mais l'aventure n'est pas finie pour autant... Il nous reste plus d'un mois pour découvrir ce pays qui nous a tant fait rêver !
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  • Day 340

    Ouzbékistan

    June 8, 2022 in Uzbekistan ⋅ ☀️ 32 °C

    Remonter son vélo en Inde et remonter son vélo au Kirghizistan... On est dans deux univers tellement distincts que le jeux des 7 différences n'a même pas lieu d'être. Pas de curieux, pas trop de chaleur, pas de casse ni de moustiques... Gasp nous rabiboche nos bécanes en deux temps trois mouvements et pendant ce temps là, je lui assure un flux constant de tartines au fromage (oui, oui, du FROMAGE, vous avez bien lu!). On en garderait presque un bon souvenir ! Nos vélos sont debout et on saute dessus ! On traverse la ville de Bishkek jusqu'à chez Daureen, un Coachsurfing qui nous accueille pour deux nuits. La pluie se joint au festivités d'arrivée et, sur le coup, on est tout content! Ça fait tellement longtemps qu'on n'a plus été mouillé qu'on est heureux de pouvoir parader avec nos vêtements de pluie qui rouillaient au fond des saccoches.
    Le lendemain, nous sommes rejoints par Susie et Seb. Qui c'est ceux là ? Deux joyeux cyclos francais, qui se sont élancés sur les routes un peu après nous. Nous nous étions mis en contact via FindPuigouin et, depuis novembre, on communiquait régulièrement avec eux par message pour échanger des trucs et astuces mais aussi simplement par plaisir de discuter avec des gens qui vivent plus ou moins les mêmes choses que nous. Après 7 mois, nos routes se croisent enfin! On a décidé de partager un bout de chemin et, les rencontrer pour de vrai, ce n'est que du plaisir !
    Afin d'égailler notre rencontre, Daureen nous emmène promener dans son jardin qui s'avère être... Une infinité de plaines encerclées de grands sommets enneigés. C'est incroyable, nous sommes aux portes de la capitale et pourtant, la nature est partout ! Un homme à cheval nous dépasse, tout est normal, et là, bam, on le sent... encore un pays, un de plus, dont on va tomber litteralement amoureux! Dans ce cadre idyllique, Daureen nous initie au Yoga... On est clairement pas des lumières, il nous faudra encore beaucoup d'entraînement, mais c'était un très chouette moment et une très chouette rencontre !
    On prend la route à 4... Un grand rêve qui se réalise pour nous: rouler sur du long terme avec d'autres cyclos! Et... Il ne nous faudra pas longtemps pour qu'on réalise que, comparé à eux, on est leeeeeent! (Oups, je plaide entièrement coupable). Ceci dit, la dynamique est géniale. Les bivouacs prennent des airs de colonies de vacances, les discussions vont bon train et à cela vient s'ajouter un soleil qui ne se couche plus à 18h! Fiesta jusqu'à 23h30... Ça change! Très vite, on se retrouve à la frontière Kazak. Petit pincement au cœur quand l'officier nous met le tampon de sortie Kirgiz.. on a tellement attendu d'être dans ce pays que c'est étrange de le quitter après seulement quelques jours. Mais bon, le meilleur pour la fin, nous y reviendrons dans 1 mois ... Où dans une heure! Et oui, pour les Kazak, le Pfizer, ça ne compte pas comme vaccin. Retour au Kirghizistan pour aller se faire tester. Heureusement, les Kirgiz sont là pour nous remontrer le moral, alors qu'on pique-nique comme des malheureux, ils viennent à nous et nous offrent seau de cerises et seau de fraises! Miami! Nos 4 derrières entassés dans un taxi, une infirmière nous emmène dans différents centres de tests jusqu'à en trouver un fonctionnel. BINGO, tous négatifs! Une série de selfies avec la famille de l'infirmière et on peut décoller. Et cette fois, la frontière passe comme une lettre à la poste. Un militaire nous offre même un service VIP et nous accompagne de A à Z, avec une fouille approfondie de nos saccoches en prime ( qui relevait clairement plus de la curiosité que de la suspicion, même les cartes postales de Susie et Seb sont passées à la loupe, c'est dire...) Mais bon , il pleut dehors et on ne trouve déjà plus si marrant que ça la parade des vêtement de pluie alors qu'il fouille seulement, qu'il fouille!
    Le soir, alors qu'on cherche un endroit abrité pour poser la tente, Marjeanne et son fils nous hèlent depuis le pas de leur porte et nous invite à passer la nuit. C'était tellement spontanné qu'on s'est même demandé s'ils ne tenaient pas une guesthouse mais non.. pure gentillesse, envie de rencontrer l'étranger. Ils nous installe dans la cabane du jardin puis nous invite à prendre le thé. Petit aparté sur le fameux thé en Asie Centrale : c'est la deuxième fois en quelques jours ( et cela se vérifiera encore de nombreuses fois) que les gens nous font le signe d'une tasse en nous disant "Cay". Ok, ce mot, on le maîtrise depuis la Turquie. Sauf qu'ici, le Cay est clairement un guette à pan qui débouche systématiquement sur une table remplie de pain frais, confiture maison, crudité, plov local, gâteau et bonbons, le tout arrosé, accessoiremement ... De thé. Et, quelque soit la famille, à chaque fois que je demande à la maîtresse de maison son prénom, la réponse est inlassablement : "moi, c'est maman ! "

    Après le festin, le fils invite ses copains ( vous savez, le fameux copain bilingue, celui que tout le monde a... Celui qui parle français! Qui arrive, qui lâche un joyeux : Bonjour monsieur, comment allez-vous? Et puis... Et puis c'est tout! ) Cette joyeuse bande nous initie à d'autres breuvages locaux dont on taira le nom. Le lendemain, Au moment de remonter en selle, la dernière fiole, dont on avait habilement réussi à éviter l'ouverture, est glissée dans la poche de Seb avec un clin d'oeil : c'est pour la route!
    Il pleut et nous sommes sur une grand route, inutile de se prendre la tête, on lève le pouce. Même à 4, ça marche ! On parcourt (presque à toute allure) de grandes plaines vertes désertiques. C'est un peu comme ça que j'imaginais la Mongolie. Notre chauffeur nous droppe à la frontière Ouzbek, non sans nous avoir fait testé le Besbarmak , célèbre plat national. Lorsqu'on a demandé quelle était la viande, la douce voix de Google a répondu : "viande canine". Le morceau fut dur à avaler, on croise les doigts pour une erreur de traduction !
    2 frontière en moins de 48h, check! Notre passage éclair au Kazakhstan nous a donné envie de retourner découvrir, un jour, cet immense pays dont les paysages et l'hospitalité ne nous ont pas laissé indifférents. On y passait juste pour éviter un col enneigé à la base ( paresse quand tu nous tiens...) Mais bon, pour le moment, à nous l'Ouzbékistan !
    Dans ce pays assez désertique, ce sont les villes mythiques de la route de la Soie que nous avons découvertes. Khiva, Boukhara, Samarcande... Nous allons de grandiose en grandiose. Minaret en mosaïques d'un bleu Azure, madrashah, caravansérail... C'est magnifique. Notre visite de Khiva, heureux hasard de calendrier, eut lieu le même jour que celle des présidents Ouzbek et Tadjik. La ville était emplie d'acteurs, en habits traditionnels, donnant vie aux bâtiments. En revanche, les deux snipers croisés en haut d'une tour n'était pas des figurants eux... oups! C'est fou !

    Gasp a été le plus heureux des hommes quand, en début d'aprèm, nous avons débouché sur une place où se tenait un énorme buffet présidentiel : "Les gars, je vois des touristes qui s'empiffrent, je suis sérieux, il y a des touristes qui s'empiffrent..." Ses yeux sont sortis de ses orbites et il n'a pas tardé à se joindre aux touristes en question. Lorsqu'on demandait "un petit peu", on recevait une boîte de biscuits traditionnels remplie à raz bord en échange. Littéralement nourris aux frais de la princesse. Si ce n'est pas le rêve ça !

    A Boukaka et Samarcande, plus de présidents mais... Des cyclos, des tonnes et des tonnes de cyclos. Nous en avons rencontré 4 paires différentes! Souvenir d'un dodo à la belle étoile, au centre d'un caravansérail... Le propriétaire, à la place de transformer le lieu en un hôtel de luxe, l'a transformé en lieu alternatif : expo de photos et d'artisans, cours d'échec, projection de films et , bien-sûr, accueil gratuit du voyageur via Coachsurfing. Nous sommes 6 cyclos à dormir là. Un local nous explique : traditionnellement, c'est ici que dormaient tous les voyageurs et les marchands de la route de la soie. Vous êtes tous sur la route depuis si longtemps, c'est fort que vous vous rencontriez ici. Alors que mes yeux se ferment sous le ciel étoilé, je me dis qu'il a raison... Oui, c'est fort!

    Souvenir, aussi,en vrac, d'une heure de désherbage, à la main, sous un soleil de plomb, avec une série de bonne femme au sourire plus chaud que la météo qui m'ont de suite adoptée et renommée Farita! Ici, chaque fois que nous avons aperçu des champs, ils étaient remplis de paysans, le dos courbé, qui s'affairaient manuellement.
    Souvenir enfin d'une autre "Maman", qui nous a interdit de poser la tente dans son champs, nous mimants des chiens loups. Avec sa sœur, son beau-frère et quelques voisins, elle nous escorte fiérement jusque chez elle! Ce soir, c'est Cay ( on connaît la chanson). Si parfois, communiquer avec les mains n'est pas évident, elle n'avait pas peur du mime et nous a offert de belles tranches de rire.

    L'Asie Centrale à quelque chose de magique! Ses paysages, ses habitants, un petit goût de retour dans le temps, une quiétude joyeuse et, en perspective, des cols qui offrent de beaux défis... Nous sommes tellement heureux d'être ici !
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  • Day 323

    Aller au bout de ses rêves

    May 22, 2022 in Nepal ⋅ ⛅ 22 °C

    55km tout droit et nous serons au Népal...Oui, mais...encore faut-il passer la frontière ! Le passage Inde/Népal est clairement le plus folklorique du voyage. Alors qu'on fonce tout droit, nous sommes hélés par des chauffeurs de Tuktuk. Jusque là, c'est plutôt la routine sauf que, au lieu de nous proposer leurs services, ils semblent tous nous indiquer une petite rue perpendiculaire. Eh oui, la frontière a beau être 3 km plus loin, c'est apparemment ici, dans un petit bureau en bas d'un hôtel délabré que l'on doit obtenir notre tampon de sortie. Ce bureau semble inutilisé depuis 5 ans mais pourtant, nous sommes au bon endroit. 5 ordinateurs, dont un branché, un employé qui nous demande l'adresse de notre hôtel de la nuit dernière (heuu....banana?), 3 pannes de courant, bref, tout est bon, on a notre tampon. On reprend la route en priant pour ne pas faire d'accros (puisque nous sommes désormais illégaux sur le territoire), on passe sous un arche, on écrit nos noms et ceux de nos pères dans un grand registre à un premier stand, puis on continue les festivités en passant par 5 autres stands répartis un peu partout dans la ville . Lorsqu'on a enfin notre tampon d'entrée, la frontière est derrière nous depuis 3 bons kilomètres. Mais ça y est, on y est! Les routes sont tout autant (voir même plus) défoncées que du côté indien, mais ça klaxonne nettement moins. Tout le monde semble parler anglais, et on est sans cesse accompagné par des scooters qui nous offrent des brins de causette en roulant à nos côté pour quelques mètres. On est de suite séduit par l'ambiance! Pour notre premier dodo, on s'installe à côté d'un lac, au abord d'une jungle. 3 jeunes sont venus y profiter de la fin de journée. Je les aborde en demandant si le spot est safe. "No problem, no problem.... But Cobra, but maybe Tiger, but no problem...but maybe come camp in the village". Comme on n'a pas vraiment envie de se frotter à des attaques de Cobra nocturne, on accepte avec plaisir la proposition. On installe donc le bivouac au milieu d'un petit village où tout le monde semble se connaître. Chaque villageois nous apporte quelque chose: un verre de coca par-ci, un biscuit par-là, et beaucoup se proposent de nous aider à monter la tente. Nous sommes invités pour le repas qu'on doit manger avec les mains. Ça a un petit côté jouissif mais je n'arrive jamais à me défaire du sentiment de "gamin pris en faute" quand 15 paires d'yeux te regardent alors que tu as la mains enfoncée dans le plat !
    On se fait également offrir du chang, un alcool de riz. On insiste pour avoir un petit verre et on proteste un peu devant notre 25cl remplis à ras bord, mais nos hôtes sont formels : "C'est un petit verre! Ça c'est un grand verre" déclarent-ils fièrement en brandissant leur seau de 75cl!
    Après cette soirée bien agitée, on reprend la route en direction de Chitwan, où nous sommes attendus par la famille d'accueil de mon amie Math qui a séjourné au Népal il y a plusieurs années. La route est en travaux et on mange de la poussière (et quelques délicieux momos tibétains lors d'une pause bien méritée) durant toute la journée. On arrive tellement éreinté et crasseux (probablement le plus sale que l'on ait été du voyage et, croyez moi, il y avait du niveau), que j'ai honte de sonner à la porte. (Bon à dire vrai, dans ces pays, on ne "sonne" pas vraiment à la porte, trouver une adresse s'apparente plus à une chasse au trésor géante impliquant tout le voisinage).
    Une fois lavé, on fait connaissance. Quand tu parcours 12000 km à vélo et arrive dans une chambre avec des photos de ta meilleure amie, ça te donne vraiment l'impression que le monde est petit! Derrière cette visite, il y avait une idée précise : abandonner nos vélos en lieux sûr pour quelques semaines, et aller randonner. Car, si le Népal est le pays de la marche à pied, ce n'est pas celui de la bicyclette. Et ce n'est pas les 48h écoulées sur le sol qui nous feront changer d'avis.
    Faire un Trek au Népal, je pense que c'est un rêve que les amoureux de la montagne que nous sommes avions en nous sans jamais l'avoir pour autant réellement formulé à haute voix. Nous nous engageons sur l'Annapurna Circuit. Les premiers jours, nous marchons à travers des rizières et des champs. Il y a beaucoup de petits village et les paysans portent d'énormes sacs tressés en paille sur le dos. On n'avait jamais rien vu de tel! Au fur et à mesure qu'on monte, les paysages deviennent le plus en plus alpins. Un matin, on se lève en même temps que le brouillard de la veille et on se retrouve nez à nez avec l'Annapurna II, un géant de 7937m. A partir de là, on sera sans cesse entouré de géants aux cheveux blancs et, plus on grimpe, plus on a la sensation de les regarder droit dans les yeux. L'ambiance sur le Trek est également très conviviale.D'étape en étape, on retrouve les mêmes gens et on ne tarde pas à sympatiser avec une bande de backpackers (un Français, un Allemand, une Espagnole, un Norvégien,un Anglais et un Irlandais, bref, de quoi nous rendre nostalgique du vieux continent). C'est la première fois de notre vie que nous montons autant en altitude, avec un passage de col à 5416m. C'est hyper impressionnant!
    On redescend vers Chitwan en bus pour récupérer nos vélos. Prendre le bus au Népal, c'est plein de poésie... ça saute, ça balance, ça secoue, le tout sur un fond de musique locale. 125km/5heures, on n'est clairement pas sur un record de vitesse, heureusement, le paysage népalais n'est pas laid! (Il fallait la faire au moins une fois ).
    Dans la vallée, on visite une réserve naturelle. On part à pied pour la journée, entourés de deux gardes du corps, espérant voir tigre, ours, crocodile, éléphants et rhinocéros. On n'aura pas réussi à aprecevoir les deux premiers mais on a adoré l'ambiance : guetter les bruits, progresser à pas de loups, se retrouver nez à nez avec un rhino et entendre le guide qui hurle: "Courez" et finir à trois touristes perchés dans un arbre et se demandant quelle mauvaise blague commence comme ça!
    On finira nos aventures népalaise à Kathmandu. Nous sommes entre les mains d'Azzu et Douchan, deux fans de vélos qui nous hébergent et nous font visiter les environs: visite de temple, de la ville de Baktapur, karaoké ( on les a initié aux Lacs du Connemara) et promenade sur les collines avoisinantes, le tout arrosé de Chang! Et, entre les coups, on empackte également nos bécanes pour le vol car...nous avons décidé de prendre l'avion à nouveau ! Nous quittons des montagnes pour en rejoindre d'autres. Nous n'aurons pas pu réaliser notre rêve d'atteindre l'Asie Centrale à vélo, celle-ci étant enclavée entre des pays aux frontières actuellement fermée. Mais, l'appel de ces pays résonne en nous . Pendant 10 mois, ils nous ont servi de boussoles, nous indiquant la direction à suivre. Nous en avons été tout proche à plusieurs reprises, et choisir de voler ne se fait pas sans pincement au cœur. Mais attendre que le COVID et les conflit géopolitique se tassent, c'est risquer d'attendre longtemps. Nous avons le temps, le matériel et l'entraînement. Nous décidons de foncer. Nous allons au bout de se voyage, au bout de notre rêve. Du hublot, on aperçoit la chaîne du Pamir et on se demande dans quel bourbier on s'est encore fourré...La réponse? On verra bien! Kirghizistan, on arrive.
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  • Day 290

    Spicy India

    April 19, 2022 in India ⋅ ☀️ 29 °C

    L'Inde... C'est un pays qui nous manque avant même de l'avoir quitté, mais dont on voulait sortir avant même d'y avoir posé un pied. Un pays qui nous a fait rire et pleurer, un pays dans lequel on a été malade mais dans lequel on a dansé ! L'Inde..il paraît qu'on adore où qu'on déteste... Cette phrase nous aura été maintes fois répétée et pourtant, selon nous, elle ne pourrait être plus éronée. Car l'Inde, c'est LE pays par excellence qu'on a adoré ET destesté à la fois. Un pays empli de paradoxes qui, indéniablement, nous a offert le plus grand choque culturel de ce voyage.

    Le 06 avril, à 4h30 du matin, sur le tarmac de l'aéroport, les festivités commencent. La première étape est de réassambler nos bécanes, et cela s'avère plus facile à dire qu'à faire. On y passe des heures... Les moustiques et les curieux s'entassent autour de nous, la chaleur monte, nous sommes complètement déshydratés et n'avons eu qu'une heure de sommeil. L'insère sur la fourche avant de Gasp s'est pliée durant le transport et, du coup, on ne sait plus remonter sa roue...bref, ce n'est pas exactement la joie. Ne semblant pas conscient de notre humeur, un fan de vélo s'obstine à me mettre sous le nez des vidéos de lui à bicyclette. Heureusement, au bout de 5 bonnes minutes, il finit par comprendre que ce n'est pas le moment et s'intéresse à notre problème. En 30 secondes, il devient notre sauveur. Un petit appel walkie talkie et bam, un de ses potes débarque avec une pince et des bouteilles d'eau! Le rêve ! Grâce à lui, nous voilà partis... Premier ressenti, en 5 mots : "**** , nous sommes en Inde!" J'ai bien les boules et pourtant, je ne peux m'empêcher de sourire ! Tout semble différent ici. Dans les rues, vaches, poulets, motos, vélos, tuktuk et voitures cohabitent gaiement au grès des klaxons. Il y a pleins d'échopes de street food ( des vrais, littéralement sur la route), et tellement de couleurs. Ici, le concept de "ça jure" n'existe pas. Le mauve se marie avec l'orange, le vert et le rose! C'est tellement vivant et animé. 5 km plus tard, on croise nos premiers éléphants ! Il va falloir apprendre à ne plus s'étonner de rien ...
    Nous pédalons jusque chez Raju, un hôte WarmShower incroyable qui nous accueille pour quelques jours. Quelle belle rencontre! Allez savoir pourquoi, il parle un français impeccable. Amoureux de son pays, il s'emploie à nous en donner un merveilleux aperçu. Cricket avec les copains, pèlerinage jusqu'à un temple hindous (officiellement, pour servir de gardes du corps à sa maman contre les léopards), visite d'Ambjer et de Jaipur et, surtout... Il nous emmène au cinéma, voir "RRR", la dernière perle Bollywoodienne! Cette expérience peut paraître anodine mais, détrompez-vous: le cinéma en Inde, c'est tout une aventure! Quelle ambiance dans salle... On crie,on applaudit, on hue, on encourage. Le film est en hindi mais, malgré ça, on arrive à comprendre l'histoire et, au bout de 3 heures de film, quand les Indiens cassent la figure aux colons Anglais, entre la musique, la scénographie et les cris de victoire dans la salle, même nous, on se sent Indiens et fiers de l'être.

    Au bout de ces 3 jours, on remonte en selle, impatient de découvrir la suite. On passe par une espèce de jungle, puis on découvre les champs... A midi, on mange entouré de 20 curieux. Tout chez nous les intrigue ( notre réchaud, nos cyclistes, nos coupes de cheveux, notre filtre à eau,...)et cette curiosité est réciproque. On s'interroge notamment sur le fait que plusieurs d'entre eux aient l'ongle du petit doigt très long. La raison ? Pour se nettoyer l'oreille évidemment (démo à l'appui)! .On parle avec les mains et le regard, mais on comprendra assez vite que le langage corporel n'est pas le même ici. Par exemple, pour dire "non" avec la main, les gens font le signe qu'on utilise pour dire "comme-ci, comme-ca". Imaginez ma surprise lorsque je leur ai demandé s'ils étaient mariés!
    Après cette pause bien sympathique, on reprend la route. Cependant, il fait terriblement chaud (ressenti jusqu' à 48 degrés). Je n'arrête pas de boire mais l'eau chaude ne me rafraîchit pas et j'ai constamment une sensation de soif. De plus, l'air est très pollué et j'ai l'impression de ne jamais savoir pleinement respirer . Très vite, ça ne va pas. La route est belle est pourtant, le cœur et le moral n'y sont pas. Dans ce contexte un peu tendu, l'une de nos rares disputes éclate avec Gasp. Nos caractères non-explosifs font que, même lorsqu'il y a des tensions entre nous, on ne monte jamais en décibel mais, cette fois, c'est l'exception qui confirme la règle. Complément à bout, on se crie dessus comme des poissonniers. C'est dans ces circonstances particulières qu'on a rencontré Prima. Appuyé sur sa moto à l'ombre d'un arbre, il semble nous attendre. Il nous fait signe de nous arrêter. Je n'ai pas la patience, mais on fait un effort. "Photo, photo", ok, on sourit. Il ne voit pas mes larmes sous mes lunettes solaires, très bien... Après le shooting, il nous invite pour un thé chez lui, 7 km plus loin. On a tous les deux besoin de se changer les idées, et la magie des rencontres est un excellent moyen de faire ça. On accepte donc, sans savoir alors ce qui nous y attendait...
    Arrivés chez lui, c'est incroyable. Il vit dans une grande ferme en carré avec plusieurs familles. Cuisine extérieur sur feu, vie en communauté, lit tressé, on se sent en plein camp scout. Tout le monde est au petit soin pour nous. On visite la ferme et ils nous font goûter à tout (ail et oignon cru y passent aussi). Nos hôtes ne parlent qu'un anglais très limité, on se débrouille avec quelques mots et des gestes. Assez vite, on nous demande si on aime danser. Oui? La proposition tombe alors: notre cousine se marie ici, la fête commence ce soir, restez avec nous! Et voilà comment on se retrouve embarqué pour 48h de mariage indien!
    Quelle expérience... La cérémonie n'a rien à voir avec nos mariages européens. Les mariés n'y participent que très peu, la fête est avant tout pour les familles. Nous étions du côté de la famille de la mariée et la première soirée ainsi que la première journée se sont déroulées uniquement avec les invités de ce côté-là. La mariée était dans la maison la plupart du temps et ne prenait pas part aux festivités (mais elle était toujours bien entourée et je pense que plusieurs rituels ont eu lieu à l'intérieur... On n'a pas toujours tout compris à ce qui se passait). Les invités côté marié ne sont arrivés que le lendemain à 19h, et nous avons été mandaté pour les accueillir. Notre tâche ? distribuer des roses (Gasp aux hommes, moi aux femmes) en disant "RamRamSa", pour souhaiter la bienvenue. Enfin, le marié débarque avec un bavoir de billets et prend place sur un scène, face aux invités. Sa belle ne le rejoindra que vers 23 heures. Pendant ce temps là, on fait l'animation. Nous ne sommes pas très à l'aise et les gens sont tellement heureux de nous rencontrer qu'on a un peu l'impression de voler la vedette. Nous sommes constamment encerclés. On nous fait danser (de manière un peu forcée et sans toujours être partant pour nous accompagner), on nous habille en tenue traditionnelle, on nous apporte de la nourriture toutes les 5 minutes, on nous photographie sous tout les angles... le fait que nous ayons des mariages d'amour et non arrangés fascine et les questions qui en découlent sont déroutantes: puisque tu as pu choisir, pourquoi as-tu choisi Gaspard? Qu'as-tu ressenti la première fois que tu l'as vu? 15 paires d'yeux inconnus te fixent et attendent ta réponse... un petit challenge pour moi qui suis pudique sur mes sentiments! On s'endort exténué mais tellement reconnaissant d'avoir pu vivre cette expérience extraordinaire !
    Le matin du 3eme jour, la mariée quitte son domicile familial pour partir vivre dans la famille de son nouveau mari, quant à nous,on reprend la route. Nos coups de pédales ne durent pas longtemps, puisqu'une cinquantaine de kilomètres plus tard, nous sommes à nouveau invités dans une ferme. Cette fois, impossible d'utiliser le traducteur car la saisie vocale ne marche pas et que nos hôtes ne savent ni lire ni écrire. Gestes, regards, sourires. Comme la veille, des gens débarquent de partout. La ferme est assez similaire également, mais dans un environnement moins aisé. Nos hôtes paradent avec nous chez les voisins. Partout, les gens insistent pour qu'on s'asseye sur la seule chaise de disponible et se mettent par terre autour de nous, puis nous observent pendant de longues minutes. Cette situation est assez gênante mais semble les combler de joie. Certains vivent dans des maisons de 10 m2 faites de terre. Ils n'ont rien mais, étrangement, semblent ne manquer de rien. On parle avec le regard, c'est fou ce qu'il peut raconter.
    Cette journée se terminera par l'inévitable... En un an de voyage, il fallait bien qu'on tombe malade au moins une fois! Intoxication alimentaire ? Eau non potable ? Peu importe. Gaspard tombe le premier. Au petit matin, on décide quand même de reprendre la route. Nous sommes vraiment au milieu de nul part et probablement un peu Idiots. Je rejoins rapidement Gaps dans la team des mal en point. Vomissement, tourista, auquel vient s'ajouter insolation, maux de tête, fièvre... Les 48h qui ont suivis sont les pires de notre périple. On rajoute à ça la chaleur, le bruit des klaxons, le fait qu'on continue à rouler tout en étant incapable de s'alimenter... On finira échoué dans la benne poussièreuse d'un tracteur qui nous sauve littéralement pour les 20 derniers km qui nous séparent d'Agra (mon autre option était honnêtement de me rouler en boule sur le bord de la route et d'attendre...)
    A Agra, on passe 4 jours en compagnie de John, un adorable WarmShower dont la sœur vit en Belgique. L'occasion d'avoir de très chouettes moments d'échange à propos de ce qui nous fascine mutuellement dans le pays de l'autre. On passe 3 jours à se remettre sur pied et, le 4e jour, on part au lever du soleil pour visiter le mythique TajMahal! Merveilleux hasard, Benoît et Evelyne nous amis qui sont expats à l'autre bout de l'Inde sont justement en visite ici avec les parents de cette dernière. Quel plaisir de rencontrer leur petite fille, d'échanger sur leur vie ici et de tout simplement les retrouver. Ils nous offrent aussi un cadeau extraordinaire : ils nous emmènent passer la matinée dans un incroyable Palace hôtel. Après les péripéties des derniers jours, on hallucine complètement et on profite pleinement. Lorsque, au déjeuner, un petit monsieur me demande s'il souhaite qu'il chauffe mon pain au chocolat, mon cœur explose! Encore merci les amis !
    Pour quitter Agra, on décide de tricher un peu et d'enchaîner avec un train de nuit. Acheter nos tickets est déjà une aventure à part entière, mais charger nos vélos dans le train, c'est encore une autre histoire! Je ne vais pas m'étendre dans les détails mais, on a fini par les abandonner dans un vieux bureau, après avoir noté quelques infos dans un grand registre papier. Au moment d'embarquer dans le train, nos vélos ne sont plus dans ce bureau mais... ne sont pas sur le quai non plus! Panique! On dispose de 30 secondes pour se décider. On choisit de faire confiance et on saute dans le train. Instantanément, je le regrette. Pas moyen de m'endormir. On a perdu le contrôle sur nos vélos et je déteste cette sensation . Le lendemain, lorsqu'on arrive à la gare, on se rend directement au bureau des bagages. Pas de vélos, revenez demain ! Nous sommes à Varanasi, dans une ville magnifique et chargée d'histoire, mais impossible de profiter. C'est sur, nous ne reverrons jamais nos vélos. Vers 16 heures, on repasse faire un tour à la gare. Incroyable, nos vélos nous attendent sagement. Ils viennent à l'instant de débarquer d'un autre train. On resigne quelques registres ... système archaïque mais indéniablement efficace. On est tellement heureux qu'on met la tournée de thé à tous les gars du bureau. Cela nous permet de passer un super chouette moment avec eux. Et puis, lorsqu'on ressort de la gare sur nos bolides, nos cœurs sont plus légers et on peut profiter de cette ville sensationnelle. Elle est située sur le bord du Gange, le plus sacré des fleuves hindous et beaucoup de pèlerins viennent s'y baigner. C'est aussi ici que beaucoup d'hindous viennent pour mourir. En effet, mourir à Varanasi permet d'éviter le cycle des réincarnations et d'accéder directement au Nirvana. Les crémations ont lieu le long du fleuve, l'ambiance est indescriptible.

    Déjà, la frontière népalaise pointe le bout de son nez. Plus que 4 jours de route. De belles rencontres, des milliers de selfies, deux invitations à manger, beaucoup de moment encerclés, une interview pour la presse locale et des klaxons qui rendent littéralement fous...bref, la routine.
    Nous passons une nuit avec Praphar , un WarmShower issu d'un milieu très aisé. Il nous permet de découvrir une autre facette de l'Inde. Il organise un soirée avec ses amis, et on apprécie vraiment de retrouver cette ambiance festive. On boit bravement de la Kingfisher (bière Indienne), tandis que tous les autres sont à... la Hoegarden blanche. Le lendemain, Praphar nous initie à la méditation, et nous partageons des discussions assez intenses avec lui. Il faut savoir que, chez lui, il y a 4 domestiques, dont une fille qui doit avoir quatorze ans. Nous étions assez mal à l'aise avec cette situation, et , spontanément, il a abordé le sujet avec nous, sans tabou. Il nous a expliqué que cette fille venait d'une famille très pauvre et que, à 8ans, elle faisait déjà plusieurs ménages et, évidemment, n'était pas scolarisée. La maman de notre hôte la alors prise sous son aile. Elle travaille pour eux mais ils assurent sa scolarité. Elle a emménagé la, est nourrie, blanchie, évolue dans un environnement confortable et sa famille reçoit une aide financière. Il ne s'agit pas ici de juger la situation. Rien n'est blanc ou noir. Mais ici, pour nous, rien n'a jamais été facile. Nous avons sans cesse été confronté à des situations déboussolantes, même dans les moments de repos.
    Encore quelques kilomètres... Poussière, chaleur et surtout.. klaxons! Je n'en peux plus. Mais cette magie, toujours. Alors que le soleil se couche, un père et son fils nous font des grands signes depuis le toit d'un hangar. Ils viennent à notre rencontre. C'est avec eux qu'on passera notre dernière nuit. Cela fait seulement 4 h qu'on est parti de chez Praghar et nous voilà plongés dans une toute autre réalité. Cette famille est clairement installée en squat dans deux pièces d'une ancienne usine. Encore une fois, ces gens n'ont rien, littéralement rien, si ce n'est un cœur immense et des sourires plus grands que leurs oreilles. Et ça fait tout ! Je pense qu'on n'oubliera jamais ce moment passer à compter les étoiles en leur compagnie. Peu de mots (pas d'Internet ni de langue commune), mais peu importe, on évolue dans des réalités tellement différentes qu'on n' aurait peut être pas su quoi se raconter. Et les regards et poignées de main suffisent à se dire l'essentiel.
    5h du matin, tout le monde est debout pour les aurevoirs. On commence à s'y habituer, mais quitter de belles rencontres s'accompagne toujours d'un petit pincement au cœur.
    55 kilomètres tout droit et nous serons au Népal, où les sommets du monde nous appellent...
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  • Day 275

    En famille sous les cocotiers

    April 4, 2022 in Oman ⋅ ☀️ 30 °C

    Notre récit précédent s'arrêtait en Iran, alors que nous venions d'atteindre le golf persique et de retrouver l'été. Nous sommes 2 mois plus tard, 2 pays plus loin et les degrés celsius ont presque doublé... Il est donc grand temps de vous conter la suite !

    Il y a des moments du voyage où tu t'auto-félicites pour ton timing. Et indéniablement, notre descente de la côte iranienne fut l'un de ces moments.
    Apparemment, longer le golf persique en février équivaut à être au bon endroit, au bon moment. Tous les jours où presque, nous rencontrions des Iraniens pédalant pour une semaine ou deux. On s'est délectés de ces coups de pédales et bivouacs partagés. Notre voyage a rapidement pris des airs de colonies de vacances. On comprendra rapidement qu'il y a deux manières de faire du camping sauvage : Si tu campes caché entre des buissons, dans un endroit peut-être pas super glamour mais bien discret, plat et sans sable, en cuisinant ton riz et ta conserve sur ton réchaud tout en regardant les étoiles, tu campes à l'européenne. Si tu campes sur la plage, au su et au vu de tous, avec un gros baffle, 3 thermos de thé et que tu danses en attendant que ton poisson trouvé "je ne sais où" grille sur ton bbq, alors tu campes plutôt à l'iranienne. On s'est assez vite pris au jeu et, clairement, quel plaisir de pouvoir s'installer partout et de ne pas se poser de questions! Parmi les rencontres éphémères sur ces quelques kilomètres, on se doit de mentionner celles avec nos amis quadrupède à bosse, j'ai nommé...les dromadaires! On s'était habitué, depuis 2000km à avoir régulièrement des panneaux routiers prévenant de la présence de cet animal sans jamais en apercevoir le bout de la queue quand, soudainement, au détour d'une dune... 1, puis 2, puis 20 dromadaires broutaient gaiement. La première fois, ça nous a animé pendant une bonne grosse demi-heure... On a posé les vélos et on les a photographiés sous tous les angles. Deux moi plus tard, on est devenu complètement blasé, mais néanmoins toujours sous le charme de ces bêtes qui semblent toujours afficher un petit sourire en coin !
    Pour clôturer en beauté nos aventures iraniennes, nous nous sommes offert une excursion sur les îles de Queshm et d'Hormuz. Notre ami Pat' nous en avait chanté les louanges bien avant notre départ et clairement, ces îles ont été à hauteur de notre coup de foudre pour le pays. Tu pédales de joyaux naturels en joyaux naturels. Rivière de sel, collines rouges ,grottes et paysages lunaires, c'était juste incroyable ! Et pour couronner le tout, nous avons pu assister à la ponte d'une tortue! Magique !
    C'est donc plein d'émotions et chargés de souvenirs que nous embarquons sur le ferry qui nous emmènera à Abu Dhabi... Ou plutôt, que l'on tente de monter sur le ferry... car oui, voyager en Iran, c'est devoir bien planifier son coup niveau budget, puisque aucune carte bancaire ne fonctionnent sur place. On avait trouvé une combine qui nous permettait d'avoir une carte locale et de ne pas devoir emporter trop de cash mais cette combine s'est avérée ne pas très bien fonctionner, ce qui explique que, à la fin de notre séjour, il ne nous restait plus que le montant du ferry , au cent près. Seulement voilà, au moment où nous tentons de payer, notre carte ne passe pas...la banque nous avait pourtant confirmé la veille que le montant qu'on avait transféré était bien arrivé mais, il est 6 heures du matin et, évidemment, la banque ne décroche pas! Nous nous retrouvons sur le quai, sans argent pour quitter le pays.... Heureusement, dans un pays peuplé d'Iraniens, il est impossible de rester dans la misère trop longtemps ! Navid, qui nous avait accueilli à Téhéran 6 semaines plutôt, accepte de payer nos billets... Incroyable cette confiance ! Nous l'avons évidemment remboursé mais, si je raconte cette histoire c'est parce qu'elle m'impressionne tellement ! 180 euros (prix des deux billets) est une grosse sommes n'importe où mais, en Iran, cela équivaut à un demi-salaire. Que Navid ait accepté de l'avancer à des gens qu'il connait à peine et qui s'apprête à quitter son pays nous a donné une belle leçon de solidarité et de confiance. Grâce à lui, lorsque le bateau a levé l'ancre, nous étions sur le pont et non sur le quai !
    La traversée dure 5h et prend des airs apocalyptiques. Commençant à me sentir malade, je sors sur le pont pour prendre l'air..de loin, l'ambiance m'y paraissait bonne mais de près, c'est un tout autre spectacle qui m'attend... tout le monde est couché, la tête entre les mains et certains remettent leur déjeuner ! Pendant ce temps là, Gasp s'est fait inviter par le capitaine et chill dans sa cabine... Bref, 2 salles, 2 ambiances, comme on dit . Nous arrivons vers 23h aux Emirats Arabes Unis et, pour la première fois depuis longtemps, nous sommes attendus. Je sors la première car ici, le débarquement se fait de manière genrée et j'entends qu'on m'appelle....Élodie, la grande sœur de Gaspard , vit là-bas depuis 3 ans avec sa famille. Aller lui rendre visite était un objectif assez important pour Gaspard. Il nous aura fallu 8 mois pour y arriver mais qu'est ce qu'on ne ferait pas pour un bon spaget bolo en famille. Nous restons chez elle pour deux semaines afin de nous imprégner de sa vie là bas : nuit dans le désert, balade en bateau... on est plutôt fan ! Nous serons également rejoint par la maman de Gaspard et ce dernier en profite pour se faire gâter. Qu'il est bon de se retrouver. Cette pause nous permet également de réellement nous reposer et de remettre notre matos à neuf.

    Presque à regret, nous nous remettons en selle pour découvrir le sultanat d'Oman et ces fameux Wadis. Là, escaladant une pente à 15% sur 5 km sous plus de 40 degrés, on arrive au moment du voyage où l'on ne s'auto-félicite plus du tout pour notre timing ! Notre expérience omanaise aura un peu été gâchée par la chaleur ( oui, on sait bien, on ne peut par dire ça à des belges qui sont sous la neige en avril, mais quand même...); nous sommes trop tard dans la saison et il fait chaud.. trop chaud. Du coup, les habitants se réfugient à l'intérieur près de la clim et on ne croise pas grand monde. Heureusement, notre solitude est brisée par l'arrivée de Manon, ma petite sœur, qui est venue pédaler avec nous pour deux semaines. Un peu surprise par notre odeur à l'aéroport, elle est rapidement devenue l'une des notres et grâce à son esprit compétitif,elle a rapidement volé la première place du podium du plus grand nombre de crevaisons. Quelle joie de la retrouver. Il y a tellement à raconter... Les pauvres oreilles de Gaspard ont clairement un peu subi. La nature Omanaise est magnifique et les siestes de l'après-midi nous laisse le temps de réfléchir à la suite... Car oui, nous sommes dans un cul de sac et il est grand temps de décider de la suite de notre itinéraire. Notre idée initiale était de retourner en Iran et de pédaler jusqu'en Asie centrale...malheureusement, le Turquménistan est toujours complètement fermé et cette option est donc impossible. Une autre idée germait dans notre esprit depuis un petit temps : de l'Iran, rejoindre le Pakistan, l'Inde et le Népal. Ce plan B nous vendait pas mal de rêve et on a décidé de foncer... Sauf que, dernier petit hic, les frontières indiennes ne sont ouvertes que par voie aérienne. Cela nous a amené à de long débat et conflit intérieur et, finalement, nous avons pris la décision de prendre l'avion. Notre rêve de tout parcourir en vélo prend fin, mais nous n'étions pas près à favoriser la dernière alternative terrestre qui nous menait déjà sur le chemin de retour ! Il nous reste 4 mois de voyage et notre soif de découvrir est encore grande. Conclusion de l'histoire... Nos vélos sont dans des boîtes et, dans 5heures, nous nous envolons pour l'Inde, pays qui promet d'être à l'antipode de la quiétude omanaise..Un peu anxieux mais surtout très excité, on revient rapidement vers vous pour vous donner des nouvelles. Que l'aventure continue .
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  • Day 229

    Don't go East

    February 17, 2022 in Iran ⋅ ☀️ 22 °C

    "Don't go east"... Nous avons tellement entendu cette phrase qu'elle pourrait être l'adage officiel de notre voyage ! Cela avait commencé en boutade, lors de la toute première nuit du périple: nos amis, sourire aux lèvres, nous mettaient en garde contre Verdun, ville française où les cartels de la drogue seraient roi. Ensuite, et beaucoup plus sérieusement, les français nous ont incités à nous méfier des grecs, prêts à tout pour remonter la pente après la crise économique. Dans les Balkans, c'était la Turquie qui nous était déconseillée et, en Turquie, c'était l'Est de leur propre pays que les turcs nous suppliaient d'éviter. Enfin, dans ce dit Est, on nous recommandait grandement de ne pas passer la frontière Iranienne. Et pourtant, malgré toutes ces mises en garde, nous voilà en Iran, pays probablement le plus à l'Est de notre itinéraire! Nous passons la frontière, pédalons 5 km et une voiture s'arrête. Tajdin en sort et, tout naturellement, nous invite à venir chez lui : "S'il vous plaît, vous rencontrerez ma femme et mon fils, cela leur fera trop plaisir de vous recevoir, et puis, je pourrai travailler mon anglais..." Le ton jovial de ce pays "hostile" est donné !
    Ce pays, dont le parc automobile rendrait nostalgique les amoureux des années 80, est connu pour accueillir en même temps les 4 saisons. Il faut dire que ses 1 648 195km2 lui en donnent l'occasion. Nous sommes rentrés par le côté hivernal du pays et, comme la durée de notre visa ne nous permet de toute façon pas de tout faire à velo, nous avons commencé par un peu de bus. Découverte de Téhéran, où le traffic routier est ce qui nous a le plus marqué. Notre ami Navid nous explique : "pour traverser en Iran, tu regardes une fois à gauche, une fois à droite (pour la forme), puis tu regardes en haut, tu pries et tu te lances ! " Honnêtement, ça marche plutôt bien... On enchaîne ensuite avec la visite des villes de Kashan et d'Isphahan. L' architecture du Moyen-Orient est incroyable, raffinée, travaillée, colorée et très différente de ce que nous connaissons. C'est vraiment l'ambiance 1001 nuits. Il y a des vendeurs de tapis à chaque coin de rue et, à plusieurs reprises lors de rencontres avec des locaux, nous aurons l'occasion de nous essayer à leur confection artisanale. C'est un travail impressionnant. Des tapis de plusieurs mètres carrés sont tissés nœud par noeud ! Malgré les petits plans dont s'aident les artisans, on ne comprend pas comment ils s'y retrouvent!
    Ispahan sent l'automne, et, comme nous avons des fourmis dans les jambes, on décide de se remettre en selle..Quelle reprise: 3 jours à pédaler dans un désert ! Un tel décor est une grande première pour nous. Cette sensation d'être seul au monde! Bivouac sous un ciel étoilé comme nous en avions rarement vu, découverte de deux Caravansérails abandonnés et attaque de chien à l'instant précis où je disais à Gasp : "faut pas stresser, il n'y a pas d'animaux qui vivent ici!" Mais bon, après la Grèce et la Turquie, les chiens friands de mollets de cyclistes, ça va, on gère ! Les nuits piquent un peu (une à -12 quand même), mais les journées sont belles.
    Nous arrivons à Yazd. Nous sommes dans une grande ville et pourtant, même ici, l'hospitalité est omniprésente. Nous nous arrêtons dans un petit resto à midi et le couple de gérants nous invite à dormir chez eux! A contre cœur, nous refusons cette proposition spontanée car nous avons rendez-vous avec notre Warmshower. Warmshower est une plateforme d'accueil de cycliste basée sur l'échange (l'inscription nous engage à accepter d'héberger des cycliste chez nous, en échange de quoi nous pouvons profiter de l'accueil de tout ceux en ayant fait autant). Bien qu'officiellement interdite dans ce pays, c'est ici que cette application semble rencontrer le plus de succès et nous nous en servons dans toutes les grandes villes. Nous rencontrons alors des hôtes passionnés de vélos, souvent très ouverts d'esprit et parlant bien anglais, bref, on est assez fan! Et puis, de temps en temps, ça fait de bien de savoir à l'avance où l'on dormira le soir. Le lendemain, alors qu'on s'était offert une partie de backgammon en terrasse, 3 étudiants passent par là et se proposent de nous affronter . Après nous avoir mis la misère, ils nous emmènent de force au resto (on venait de manger), puis dans les montagnes...La journée se termine en soirée dansante dans leur cuisine, et Gaspard reçoit des cours privés pour apprendre à maîtriser le déhanché iranien ! Car oui, ici, on danse tout le temps, de manière spontanée et naturelle, pour 15 minutes ou pour 2 heures, filles comme garçons, quelque soit la génération, tout le monde en piste!
    On remonte sur nos bécanes pour quelques jours. Petites routes perdues dans les montagnes, villages de 100 habitants, on est content! Près d'une voiture sur 2 s'arrête, que ce soit pour faire un brin de causette, nous offrir des tonnes de fruits, nous proposer un logement, ou nous demander de poser pour une selfie! Ici, les touristes étrangers sont tellement rares que nous sommes de véritables stars! Parfois, il nous arrive même de nous cacher pour pique-niquer tranquille et, lors de notre visite de Persépolis, nous avons posé sur plus de photos que ce que nous avons pris de clichés des vieilles pierres.
    De rencontres en rencontres (dont une petite Athéna de 5 ans qui en pinçait sec pour Gaspard), nous nous sommes retrouvés à animer un cours d'anglais. Cela était une grande envie de Gasp pour ce voyage,mais il a moins fait le fier lorsqu'il s'est retrouvé seul homme face à 15 adolescentes en émoi! L'une d'entre elles nous a confié que c'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un qui ne soit pas iranien. Beaucoup se sentent coupés du monde, souffrent de la réputation qu'ils pensent avoir à l'étranger (plusieurs fois, nous avons entendu la phrase: nous ne sommes pas des terroristes vous savez...vous le direz chez vous?), et je pense que les sanctions et l'embargo pesant sur le pays renforcent encore ce sentiment d'isolement. Avec plus d'une cinquantaine de numéros iraniens dans notre téléphone, nous arrivons enfin à Shiraz et à Shiraz, c'est le printemps. C'est notre ville coup de cœur et nous passons 3 jours à la découvrir dans les moindres recoins, jusqu'à ceux de l'Office des étrangers où nous faisons renouveler nos visas, histoire de profiter un peu plus longtemps de ce pays dont nous sommes littéralement amoureux ! On reprend la route pour 50 km. Une voiture s'arrête et, sans préambule, le conducteur se met à nous mimer une maison. On comprend qu'il nous invite à dormir chez lui 35 km plus loin. Ça tombe bien, c'est là qu'on va! Après nous avoir donné son adresse et numéro de téléphone, Amid redémarre. Il réapparaît 2h plus tard, nous fourre du sésame et du sucre dans la bouche (pour l'énergie dit-il) , allume ses 4 feux et nous escorte sur les 5 derniers km! Nous nous attacherons assez vite à Amid et sa famille et, finalement, nous resterons pour deux nuits. Avec les oncles, les tantes et tous les cousins, nous partons marcher dans un canyon. C'est le rêve. Au menu du soir : poulet, frite, compote. Nous avons pris l'habitude, lorsque nous restons plus d'un jour au même endroit, de cuisiner pour nos hôtes histoire de leur faire découvrir un peu de notre culture. Une fois, cela a bien failli coûter à Gasp ses sourcils car, nous avons littéralement mis le feu à un Crumble (on ne maîtrise pas tout à fait le four au gaz). Cette fois-ci, alors que nous nous étions engagés à cuisiner pour 5 personnes, nous nous retrouvons à cuisiner pour 5 familles! La cuisson des frites a été laborieuse mais l'ambiance était excellente et, comme d'habitude, l'attente du repas trompée par quelques pas de danse ! Le lendemain, des voisines que nous n'avions pas rencontrées débarquent pour m'offrir un cadeau. Nous sommes sans arrêt mis sur un pied d'estale dû à notre statut d'étranger. C'est assez désarmant, et parfois très gênant, mais au fond vraiment touchant.
    Avec beaucoup d'émotions dans les aurevoir, nous reprenons la route pour la dernière ligne droite nous séparant du Golf Persique. Avec pour mission impossible de s'offrir au moins une nuit seul en bivouac car, après presque 30 jours à être non stop accueillis, notre tente et notre temps pour nous commence à nous manquer! Surtout que, petite anecdote, les Iraniens n'ont pas toujours de chambre ou de lit: tout le monde sur son matelas dans le salon, ça donne une sacrée ambiance de pyjama party mais, pour l'intimité, on repassera :) Mission accomplie, cachés entre les gros rochers, nous passons deux nuits au calme (la deuxième nuit, nous ne devions pas être si discrets que ça car 2 jeunes sont quand même venus nous réveiller à 23h pour. .. nous inviter chez eux bien sûr!)
    Et ce soir, ça y est! Tout juste 1 mois après notre entrée dans le pays,.. nous dormons le long du Golf persique, bercés par le bruit des vagues et des cigales car oui, ici, c'est l'été ! Nous débordons de joie dans ce pays où la bonne humeur semble effacer tout autre problème et est plus contagieuse que n'importe quel virus! La légèreté,la gentillesse et l'humour des Iraniens est incomparable . Nous sommes tellement chamboulés par ce pays que cet article m'est terriblement difficile à écrire car les mots justes ne se laissent pas trouver. Mais, puisqu'il y a des choses qu'il faut voir pour croire, si l'envie vous en prend, n'hésitez pas, allez à l'Est! Vous y êtes plus que les bienvenus et l'on vous y attends les bras et portes ouvertes!
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